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Musée de l'Œuvre Notre-Dame - Musées de Strasbourg

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DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />

MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />

mystique explique le nombre <strong>de</strong> représentations <strong>de</strong> jardins clos issues <strong>de</strong><br />

communautés monastiques, en particulier féminines. Le jardin clos <strong>de</strong>vient<br />

alors une image du monastère même, et entrer dans la vie monastique<br />

équivaut à entrer au Paradis. À partir du XIII e siècle, dans le cadre du<br />

développement du culte <strong>de</strong> la Vierge, toute une vague <strong>de</strong> nouveaux<br />

commentaires assimile l’Épouse à la Vierge, figure typologique <strong>de</strong> l’Église, à la<br />

fois mère et épouse du Christ. La Vierge répond au caractère d’hortus<br />

conclusus : elle est un jardin car elle a été fécondée, elle a donné naissance au<br />

Sauveur mais elle est restée chaste, seul Dieu l’a rendue fécon<strong>de</strong>.<br />

La représentation <strong>de</strong> la Vierge comme jardin clos <strong>de</strong>vient ainsi une illustration<br />

<strong>de</strong> la maternité virginale <strong>de</strong> Marie et <strong>de</strong> l’incarnation.<br />

À partir <strong>de</strong> l’assimilation entre la Vierge et la fiancée du Cantique <strong>de</strong>s<br />

Cantiques, Paradis et jardin d’É<strong>de</strong>n ont tendance à se confondre.<br />

Les représentations <strong>de</strong> la Vierge dans un jardin <strong>de</strong> paradis se multiplient au XV e<br />

siècle. La Vierge y est souvent entourée <strong>de</strong> roses, elle apparaît comme une rose<br />

au milieu <strong>de</strong>s roses. Selon les auteurs chrétiens, le Paradis était fleuri <strong>de</strong> roses<br />

sans épines ; ces <strong>de</strong>rnières symbolisant le péché, ne survinrent qu’après la<br />

Chute. La rose au parfum suave évoque la Passion du Christ ou <strong>de</strong>s martyrs<br />

lorsqu’elle est teintée <strong>de</strong> leur sang ; mais surtout, la reine <strong>de</strong>s fleurs a été<br />

associée à la reine <strong>de</strong>s cieux, et le culte <strong>de</strong> la Vierge s’est exprimé en<br />

particulier à travers celui <strong>de</strong> la rose.<br />

La réappropriation du jardin paradisiaque se fait grâce à la littérature, qui crée<br />

un jardin allégorique, lieu <strong>de</strong> prédilection d’un amour courtois mêlant avec<br />

ambiguïté sacré et profane. Avec le Roman <strong>de</strong> la rose, un modèle s’établit <strong>de</strong><br />

manière durable : celui du jardin comme lieu d’un bonheur idéal, où la Rose<br />

désigne la femme aimée. Dans ce jardin <strong>de</strong> rêve se mêlent la tradition poétique<br />

antique et les mythes paradisiaques bibliques liés aux notions <strong>de</strong> fidélité,<br />

d’abondance et d’éternelle jeunesse.<br />

Comme l’É<strong>de</strong>n, c’est un jardin clos, l’espace y est planté d’herbes et <strong>de</strong> fleurs<br />

multicolores, ombragé d’arbres, animé par le mouvement et le bruit d’eau<br />

d’une fontaine ou d’une source, et par le chant <strong>de</strong>s oiseaux qui, dans le verger<br />

« chantent <strong>de</strong>s lais d’amour et <strong>de</strong>s sonnets courtois ». Clôture <strong>de</strong> l’espace,<br />

variété <strong>de</strong>s couleurs, <strong>de</strong>s parfums et <strong>de</strong>s plantes, ombrage <strong>de</strong>s arbres,<br />

musique <strong>de</strong> l’eau et chant <strong>de</strong>s oiseaux <strong>de</strong>viennent <strong>de</strong>s éléments obligatoires<br />

du bonheur terrestre. Le verger ou jardin <strong>de</strong> plaisance est le lieu où se réalise<br />

l’idéal courtois, par l’épanouissement <strong>de</strong> l’amour au milieu <strong>de</strong> la jouissance <strong>de</strong><br />

tous les sens et <strong>de</strong> l’harmonie retrouvée avec la nature.<br />

D’après Le Petit Journal <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s expositions « Sur la terre comme au ciel »,<br />

Jardins d’occi<strong>de</strong>nt à la fin du Moyen Âge, exposition du 5 juin au 16 septembre<br />

2002, au <strong>Musée</strong> national du Moyen Âge, Paris.<br />

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