Musée de l'Œuvre Notre-Dame - Musées de Strasbourg
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DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
par exemple lorsqu’elle constitue <strong>de</strong> manière avérée un moyen frauduleux<br />
d’extorquer <strong>de</strong> l’argent aux pèlerins. Certains théologiens s’inquiètent pourtant<br />
<strong>de</strong> la diffusion <strong>de</strong> thèmes qu’ils jugent hétérodoxes ou peu convenables. Jean<br />
Gerson, chancelier <strong>de</strong> la Sorbonne au début du XV e siècle, puis saint Antonin,<br />
archevêque <strong>de</strong> Florence, émettent <strong>de</strong>s critiques envers certaines images, mais<br />
leurs écrits ne sont pas suivis d’effet ; le plus souvent l’Église se méfie plus <strong>de</strong><br />
la critique <strong>de</strong>s images que <strong>de</strong>s images elles-mêmes, car cette critique est<br />
fréquente dans les milieux hérétiques.<br />
Peu avant la Réforme, l’humaniste Érasme <strong>de</strong> Rotterdam considère certains<br />
aspects du culte chrétien <strong>de</strong>s images comme <strong>de</strong>s superstitions ridicules. Pour<br />
les réformateurs, la Parole <strong>de</strong> Dieu retransmise par les Écritures prime sur le<br />
rituel. Les images et les cérémonies sont rejetées comme caractéristiques<br />
d’une Église fourvoyée. Martin Luther, l’initiateur <strong>de</strong> la Réforme souhaite avant<br />
tout mettre fin à la pratique <strong>de</strong>s bonnes œuvres, car seule la foi en Jésus-Christ<br />
peut servir <strong>de</strong> justificatif <strong>de</strong>vant Dieu.<br />
Cette condamnation, qui ôte tout fon<strong>de</strong>ment théologique aux donations et donc<br />
aux images, fournit aux réformés radicaux <strong>de</strong>s arguments en faveur <strong>de</strong><br />
l’iconoclasme. Dès 1522 dans plusieurs villes <strong>de</strong> l’Empire germanique et <strong>de</strong> la<br />
Suisse <strong>de</strong>s pamphlets produits sous la forme <strong>de</strong> tracts dénoncent le culte <strong>de</strong>s<br />
images comme idolâtrie.<br />
Images détruites, images transformées<br />
L’influence <strong>de</strong> la Réforme sur l’enlèvement <strong>de</strong>s images est très variable selon<br />
les villes. Alors que dans les régions calvinistes les <strong>de</strong>structions et l’évacuation<br />
sont systématiques, les régions luthériennes conservent une gran<strong>de</strong> partie du<br />
décor <strong>de</strong> leurs églises.<br />
À <strong>Strasbourg</strong> une première poussée d’iconoclasme se produit en septembre<br />
1524 menée surtout par les artisans. L’autorité <strong>de</strong> la ville, le magistrat,<br />
intervient à partir <strong>de</strong> 1525 dans le sens d’un iconoclasme discret, progressif et<br />
bien réglementé. Les années 1529-1530 voient l’officialisation du processus<br />
<strong>de</strong> la Réforme à <strong>Strasbourg</strong>, avec l’abolition <strong>de</strong> la messe et le retrait presque<br />
total <strong>de</strong>s images.<br />
La représentation du Divin dans l’Église réformée<br />
En rejetant le décor médiéval <strong>de</strong>s églises, la Réforme suscite l’apparition d’une<br />
culture matérielle qui lui est propre. Dépouillées <strong>de</strong> leurs images et souvent<br />
badigeonnées <strong>de</strong> blanc, les églises se transforment en salles <strong>de</strong> prédication.<br />
Dans un souci d’humilité, les objets en métaux précieux sont remplacés par <strong>de</strong>s<br />
calices <strong>de</strong> bois et ou d’étain. L’activité <strong>de</strong>s orfèvres s’oriente alors vers la<br />
production <strong>de</strong> pièces profanes <strong>de</strong> prestige pour les corporations et la bourgeoisie.<br />
La représentation <strong>de</strong> Dieu n’étant plus acceptée, on invente un symbole, le<br />
tétragramme, triangle <strong>de</strong> la Trinité avec un œil inscrit en son centre. La figuration<br />
<strong>de</strong>s saints est par contre maintenue sur certains sceaux et monnaies.<br />
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