Musée de l'Œuvre Notre-Dame - Musées de Strasbourg
Musée de l'Œuvre Notre-Dame - Musées de Strasbourg
Musée de l'Œuvre Notre-Dame - Musées de Strasbourg
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
L’expression<br />
Peintres et sculpteurs ont été sensibles aux différents registres <strong>de</strong> l’expression<br />
bien avant <strong>de</strong> maîtriser l’art du portrait. L’artiste au Moyen Âge appréhen<strong>de</strong> le<br />
mon<strong>de</strong> comme une entité, un univers où la difformité ou le grotesque se<br />
manifestent au même titre que l’harmonie et la beauté comme une création<br />
divine. L’expression <strong>de</strong>s sentiments, traduite longtemps par <strong>de</strong>s mimiques et<br />
<strong>de</strong>s gestes archétypaux, ressort <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> l’observation du réel, et <strong>de</strong><br />
la recherche à travers la physionomie d’un visage, du frémissement <strong>de</strong> la vie.<br />
Au XVI e siècle, l’intérêt pour la physionomie expressive aboutit <strong>de</strong> façon<br />
exemplaire, chez un Nicolas <strong>de</strong> Ley<strong>de</strong> à <strong>de</strong>s œuvres dont l’intensité dramatique<br />
résulte <strong>de</strong> l’aptitu<strong>de</strong> à rendre une tension psychologique. Dès cette même<br />
époque, les traités physiognomoniques vont chercher à déterminer <strong>de</strong>s<br />
caractères à partir <strong>de</strong>s traits du visage et la Renaissance, avec la mise en<br />
valeur <strong>de</strong> l’individu, va ouvrir l’art du portrait à la connaissance <strong>de</strong> la nature<br />
profon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’homme. Au XVII e siècle les théories <strong>de</strong> Lavater, basées sur les<br />
concordances tempérament-morphologie, relancent l’intérêt pour la<br />
physiognomonie et l’expression <strong>de</strong>s passions. De cet héritage <strong>de</strong>vait naître la<br />
caricature, synthèse <strong>de</strong> la satire sociale et <strong>de</strong> la déformation grotesque issue<br />
du Moyen Âge. De Hogarth à Daumier ou Töpffer elle connaît son âge d’or au<br />
XIX e siècle et se servira du portrait pour dénoncer, à travers l’individu, les<br />
mœurs d’une époque.<br />
La silhouette<br />
Une légen<strong>de</strong> rapportée par Pline situe l’origine <strong>de</strong> la peinture dans le contour<br />
<strong>de</strong> l’ombre d’un homme, tracé sur un mur par une jeune corinthienne<br />
souhaitant conserver <strong>de</strong> lui une image avant son départ pour la guerre. Le<br />
<strong>de</strong>ssin au trait d’une silhouette est en effet ce qui s’exécute le plus rapi<strong>de</strong>ment<br />
mais le profil a aussi l’avantage <strong>de</strong> se mémoriser le plus aisément et <strong>de</strong><br />
restituer les caractères les plus marquants d’une physionomie. Dès l’Antiquité,<br />
les souverains prirent ainsi l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> faire figurer leur profil sur les<br />
médailles et monnaies, dans le but <strong>de</strong> perpétuer leur image. Lorsque le Moyen<br />
Âge invente le portrait, il a recours d’abord au profil qui, éludant le regard,<br />
caractérise sans fard les traits d’un visage. C’est avec la recherche <strong>de</strong><br />
l’intériorité d’un être qu’à partir <strong>de</strong> la Renaissance, l’artiste privilégiera la vue<br />
<strong>de</strong> trois-quarts ou <strong>de</strong> face. Revivifiée à l’époque néo-classique, la<br />
représentation <strong>de</strong> profil, qui se répand sur les médaillons, reliefs et miniatures,<br />
aboutit à la vogue du portrait « en silhouette », tracé ou découpé, procédé<br />
mécanique et rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> reproduction qui popularisera, avant la photographie,<br />
la mo<strong>de</strong> du portrait, ainsi accessible à tous.<br />
63