You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
14 HISTOIRE DE LA GUERRE DU PÉLOPONNÈSE<br />
rien entreprendre de remarquable en commun et chaque<br />
ville était dépourvue d'esprit d'initiative .<br />
XVIII. - Finalement les tyrans furent chassés par<br />
les <strong>La</strong>cédémoniens et d'Athènes et de la ptupart des cités<br />
grecques, sauf de Sicile ; la Grèce en effet a été longtemps<br />
et presque partout soumise aux tyrans ~s . <strong>La</strong>cédémone,<br />
après avoir été fondée par les Doriens qui l'habitent<br />
encore, fut plus longtemps qu'aucune cité exposée à des<br />
séditions ; néanmoins elle fut régie par d'excellentes lois<br />
dès une haute antiquité et ne connut jamais la tyrannie ;<br />
à compter à partir de la fin de la présente <strong>guerre</strong>, il y a<br />
environ quatre cents ans et un peu plus que les <strong>La</strong>cédémoniens<br />
sont soumis au même régime ; c'est lui qui a<br />
fait leur force et les a poussés à intervenir dans les autres<br />
cités . Peu de temps après que les tyrans eurent été chassés<br />
de Grèce eut lieu la bataille de Marathon entre les Mèdes<br />
et les Athéniens ; dix ans après, les Barbares qui voulaient<br />
asservir la Grèce lancèrent contre elle une grande<br />
expédition ; devant l'imminence et l'importance <strong>du</strong> danger<br />
les <strong>La</strong>cédémoniens, dont la puissance était grande, furent<br />
mis à la tête des Grecs coalisés . Les Athéniens, devant<br />
l'invasion des Mèdes, décidèrent d'abandonner leur ville<br />
et prenant ce qu'ils pouvaient emporter s'embarquèrent<br />
et devinrent ainsi gens de mer . Peu aprés avoir repoussé<br />
ensemble le Barbare, ils prirent le parti, les uns des<br />
Athéniens, les autres celui des <strong>La</strong>cédémoniens, aussi bien<br />
ceux qui s'étaient révoltés contre le Grand Roi que ceux<br />
qui avaient combattu avec lui ; car Athènes et <strong>La</strong>cédémone<br />
étaient les plus grandes puissances, l'une sur terre,<br />
l'autre sur mer . Pendant quelque temps, leur alliance<br />
subsista . Puis <strong>La</strong>cédémoniens et Athéniens se brouillérent<br />
et, aidés de leurs alliés, se firent la <strong>guerre</strong> . Survenait-il<br />
une brouille chez les autres Grecs, ils passaient dans un<br />
camp ou dans l'autre . Ainsi, depuis les <strong>guerre</strong>s médiques,<br />
sans interruption jusqu'à la <strong>guerre</strong> <strong>du</strong> <strong>Péloponnèse</strong>,<br />
tantôt en paix, tantôt en <strong>guerre</strong> entre eux ou avec leurs<br />
alliés révoltés, fis acquirent la pratique de la <strong>guerre</strong> et<br />
firent leur apprentissage au milieu des dangers .<br />
LIVRE I<br />
~lX. - Les <strong>La</strong>cédémoniens n'imposaient pas de tributs<br />
à leurs alliés ; mais ils avaient soin, dans leur propre<br />
intérêt, qu'ils se gouvernassent selon les principes oligarchiques<br />
. Les Athéniens, avec le temps, exigèrent des<br />
navres de toutes les cités, sauf de Khios et de Lesbos Zο ,<br />
et imposèrent à tous un tribut en argent . Et au moment<br />
de la <strong>guerre</strong> <strong>du</strong> <strong>Péloponnèse</strong>, les uns et les autres avaient<br />
un matériel plus important qu'à l'époque même où ils<br />
étaient le plus puissants avec l'aide de leurs alliés .<br />
~~. - Tel était, d'après mes recherches, l'antique état<br />
de la Grèce . Car il est difficile d'accorder créance aux<br />
documents dans leur ensemble<br />
. Les hommes acceptent<br />
sans examen les récits des faits passés, même ceux qui<br />
concernent leur pays . Ainsi la majorité des Athéniens<br />
s'imagine que c'est Hipparque, qui, parce qu'il état au<br />
pouvoir, a péri sous les coups d'Harmodios et d'Aristogitôn<br />
; ils ignorent que c'est Hippias, lainé des fils de<br />
Pisistrate, qui était à la tête <strong>du</strong> gouvernement ; Hipparque<br />
et Thessalos étaient ses frères . Le jour proposé pour le<br />
meurtre et au moment même d'agir, Harmodios et Aristogitôn<br />
soupçonnèrent que quelques-uns des conjurés<br />
avaient prévenu Hippias ; aussi ne l'attaquèrent-ils pas,<br />
puisqu'ils le supposaient averti<br />
; mais ne voúlant pas<br />
être pris sans avoir rien fait, ils tuèrent Hipparque,<br />
qu'ils avaient rencontré près <strong>du</strong> temple <strong>du</strong> Léôkorion Zι ,<br />
au moment où il organisait la procession des Panathénées .<br />
Sur bien d'autres questions contemporaines, je dis bien<br />
sur des questions que le temps n'a pu faire oublier, le<br />
reste de la Grèce n'a pas d'idées exactes : on s'imagine<br />
que les rois de Sparte disposent de deux et non d'un seul<br />
suffrage ; qu'ils ont à leur disposition un corps de troupes<br />
formé de la tribu de Pitanè ; ce qui n'a jamais eu heu . On<br />
voit avec quelle négligence la plupart des gens recherchent<br />
la vérité et comment ils accueillent les premières<br />
informations venues ZZ,<br />
XXI. - D'après les indices que j'ai signalés, on ne se<br />
trompera pas en jugeant les faits tels à peu près que je<br />
les ai rapportés . On n'accordera pas la confiance aux<br />
15