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La saga des ARRACHART - Le site du mois

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« On lit un billet écrit et signé par BLIN de RULLECOMTE, condamné cejourd’hui à la peine<br />

capitale, par lequel il déclare qu’il existe dans sa maison, caché dans les décombres, sous le<br />

hangard de sa serre , une quantité de brochures contre-révolutionnaires dans deux petites<br />

caisses, et qu’il y a dans sa maison un ouvrage de Calonne, une « Comparaison <strong>des</strong><br />

révolutions », par l’Abbé GUILLON, et <strong>des</strong> livres d’église, ainsi que <strong>des</strong> registres de fabrique.<br />

L’Assemblée arrête qu’il sera procédé à la recherche <strong>des</strong>dits papiers qui seront remis au<br />

dépôt <strong>du</strong> comité »<br />

<strong>Le</strong>s registres de l’État civil constatent qu’à trois heures de l’après-midi, en <strong>mois</strong> de cinq<br />

heures, accusateur public, jurés, juges et bourreau avaient terminé leur besogne.<br />

Un détail fait frémir. Après l’exécution, le bourreau se permit d’insulter et à la pudeur et à la<br />

mort…On ne sévit pas contre ce misérable.<br />

<strong>Le</strong> récit devrait s’arrêter au bord de la fosse qui reçut les corps <strong>des</strong> victimes ; les victimes<br />

immolées le 25 germinal furent inhumées dans le nouveau cimetière d’Arras, selon la volonté<br />

<strong>du</strong> Conseil général de la commune, dans sa séance <strong>du</strong> 24 germinal : « L’assemblée arrête<br />

qu’il sera écrit à l’accusateur public pour l’inviter à donner <strong>des</strong> ordres pour faire con<strong>du</strong>ire<br />

dans le nouveau cimetière les cadavres de ceux qui pourront être exécutés demain » ainsi la<br />

Révolution donnait au nouveau cimetière une véritable consécration ; mais d’autres faits qui<br />

se rattachent à cette immolation achevèrent de montrer quelle était la dépendance <strong>du</strong> jury<br />

révolutionnaire, et dévoilent dans toute sa nudité cette époque à jamais abominable.<br />

Aussitôt que les jurés furent rentrés dans leur chambre, ceux qui avaient votés la mort de<br />

DAUCHEZ firent tapage. <strong>Le</strong>s menaces de CAUBRIERE furent particulièrement dirigées<br />

contre Gabriel LE BLOND qui présidait le jury, DANTEN et BOIZARD, LE BLOND se<br />

contenta de répondre : « J’ai voté selon ma conscience », et il sortit. Quelques heures plus<br />

tard, chargé d’une mission <strong>du</strong> comité de surveillance, il se présenta au bureau de LE BON. Il<br />

y rencontra DUQUESNOY qui lui dit : « LE BON n’y est pas ; es-tu convaincu, à présent ? ».<br />

<strong>Le</strong>s jurés avaient gagné leurs logis. Plusieurs d’entre eux logeaient chez MERCIER,<br />

aubergiste, rue <strong>du</strong> Contrat-Social.<br />

« J’entendis reprocher à RAGUENET, dit MERCIER, de n’avoir pas voté la mort de<br />

DAUCHEZ. Il était nuit. Ils couchaient au-<strong>des</strong>sus de ma chambre. Tout d’un coup, j’entendis<br />

un grand bruit : je montai, et je vis MIENNEE, sauté sur RAGUENET, et chercher à<br />

l’étrangler. Je crois qu’il l’eût fait sans moi. »<br />

Pendant ce temps, une scène plus significative se passait rue <strong>des</strong> Apaches. C’était jour de<br />

liesse pour les patriotes : avant l’audience, un notaire, administrateur <strong>du</strong> district, avait donné<br />

à déjeuner à DUQUESNOY ; un <strong>des</strong> convives, notaire et officier municipal, avait à son tour<br />

invité à souper le conventionnel et ses amis. <strong>La</strong> réunion fut nombreuse, quoique improvisée :<br />

le département, le district, le conseil général de commune et le comité révolutionnaire y<br />

étaient représentés. DUQUESNOY fit à Gabriel LE BLOND les reproches les plus amers au<br />

sujet de son vote ; il le traita de feuillant, de modéré, et sans lui laisser le temps de<br />

s’expliquer, il lui répéta sa phrase : « Es-tu convaincu, à présent ? ». Il lui déclara <strong>du</strong> reste<br />

que DAUCHEZ était un aristocrate, qu’il connaissait d’autres faits à sa charge, qu’il le ferait<br />

tra<strong>du</strong>ire et guillotiner à Paris. DUQUESNOY paraissait « avoir prit beaucoup de vin ». Il était<br />

« ivre », selon les uns ; « fort échauffé », au témoignage <strong>des</strong> autres.<br />

CAUBRIERE et GALAND tenaient à LE BLOND <strong>des</strong> propos très forts : « Monsieur<br />

DAUCHEZ, en effet, disait CAUBRIERE, n’est pas un homme à condamner ; c’est bon pour<br />

ces vieilles femmes ».<br />

Jusque-là, Joseph LE BON avait gardé le silence ; appuyé contre la cheminée, il paraissait<br />

soucieux et préoccupé. Il prit la parole : Gabriel LE BLOND, suivant lui, aurait dû être<br />

convaincu ; l’arrêté lu à l’audience indiquait ceux qu’il fallait frapper : il devait voter comme la<br />

majorité. Attaqué de toutes parts, LE BLOND pleurait de colère ; il finit par s’écrier :<br />

« Qu’on me tra<strong>du</strong>ise au tribunal, je serai victime ! »<br />

LE BON lui répondit :<br />

« <strong>Le</strong> contraire est décidé ».<br />

Edition MMXII-V3 – dernière mise à jour 09 décembre 2012<br />

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