TRIBU 12+ N.11

Il est inutile de parler longuement de la foi d’Abraham, puisque
toute sa vie ne fut qu’un élan vers l’accomplissement de la
volonté de D. Il est évident que lorsque Isaac est né de Sarah,
Abraham attendit avec grande impatience de pouvoir exécuter
la mitzvah qu’est la circoncision sur son propre fils ; dès le jour
de la naissance Abraham aspirait à ce moment. Et D. qui
récompense l’homme non seulement d’après ses actes, mais en
tenant compte de son zèle, de sa faveur, de ses bonnes
intentions et de son enthousiasme, a considéré l’acte pieux
comme s’il avait été accompli dès le premier jour; d’où
l’expression :“une huitaine de jours”. Là est la différence entre
“chemini” et “ben chemonat yamim”.
Revenons maintenant à l’état d’esprit du peuple d’Israël sorti
d’Egypte, où il était privé de toute connaissance, abêti, ignorant
jusqu’à l’existence de D. Mais sans vertu ni mérite, Israël
abaissé fut soudainement secoué, réveillé, doué d’un esprit de
morale et de piété, de croyance et de civilisation. Il lui était
promis que dans 49 jours arriverait une chose inouïe,
grandiose : D. se révèlerait au Mont Sinaï et remettrait la Torah.
Israël serait le premier peuple au monde à recevoir la
révélation et la preuve de l’existence d’un D. unique, Créateur
et Maître de l’Univers. Cette Torah contiendrait les lois
éthiques, sociales et morales de tout ce qui est le plus noble,
juste et équitable ; Israël sera le porte-parole et le proclamateur
du monothéisme qui se propagera sur toute la Terre. On peut
imaginer l’ardeur avec laquelle Moïse exhorta les Bné Israël et
exalta le moment de la remise de la Torah. Il devait guider le
peuple, le faire monter de degré en degré, jour après jour, de
semaine en semaine, toujours plus haut pour atteindre cette
conception de la sainteté. Moïse avec le peuple attendait donc
la date sublime en comptant les jours comme un homme
languit dans l’attente d’un événement heureux. L’ordre de
compter l’Omer n’est accompli que si l’on est imprégné par
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l’enthousiasme qui doit remplir le cœur de chacun, dans
l’attente de la date anniversaire bientôt proche. Les jours qui
séparent de la fête de Chavouot seront comptés avec la ferveur
de l’homme qui aime et comprend la grandeur de la Torah et
dont le seul idéal est de se conformer à la volonté de D.
Nos sages disent : Les jours et les semaines de la période de
l’Omer sont entiers pour ceux qui s’efforcent de réaliser la
volonté de D. Pour accentuer l’idée de l’omniprésence de D.,
on lançait aux quatre coins de l’horizon, en l’air et à terre, de
l’orge moissonnée le 2 ème jour de Pessah et préparée pour
l’oblation. Exactement comme il y a six mois dans le verset du
“Chéma” et dans le suivant, ce sont : “Barouh’ chèm kevod…”.
L’emblème nommé Maguen David de six points n’est pas autre
chose que la croyance totale au roi de l’univers. Il y a 25 lettres
dans le verset du Chéma, qu’obligatoirement nous devons
réciter matin et soir. Cela fait donc 50 lettres, chiffre qui
correspond à celui des jours d’attente de la promulgation de la
Loi divine promise à Israël, jusqu’au cinquantième qui est le jour
de Chavouot.
Terminons par la date du 33 ème jour de “Lag Baomer”. La
signification de ce jour est trop connue pour en reparler ; mais
ajoutons que la qualité la plus importante exigée par la Torah
c’est d’avoir un bon cœur. Or, voici la valeur numérique de ces
lettres : Lev = 32 ; Tov = 17, au total 49. Ainsi, en arrivant au
bout de 32, entrant dans le 33 ème , là est le mot Cœur, Lev qui
entre déjà dans la phase du mot Tov, dans les 17 jours qui
séparent encore de la fête Chavouot. Ce jour-là, les disciples de
Rabbi Akiva se sont également repentis et ont supprimé de leur
cœur la jalousie et la discorde ; ils se sont unis d’un cœur
unique et bon pour étudier la Torah, dans le but de bien servir
D. qui est Toute Bonté.
Rav Yehuda Berdugo
Rabbin de Vincennes Ashkénaze
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