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Lag Baomer :<br />
mon pèlerinage à la Ghriba de Djerba<br />
Il y a longtemps que je voulais faire ce pèlerinage à la Ghriba.<br />
Et cette année 2006, avec ma copine et nos maris, nous avons<br />
décidé de le faire.<br />
J’avais vécu 18 ans à Tunis mais l’occasion ne s’était jamais<br />
présentée d’aller à Djerba, même en vacances. Maintenant que<br />
j’habitais Paris, j’avais un besoin de retrouver un peu mes racines.<br />
Dans quelques jours, j’allais découvrir l’île de Djerba et faire ce<br />
pèlerinage que des milliers de gens faisaient chaque année.<br />
Mais auparavant, je voulais un peu mieux connaître l’histoire de<br />
la synagogue dont la notoriété était mondiale.<br />
J’ai allumé mon ordinateur et je me suis mise à la recherche<br />
d’informations pour savoir où j’allais mettre les pieds.<br />
Le mot Ghriba signifie l’étrangère, l’étonnante, la solitaire.<br />
Une légende dit que la synagogue devait son nom à une très<br />
belle femme venue de nulle part, qui aurait installé sa hutte à<br />
peu de distance du village juif de Hara<br />
Sghira. Cette femme aurait été entourée<br />
d’une aura de sainteté et elle aurait eu<br />
des dons miraculeux de guérison. Elle<br />
ne fut cependant jamais totalement<br />
acceptée par la communauté. Un jour,<br />
les villageois crurent voir un feu du côté<br />
de sa hutte, mais ils n’intervinrent pas,<br />
de peur qu’elle ne se livre à des activités<br />
de sorcellerie. Le lendemain, ils trouvèrent<br />
l’étrangère morte dans sa hutte<br />
détruite par les flammes, mais son corps<br />
était intact. Les villageois, regrettant leur<br />
attitude auraient alors bâti la synagogue sur l’emplacement de<br />
la hutte et le pouvoir miraculeux de l’étonnante étrangère,<br />
agirait toujours. Depuis cette époque au moment de Lag<br />
Baomer et aussi pour fêter Rebbi Meyer et Rebbi Chim’oun, il<br />
y avait ce pèlerinage à la Ghriba.<br />
Le 16 mai, jour du départ. Je me retrouvais à l’aéroport avec<br />
mon amie et nos maris mais aussi des centaines de passagers qui<br />
comme nous allaient faire ce pèlerinage. Parmi tout<br />
ce monde il y avait des personnes que je ne connaissais<br />
que de vue mais on n’hésitait pas à se parler comme si on<br />
était des anciennes<br />
copines. On entendait<br />
dans l’aéroport,<br />
des rires, des<br />
chants et des gens<br />
qui parlaient fort.<br />
Les passagers des<br />
autres destinations<br />
nous regardaient et<br />
se demandaient<br />
pourquoi un tel<br />
enthousiasme.<br />
Trois heures après l’embarquement, nous étions arrivés à<br />
Djerba où l’équipe de René Trabelsi, qui organisait le voyage<br />
comme chaque année, nous renseignait sur le déroulement de<br />
notre séjour. L’accueil à l’hôtel était également très agréable car<br />
le personnel, même s’il était arabe, avait toujours vécu en bonne<br />
intelligence<br />
avec les Juifs<br />
pendant des<br />
siècles et ils<br />
savaient aussi<br />
ce que les visiteurs<br />
leur<br />
apporteraient.<br />
Les différences<br />
vestimentaires<br />
entre Juifs djerbiens<br />
et Arabes<br />
djerbiens<br />
étaient minimes. Nous nous sommes ensuite préparés pour<br />
aller à la synagogue. Près de 5000 personnes, venues<br />
principalement de France et certains d’Israël, se pressaient pour<br />
assister et participer aux premières festivités.<br />
Des musiciens avec des tambourins et des luths précédaient<br />
une foule qui marchait vers la fameuse synagogue. Arrivée dans<br />
la cour, devant l’entrée de la synagogue, un homme vendait des<br />
foulards aux couleurs criardes qui serviront à orner les sephers<br />
Torah. Des chants, une chaude ambiance accompagnaient les<br />
visiteurs. Ensuite nous sommes entrés<br />
dans la synagogue repeinte par le<br />
gouvernement tunisien (elle avait subi des<br />
dégâts importants avec l’attentat qui avait<br />
eu lieu en 2002) pour allumer des bougies<br />
à la mémoire de nos rabbins, faire des<br />
vœux de bonheur et de santé. Les rabbins<br />
récitent des prières et bénissent des fruits<br />
secs, symboles d’abondance et de fertilité,<br />
et de la boukha que nous ramènerons à<br />
Paris pour faire profiter nos proches de<br />
ces bénédictions.<br />
Pendant trois jours, cela n’a été que<br />
chants, danses, prières, ventes aux enchères, procession<br />
derrière des sépharims.<br />
Le pèlerinage arrivait à sa fin et c’était le moment de rentrer à<br />
la maison et où j’allais raconter à mes enfants et leurs conjoints<br />
ce merveilleux moment.<br />
Djerba et la<br />
Ghriba ne sont<br />
plus des inconnus<br />
pour moi. Quand<br />
je pense que, du<br />
monde entier,<br />
Juifs et non Juifs<br />
viennent visiter la<br />
synagogue par<br />
bus entiers tout<br />
au long de l’année<br />
et célébrer cette<br />
étrangère qui a<br />
fait la notoriété<br />
de ce lieu “saint”.<br />
Nadine Lévy<br />
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