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Agone n° 31/32 - pdf - Atheles

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HOWARD ZINN 25<br />

paraissent dans les grands journaux.<br />

Il existe également des médias dissidents aux États-Unis. Et leurs<br />

rédacteurs et journalistes ne sont pas jetés en prison. Mais ils manquent<br />

de ressources et leur diffusion est limitée. Sur les ondes on perçoit<br />

comme une faible lueur d’indépendance dans le domaine de la télévision<br />

câblée qui, bien entendu, ne s’adresse qu’à une faible part de l’audience.<br />

Il existe également des petites radios locales (par exemple WBAI à New<br />

York et Radio Pacifica sur la côte Ouest) qui diffusent des émissions d’un<br />

genre tout différent de ce que l’on peut entendre sur les ondes nationales.<br />

La radio et la télévision publiques hésitent en permanence entre une<br />

prudence soutenue et des bouffées occasionnelles de courage. Le<br />

MacNeil-Lehrer News Hour, principal programme d’information de la<br />

télévision publique, est un concentré de prudence. Ses programmes ne<br />

présentent que des porte-parole des pouvoirs en place et ne peuvent proposer<br />

aucun problème d’importance sans avoir recours à des membres<br />

du gouvernement ou du Congrès. Il est ouvert aux ultraconservateurs<br />

mais jamais aux progressistes. Par exemple, ils n’ont jamais invité le principal<br />

critique de la politique étrangère américaine, un intellectuel pourtant<br />

mondialement connu, Noam Chomsky. C’est comme si, pendant<br />

toute la période qui a suivi la Seconde Guerre mondiale, Jean-Paul Sartre<br />

avait été mis sur liste noire en France et que l’opinion publique n’avait<br />

jamais eu l’occasion de l’entendre. Seul Bill Moyers eut le courage d’interviewer<br />

Noam Chomsky au cours de deux émissions spéciales sur le<br />

réseau de la télévision publique.<br />

Si nous pensons que l’absence de publicités sur la « télévision<br />

publique » apporte la preuve de sa liberté, nous nous trompons gravement.<br />

Ce secteur public dépend du budget alloué par le gouvernement et<br />

courtise les institutions privées pour en obtenir des financements. Selon<br />

une dépêche de l’Associated Press reprise par le New York Times sous le<br />

titre « Le Réseau de télé public fait de l’œil aux généreux donateurs » :<br />

« William Lee Hanlmey Jr, le nouveau directeur de la Corporation for<br />

Public Broadcasting souhaite faire des programmes éducatifs de la radio<br />

et de la télévision des investissements si rentables que le monde de<br />

l’entreprise américain s’empressera de lui consacrer plus d’argent. 36 »<br />

Le problème avec la liberté d’expression aux États-Unis n’est pas tant<br />

36. New York Times, 5 janvier 1987.

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