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NAT HENTOFF 29<br />
des juges à condamner les prévenus à des peines moins lourdes que<br />
celles requises par les directives du ministère public.<br />
Le projet de loi (HR 3037) a pour titre – dans le style euphémistique<br />
coutumier à l’administration judiciaire – « Loi d’amélioration des<br />
moyens de lutte contre le terrorisme ».<br />
Entre les lignes, quelque part, il doit être possible de contester les assignations<br />
administratives devant la cour – après que les bases de données<br />
gouvernementales ont traité toutes vos informations personnelles.<br />
Même dans ce cas, le secret peut toujours vous être opposé si, selon les<br />
termes de la loi, le juge décide « qu’il peut [en] résulter une menace pour<br />
la sécurité nationale ».<br />
Dans sa volonté de plaider pour l’amélioration des moyens de lutte<br />
contre le terrorisme, le porte-parle d’Aschcroft, Mark Corallo, mit en<br />
avant le cas d’école suivant face à Eric Lichtblau, chroniqueur juridique<br />
au New York Times que sa compétence a toujours signalé à l’admiration<br />
de ses pairs. Imaginons que, au milieu de la nuit, le FBI ait vent d’un<br />
tuyau faisant état qu’un terroriste non identifié a été pisté jusqu’à<br />
Boston, sans que l’agence sache dans quel hôtel il a pu descendre. Sans<br />
devoir attendre un mandat du juge, le FBI assigne tous les hôtels de<br />
Boston afin d’avoir connaissance des registres de toutes les entrées. Les<br />
noms sont ainsi recoupés avec les bases de données gouvernementales<br />
concernant le terrorisme.<br />
Il est loin d’être rare que ces bases de données du FBI contiennent des<br />
informations erronées. Partant, un citoyen américain blanc comme neige,<br />
arrivant en retard à l’aéroport, pourra, au mieux, rater son avion ou être<br />
retenu pour un interrogatoire approfondi, du simple fait de son enregistrement<br />
dans un hôtel de Boston la nuit de cette orgie inquisitoriale.<br />
En tant que reporter, j’ai couvert des affaires où la police avait de temps<br />
en temps besoin rapidement d’une commission rogatoire. Seulement,<br />
les juges, en cet âge de progrès technologiques, sont très disponibles,<br />
même à domicile. Ils ont des téléphones et des ordinateurs portables,<br />
des adresses e-mail et des fax.<br />
Aussi, le Président et son procureur général bardé de récompenses<br />
sont-ils en train de promouvoir une violation sans encadrement légal<br />
de notre vie privée, qui se révèle à la fois inutile et inconstitutionnelle.<br />
NAT HENTOFF, novembre 2003