Agone n° 31/32 - pdf - Atheles

WILLIAM GREIDER
fera le travail à leur place. L’année 2004, les républicains vont s’épuiser
dans un combat sur la question des armes, l’interdiction fédérale portant
sur les fusils d’assaut devant expirer. Les progressistes, espèrent-ils, tenteront
de renouveler la loi, si bien que le GOP pourra distribuer une
récompense visible en l’enterrant en cette année d’élection. (Les tenants
d’une réglementation du port d’armes pensent contraindre Bush à choisir
entre le lobby des armes et l’opinion publique.)
Les plus grosses récompenses, bien sûr, concernent la fiscalité, et l’autodiscipline
des troupes est impressionnante. Quand Reagan proposa ses
énormes baisses d’impôt en 1981, les lobbyistes de K Street 6 chargèrent
la barque de leurs propres listes de cadeaux et la Maison-Blanche perdit
pied ; elles créèrent une hémorragie fiscale bien plus importante que
prévue. Cette fois-ci, les entreprises ont appris à se comporter correctement.
Ainsi, lorsque Bush soumit un train de réduction d’impôts dans
lequel ne figuraient pas ceux de leurs souhaits. « Ils soutinrent les baisses
d’impôts de 2001 parce qu’ils savaient qu’elles seraient suivies d’autres
diminutions chaque année, et si vous ne soutenez pas le lot de cette
année, vous pourrez le faire la fois prochaine », analyse Norquist. Leur
patience a déjà été récompensée. Le mouvement anti-fiscaliste suit un
scénario bien établi pour progresser pas à pas vers le but ultime.
Norquist a organisé cinq groupes parlementaires en vue de rallier les
soutiens et mener une campagne sur les cinq propositions suivantes :
abrogation des droits de succession (déjà promulguée mais toujours vulnérable)
; réformes du système de financement des retraites ; suppression
de l’impôt minimum parallèle ; déductions fiscales immédiates pour
les dépenses d’investissement (au lieu d’un amortissement sur plusieurs
années) ; et pas de taxation des plus-values. Norquist explique : « Si nous
faisons toutes ces choses, il n’y aura pas d’impôt sur le capital et nous
serons très près d’un impôt proportionnel. »
Le chemin qui reste à parcourir est bien plus difficile qu’il n’apparaît à
l’entendre, parce que, au fur et à mesure, beaucoup de gens découvriront
qu’ils ne peuvent qu’y perdre. En fait, la vision McKinley exige de
vastes pans de la société qu’ils paient très cher, et de leurs propres
poches. Martin Anderson a beau travailler l’arithmétique de l’impôt proportionnel,
il y a toujours un perdant. « Tous les conservateurs veulent
6. Rue de Washington où sont concentrés la plupart des courtiers en lobbying. [ndt]
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