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Agone n° 31/32 - pdf - Atheles

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HOWARD ZINN 9<br />

« SANS CONTRAINTE PRÉALABLE »<br />

Le texte du Premier Amendement semble décisif. « Le Congrès ne fera<br />

aucune loi […] restreignant la liberté de parole. » Pourtant, en 1798,<br />

sept ans à peine après son adoption, c’est exactement ce que fit le<br />

Congrès. Il vota des lois limitant la liberté de parole : les Alien et<br />

Sedition Acts.<br />

L’Alien Act conférait au président le pouvoir d’expulser « tout individu<br />

étranger qu’il jugera dangereux pour la paix et la sécurité des États-Unis ».<br />

Quant au Sedition Act, il prévoyait que « quiconque écrira, imprimera,<br />

exprimera ou diffusera […] un texte mensonger, scandaleux ou perfide,<br />

ou des écrits contre le gouvernement, le Congrès ou le président des<br />

États-Unis, dans l’intention de les diffamer […] ou d’intenter à leur réputation<br />

et au respect qui leur est dû » pourra se voir condamner à payer<br />

une amende de deux mille dollars ou à deux ans d’emprisonnement.<br />

La Révolution française avait eu lieu neuf ans auparavant et la jeune<br />

nation américaine, qui en était à cette époque à son deuxième président,<br />

le conservateur John Adams, n’était plus aussi favorable aux idées révolutionnaires<br />

qu’elle avait pu l’être en 1776. Une fois parvenus au pouvoir,<br />

les révolutionnaires semblent en effet perdre tout goût pour la révolution.<br />

Les Français immigrés aux États-Unis étaient soupçonnés d’être favorables<br />

à la révolution qui se déroulait en France et de propager les idées<br />

révolutionnaires en Amérique. La peur inspirée par ces Français (qui,<br />

pour la plupart, avaient pourtant fui la révolution) tourna à l’hystérie. La<br />

Gazette of the United States accusait les précepteurs français de corrompre<br />

la jeunesse américaine, « pour lui faire boire, à la mamelle, le poison de<br />

l’athéisme et du mécontentement ». 1<br />

La Porcupine’s Gazette affirmait de son côté que le pays grouillait<br />

« d’apôtres français de la sédition en assez grand nombre […] pour<br />

incendier nos villes et en égorger tous les habitants ».<br />

De leur côté, les révolutionnaires irlandais, qui poursuivaient leur<br />

éternel combat contre les Anglais, bénéficaient de quelques soutiens aux<br />

États-Unis. On aurait pu penser que les Américains, tout juste libérés de<br />

1. La plupart de mes données sur l’Alien Act et le Sedition Act ainsi que les<br />

vives critiques dont ils font ici l’objet me viennent de John C. Miller, Crisis in<br />

Freedom, Atlantic Little-Brown, 1952.

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