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La prise en charge. Témoignage d'un Montagnais. - Les Classiques ...

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Un monde autour de moi. <strong>Témoignage</strong> d’une <strong>Montagnais</strong>e. (1997) 18<br />

compagnies forestières, on faisait de la trappe, on chassait le castor. <strong>La</strong> façon de<br />

chasser se faisait toujours <strong>en</strong> cercle; nous utilisons toujours un quart ou un tiers de<br />

notre territoire une année. Madame Siméon nous montre l’importance de reconstrui-<br />

re, autour de nos chasses traditionnelles, ce cercle qui nous rassemble tous.<br />

Ce récit d’une femme-chasseuse montre aussi l’importance que nos grands-<br />

par<strong>en</strong>ts et nos par<strong>en</strong>ts ont eue et doiv<strong>en</strong>t continuer d’avoir dans notre formation. Et<br />

comme madame Siméon se rappelle avec vivacité ses premières chasses et les rituels<br />

qui leur étai<strong>en</strong>t associés, la lecture de son récit nous rappelle ces premiers appr<strong>en</strong>tissages<br />

si importants vécus avec nos par<strong>en</strong>ts. Je me souvi<strong>en</strong>s avoir tué mon premier<br />

ours. J’ai tué un ours p<strong>en</strong>dant l’hiver. Mon père a chanté pour l’ours. Dans son chant,<br />

il expliquait qu’il avait besoin de lui, pourquoi sa famille avait besoin de sa viande, de<br />

sa fourrure. L’ours est sorti de sa cache pour s’offrir à nous. Et c’est moi qui l’ai tué.<br />

Et j’avais si peur qu’il retombe dans son repaire. Je m’apprêtais à le pr<strong>en</strong>dre mais<br />

mon père a dit: «Touche-le pas, touche-le pas, non...» Il a préparé un feu et y a fait<br />

brûler du tabac. Il a comm<strong>en</strong>cé à m’expliquer pourquoi il fallait agir ainsi <strong>en</strong>vers cet<br />

animal. L’ours a un esprit et tu dois libérer l’esprit de l’animal avant de le consommer.<br />

Après m’avoir <strong>en</strong>seigné cela, mon père a dit: «C’est comme ça qu’il faut agir <strong>en</strong>vers<br />

les loutres, avec les autres bêtes, parce que tu dois respecter le [15] corps de<br />

l’animal jusqu’à ce que son esprit soit libéré.» Pour chaque animal, cela peut différer.<br />

Donc, il y a comme un cheminem<strong>en</strong>t qui se fait tout le temps et à mesure que nous<br />

acquérons ces connaissances de la vie traditionnelle, nous devons les partager pour<br />

nous réapproprier notre spiritualité. C’est comme si nous nous libérions pour avancer<br />

un peu plus. Dans son récit, madame Siméon nous invite à une telle libération lorsqu’elle<br />

nous montre qu’on peut être fier d’être autochtone dans notre monde contemporain.<br />

Clifford Moar,<br />

Directeur<br />

Musée de Mashteuiatsh (1990-1994)<br />

18 octobre 1995

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