La prise en charge. Témoignage d'un Montagnais. - Les Classiques ...

Un monde autour de moi. Témoignage d’une Montagnaise. (1997) 38
pense que je n’en verrai plus des affaires de même, comme quand je chassais avec
mon père. J’aime ça encore, manger. Oh! j’aime bien ça me faire rôtir de la viande
dans le poêlon! Oh! que c’est bon avec de la banique!
Dans le Péribonka où on chassait, c’était bien plaisant. Ils ont tout bûché, ils ont
tout défriché de chaque côté. Il y a des chemins partout dans les montagnes [44] où
il y avait du caribou, de l’orignal, du loup-cervier et de la loutre anciennement. Il y
avait du castor aussi dans les ruisseaux qui sortaient dans la rivière. Maintenant, il y
a des chalets partout. Il y a un chalet au canal Sec où on avait coutume de passer le
printemps, aux Fourches Manouane. Il y avait un tentement, là, avant mais c’est tout
brûlé depuis longtemps. Il y avait aussi une cabane en écorce. En indien, une cabane
en écorce, les gens de Mistassini appellent ça «tshistikantshuap». Le gars qui habitait
cette cabane était parti avec ses enfants pour aller faire la tournée de ses pièges.
Il revenait à sa cabane d’écorce et, quand il est arrivé, sa cabane était en feu. Il
est reparti et il a redescendu la rivière. Les autres disaient que c’est un nommé Atshen
qui aurait mis le feu, là. À l’endroit où ç’a été brûlé, il n’a pas repoussé d’arbres.
Il ne pousse pas d’arbres; c’est comme du gros sable. Il ne pousse plus rien du tout
là-dedans.
Conservation de la viande
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Des fois, on creusait et on mettait des provisions dans ce sable-là. On pouvait
mettre de la graisse d’ours là-dedans et elle ne fondait pas. On mettait comme un
couvert sur le dessus et ça se tenait tout le temps frais. On mettait une grosse roche
sur le dessus pour empêcher les bêtes de venir manger nos provisions. Ils ont dit
que ç’a été brûlé il y a bien longtemps. Mon grand-père disait ça aussi. Je ne peux pas
dire que c’est vrai mais, en tout cas, si le feu «aurait» été mis par un Indien, il y a
longtemps que les arbres auraient repoussé. C’est resté en sable et il y a de la mousse
blanche.
Si vous «verriez» ça! C’est planche et il y a comme [45] des arbres aux alentours.
On dirait que ça guérit là. Il y a des petits sapins qui poussent, mais ils ne poussent
pas vite. Il paraît qu’il y a deux beaux chalets par là. C’était notre place, avant. On se