La prise en charge. Témoignage d'un Montagnais. - Les Classiques ...
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Un monde autour de moi. <strong>Témoignage</strong> d’une <strong>Montagnais</strong>e. (1997) 44<br />
petite peur qu’ils ne revi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t pas. Ça fait qu’il a dit: «Ce ne sera pas long, je vais<br />
am<strong>en</strong>er mon canot allége.» Là, on a débarqué. J’ai monté sur une falaise de neige. Ça<br />
calait un peu. Il y avait un sapin. J’ai cassé des branches, j’<strong>en</strong> avais une petite bras-<br />
sée. J’ai comm<strong>en</strong>cé à les ét<strong>en</strong>dre là où la t<strong>en</strong>te devait être plantée. J’avais un mate-<br />
las de poil de caribou, un petit matelas.<br />
[52]<br />
Après cela, les hommes ont planté la t<strong>en</strong>te. J’avais Hélène avec moi quand Victo-<br />
ria est v<strong>en</strong>ue au monde. J’avais Hélène et Berthe. Elles étai<strong>en</strong>t debout dans la neige.<br />
Je ne me rappelle pas quasim<strong>en</strong>t comm<strong>en</strong>t ça s’est passé. L’<strong>en</strong>fant est arrivé. Il y<br />
avait ri<strong>en</strong> que la moitié de la t<strong>en</strong>te qui était t<strong>en</strong>due. Ça fait que monsieur Boivin est<br />
<strong>en</strong>tré. J’ai dit: «L’<strong>en</strong>fant est arrivé.» C’est monsieur Boivin qui a fait l’ouvrage, coupé<br />
«la corde» et tout. J’avais un petit sac et des ciseaux. Oh! mon doux! C’était pas bi<strong>en</strong><br />
gros, le petit sac, il avait à peu près un pied de long. J’avais juste du linge de rechange<br />
pour le bébé. J’avais une couvarte. Il y avait comme une petite robe, des ciseaux<br />
et de la corde. C’était tout. J’avais mis ça tout près, je m’<strong>en</strong> doutais. On était bi<strong>en</strong><br />
fiers du bébé quand il est arrivé.<br />
On n’est pas resté longtemps là. Il fallait qu’on desc<strong>en</strong>de. Ça faisait à peu près<br />
une journée que l’<strong>en</strong>fant était au monde. Alors Paul Natipi a dit: «On va vous att<strong>en</strong>dre<br />
là-bas, au Onistagane. C’est moi qui vais desc<strong>en</strong>dre Anne-Marie. Je vais la portager<br />
sur mon dos. Elle ne marchera pas parce qu’il doit y avoir de l’eau dans le portage.»<br />
Ça fait que monsieur Boivin m’a donné les bottes de son garçon Bazot. C’était<br />
pour que je me mouille pas les pieds <strong>en</strong> desc<strong>en</strong>dant. Après ça, Paul Natipi m’a desc<strong>en</strong>due<br />
sur son dos. Il a pris un paqueton de pelleteries et il m’a assise sur le travers et,<br />
là, je me t<strong>en</strong>ais après son cou pour ne pas tomber. Le bébé, c’est les autres qui l’ont<br />
portagé. Une fois r<strong>en</strong>du plus bas, au lac Le Culotte – fallait passer par là pour monter,<br />
fallait passer par là pour desc<strong>en</strong>dre –, ils nous ont laissés. Il a dit: «On va <strong>en</strong><br />
parler à ton père et à ta mère. Ils vont <strong>en</strong>voyer des [53] gars pour vous chercher.»<br />
J’étais fatiguée, ça fait qu’on s’est t<strong>en</strong>té là.<br />
Le l<strong>en</strong>demain matin, de bonne heure, les gars sont arrivés. Il y avait monsieur<br />
Jack Simpson qui était avec eux. Il y avait une de mes sœurs aussi. Jeannette était<br />
v<strong>en</strong>ue. Ils ont portagé le bébé. Ils ont portagé Berthe qui n’était pas capable de marcher.<br />
Hélène n’était pas assez grande pour marcher dans le portage. Il n’y avait pas<br />
d’eau dans le portage, c’était beau. C’est comme ça qu’on s’est r<strong>en</strong>dus chez mes pa-