01.07.2013 Views

La prise en charge. Témoignage d'un Montagnais. - Les Classiques ...

La prise en charge. Témoignage d'un Montagnais. - Les Classiques ...

La prise en charge. Témoignage d'un Montagnais. - Les Classiques ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Un monde autour de moi. <strong>Témoignage</strong> d’une <strong>Montagnais</strong>e. (1997) 22<br />

des petits plats. On <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>ait ri<strong>en</strong> qu’un petit morceau chacun. On mangeait plus de<br />

viande de lièvre et on ménageait notre farine. J’étais habituée à ça. Je ne<br />

m’apercevais pas de la misère qu’on avait.<br />

Au printemps, mon grand-père disait: «Je vais ét<strong>en</strong>dre mes pièges à ours, on va<br />

manger de l’ours.» J’aimais ça, de l’ours. J’étais bonne de la viande. J’<strong>en</strong> mangeais<br />

avec de la graisse d’ours. On faisait boucaner notre viande d’ours, c’était bon. On la<br />

faisait cuire au feu sur la broche aussi. On faisait un bouillon avec la viande d’ours.<br />

Au mois de juin, il fallait redesc<strong>en</strong>dre. On montait au mois d’août et on redesc<strong>en</strong>dait<br />

au mois de juin. Il comm<strong>en</strong>çait à y avoir des mouches, les <strong>en</strong>fants étai<strong>en</strong>t tout piqués<br />

dans la face.<br />

Après tous les voyages, quand on desc<strong>en</strong>dait, on avait un peu d’école. Ils nous <strong>en</strong>-<br />

voyai<strong>en</strong>t à l’école une quinzaine de jours. À l’automne, c’était <strong>en</strong>core la même chose;<br />

au mois d’août, on partait <strong>en</strong>core. L’école, il n’<strong>en</strong> n’était pas question, il fallait suivre<br />

nos par<strong>en</strong>ts. Personne ne gardait des <strong>en</strong>fants icitte, à Pointe-Bleue; c’est pas pareil<br />

aujourd’hui. Ils ont des p<strong>en</strong>sionnats, ça fait qu’ils peuv<strong>en</strong>t rester là. Nous autres, on<br />

n’avait ri<strong>en</strong> de ça.<br />

On partait <strong>en</strong> canot de Pointe-Bleue. J’avais un petit aviron. C’est mon grand-père<br />

qui me l’avait fait. Il fallait que je rame moi itou. J’étais assise <strong>en</strong> arrière avec ma<br />

tante et on faisait le tour du lac Saint-Jean. Des fois, on faisait deux voyages et il<br />

v<strong>en</strong>tait fort. Quand le lac Saint-Jean était bas, il n’y avait pas [21] beaucoup d’eau et<br />

on débarquait loin au large. Ça faisait loin pour am<strong>en</strong>er notre bagage pour camper.<br />

Des fois, nous, les <strong>en</strong>fants, on avait peur de débarquer. Ils nous pr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t par <strong>en</strong><br />

dessous du bras et ils nous emm<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t sur le bord de la grève.<br />

On pr<strong>en</strong>ait les voitures à la Pipe, de l’autre bord du lac Saint-Jean. Ils embarquai<strong>en</strong>t<br />

les canots, ils mettai<strong>en</strong>t du bagage dedans. On pouvait embarquer là-dedans<br />

aussi. C’était une waguine, qu’ils disai<strong>en</strong>t. C’étai<strong>en</strong>t des voitures à cheval dans ce<br />

temps-là. Quand on passait, il y avait des cultivateurs et on leur faisait des bye-bye.<br />

<strong>Les</strong> <strong>en</strong>fants canadi<strong>en</strong>s font des bye-bye. C’est ma mère qui nous montrait ça. Elle<br />

nous disait: «Faites des bye-bye.» <strong>Les</strong> Canadi<strong>en</strong>s disai<strong>en</strong>t: «Oh! regarde les Indi<strong>en</strong>s<br />

qui pass<strong>en</strong>t!» On pr<strong>en</strong>ait la rivière Péribonka quand on voyageait. C’était des voyages<br />

avec beaucoup de provisions. On avait de la farine, du sucre, du sel, de la graisse,<br />

toutes sortes de choses. Toute la famille montait, les <strong>en</strong>fants aussi. <strong>Les</strong> chi<strong>en</strong>s montai<strong>en</strong>t<br />

sur le bord de la grève, ils nous suivai<strong>en</strong>t. C’étai<strong>en</strong>t des chi<strong>en</strong>s de traîne. Ils <strong>en</strong>

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!