La prise en charge. Témoignage d'un Montagnais. - Les Classiques ...
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Un monde autour de moi. <strong>Témoignage</strong> d’une <strong>Montagnais</strong>e. (1997) 32<br />
— C’est bi<strong>en</strong> ce que j’avais p<strong>en</strong>sé de faire.<br />
— Tu avais une bonne idée de faire ça.<br />
Il fallait que je parle au Conseil. Icitte, c’était la tribu. Je leur ai dit: «S’il faut<br />
que je paye l’emplacem<strong>en</strong>t, je n’arriverai pas.» Monsieur <strong>La</strong>boissière me dit: «Je vais<br />
demander à tous les conseillers. Tu vas avoir un petit emplacem<strong>en</strong>t pour ta maison. Il<br />
le faut absolum<strong>en</strong>t parce que ces <strong>en</strong>fants-là vont à l’école et ça pr<strong>en</strong>d une cabane<br />
pour les abriter. Il fait frette, l’hiver.» En tout cas, il n’a pas niaisé longtemps. <strong>Les</strong><br />
conseillers ont tous dit oui. Ils ont dit: «D’abord qu’elle est capable de faire sa cabane,<br />
bi<strong>en</strong> coudon, on va lui donner cet emplacem<strong>en</strong>t-là.»<br />
Ensuite, j’ai fait savoir que mon emplacem<strong>en</strong>t était prêt. C’était là où le gros<br />
truck avait débarqué mon bois. Il y avait un conseiller qui n’était pas là le soir où<br />
monsieur <strong>La</strong>boissière avait arrangé ça. C’était Ti-Tom Raphaël, qui reste icitte, de<br />
l’autre bord. Il n’était pas cont<strong>en</strong>t. Il a dit: «C’est du monde de Bersimis, ils n’ont pas<br />
le droit de v<strong>en</strong>ir icitte pour se camper. Ils ne sont pas acceptés.» Après deux ou<br />
trois jours, monsieur <strong>La</strong>boissière me dit: «Ça va être accepté. [36] Ce sont les mêmes<br />
Indi<strong>en</strong>s. <strong>Les</strong> Indi<strong>en</strong>s de Bersimis et de Pointe-Bleue, c’est la même chose. Ils se<br />
sont mariés icitte, et ils vont rester icitte. Ils vont élever leurs <strong>en</strong>fants icitte et<br />
peut-être qu’ils vont mourir icitte. C’est final! Icitte, c’est leur place. Ce sont les<br />
mêmes Indi<strong>en</strong>s pareil.» Alors le Conseil nous a acceptés. Ils nous ont fait un papier.<br />
Ils ont tout mis ça au bureau.<br />
Quand mon mari est arrivé aux Fêtes, j’avais une porte et deux châssis de chaque<br />
côté. Ce n’était pas bi<strong>en</strong> grand. J’avais un beau gros poêle dans le milieu. Il était<br />
cont<strong>en</strong>t quand il est arrivé. Il a dit: «C’est chaud icitte <strong>en</strong> dedans, on est bi<strong>en</strong>.»<br />
Je lui ai conté tout ça, je lui ai dit que le boss qui v<strong>en</strong>dait de la planche à Roberval<br />
était bi<strong>en</strong> cont<strong>en</strong>t de l’arrangem<strong>en</strong>t que j’avais fait. Il m’a remis 300 piasses de<br />
plus pour finir ma maison. Mon mari m’a dit: «Je vais aller voir le boss. Je connais ce<br />
gars-là.»<br />
J’étais cont<strong>en</strong>te, b<strong>en</strong> craire, quand il m’a dit qu’il le connaissait! Il est allé le<br />
voir. Il lui a donné de l’arg<strong>en</strong>t. Il doit lui avoir payé quasim<strong>en</strong>t tout parce je p<strong>en</strong>se<br />
qu’il avait v<strong>en</strong>du du castor, du loup-cervier et de la loutre. Il était cont<strong>en</strong>t, le gars de