3.2. Evaluation et motivation

* Tout d’abord, dans l’esprit de bon nombre d’élèves, les enseignants que l’on a « contraints » à
prendre en charge des classes de SEGPA sont des profs qu’on a punis parce qu’ils avaient fait
quelque chose de mal ailleurs, des mauvais profs qu’on ne sait plus où mettre donc en SEGPA, des
profs dont ce n’est pas l’activité professionnelle principale, etc. S’ils projettent ces idées sur nous,
c’est tout simplement dû à la réputation qui colle à la peau de toutes les sections d’enseignement
adapté depuis qu’elles existent, et qui d’ailleurs collait déjà à la peau des structures antérieures du
même type. « Si on nous met là parce qu’on est des nuls, les profs doivent pas être bien futés non
plus », c.q.f.d.
* Si vous avez décidé de faire autre chose de cette année en SEGPA qu’un épouvantable calvaire,
mieux vaut donc commencer par lutter contre cette idée. Première étape, oubliez que vous auriez pu
dire « non » si on vous avait demandé votre avis et prenez cette nouvelle comme un challenge. De
manière assez surprenante – mais pas tant que ça finalement – vous verrez bientôt que toutes les
démarches que vous parviendrez à mettre en place avec succès en SEGPA seront parfaitement
transposables à l’enseignement plus général.
* Relevez donc la tête, souriez, et montrez
un peu d’énergie et d’envie d’être avec eux –
ils sauront vous le rendre – car attention,
l’inverse est également très vrai. L’élève
perturbateur n’a pas tout à fait le même profil
en SEGPA. Il connaît le véritable échec
depuis bien plus longtemps que l’élève de
collège moyen, d’où une certaine rancune
envers l’institution scolaire et ceux qui la
représentent ; son parcours personnel est
plus difficile, parfois même effroyable, ce qui
ajoute tristesse et colère au cocktail, et pour
peu qu’il appartienne à cette catégorie d’élèves dont l’affectation dans un établissement adapté a été
repoussée aux calendres grecques, vous voilà en présence d’une personne qui réagira négativement
beaucoup plus vite, ira plus loin dans ses gestes et ses propos plus rapidement, bref, quelqu’un qu’il
faut traiter avec beaucoup de considération…
* En cas de dérapage avec ce type d’élèves très particulier, évitez à tout prix de vous emporter (oui,
je sais, c’est pas facile). Gardez bien à l’esprit que, pour toutes les raisons citées plus haut, celui qui
vient de décider de mettre un peu d’animation dans votre cours si morose à son goût, maîtrise
autrement mieux que vous les situations conflictuelles. Dans ce cas, puisque les limites auront sans
doute déjà été dépassées, préférez renvoyer l’élève sans trop de cérémonie mais dans les règles 38 .
L’incident ne pouvant se régler raisonnablement avec l’élève seul, c’est en présence du directeur de la
SEGPA ou du CPE, dont aucun ne souffrent de l’épouvantable réputation dite du je-suis-nul-donc-
eux-aussi qui handicape les personnels enseignants, que la confrontation devra avoir lieu afin de
trouver une solution à court terme.
38 A propos de l’exclusion de cours et des mesures alternatives, cf. § 5.2. « Action, réaction ! »