Consulter sa thèse - URPS médecins Ile-de-France
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autres "vapeurs hystériques" [5]. En Angleterre, Fothergill publie, en 1776, le premier article<br />
médical anglais traitant <strong>de</strong> la ménopause et <strong>de</strong> <strong>sa</strong> symptomatologie, il y parle "<strong>de</strong>s accès <strong>de</strong><br />
chaleur, <strong>de</strong> sueurs, d’insomnies et <strong>de</strong> cauchemars" que subissent les femmes ménopausées [6].<br />
Il est à noter que ces <strong>de</strong>ux auteurs n’associent pas la ménopause à un état pathologique. Ces<br />
ouvrages sont à l’origine d’un bouleversement <strong>de</strong>s mentalités puisqu’en plus d’initier un<br />
mouvement d’intérêt pour ce sujet, ils reviennent sur la théorie <strong>de</strong> l’impureté du <strong>sa</strong>ng <strong>de</strong>s<br />
menstrues en proclamant qu’il n’y a pas <strong>de</strong> différence entre ce <strong>de</strong>rnier et le <strong>sa</strong>ng qui coule<br />
dans les veines <strong>de</strong> chacun. "Le <strong>sa</strong>ng menstruel est du <strong>sa</strong>ng <strong>sa</strong>in et louable chez la femme bien<br />
constituée" (1761, Astruc) et "La menstruation n’est pas une évacuation <strong>de</strong> matière morbi<strong>de</strong> et<br />
maligne. Sa rétention n’est jamais extrêmement grave car c’est seulement du <strong>sa</strong>ng vital"<br />
(1776, Fothergill). Ceci a permis l’initiation d’un changement <strong>de</strong>s mentalités au sein <strong>de</strong>s<br />
milieux intellectuellement développés en remettant en cause les théories mystiques selon<br />
lesquelles les femmes ménopausées <strong>de</strong>viennent <strong>de</strong>s sorcières en accumulant du <strong>sa</strong>ng<br />
démoniaque en elles.<br />
Il faudra attendre le XIXe siècle pour voir un véritable tournant dans l’évolution <strong>de</strong>s<br />
mentalités <strong>de</strong> la civili<strong>sa</strong>tion occi<strong>de</strong>ntale concernant le développement du concept <strong>de</strong> la<br />
ménopause. C’est en <strong>France</strong> qu’apparaissent les prémices.<br />
La fin du XVIIIe siècle est marquée par la révolution française et la fin <strong>de</strong> l'Ancien<br />
régime. Elle s’accompagne d’une amélioration du rang social <strong>de</strong> la Femme en <strong>France</strong> via la<br />
rédaction d’une déclaration <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> la Femme et <strong>de</strong> la citoyenne par Marie Gouze, plus<br />
connue sous le nom <strong>de</strong> Marie-Olympe <strong>de</strong> Gouge, calquée sur la déclaration <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong><br />
l’Homme et du citoyen <strong>de</strong> 1789. Olympe <strong>de</strong> Gouge est considérée comme la première<br />
féministe <strong>de</strong> l’histoire, elle lutta pour les droits civils et politiques <strong>de</strong>s femmes, ainsi que pour<br />
l’abolition <strong>de</strong> l’esclavage <strong>de</strong>s Noirs. Elle contribua également à l’instauration du divorce, dont<br />
le premier exemple en <strong>France</strong>, celui du Duc d’Orléans, fut prononcé en cette fin du XVIIIe<br />
siècle. Cette pério<strong>de</strong> peut être considérée comme le premier pas vers une libération relative<br />
<strong>de</strong>s mœurs [7]. Malgré cette avancée pour la gente féminine, force est <strong>de</strong> constater que cette<br />
nette amélioration du statut social <strong>de</strong> la femme va <strong>de</strong> pair avec l’importance que vont prendre<br />
les critères physiques <strong>de</strong> féminité dans la reconnais<strong>sa</strong>nce <strong>de</strong> cette <strong>de</strong>rnière. En d’autres termes,<br />
l’existence et la reconnais<strong>sa</strong>nce sociale <strong>de</strong> la Femme vont dépendre <strong>de</strong> son apparence, <strong>de</strong> ses<br />
attraits physiques et <strong>de</strong> ses capacités sexuelles. C’est dans ce contexte que va se développer<br />
l’idée selon laquelle la ménopause est, pour la femme, synonyme <strong>de</strong> mort sociale. Comme<br />
l’attestent les propos du mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> Gardanne: "La femme <strong>de</strong>vient morose, inquiète,<br />
taciturne. Sans cesse, elle regrette <strong>de</strong>s jouis<strong>sa</strong>nces qui ne sont plus <strong>de</strong> son âge" [8], pour les<br />
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