Consulter sa thèse - URPS médecins Ile-de-France
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abor<strong>de</strong>rons l’exemple <strong>de</strong> quelques cultures <strong>de</strong> façon à montrer la diversité <strong>de</strong> ces<br />
représentations.<br />
Celles où la ménopause est associée à un événement redouté par les femmes :<br />
De nombreux pays africains ont vu les croyances animistes se syncrétiser avec l’Islam<br />
lors <strong>de</strong> son extension. C’est le cas au Sénégal par exemple, où l’on retrouve le même<br />
problème lié à la polygamie que dans les sociétés arabes musulmanes. La femme ménopausée<br />
se retrouve alors confrontée au risque <strong>de</strong> se voir délaissée par son mari qui va préférer aller<br />
honorer et s’occuper <strong>de</strong> ses épouses les plus jeunes. Il en résulte <strong>de</strong>s histoires déchirantes au<br />
sein <strong>de</strong>s familles où la jalousie amène à <strong>de</strong>s drames. Ainsi l’épouse la plus âgée se retrouve<br />
isolée et déprimée se lais<strong>sa</strong>nt mourir à petit feu, ou encore la doyenne <strong>de</strong>s femmes se venge <strong>de</strong><br />
<strong>sa</strong> ca<strong>de</strong>tte en la martyri<strong>sa</strong>nt/torturant psychologiquement (harcèlement moral, dévalori<strong>sa</strong>tion<br />
en public, insultes,…) ou physiquement (violences, brûlures,…). Par ailleurs, dans ces pays<br />
récemment islamisés, les tabous sexuels sont majeurs aggravant le manque <strong>de</strong> communication<br />
sur les pathologies féminines et freinant une éventuelle amélioration <strong>de</strong> leur prise en charge.<br />
Cette atmosphère pe<strong>sa</strong>nte liée à la polygamie existe également dans la tribu <strong>de</strong>s<br />
Mashona, au sud du Zimbabwé, où la femme en <strong>de</strong>venant ménopausée, se voit perdre <strong>sa</strong><br />
fertilité et encourt alors le risque <strong>de</strong> se faire répudier par son mari au profit d’une nouvelle<br />
épouse plus jeune et donc fertile. Elle est alors menacée <strong>de</strong> perdre toute existence sociale<br />
jusqu’à ce qu’un <strong>de</strong> ses fils soit en âge <strong>de</strong> pouvoir la prendre sous <strong>sa</strong> protection. Ben Moore a<br />
étudié la symptomatologie survenant à la ménopause chez 50 femmes Mashowa. La<br />
prédominance <strong>de</strong>s troubles psychologiques sur les troubles fonctionnels est frappante puisque<br />
58 % <strong>de</strong> ces femmes sont touchées par <strong>de</strong>s troubles psychiques à type d’anxiété, <strong>de</strong><br />
symptômes dépressifs, d’insomnie et d’irritabilité, alors qu’elles sont 43% à souffrir <strong>de</strong><br />
bouffées <strong>de</strong> chaleur. Ben Moore attribue cette importante survenue <strong>de</strong> troubles<br />
psychologiques chez les femmes ménopausées au stress engendré par la peur <strong>de</strong> se voir<br />
répudiée par leur époux [4].<br />
Les femmes <strong>de</strong> la tribu Gisu en Ouganda ont également une expérience négative <strong>de</strong> la<br />
ménopause puisque à l’occasion <strong>de</strong> l’arrêt <strong>de</strong> leur menstruations elles per<strong>de</strong>nt leur rôle social<br />
<strong>de</strong> mère et se retrouvent rejetées <strong>de</strong> la société [15]. Kaufer constate une recru<strong>de</strong>scence <strong>de</strong><br />
suici<strong>de</strong>s chez les femmes Gisu à l’âge <strong>de</strong> survenue <strong>de</strong> la ménopause [4].<br />
Dans certaines sociétés africaines la femme ménopausée est considérée comme dangereuse,<br />
au même titre que les femmes n’ayant pas eu d’enfant ou se retrouvant veuves. Leur<br />
argumentation tient au fait que n’évacuant plus le <strong>sa</strong>ng dit impure <strong>de</strong>s menstruations, elles<br />
accumulent alors <strong>de</strong> la chaleur, c’est ainsi qu’elles risquent <strong>de</strong> se voir accuser <strong>de</strong> sorcellerie.<br />
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