Consulter sa thèse - URPS médecins Ile-de-France
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Du fait <strong>de</strong> nombreux interdits sexuels rapportés par le livre <strong>sa</strong>cré, il est strictement<br />
interdit pour un homme <strong>de</strong> pratiquer un examen gynécologique. A ceci s’ajoute<br />
l’impossibilité pour une femme d’accé<strong>de</strong>r à la profession médicale, on comprend ainsi mieux<br />
la raison pour laquelle la gynécologie est très peu présente dans l’histoire <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine<br />
arabe.<br />
Alors que l’on pourrait penser que, comme pour les femmes rajputs et sikhs, la<br />
ménopause est attendue et espérée par les femmes musulmanes, en fait c’est le contraire, la<br />
ménopause est un événement redouté et caché par ces <strong>de</strong>rnières, qu’elles ne veulent surtout<br />
pas abor<strong>de</strong>r, ne serait ce qu’avec les <strong>mé<strong>de</strong>cins</strong>, par peur que leur entourage apprenne qu’elles<br />
sont ménopausées. En arabe littéraire, les expressions utilisées pour exprimer la ménopause<br />
sont négatives, on peut les traduire par "âge du désespoir, <strong>de</strong> la vieillesse", "lorsque la<br />
fécondité l’abandonne". Cette crainte tient à une explication simple mais source d’une<br />
importante angoisse pour elles. Il s’agit <strong>de</strong> la polygamie qui fait partie <strong>de</strong>s préceptes<br />
traditionnelles du Coran. Malgré <strong>de</strong>s lois publiées dans certains pays <strong>de</strong>puis les années 50<br />
vi<strong>sa</strong>nt à limiter ou interdire cette <strong>de</strong>rnière, elle fait encore partie intégrante <strong>de</strong> la culture<br />
musulmane. Les femmes ménopausées redoutent et n’avouent pas leur ménopause par peur<br />
d’être répudiées par leur mari du fait qu’elles ne sont plus fertiles [12]. On comprend dés lors<br />
la difficulté qui existe pour réaliser une enquête sur le thème <strong>de</strong> la ménopause et le fait qu’il<br />
existe aussi peu <strong>de</strong> données sur les manifestations engendrées par la ménopause dans cette<br />
population.<br />
Dans la société marocaine, la ménopause signe la mort sociale et personnelle <strong>de</strong> la<br />
femme. Dans le discours social, "une femme qui ne <strong>sa</strong>igne plus est morte sexuellement et<br />
celle qui continue le coït au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> cette limite est folle".<br />
Soumaya Naamane Guessous, sociologue marocaine, a réalisé une enquête au Maroc<br />
auprès <strong>de</strong> 360 femmes et 360 hommes vivant aussi bien en milieu rural qu’en milieu urbain.<br />
La conception <strong>de</strong> la ménopause la plus souvent énoncée correspond au modèle selon lequel le<br />
<strong>sa</strong>ng nettoie, élimine le "trop plein" et par conséquent les troubles apparais<strong>sa</strong>nt à la<br />
ménopause découlent <strong>de</strong> cette accumulation <strong>de</strong> <strong>sa</strong>ng qui fragilise le corps. Elle constate que<br />
l’ensemble <strong>de</strong>s femmes interrogées redoutait ou avait redouté l’arrivée <strong>de</strong> la ménopause,<br />
qu’aucune d’entre elles n’avait pu donner une définition plus ou moins scientifique <strong>de</strong> la<br />
ménopause. Les troubles les plus fréquemment rapportés sont <strong>de</strong> la nervosité (98%), une<br />
fatigue générale (85%), <strong>de</strong>s insomnies (85%), <strong>de</strong>s bouffées <strong>de</strong> chaleur (75%), un état dépressif<br />
(71%), <strong>de</strong>s douleurs articulaires (70%), une dyspareunie (48%), une transpiration excessive<br />
(46%) et <strong>de</strong>s céphalées (33%). Elles remarquent également que les femmes analphabètes<br />
décrivent <strong>de</strong>s plaintes supérieures à celles ayant réalisées <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s primaires. Parmi les<br />
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