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NOUVELLE<br />
REVUE HISTORIQUE<br />
1)11011 FRANtkUS ET ÉTRANGER<br />
E<br />
L'1lIt:ft 1,K MM.<br />
R. IALtES'IE t. ESMEIN G. APPERT<br />
3tmL y e le lino <strong>de</strong>lmIre lIntltoL.<br />
Couuiller lionorir, , l.a,ul<br />
<strong>de</strong>lc.rjt,<br />
u lu Cour te V,esati,:j, Pr.stdoot t,' ecetiurt O L'Eeote<br />
tl.t ttt F:tu<strong>de</strong>.<br />
Docteur <strong>en</strong> dn,ll<br />
J. TARIHF M. PROU<br />
Docteur e,, 1n,,. i'rof<strong>en</strong>eur<br />
Archiviste POl.orttpb u latte ,106 Charw..<br />
SECHlTAlltE DE LA HIDACTION<br />
Georges A P P E R ri<br />
tl,,r.tintr <strong>en</strong> tiroit,<br />
8. boulevard S(tint-MichrI<br />
LES COMMUNAUX<br />
ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE<br />
Par M. George3 B OU R G! N<br />
- Docum<strong>en</strong>t<br />
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D1 LA S(ICIÉTR DU RCL%IL J.-B. SIREY ET flU JOURNAL DU PALAIS<br />
Ant,ieflnio Maituon L. JA}.OSE & FORCEL<br />
rue .'ouflut, P..f f'J.S, 5e arr.<br />
L. LAROSE & L. TENIN, Directeurs<br />
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LES COMMUNAUX<br />
ET LA. RÉVOLUTION FRANÇAISE<br />
Parmi les nombreuses questions d'économie sociale traitées<br />
et plus ou moins bi<strong>en</strong> résolues par les assemblées révolutionnaires<br />
(I), une <strong>de</strong>s plus importantes est celle qui concerne les<br />
bi<strong>en</strong>s communaux. D'où nous vi<strong>en</strong>t cette propriété communale'?<br />
Qu'est son histoire dans le passé, quelle est son importance<br />
dans le prés<strong>en</strong>t? CeLte propriété a-t-elle <strong>en</strong>core <strong>de</strong>s raisons<br />
d'être? Quels sont les mo<strong>de</strong>s d'administration qui lui sont<br />
appliqués et qui lui convi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t? Quelles modifications peuv<strong>en</strong>t<br />
être apportées à lu gestion <strong>de</strong> ces bi<strong>en</strong>s? o - telles sont les<br />
interrogations que se posait récemm<strong>en</strong>t un auteur à ce sujet(2),<br />
- ce tur<strong>en</strong>t celles que se posèr<strong>en</strong>t les économistes et les<br />
juristes <strong>de</strong> la Révolution. Mais les assemblées révolutionnaires<br />
ne se sont pas cont<strong>en</strong>tées d'étudier un problème fort important<br />
pour l'économie rurale et l'administration municipuh, elles<br />
ont agi, elles ont légiféré : cette action, ces lois s'expliqu<strong>en</strong>t<br />
par tout un travail antérieur, toute une élaboration juridique<br />
à laquelle se joindra, pour déterminer l'apparition (le textes<br />
nouveaux, la pression <strong>de</strong> l'opinion <strong>de</strong>s paysans. C'est ce que<br />
je voudrais essayer <strong>de</strong> montrer à l'occasion duu réc<strong>en</strong>t recueil<br />
<strong>de</strong> textes concernant la préparation <strong>de</strong> La loi du 10 juin 1793,<br />
et que j'ai publié dans la Collection <strong>de</strong> docum<strong>en</strong>ts sur l'histoire<br />
(.1) On <strong>en</strong> trouvera <strong>en</strong> quelque sorte le corpus dans les Procès-verbaux <strong>de</strong>s<br />
Co mités d'agrictdture et <strong>de</strong> cornmerce...,pubUés par F. Grebaux et Ch. Schmidt<br />
(Cou, <strong>de</strong>s doc. écon, <strong>de</strong> la Févol. fr., dont trois volumes Ont paru (199G-<br />
1909, 3 in-8 o). Voy. égalem<strong>en</strong>t les circulaires publiées par la Commission<br />
<strong>de</strong>s docum<strong>en</strong>ts économiques <strong>de</strong> la Révolution, et insérées dans son Bulletin.<br />
2) R. Graffin, Les bi<strong>en</strong>s communaux <strong>en</strong> Fronce. Étu<strong>de</strong> historique et critique,<br />
Paris, $899, je_50, p. 22-23.
LES COMMUNAUX ET LA RÉVOLUTION FItANÇAISE. 691<br />
économique <strong>de</strong> la Révolution française(1). Les juristes pourront<br />
trouver dans ces pièces, comme dans les prés<strong>en</strong>tes pages, quelques<br />
faits è utiliser pour la confection d'un travail d'<strong>en</strong>semble<br />
surIe droit <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux, qui manque <strong>en</strong>core () dans<br />
ce <strong>de</strong>ssein aussi, j'ai voulu surtout résumer un certain nombre<br />
<strong>de</strong> travaux <strong>de</strong> détail, préciser les référ<strong>en</strong>ces, trop souv<strong>en</strong>t vagues<br />
et inexactes <strong>de</strong> ces travaux, indiquer <strong>en</strong>fin les questions<br />
inexplorées ou obscures.<br />
o 00<br />
L'une <strong>de</strong> ces questions est particulièrem<strong>en</strong>t ardue à cesoudre,<br />
c'est celle <strong>de</strong> l'origine même <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux (3.<br />
11 n'est pas facile non plus <strong>de</strong> déterminer dans quelle mesure<br />
les théories élaborées au xvru 5 siècle sur l'origine <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s<br />
communaux ont pu influ<strong>en</strong>cer les législateurs révolutionnaires,<br />
et l'on ne voit pas très bi<strong>en</strong> comm<strong>en</strong>t elles aurai<strong>en</strong>t pu directem<strong>en</strong>t<br />
déterminer leur façon <strong>de</strong> p<strong>en</strong>ser à ce sujet (t). L'exégèse<br />
<strong>de</strong>s juristes du xviu 0 siècle, plus av<strong>en</strong>tureuse que la<br />
nôtre, faisait remonter les bi<strong>en</strong>s communaux soit â la cession<br />
<strong>de</strong> terres par le roi ou les seigneurs à <strong>de</strong>s groupes d'habitants,<br />
(1) Le partage <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s coasmunaux. Docum<strong>en</strong>ts sur la pr4parstion <strong>de</strong> la<br />
Loi du 10 juin 1793, Paris, 1908, in-8°.<br />
(2) On trouvera le détail bibliographique dans les notes qui suiv<strong>en</strong>t.<br />
(3) Pour le xviii" siècle, voy. particulièrem<strong>en</strong>t E. <strong>de</strong> La Poix <strong>de</strong> Préminville,<br />
Traité général du gouvernem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s et affaires <strong>de</strong>s communautés<br />
d'habitants, Paris, 1750, in-4 0 ; [d'Essuites], Traité politique et économique <strong>de</strong>s<br />
communes, Paris, 1770, in-8 0 . Les livres d'A. Rivière; Ijisi. <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux<br />
<strong>en</strong> France <strong>de</strong>puis leur origine jusqu 'à la fin du x,,, siècle, Paris,<br />
4355, in-8 A sorti d'une question posée <strong>en</strong> 1855 par l'Académie <strong>de</strong>s sci<strong>en</strong>ces<br />
morales et politiques), et A. Bauthors, Les sources du ilroil rural, Paris,<br />
Ami<strong>en</strong>s, 1865, in-8 0 (p. 43 sqq.), ont été <strong>de</strong> très loin dépassés par E. Glasson,<br />
Communaux et communautés dans l'anci<strong>en</strong> droit français, dans la Noue.<br />
Rev. !gint, <strong>de</strong> droit françaù et étranger, 1891. t. XV, p. 446-479; et, pour le<br />
moy<strong>en</strong> âge, par H. Sée, Les classes rurales et le régime domanial <strong>en</strong> France<br />
au moy<strong>en</strong> dge, Paris, 1901, in-8 0 , Cf. <strong>en</strong> <strong>de</strong>rnier lieu, Japiot, Contrib. è<br />
l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la légisi. relative aux bi<strong>en</strong>s communaux, thèse, Nanc y , 1907, in-80,<br />
p. 8-18; Vigier, Du partage <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux <strong>en</strong> Auvergne sous l'anci<strong>en</strong><br />
régime, et élu<strong>de</strong> sommaire <strong>de</strong> ta question <strong>de</strong> la llévolulio,t è nos jours, thèse,<br />
Parie, 1908, in-8u, p. 4-7.<br />
(4) De fait, le rapport d'Aveline, publié dans mon Recueil, passe rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t<br />
sur Is question (p. 138(. Cf. aussi le rapport <strong>de</strong> F'abre (Ibid., p. 662).
692 LES 100dMUNAUX ET LA RIV0LUT10N FRANCAISE.<br />
soit à la propriété très anci<strong>en</strong>ne <strong>de</strong>s communautés rurales (t);<br />
mais c'est surtout à la première (le ces théories qu'on s'était<br />
attaché, et La Poix <strong>de</strong> Fréminville l'avait adoptée dans son<br />
Traité général (fl, <strong>en</strong> s'appuyant sur l'autorité <strong>de</strong>s histori<strong>en</strong>s<br />
et <strong>de</strong>s juristes <strong>de</strong>s siècles antérieurs. Mais La Poix <strong>de</strong> Fréminville<br />
commettait, à propos <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux, une confusion<br />
qu'on retrouve chez les légistes révolutionnaires, <strong>en</strong> assimilant<br />
aux communaux proprem<strong>en</strong>t dits, c'est-à-dire aux terres<br />
occupées à <strong>de</strong>s titres divers par les membres (les communautés<br />
villageoises, les droits d'usage exercés égalem<strong>en</strong>t par<br />
eux (3), et c'est à la faveur <strong>de</strong> cette confusion que le régime<br />
<strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux fut <strong>en</strong>globé dansl'<strong>en</strong>semble du système<br />
féodal (4), pour subir <strong>en</strong> partie te sort <strong>de</strong> ce système détesté.<br />
On a donc ignoré au xvllle siècle que <strong>de</strong>s communautés, Laisibles<br />
ou non, avai<strong>en</strong>t pu très anci<strong>en</strong>nem<strong>en</strong>t s'organiser et possé<strong>de</strong>r,<br />
à titre indivis, <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s ruraux (5) les t<strong>en</strong>dances individualistes<br />
<strong>de</strong> l'époque (e), <strong>en</strong> <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> toute autre raison,<br />
aurai<strong>en</strong>t sans doute interdit <strong>de</strong> songer à cette hypothèse, dont<br />
l'abs<strong>en</strong>ce put fortifier, le mom<strong>en</strong>t v<strong>en</strong>u, les <strong>de</strong>sseins <strong>de</strong>s révolutionnaires<br />
<strong>en</strong> faveur <strong>de</strong> la propriété individuelle.<br />
Mieux que les théories juridiques sur l'origine <strong>de</strong>s communaux,<br />
l'histoire <strong>de</strong> la pratique royale à l'égard <strong>de</strong> ces bi<strong>en</strong>s a<br />
pu préparer ?t la fois l'esprit <strong>de</strong>s législateurs révolutionnaires<br />
et les voies <strong>de</strong> leur action. C'est autour <strong>de</strong> la maxime o Nulle<br />
terre sans seigneur » que s'était cristallisé, à partir du xvle siècle,<br />
tout le régime seigneurial (7) : la diminution <strong>de</strong> leurs<br />
(t) Grauin,<br />
)2) P. 1-6.<br />
(3) Ceux <strong>de</strong>s seigneurs qui ne pouvai<strong>en</strong>t leur accor<strong>de</strong>r la propriété <strong>de</strong>s<br />
bois n, ajoute-t-il, « leur accordèr<strong>en</strong>t leurs usages dans ceux <strong>de</strong> leur domaine,<br />
pour bmttlr et pour leur chauffage, glandage, panage, paissons et grais <strong>de</strong><br />
cochons et pacage <strong>de</strong> bestiaux dans les temps non prohibés. »<br />
(4) Cf. Fabre <strong>de</strong> l'Hérault, Rapport, dans mon Recueil, p. 662.<br />
(5) E. Glasson, toc. cil., p. 448 sqq.<br />
(6) Voy. surtout le livre du comte d'Essuile, qui dit, p, 82 « Quelque<br />
forme d'administration qu'on puisse proposer pour les bi<strong>en</strong>s dont lajouisssnce<br />
est commune <strong>en</strong>tre <strong>de</strong>s personnes dont les intérèls sont toujours divisés, elle<br />
sera nécessairem<strong>en</strong>t vicieuse; l'esprit <strong>de</strong> propriété fait seul sattre l'industrie<br />
et seul il restreint l'avidité <strong>de</strong> jouir, le soumet aux règles d'une sage économie<br />
o.<br />
(7) E. Glasson, toc, cil., p. 464-665.<br />
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LES COMMUNAUX ET LA RIVOLUTJON FRANÇAISE. 693<br />
rev<strong>en</strong>us incitait <strong>de</strong>puis trop <strong>de</strong> temps les seigneurs à empiéter<br />
sur les bi<strong>en</strong>s communaux, et ces pratiques conduisir<strong>en</strong>t<br />
leurs légistes à proclamer cette maxime; celle-ci ne t<strong>en</strong>dait<br />
ri<strong>en</strong> moins qu'à ruiner les droits <strong>de</strong>s communautés à la possession<br />
<strong>de</strong>s communaux. Mais elle se heurta bi<strong>en</strong>tôt à un droit<br />
qui s'était développé parallèlem<strong>en</strong>t au droit seigneurial, le droit<br />
royal. Les rois, <strong>en</strong> effet, avai<strong>en</strong>t pour mission ess<strong>en</strong>tielle <strong>de</strong><br />
protéger la paix sociale, et les charges <strong>de</strong> l'État les obligeai<strong>en</strong>t<br />
d'autre part à veiller à la bonne administration <strong>de</strong>s finances<br />
communales, base <strong>de</strong>s impositions <strong>nationale</strong>s. Ce fui ta double<br />
raison qui tes am<strong>en</strong>a à déf<strong>en</strong>dre contre l'avidité <strong>de</strong>s seigneurs<br />
tes restes <strong>de</strong> la propriété communale.<br />
Mais la politique <strong>de</strong> la royauté est brisée par <strong>de</strong>s contradictions,<br />
<strong>de</strong>s équivoques <strong>de</strong> toute espèce, qu'expliqu<strong>en</strong>t non seulem<strong>en</strong>t<br />
<strong>de</strong>s préoccupations fiscales, mais surtout l'incapacité<br />
<strong>de</strong>s légistes royaux d'<strong>en</strong>visager la question <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux<br />
sous l'aspect concret <strong>de</strong> la réalité économique, <strong>de</strong> se<br />
préoccuper <strong>de</strong>s meilleurs procédés d'<strong>en</strong> tirer parti pour le bi<strong>en</strong><br />
<strong>de</strong> la société, indép<strong>en</strong>damm<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s définitions et <strong>de</strong>s traditions<br />
juridiques.<br />
Le premier grand statut concernant les bi<strong>en</strong>s communaux<br />
est l'édit <strong>de</strong> 1667. Cet édit est toutefois préparé par diverses<br />
mesures qui remont<strong>en</strong>t pour la plupart au <strong>de</strong>rnier tiers du<br />
vi° siècle (t) : la déclaration du 27 avril Ui67, interdisant<br />
d'usurper dans les terres vaines et vagues, pû.tis et communaux<br />
(2), celle <strong>de</strong> Biais, <strong>de</strong> mai 1579, dans son art. 284,<br />
prescrivant d'informer contre les usurpateurs (3), l'édit <strong>de</strong><br />
février 1566, concernant l'amodiation <strong>de</strong> terrains vagues du<br />
domaine (4), la déclaration du 17 avril 151)6, rétablissant les<br />
(1) Les meilleurs résumés <strong>de</strong> l'histoire <strong>de</strong> la législation sont donnés par le<br />
comte d'Essuiles, Traité pot. et dcon., p. 28 sqq.; A. Cbaudé, Des bi<strong>en</strong>:<br />
<strong>de</strong>s communes <strong>en</strong> droit traticais, thèse, Paris, 18 Ï8, in-8°, p. 148 sqq.; E. Glasson,<br />
iec. cil., p. 465-468.<br />
12) Isambert, Anci<strong>en</strong>nes lois (ranc,Sises. t. XIV, p. 220 (m<strong>en</strong>tion); Arch. nat..<br />
AD -- 60.<br />
(3) Isambert, op. cil., L. XIV, p. 444.<br />
(4 Id., ibid., t. XIV, p. 189 (m<strong>en</strong>tion ; Areh. nat., AD + 59. Cf. l'édit <strong>de</strong><br />
la même date sur l'inaliénabilité du domaine <strong>de</strong> la couronne (Isambert, op. cil.,<br />
t. XIV, P. 185-189).
694 LES COMMUNAUX ET LA RÉVOLUTION FIANÇA1SE.<br />
terrains vagues <strong>de</strong> Bretagne dans leur état primitif (1), l'édit<br />
<strong>de</strong> mars 1600, r<strong>en</strong>ouvelant les prohibitions <strong>de</strong> l'ordonnance <strong>de</strong><br />
Blois (, l'ordonnance <strong>de</strong> janvier 1629, rev<strong>en</strong>ant égalem<strong>en</strong>t,<br />
par ses articles 382-386, aux prescriptions <strong>de</strong> l'ordonnance do<br />
Blois (3, la déclaration du 122juin 1659, permettant aux habitants<br />
<strong>de</strong> la Champagne <strong>de</strong> r<strong>en</strong>trer dans la possession <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s<br />
aliénés <strong>de</strong>puis vingt ans (4), - tous ces textes répond<strong>en</strong>t aux<br />
doléances du tiers-état protestant aux États généraux <strong>de</strong> 1570 et<br />
<strong>de</strong> 1614 contre la diminution <strong>de</strong>s possessions communales etau<br />
<strong>de</strong>ssein <strong>de</strong> la royauté <strong>de</strong> lier l'organisation fiscale <strong>de</strong> la France<br />
à l'exist<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> patrimoines communaux (5). C'est sans doute<br />
une commission du conseil, averti par <strong>de</strong>ux arrôts <strong>de</strong>s 6 novembre<br />
1661 mars 1666, qui prépara l'édit d'avril 1667,<br />
« portant pouvoir aux habitants <strong>de</strong>s paroisses et communautés<br />
<strong>de</strong> r<strong>en</strong>trer dans les usages, droits et bi<strong>en</strong>s communaux par eux<br />
v<strong>en</strong>dus et aliénés n, résumant <strong>en</strong> somme et précisant toute la<br />
législation antérieure (6); cet édit, qui permettait aux cornmunautés<br />
<strong>de</strong> racheter tous leurs bi<strong>en</strong>s aliénés <strong>de</strong>puis 1620, fut<br />
complété par un arrèt du conseil du 14 juillet 1667, qui, pour<br />
éviter les viol<strong>en</strong>ces <strong>de</strong>s habitants, obligea les communautés à<br />
prés<strong>en</strong>ter leurs requêtes aux commissaires départis dans les<br />
provinces (7), et par un édit d'avril 1683, déf<strong>en</strong>dant aux habitants<br />
<strong>de</strong>s villes et gros bourgs fermés <strong>de</strong> v<strong>en</strong>dre ou aliéner<br />
leurs bi<strong>en</strong>s, sauf dans <strong>de</strong>s cas exceptionnels (8). Le xvii' siècle<br />
vit égalem<strong>en</strong>t réglem<strong>en</strong>ter le droit <strong>de</strong> triage, c'est-à-dire l'usage<br />
que s'était arrogé le seigneur <strong>de</strong> distraire une partie <strong>de</strong>s communaux<br />
d'une paroisse à laquelle la tradition assurait qu'ils avai<strong>en</strong>t<br />
(1) P. Lefeuvre, Les communs <strong>en</strong> Bretagne, R<strong>en</strong>nes, 8907, in-8'.<br />
(2) Édit portant règlem<strong>en</strong>t général sur lei tailles..., la rescision <strong>de</strong>s v<strong>en</strong>tes<br />
<strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux et usagers lsambert, op. cil., t. XV, p. 226-238.<br />
partk'Iilièrem<strong>en</strong>t â l'article 37.<br />
(3) Jssrobert, op. cil., t XVi, P. 37-38.<br />
4) Id., ibid., t. XVII, p. 370-3l3.<br />
(5) lI faut joindre k ces textes, pour saisir les difficultés <strong>de</strong> la législation.<br />
les lettres-pat<strong>en</strong>tes du 3 février 1604, qui permettai<strong>en</strong>t aux communes d'aliéner<br />
exceptionnellem<strong>en</strong>t leurs bi<strong>en</strong>s pour payer les charges <strong>de</strong> guerre et autres<br />
dép<strong>en</strong>ses extraordinaires (Aret). nat,, AI) -f. 138).<br />
(6) Isambert, op, cil., t. XVIII, p. 187.<br />
(7) Bourgerel <strong>de</strong> Fonti<strong>en</strong>nes, Recueils d'arrêts, t. IV, p. 912.<br />
(8) Isambert, op. cil., t. XIX, p. 422.
LES COMMUNAUX ET LA RV0LUTI0N FIIANÇAISE. 695<br />
été concédés par ses ancêtres. Ce droit avait été brutalem<strong>en</strong>t<br />
aboli par l'ordonnance <strong>de</strong> 1667(1); l'ordonnance sur les eaux<br />
et forêts <strong>de</strong> 1669, dans l'article 4 du titre XXV, précisa, c'est-àdire<br />
limita le droit qu'on ne pouvait ainsi anéantir, mais qui<br />
ne fut plus toléré que dans les cas où les communaux avai<strong>en</strong>t<br />
été conct'dés gratuitem<strong>en</strong>t aux usagers ( e). D'autre part, les<br />
édits <strong>de</strong> 1667 et <strong>de</strong> 1669 imposai<strong>en</strong>t aux seigneurs la charge<br />
<strong>de</strong> la preuve (3), ils remettai<strong>en</strong>t aux juridictions royales le<br />
cont<strong>en</strong>tieux <strong>de</strong>s communaux ( i), et le Parlem<strong>en</strong>t, dans divers<br />
arrêts, admit l'imprescriptibilité <strong>de</strong> ces bi<strong>en</strong>s (5), s'inspirant<br />
ainsi <strong>de</strong>s édits, qui <strong>en</strong> avai<strong>en</strong>t établi l'inaliénabilité.<br />
Cette forte position <strong>de</strong>s communautés <strong>de</strong>vait être ébranlée<br />
par, la ro yauté elle-même, à qui sa politique fiscale imposa<br />
presque aussitôt <strong>de</strong>s contradictions. Même avant l'édit <strong>de</strong> 1683,<br />
une déclaration, datée <strong>de</strong>s 6 27 novembre 1677, avait établi<br />
que les acquéreurs el dét<strong>en</strong>teurs <strong>de</strong> communaux v<strong>en</strong>dus, aliénés,<br />
usurpés, donnés ou échangés <strong>de</strong>puis l'année 1555 les gar<strong>de</strong>rai<strong>en</strong>t,<br />
moy<strong>en</strong>nant le paiem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> certains droits; on r<strong>en</strong>onçait<br />
donc k l'application <strong>de</strong> l'édit <strong>de</strong> 1667, tant pat' les obstacles que<br />
les seigneurs, officiers et personnes puissantes y ont formé que<br />
par la guerre (6) e; et la déclaration du il juillet 170 confirmait<br />
ces errem<strong>en</strong>ts nouveaux (7), corollaires <strong>de</strong> toutes les mesures<br />
bursales instiluées par un gouvernem<strong>en</strong>t obéré à l'égard<br />
<strong>de</strong> l'administration municipale (8). Ait temps, apparaissait<br />
la doctrine <strong>de</strong> la directe royale, <strong>en</strong> fragm<strong>en</strong>t dans l'édit <strong>de</strong><br />
(1) Cf. .Iapiot, op. cil., p. 23-24,<br />
(2) Isauibcrt, op. cit., t. XVIII, P. 280. Ct. Chaudé, op. cil.. p. 150-151<br />
Jousse, Comm<strong>en</strong>taire sur l'ordonnance d'août 1669, Paris, 1755, in-8 0. Tout le<br />
Litre XXV, traitant o dus bois, prés, marais, lau<strong>de</strong>s, pètis, pêcheries et autres<br />
bi<strong>en</strong>s appart<strong>en</strong>ant aux communautés et habitants <strong>de</strong>s paroisses e, est à considérer<br />
pour compr<strong>en</strong>dre ce qu'est le droit <strong>de</strong> triage SU XVII' siècle.<br />
(3) La Poix <strong>de</strong> Fréminville, op. cil., p. 32-33.<br />
(4) Voy. dans ce s<strong>en</strong>s, les arrêts du conseil cités par La Poix <strong>de</strong> Fréminville,<br />
op. cil., p. 71-17.<br />
(5) Arrêts cités par La Poix <strong>de</strong> Fréminville, op. cil., p. 46-47.<br />
(6) Aret). nat., Ai) lia, pièce II<br />
(7) Arcli. nat., AD l'a, pièce 12.<br />
(8) Emneiri, Cours élém. d'hjsl. du droit fraacaix, 40 éd., Paria, 1901, in-8o,<br />
P. 609-517. Sur les textes bursaux du xVII' siècle. voy. E. Cléray, De la mixe<br />
<strong>en</strong> valeur <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux, thèse, Paris, 1900, iu-8 0, P. 10 et n. L
696 LES COMMUNAUX ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.<br />
décembre 1654 (1) et dans la déclaration du 8 août 1672 (92),<br />
formulée plus complètem<strong>en</strong>t dans les édits <strong>de</strong> mars 1693 (3) et<br />
d'avril 17092 (4); cette doctrine battait <strong>en</strong> brèche à la fois les<br />
drois seigneuriaux et les prét<strong>en</strong>tions villageoises (5).<br />
A partir <strong>de</strong> 4700, on vit agir <strong>en</strong> ['rance <strong>de</strong>s facteurs divers,<br />
parmi lesquels il faut noter certains aspects <strong>de</strong> l'érudition<br />
antique et certaines imitations <strong>de</strong>s habitu<strong>de</strong>s anglaises; la<br />
conséqu<strong>en</strong>ce fut qu'on s'intéressa <strong>de</strong> très prés aux questions<br />
d'économie rurale ,6). Avec les physiocrates, on considéra que<br />
la terre était la base <strong>de</strong> la richesse <strong>nationale</strong> (7), et l'on se<br />
préoccupa <strong>de</strong> chercher les moy<strong>en</strong>s grâce auxquels on ét<strong>en</strong>drait<br />
le domaine <strong>de</strong> la production agricole, c'est-à-dire par lesquels<br />
on augm<strong>en</strong>terait la quantité <strong>de</strong>s céréales fournies ait<br />
français (S). Les moins prév<strong>en</strong>us allai<strong>en</strong>t apercevoir que le<br />
défrichem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux <strong>de</strong>vait être un <strong>de</strong> ces<br />
moy<strong>en</strong>s; ainsi, la question <strong>de</strong>s communaux apparaissait, au<br />
xviii 6 siècle, comme ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t économique, et le point<br />
<strong>de</strong> vue juridique passait au second plan ; on réagissait d'autre<br />
part, semble-t-il, au nom <strong>de</strong> L'individtialisnie dû aux philosophes<br />
autèrêvolutionnaires, contre les formes traditionnelles <strong>de</strong><br />
(t) lsambert, op. cil., t. XVII, p. 3t4-315., « édiL pour la v<strong>en</strong>te et rev<strong>en</strong>te<br />
<strong>de</strong>s.....communes... <strong>de</strong> 1j<strong>en</strong>dans du domaine, moy<strong>en</strong>nant finances<br />
(2) Arch. nat.. AD + 428.<br />
(:3) Isamberi, op. cil., t. XX, p. 237-242 : édit portant réglem<strong>en</strong>t pour<br />
l'aliénation <strong>de</strong>s petits domaines du roi<br />
(4) Id., lbtd., t. XX, p. 409 « édit portant qu'il sera procédé à la v<strong>en</strong>te<br />
et aliénation, a titre <strong>de</strong> propriété incommutable, <strong>de</strong>s justices et domaines du<br />
roi e.<br />
(5) E. Glasson, loc. cil., p. 471-173.<br />
(6) F. Voliers, Studiee über Agrurzurtfin<strong>de</strong> und .4qrarprobteree im Priekreich<br />
von 2700 bis 1790 )Staats-u. soziawisa. Forsch., XXII, 5), Leipzig,<br />
1903, in-B o, avec mon compte r<strong>en</strong>du dans l'Artrse sociologique, 1900, et celui<br />
<strong>de</strong> M. Marion dans le Journal <strong>de</strong>s Savants, août 1908.<br />
(7) L. <strong>de</strong> Lavergne, Les éco;wmistesfrancai.s du xvite siècle, Paris, 1810, in-8°,<br />
p. 167 «qq; O. Thiele, François Quesnay und die Agrarkrisis ira Anci<strong>en</strong> !3qirae,<br />
EzIr. <strong>de</strong> la Yierleljehrschn[l f. Soi. u. Virtschaflsgezch., t9ti6, cab. 4;<br />
B. Gdntzberg, Die Gesellscha/l und Slaatslehre <strong>de</strong>r Physiocrat<strong>en</strong>, Leipzig,<br />
1907, in . 8 0 ; G. Weulerssc dans Bull. <strong>de</strong> la Soc. d'hist. mutL, 7 juin 1908.<br />
J. Lctacoonou, La question <strong>de</strong>s subsistances cl du commerce <strong>de</strong>s grains<br />
<strong>en</strong> Prince au xviii 6 siècle, dans la Revue d'hist. mod, et conemp., mars 1907,<br />
L. VIII, p. 409.445.
LES COMMUNAUX ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE. 697<br />
la propriété communale (t). Tous Les pays <strong>de</strong> l'Europe abor.<br />
dai<strong>en</strong>td'aiLleurs au même mom<strong>en</strong>t le problème <strong>de</strong>s communaux.<br />
et, pour La plupart, le résolvai<strong>en</strong>t dans !e s<strong>en</strong>s <strong>de</strong>l'utiLisationimmédiate<br />
par le partage individuel (2) <strong>en</strong> Angleterre, <strong>en</strong> Basse-<br />
Autriche, <strong>en</strong> Prusse, <strong>en</strong> Silésie (3). En France, l'opinion pu -<br />
blique était portée vers la môme solution, avec <strong>de</strong>s diverg<strong>en</strong>ces<br />
<strong>de</strong> détail (4). C'est surtout le livre d'un anon y me, le Traité politique<br />
et économique. <strong>de</strong>s communes, qui formula Le mieux cette<br />
opinion, et par l-mèmo La développa (5); pour le comte d'Essuiles,<br />
auteur <strong>de</strong> cet écrit, le partage <strong>de</strong>s communaux augm<strong>en</strong>tera<br />
la quantité <strong>de</strong>s d<strong>en</strong>rées et <strong>en</strong> diminuera les prix, <strong>en</strong> même<br />
temps qu'il permettra L'emploi <strong>de</strong>s bras inoccupés; les communaux,<br />
dans leur état actuel, ne souL pas même utiles aux<br />
pauvres et caus<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s <strong>en</strong>nuis <strong>de</strong> toute espèce aux administrateurs<br />
comme aux administrés, et l'auteur le prouve par <strong>de</strong>s faits<br />
et <strong>de</strong>s statistiques concernant l'élection <strong>de</strong> Beauvais toutefois<br />
ce partage, auquel t<strong>en</strong>d la législation, ne doit pas se faire <strong>en</strong><br />
vertu d'une mesure générale, mais â La volonté <strong>de</strong>s paroisses,<br />
et il doit respecter, dans une certaine limite, les prérogatives<br />
seigneuriales, puisque le comte d'Essuiles, généralisant la pratique<br />
du triage, accor<strong>de</strong> aux seigneurs le tiers <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s â<br />
partager; quant au mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> partage, il ne peut être qu'eu faveur<br />
<strong>de</strong> L'égalité, à condition que les parts soi<strong>en</strong>t inaliénables<br />
et insaisissables. Les thèses du comte d'Essuiles se retrouv<strong>en</strong>t,<br />
plus acc<strong>en</strong>tuées, dans le Dictionnaire universel <strong>de</strong>s sci<strong>en</strong>ces<br />
morales, économiques, politiques et diplomatiques do Robinet,<br />
résolum<strong>en</strong>t hostile aux bi<strong>en</strong>s communaux, partisan d'un partage<br />
complet, mais non définitif, puisque dans son système les<br />
parts sont réversibles è. la mort <strong>de</strong>s occupants (6). L'abbé Tessier,<br />
dans l'Encyclopédie méthodique, étudie le problème sous<br />
(1) Sur ce point vo y. Grafflo, op. cil., P. 65-66.<br />
(2) Graffiti, op. cil., p. 67.<br />
(3) P. Mantux, La rSvO('4tion indusireUe au xv,ue siffle. Essai sur les<br />
comm<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> la grandi' industrie mo<strong>de</strong>rne <strong>en</strong> Anglelerre, Paris, 1906,<br />
n-8', p. 128-178.<br />
(4) Gratfin, op. cil., p, 67 nqq.<br />
(5) Graffiti, op. cil., p. 70 sqq.; Tessinr, La valeur sociale <strong>de</strong>s blets<br />
communaux, t1ise, Paris, 1906, in-8 0, p. 188.191.<br />
(6) T. xiii, Londres, nso, in-4 0, p. 291-313.
698 LES COMMUNAUX ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.<br />
toutes ses faces (1) et conclut : « Le meilleur parti est <strong>de</strong> partager<br />
par familles; onne fait point d'injustice au pauvre; on établit<br />
une gran<strong>de</strong> égalité dans le partage et on favorise le mariage(2)»;<br />
<strong>en</strong>touré <strong>de</strong> certaines garanties, le partage doit rester<br />
pour les communautés purem<strong>en</strong>t facultatif, l'État se bornant à le<br />
leur conseiller et à le contrôler (3). Pour la Société d'agriculture<br />
<strong>de</strong> Paris, le partage <strong>de</strong>s communaux est l'une <strong>de</strong>s mesures<br />
propres à développer l'agriculture <strong>en</strong> France, â l'égal <strong>de</strong> la<br />
liberté <strong>de</strong> la culture, <strong>de</strong> l'abolition du parcours, du défrichem<strong>en</strong>t<br />
<strong>de</strong>s marais, <strong>de</strong> l'aliénation <strong>de</strong>s terres du domaine (4),<br />
et Cretté <strong>de</strong> Palluel p<strong>en</strong>se <strong>de</strong> même, <strong>en</strong> se plaçant plutôt au<br />
point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> l'élevage, et <strong>en</strong> recommandant non pas le partage<br />
définitif, mais le bail àvie par ménage <strong>de</strong> portions communales<br />
('i\. Mais nous avons déjà dépassé, avec l'opuscule <strong>de</strong><br />
Cretté <strong>de</strong> Palluel, l'année 1789. La Constituante, pal son instruction<br />
aux assemblées <strong>de</strong> départem<strong>en</strong>t, va réaliser une <strong>de</strong>s<br />
idées <strong>de</strong> ce publiciste, qui réclamait une <strong>en</strong>quête sur les bi<strong>en</strong>s<br />
communaux dans toute la Franco, et les assemblées suivantes<br />
<strong>de</strong> la Révolution appliqueront le programme conçu au xviii<br />
siècle.<br />
Comme sur tant d'autres points, la royauté avait comm<strong>en</strong>cé<br />
la besogne, <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>ant <strong>de</strong>s mesures qui fur<strong>en</strong>t généralisées,.<br />
systématisées et dépassées par la Révolution. Sans doute, elle<br />
n'<strong>en</strong>visagea pas tout <strong>de</strong> suite la nécessité, s<strong>en</strong>tie et expriméepar<br />
les économistes et principalem<strong>en</strong>t par le marquis <strong>de</strong> l'uN<br />
billy (fi), d'augm<strong>en</strong>ter les surfaces cultivées du pays mais aux<br />
(1 Encycl. mtkod.,lgricullure, t. III (Paris, 1193, in-4 0), p. 380 sqq. Les<br />
pages <strong>de</strong> L'abbé Tecoier sont antérieures à la Révolution.<br />
2) Lac. cil., P. 385 sqq.<br />
(3) Lac. cil., P. 389.<br />
(4i Mémoire pré ç<strong>en</strong>té par la Société d'agriculture à L'Assemblé <strong>nationale</strong> le<br />
24 octobre 1789 sur les abus qui s'oppos<strong>en</strong>t aux progrès <strong>de</strong> l'agriculture...,<br />
Paris, 1790. in-8 0 <strong>de</strong> 170 pages. Cet opuscule a été analysé dans la Feuille<br />
du cultivateur (Arch. net ., ADXXA), Introd., p. 327 sqq.<br />
)5) C. D. P., Mémoire sur l'am élioration <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux, le <strong>de</strong>ssJchemesst<br />
<strong>de</strong>s marais, le défrichem<strong>en</strong>t et la replantation <strong>de</strong>s bois avec les moy<strong>en</strong>s<br />
le procé<strong>de</strong>r à leur partage, Paris, 1790, in-g o <strong>de</strong> 32 p. Cet opuscule u<br />
été analysé dans La Feuifledu cultivateur, Introd., p. 336-337. cf. \rtl, op.<br />
cil., p. 52-53.<br />
(6) IL lit puraltre eu 1760 un Mémoire sus les &fric/zera<strong>en</strong>ts, qui est le corollaire<br />
du Traité du comte d'ssuiles. - Eu 1791, parut une brochure sg-
LES COMMUNAUX ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE. 699<br />
arrêts du conseil d'État <strong>de</strong> 1729 (1) et <strong>de</strong> 1735 (2), qui s'opposai<strong>en</strong>t<br />
aux défrichem<strong>en</strong>ts, succédèr<strong>en</strong>t, à partir <strong>de</strong> 1760,<br />
plusieurs dispositions absolum<strong>en</strong>t contraires (3) : arrêts du<br />
couse;l du 16 août 1761 et du S avril 1762, accordant<br />
<strong>de</strong>s exemptions d'impôts sur les terres nouvellem<strong>en</strong>t défrichées<br />
dans les généralités <strong>de</strong> Paris, Ami<strong>en</strong>s, Soissons, Orléans,<br />
Bourges, Moulins, Lyon, Riom, Poitiers, La Rochelle, Limoges,<br />
Bor<strong>de</strong>aux, Tours, Auch, Champagne, Rou<strong>en</strong>, Ca<strong>en</strong>, Al<strong>en</strong>çon<br />
(4): déclaration du 14 juin 1764, permettant à tous seigneurs<br />
et propriétaires <strong>de</strong> marais, palus et terres incultes<br />
d'<strong>en</strong> faire le <strong>de</strong>sséchem<strong>en</strong>t (5); déclaration du 13 août 1766,<br />
accordant <strong>de</strong>s <strong>en</strong>couragem<strong>en</strong>ts à ceux qui défrich<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s lan<strong>de</strong>s<br />
et terres incultes (6); arrêt du conseil du 2 octobre 1766,<br />
dans le même s<strong>en</strong>s (7); déclaration du 6 juin 1768, ét<strong>en</strong>dant<br />
ces mesures à la Bretagne (8); déclaration du 5juillet 1710,<br />
concernant le défrichem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s terres incultes <strong>de</strong> la province<br />
<strong>de</strong> Languedoc (9). Puis survint toute une série d'autorisations,<br />
spéciales à certaines régions <strong>de</strong> la France, d'y partager<br />
les bi<strong>en</strong>s communaux (10) : ces autorisations (levai<strong>en</strong>t constituer<br />
autant d'expéri<strong>en</strong>ces. - expéri<strong>en</strong>ces précises, limitées, subor-<br />
gestive, qui proposait le défrichem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s lan<strong>de</strong>s bretonnes au moy<strong>en</strong> <strong>de</strong><br />
l'ext<strong>en</strong>sion systématique <strong>de</strong>s domaines congéables (M êles d'un agriculteur patriote<br />
sur le d'frichem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s terres incultes..,, Paris, 1794, in-8 0; <strong>en</strong> 1792,<br />
une autre, où l'on montrait la possibilité d'opérer <strong>de</strong>s défrichem<strong>en</strong>ts au<br />
moy<strong>en</strong> <strong>de</strong>s m<strong>en</strong>diants groapis <strong>en</strong> ateliers (A. Paulmier, Essai sur ici bois,<br />
tes [riches, tes chemins et les m<strong>en</strong>diants.,., Paris, 1192, in-S u). - Ainsi, à la<br />
veille Lte la Révolution, on s'occupe partout d'augm<strong>en</strong>ter la surface <strong>de</strong>s terres<br />
arables.<br />
(1) Arch. nat., AD -i-. 835 (arrêt du 22 février 1729).<br />
(2) Arch. nal., AD + 835 (arrêt du 29 mars 4735).<br />
(3) Sur l'hostilité antérieure (le la royauté contre les défrichem<strong>en</strong>ts, voy.<br />
Clray, De lu mise <strong>en</strong> valeur <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux, l'aria, 1900, in-8o,<br />
p. 21.22.<br />
(4) Arch. nal., AI) + 941 et 939. - Cr. Lefeuvre, Leu communs <strong>en</strong> Bretrujile,<br />
p. 95, n° 8.<br />
(5) Arch. naL., AD + 961.<br />
(6) [sambert, Ans, lois françaises, t. XXII, p. 461-463:<br />
(7) Arch. nat., AI) + 972.<br />
(8) Isamoberl, op.ciL, t. XXIV, p. 252. - Cf. Lefeuvre, op, cil., p. 94 sqq.<br />
(9) Arch. cal., AU + 989.<br />
(10) Sur les rapports <strong>de</strong> ces textes et <strong>de</strong> la doctrine physiocratique, voy.<br />
J. Flelbronner, Du partage <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux, thèse, Paris, 1898, in-81.
700 LES COMMUNAUX ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.<br />
données aux conditions physiques et à la situation géographique<br />
<strong>de</strong>s pays auxquels elles s'appliquai<strong>en</strong>t, et qui, pour cette<br />
raison, continuèr<strong>en</strong>t (l'agir même après la Révolution, formant,<br />
au milieu du droit intermédiaire et du droit nouveau,<br />
une bi<strong>en</strong> curieuse exception (I). Il convi<strong>en</strong>t d'<strong>en</strong> parler ici.<br />
Un édit <strong>de</strong> juin 1769 autorisa les communautés <strong>de</strong>s Troislvêchés<br />
à partager leurs bi<strong>en</strong>s communaux <strong>en</strong> parts égales et<br />
inaliénables <strong>en</strong>tre les domiciliés, avec transmission héréditaire<br />
aux aînés (2) : cet édit est <strong>en</strong>core <strong>en</strong> partie appliqué dans les<br />
départem<strong>en</strong>ts correspondants (3), cc qui n'est pas le cas <strong>de</strong><br />
l'édit, tout semblable, <strong>de</strong> janvier 1774 pour la Bourgogne, les<br />
comtés <strong>de</strong> Mâconnais, Auxerrois et Bar-sur-Seine et les puys<br />
<strong>de</strong> Bugey et <strong>de</strong> Gex (4'. Puis <strong>de</strong>s arrêts du conseil <strong>de</strong>s<br />
octobre 1771, 9 mai I73 et !6 octobre 1777 permir<strong>en</strong>t aux<br />
paroisses <strong>de</strong>s généralités d'Auch et <strong>de</strong> Pau <strong>de</strong> partager leurs<br />
communes par ménage, à la charge d'une re<strong>de</strong>vance (5); un<br />
autre arrêt, du 15 avril 1774, ét<strong>en</strong>dità l'Alsace les autorisations<br />
accordées aux Trois-Evèchés (6 g . Mais c'est dans le Nord-<br />
(t) Sur ce droit, outre t ' raf'tln, déjà cité, vov. P. Legrand, Législation <strong>de</strong>s<br />
portions ménagères ou parts <strong>de</strong> marais dans le Nord <strong>de</strong> hi France, tille,<br />
1850, in-8°:Le G<strong>en</strong>til, Traité historique, théorique et pratique <strong>de</strong> la Ugisi.<br />
<strong>de</strong>s portions communales ou ménagères, Paris, 1854, in-8 0 ; Revue pratique <strong>de</strong><br />
droit français, 1865, p. 46 sqq.; Passez, Les parlions ménagères et communales<br />
<strong>en</strong> France et à l'étranger, Paris, 1888, in-8°; Revue générale d'administration,<br />
4888, t. Il, P. 39 sqq.; H. clém<strong>en</strong>t, Étu<strong>de</strong>s pratiques sur l'usufruit...,<br />
lajouissarace <strong>de</strong> parts <strong>de</strong> marais et d'autres bi<strong>en</strong>s communaux, Paris, 1890,<br />
P. LiaLlong'ville, Des bi<strong>en</strong>s communaux <strong>en</strong> général et spécialem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s<br />
parts <strong>de</strong> marais et portions ménagères dans le Nord, le Pas-<strong>de</strong>-Calais et les<br />
départem<strong>en</strong>ts formés par les anci<strong>en</strong>nes provinces <strong>de</strong> Bourgogne et <strong>de</strong>s Trais-<br />
Ivéchés, thèse, Paris, 1896, in-8 0 ; DSLI, Les bi<strong>en</strong>s communaux dans les (té<br />
parlem<strong>en</strong>ts du ,Nord et du Pas-<strong>de</strong>-Calais, thèse, Lille, 1901, in-8'; D' Lan-<br />
communication au Congrès <strong>de</strong>s sci<strong>en</strong>ces historiques <strong>de</strong> Dunkerque, analy-<br />
er y,<br />
sée par la 11ev. d'hist. mad. et contemp., juin-juillet 1907, p. 768.<br />
2) Publié par (ral1itL, op. cil., P. 210-215. - Cf. H. Clém<strong>en</strong>t, op. cil.,<br />
p. 3t8-20.<br />
(3 Dallongeville, op. cil,, et publiant égalem<strong>en</strong>t le texte, p. 263-265, unprime<br />
<strong>en</strong> petits caractères les parties caduques.<br />
(4) Texte donné par Dallongevilie, op. cil., P. 266-269; Graffin, op. cil.,<br />
p. 251-254. - Cf. Clém<strong>en</strong>t, op. cil., p. 321-322.<br />
5) Grafflo, op. rit,, p. 68. L'arrêt du 9 mai 1173 est publié par cet auteur,<br />
p. 246.250.<br />
(6) Texte publié par GraIlla, op. cil., P. 255-258.
LES COMMUNAUX ET LA RlVOLU'ION FRANÇAISE, 701<br />
Ouest <strong>de</strong> la Franco que le droit institué par la royauté s'est<br />
maint<strong>en</strong>u avec le plus <strong>de</strong> vigueur. Des lettres-pat<strong>en</strong>tes du 27<br />
mars 1777 pour les châtell<strong>en</strong>ies <strong>de</strong> Lille. Douai et Orchies<br />
réglèr<strong>en</strong>t la distribution et la jouissance <strong>de</strong>s portions ménagères<br />
do bi<strong>en</strong>s et marais communaux, - jouissance qui <strong>de</strong>vait<br />
être viagère et constituer un droit inaliénable, indivisible et<br />
nsaisissablo (fl; confirmées, avec certaines modifications <strong>de</strong><br />
détail, par <strong>de</strong>s arrêtés préfectoraux du 20 juillet 1813(2) et<br />
du 12 mars 1830 (3), ces lettres-pat<strong>en</strong>tes ne s'appliquèr<strong>en</strong>t<br />
pas à Gon<strong>de</strong>court, â Ennevelin et à Allesoes-les-Marais (4),<br />
où le droit, <strong>en</strong>core appliqué, se rapproche <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> l'Artois.<br />
Dans l'Artois, une ordonnance réglant le partage <strong>de</strong>s communaux,<br />
<strong>de</strong> 1773, n'avait pas été <strong>en</strong>registrée par le conseil supérieur<br />
<strong>de</strong> la province (5), choqué <strong>de</strong> dispositions trop favorables<br />
aux seigneurs <strong>en</strong> ce qui concernait le triage (6). Le conseil provincial<br />
étudia à son tour la question, et, grâce à la coalition du<br />
tiers et du clergé, conclut <strong>en</strong> faveur d'un projet qui réduisait<br />
la part év<strong>en</strong>tuelle <strong>de</strong>s seigneurs dans les communaux au sixième<br />
seulem<strong>en</strong>t, ce projet <strong>en</strong>voyé au roi ne fut pas adopté (7),<br />
et le droit <strong>en</strong> Artois fut organisé par un arrêt du conseil du 5<br />
(il Texte publié pr Dallongeville, op. cil., p. 270-278, et Graffin, op. cil.,<br />
p. 259-267.<br />
(2) Cet arrêté, du 20 juillet 1813, supprimant les conditions <strong>de</strong> nativité,<br />
est publié par Dallongeville, op. cil., p. 280-286.<br />
(3) Cet arrêté, du 12 mars 4830, approuvé par le roi le 7 janvier 1831,<br />
exigeant la nationalité française pour les parts-pr<strong>en</strong>ants, est publié par liailougeville,<br />
op. cil., P. 280-289.<br />
l) Il. Clém<strong>en</strong>t, op. cil., p. 303-317, A Goe<strong>de</strong>court, le droit remonte à<br />
une délibération <strong>de</strong>s communier., du 27 juillet 177:t, homologuée par le conseil<br />
d'État le 15 juin 1774; à Ennevelin, à un usage établi <strong>en</strong> 1791, et reconnu<br />
par un arrêté préfectoral du 11 mars 4831 ; à Allesnes-Ies-Marais, à<br />
un usage établi <strong>en</strong> 1780, et reconnu par un arrêté préfectoral du 20 fevrier<br />
1853.<br />
(5) On sait que, d'après un usage reconnu par la capitulation d'Arras du O<br />
ao0t 1640, aucune disposition législative ne pouvait <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir exécutoire sans<br />
.nregistrem<strong>en</strong>t par le Conseil provincial, remplacé <strong>de</strong> février 1771 s novembre<br />
1774 par le Conseil supérieur. Cf. H. Clém<strong>en</strong>t, op. cil., pp. 211-215 et<br />
.i60.<br />
(6) Dallongeviile, op. cil., pp. 26-27.<br />
(7) Id., ibid., p. 27.
---, ___1-1=--,,-<br />
702 LES COMMUNAUX ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.<br />
février 1779, qui réglait le partage (t), et par <strong>de</strong>s lettres-pat<strong>en</strong>tes<br />
du 25 novembre 1779 qui établissai<strong>en</strong>t le triage <strong>en</strong> faveur<br />
<strong>de</strong>s seigneurs (2). L'exécution <strong>de</strong> ces lettres-pat<strong>en</strong>tes subit <strong>de</strong><br />
graves difficultés, et elles finir<strong>en</strong>t par être abrogées, par arrêt<br />
du Parlem<strong>en</strong>t du 6 septembre (3). 11 n'<strong>en</strong> fut pas <strong>de</strong> même <strong>de</strong><br />
l'arrêt du conseil du 25 lévrier 1779, dont la légalité n'a jamais<br />
été contestée, qui a été maint<strong>en</strong>u formellem<strong>en</strong>t par un<br />
arrêté <strong>de</strong>s consuls du 9 fructidor an X, r<strong>en</strong>du <strong>en</strong> matière spéciale(-4),<br />
et par un arrêt du conseil d'État du 9 février 1860 (5),<br />
et qui s'applique <strong>en</strong>core dans vingt communes du Pas-<strong>de</strong>-<br />
Calais (6). Le droit ainsi institué est un droit réel immobilier<br />
et inaliénable; il se transmet par héritage aux ainés, sans représ<strong>en</strong>tation,<br />
ou bi<strong>en</strong>, <strong>en</strong> cas <strong>de</strong> retour ii la commune, selon le<br />
choix du conseil municipal parmi les aspirants, - c'est-à-dire<br />
les plus anci<strong>en</strong>nem<strong>en</strong>t domiciliés et t<strong>en</strong>ant ménage. hostile à<br />
l'égalité <strong>de</strong>s <strong>en</strong>fants et au respect <strong>de</strong> l'usufruit <strong>de</strong>s veuves l'usage<br />
artési<strong>en</strong> est donc une exception curieuse dans notre droit<br />
mo<strong>de</strong>rne; once qui concerne la transmission héréditaire, il ne<br />
Pouvait être modifié que par uije loi: pour l'attribution comnunale,<br />
<strong>en</strong> vertu même <strong>de</strong>s lots sur les municipalités (131<br />
et 1884), elle peut être réglée par les communes elles-mêmes,<br />
qui ont gardé le droit dorganiser comme elles l'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t<br />
la jouissance <strong>de</strong>s communaux (7).<br />
(8) Publiée par Il. Clém<strong>en</strong>t, op. cil,, pp. 215-217; Graffin, op. cil., pp. 268<br />
269.<br />
(2) Cf. H. Clém<strong>en</strong>t, op. cil., pp. 217-218.<br />
(3) Le conseil d'Artois interdit l'exécution d ces lettres-pat<strong>en</strong>tes par arrêt<br />
du 13 mars 1780, et cette décision fut cassie le 7 mai 1780. Plusieurs coinmunautés<br />
s'étai<strong>en</strong>t cep<strong>en</strong>dant pourvues par <strong>de</strong>vant le Parlem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Paris,<br />
qa ordonna une <strong>en</strong>quête et la susp<strong>en</strong>sion <strong>de</strong>s mesures prescrites. Puis<br />
suivir<strong>en</strong>t plusieurs arrêts, prescrivant, le 18 mai 1782, la susp<strong>en</strong>sion, le 27<br />
décembre suivant, l'exécution facultative, le 6 juillet 1785, l'exécution obligatoire<br />
av<strong>en</strong> le vote <strong>de</strong>s 2/3 <strong>de</strong>s habitants, le 6 septembre 1787, l'abrogation<br />
complète <strong>de</strong>3 lettres-pat<strong>en</strong>tes (Dallongevilte, op. cil., pp. 27-2s;.<br />
(4) Dallongeville, op. cil., p. 33.<br />
(5) Clém<strong>en</strong>t, op. cil., p. 263.<br />
(6) Dans l'arrondissem<strong>en</strong>t d'Arras Biacbe-Saint-Vaast, Eleu, l'elves, l'louvain,<br />
Quiécy-la-Motte, Elœux, Vitry; dans celui <strong>de</strong> Béthune Aumiay, Ancby,<br />
D3uvrin, Drouvin, Esin, llaisnes, Harnes, L<strong>en</strong>s, Loison, Montigny-<strong>en</strong>.<br />
Uohelle, Meurchin, Noyel les-sous -Leos, Sallan.<br />
(7) C'est le cas pour Evin, Rœux, Peires, Biache, L<strong>en</strong>s, Anchy, Vitry (H.<br />
Clém<strong>en</strong>t, op. cil., p. 264).
LES COMMUNAUX ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE. 703<br />
On trouve <strong>en</strong>core dans l'Artois une exception curieuse<br />
dans la pratique <strong>de</strong>s marais communaux. Dès le début du<br />
xviii 0 siècle, le pouvoir c<strong>en</strong>tral s'était préoccupé <strong>de</strong> réglem<strong>en</strong>ter<br />
le Lourbage 1; un arrêt du conseil, du 1 12 août<br />
1740, déf<strong>en</strong>dit <strong>de</strong> tourber dans les marais communs sans la<br />
permission <strong>de</strong> l'int<strong>en</strong>dant, et fuL complété par d'autres arrêts<br />
<strong>de</strong>s 3 août 1753 et 28 janvier 1755 la police du tourbage fut<br />
organisée dans ses détails par les arrêts <strong>de</strong>s 11 mai 1764 et<br />
6 août 1768, et les contestations <strong>en</strong> dép<strong>en</strong>dant évoquées au<br />
conseil par arrêt du '26 aout 1769. Or la loi du 10 juin 1793,<br />
qui est le grand statut révolutionnaire <strong>de</strong>s communaux, et dont<br />
on ne peut dire qu'elle soit formellem<strong>en</strong>t abrogée ( e), excepta<br />
du parta ge ordonné alors tes marais tourbeux dont la superficie<br />
n'était pas égale <strong>en</strong> valeur au fond, <strong>de</strong> sorte que c'est le<br />
droit anci<strong>en</strong>, d'ailleurs reconnu par <strong>de</strong>s règlem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> 1808 et<br />
1810, qui subsiste toujours (3). Mais le droit anci<strong>en</strong> ne survivra<br />
pas à certaines transformations économiques mo<strong>de</strong>rnes : d'abord<br />
la facilité du transport <strong>de</strong> la houille, concurr<strong>en</strong>te naturetlè<br />
<strong>de</strong> la tourbe, et surtout le <strong>de</strong>ssèchem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s marais soit<br />
par les commissions <strong>de</strong>s wateringues, soit par les associations<br />
spéciales <strong>de</strong> propriétaires créées <strong>en</strong> vertu <strong>de</strong>s lois <strong>de</strong>s 21-6<br />
juin 1565, soit par les syndicats proprem<strong>en</strong>t dits créés <strong>en</strong> vertu<br />
<strong>de</strong> ta loi du 1' mars 1884 (4).<br />
Ainsi, dans plusieurs régions <strong>de</strong> la France, pour réaliser la<br />
p<strong>en</strong>sée <strong>de</strong>s économistes, tout <strong>en</strong> respectant certaines données<br />
géographiques, la royauté a inauguré une politique <strong>de</strong> partage.<br />
A ces mesures émanées du pouvoir c<strong>en</strong>tral, il faudrait joindre<br />
toutes celles qui sortir<strong>en</strong>t do l'initiative <strong>de</strong>s int<strong>en</strong>dants, pour<br />
apprécier dans toute son ampleur l'oeuvre <strong>de</strong> l'anci<strong>en</strong> régime<br />
<strong>en</strong> ce qui concerne l'utilisation <strong>de</strong>s communes au moy<strong>en</strong> du<br />
(1) Arch. nat., E BISb, (o 75. Cf. E 898a, P 58, et E 923, (o 169.<br />
(2) Voy. plus bis, p. 743.<br />
(3) H. Clém<strong>en</strong>t, op. cit., pp. 268-275. - Une autre exception curieuse est<br />
celle qui concerne les usages <strong>de</strong>s marins-pêcheurs <strong>de</strong> Fort-Mardyck, dont<br />
la possession remonte à <strong>de</strong>s arrêts du conseil <strong>de</strong>s 6 avril 1773 et 3 septembre<br />
1785 (Id., ibid., pp. 323-326.<br />
4) Sur les <strong>de</strong>sséebein<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> Flandre, voy., exclusivem<strong>en</strong>t au point <strong>de</strong><br />
vue économique, R. Blanchard, La Flandre, Élu<strong>de</strong> géogr. <strong>de</strong> la plaine fia.<br />
man<strong>de</strong>, Paris, 1906, in-8 o, pp. 272 sqq. Delloogeville, op. ciL, pp. 37-38.<br />
donne un résumé commo<strong>de</strong> <strong>de</strong> la législation <strong>de</strong>s <strong>de</strong>sséchem<strong>en</strong>is.<br />
REVUE iusr. - Tome XXXII 46
704 LES COMMUNAUX ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.<br />
partage. Sans recourir à toutes les monographies, <strong>de</strong> valeur bi<strong>en</strong><br />
inégale, consacrées aux généralités p<strong>en</strong>dant le Xviile siècle, oh<br />
pourra trouver <strong>de</strong>s exemples <strong>de</strong> l'action qu'exercèr<strong>en</strong>t dans<br />
ce s<strong>en</strong>s les int<strong>en</strong>dants dans <strong>de</strong>s travaux limités et précis, et<br />
<strong>de</strong> plus réc<strong>en</strong>ts, comme ceux <strong>de</strong> Trapanard, pour la Haute-Auvergue<br />
(1), et <strong>de</strong> P. Lefeuvre, pour la Bretagne (g). Dans la<br />
Haute-Auvergne, les paysans qu'<strong>en</strong>courag<strong>en</strong>t les édits cl<br />
arrêts du conseil <strong>en</strong> faveur <strong>de</strong>s défrichem<strong>en</strong>ts (3). se mett<strong>en</strong>t<br />
vigoureusem<strong>en</strong>t à la besogne, et l'int<strong>en</strong>dant, M. <strong>de</strong> Montyon,<br />
prévoyant les résultats fâcheux à certains égards <strong>de</strong> la disparition<br />
<strong>de</strong>s communaux, ordonne <strong>en</strong> 1768 une <strong>en</strong>quête auprès<br />
<strong>de</strong>s subdélégués (4. Cette <strong>en</strong>quêta resta sans résultat; mais, <strong>en</strong><br />
1780, après la lecture d'un rapport du nouvel int<strong>en</strong>dant, M. <strong>de</strong><br />
Chazerat, Necker, le 6 avril 1781, conseilla d'<strong>en</strong>courager délibérém<strong>en</strong>t<br />
les partages dans la province, sans vouloir pr<strong>en</strong>dre<br />
toutefois <strong>de</strong> mesure d'<strong>en</strong>semble qui dût se heurter à <strong>de</strong>s difficultés<br />
locales d'application (5), et <strong>de</strong> fait, il y eut <strong>en</strong> Haute-<br />
Auvcrgne <strong>de</strong>s partages <strong>de</strong> communaux réglés par arrêts du conseil<br />
(6). En Bretagne, la déclaration du 6Juin 1768, qui acor-<br />
Le piturage carnrssunal <strong>en</strong> Jiaute-,4uvergno, thèse, Paris, 1905, in-8';Alliénations<br />
et usurpations <strong>de</strong> communaux dans le canton <strong>de</strong> Champs (Cantal), dans la<br />
Nouv. 11ev. hist., 1906, p. 277 sqq. La thèse toute réc<strong>en</strong>te <strong>de</strong> E. Vigier.<br />
Du partage <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux <strong>en</strong> Auvergne sous l'anci<strong>en</strong> régisse et étu<strong>de</strong><br />
sommaire <strong>de</strong> la question <strong>de</strong> la Révolution ri nos jours, Paris, 1905, jfl50, est<br />
sans originalité et emploie dans une très large mesure ta thèse <strong>de</strong> Trapeuard.<br />
(2) Les communs <strong>en</strong> Bretagne ii la fin <strong>de</strong> l'anci<strong>en</strong> reyime, 1667-1789, lieu-<br />
Des, 1907, in- go. Cf. H. Sée, Les classes rurales es Ltretagne du xci shcte h la<br />
Révolution, Paris, 1906, in-80.<br />
(3) \'oy. plus haut, p. 699.<br />
(4) Trapeuard, op. cil., p. 236 sqq.; Vigier, op. cil., p. 63-107. Les v,sux<br />
<strong>de</strong>s subdélégués et <strong>de</strong>s notab!es consultés étai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> majuriLe <strong>en</strong> faveur du<br />
partage proportionnel, et ils aboutir<strong>en</strong>t à l'<strong>en</strong>voi d'une lettre <strong>de</strong> l'int<strong>en</strong>dant,<br />
du 21 décembre 1769 où il était dit Vigier, op. cil., p. 96) u llest avantageux<br />
<strong>de</strong> dissoudre ces co-propriétés, d<strong>en</strong> former <strong>de</strong>s possessions divisées<br />
ou chaque particulier cultive son fonds et <strong>en</strong> tire le plus grand parti possible<br />
s.<br />
(5) Trap<strong>en</strong>ard, op. cil., p. 256 sqq; Vrgier, op. cil., p. 1102-10.<br />
(6) Voy. par exemple l'arrét du conseil du 15 juillet 1783, organisant le<br />
partage <strong>de</strong>s communaux <strong>de</strong> Pérignat, publié par Tiap<strong>en</strong>ard, op. cil,, p. 272-<br />
275. Ces arrèts établiss<strong>en</strong>t un partage proportionnel. Cf. les exemples <strong>en</strong><br />
partie inédits donnés par Vigier, op. cil., p. 104-107. Lies partages amia-
LES COMMUNAUX ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE. 705<br />
dait <strong>de</strong>s privilèges fiscaux aux habitants qui défricherai<strong>en</strong>t ou<br />
<strong>de</strong>ssécherai<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s terres incultes, eut <strong>de</strong>s résultats fort appréciables<br />
(1); mais il n'y a pas eu dans cette province à propremeut<br />
parler <strong>de</strong> partage <strong>de</strong> communaux, car il n'y avait pour<br />
ainsi dire pas <strong>de</strong> bi<strong>en</strong>s communaux <strong>en</strong> Bretagne, où la maxime<br />
Nulle terre sans seigneur» s'appliquait dans toute sa rigueur,<br />
excluant ainsi ta copropriété <strong>de</strong>s villageois (2) : les communs<br />
bretons étai<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s terrains avoisinant les terres closes, dont la<br />
<strong>de</strong>termination juridique n'était pas toujours facile, et dont les<br />
lois révolutionnaires <strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t justem<strong>en</strong>t faire <strong>de</strong>s propriétés<br />
collectives <strong>de</strong> village (3); mais l'opinion publique, dès la fin<br />
du xvtile siècle, réclamait l'adaptation agricole <strong>de</strong> ces communs<br />
par te partage, selon le texte <strong>de</strong>s projets élaborés <strong>en</strong> 1781<br />
et <strong>en</strong> 1785 par les Li tats et par l'int<strong>en</strong>dant (4).<br />
Mais on trouve d'autres exemples qu'<strong>en</strong> Bretagne et qu'<strong>en</strong><br />
haute- Auvergne do partages <strong>de</strong> communaux. En Bourgogne,<br />
les défrichem<strong>en</strong>ts et les usurpations <strong>de</strong> communaux gên<strong>en</strong>t les<br />
petits cultivateurs à l'égal <strong>de</strong> la suppression du parcours (5. En<br />
Guy<strong>en</strong>ne, les int<strong>en</strong>dants y pouss<strong>en</strong>t pour <strong>de</strong>s raisons l'ordre<br />
économique 6); <strong>en</strong> Gascogne, les lan<strong>de</strong>s attir<strong>en</strong>t les défricheurs<br />
7,; <strong>en</strong> Normandie. l'assemblée <strong>de</strong> la généralité <strong>de</strong><br />
bles <strong>de</strong> propriété et <strong>de</strong> jouissance généralem<strong>en</strong>t proportionnels ii l'importance<br />
<strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s <strong>de</strong>s propriétaires avai<strong>en</strong>t eu lieu antérieurem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Auvergne<br />
(Vigier, op. cil., p. 37-38).<br />
(1) P. Lefeuvre, op. cil, P. 98-99, qui montre qu'on ne doit pas toutefois<br />
adopter tel quel le chiffre <strong>de</strong> 55.250 lIA, correspondant aux défrichem<strong>en</strong>ts<br />
soi-disant faits. Cet auteur publie <strong>en</strong> app<strong>en</strong>dice, p. 168. 175, la déclaration<br />
<strong>de</strong> 1768.<br />
(2) P. [efeuvre, op. cit., p. 1-53.<br />
(3 C. Vallaux, La Ba8se-l1relaje, étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> géographie humaine, Paris,<br />
107, in-8 0, p. 103.<br />
(4) Publiés par Lefeuvre, op. cil., p. 151-167.<br />
(5) E. Patoz, La propriété paysanne dans les bailliages <strong>de</strong> Semur-<strong>en</strong>-Auxois,<br />
Saulieu, Arnay-le-Duc û la fin <strong>de</strong> l'anci<strong>en</strong> régime (1750-1790), Semur, 1908,<br />
0-8°.<br />
(6) A. Nicolai, La population <strong>en</strong> Gui<strong>en</strong>ne au xviii' siècle, 1700-1800, dans<br />
le Bulletin <strong>de</strong>s travaux hist. et sci<strong>en</strong>tif., section <strong>de</strong>s sci<strong>en</strong>ces écon. et soc., Congrès<br />
<strong>de</strong> 1906, p. 87.<br />
(7) Depere, député <strong>de</strong> Lot-et-Garonne. Observations sur le défrichem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s<br />
lan<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la ci-<strong>de</strong>vant province <strong>de</strong> Gui<strong>en</strong>ne (Arch. nat., AD XVIII' 187). Cf.<br />
hambrel<strong>en</strong>t, Les lan<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Gascoyne, Paris, 1887, in-80.
j'-<br />
706 LES COMMUNAUX ET LA R1VOLUTION FRANÇAISE.<br />
Roti<strong>en</strong>, <strong>en</strong> 1787, propose un prix <strong>de</strong> 400 livres à l'auteur du<br />
meilleur mémoire sur la question (1). Le Uiéorici<strong>en</strong> du partage<br />
<strong>de</strong>s communaux, le comte d'Essuiles, est même <strong>en</strong> personne<br />
occupé à appliquer son programme <strong>en</strong> Anjou, <strong>en</strong> Artois, cri<br />
Bretagne, <strong>en</strong> Lorraine, si l'on <strong>en</strong> doit croire ]'adresse qu'il<br />
prés<strong>en</strong>ta, le 5 mars 1791, à l'Assemblée constituante (e).<br />
Il n'est donc pas téméraire <strong>de</strong> dire, après tout cela, que la<br />
royauté a pratiqué une politique tout <strong>en</strong> faveur du partage <strong>de</strong>s<br />
bi<strong>en</strong>s communaux. L'abs<strong>en</strong>ce d'une loi d'<strong>en</strong>semble à ce sujet<br />
s'explique non seulem<strong>en</strong>t par l'incapacité <strong>de</strong> l'anci<strong>en</strong> régime,<br />
reconnue <strong>en</strong> d'autres matières, <strong>de</strong> systématiser ses règlem<strong>en</strong>ts(3),<br />
mais <strong>en</strong>core parle souci <strong>de</strong> respecter, plus que l'autonomie<br />
municipale, les exig<strong>en</strong>ces économiques <strong>de</strong>s terrains auxquels<br />
<strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t s'appliquer ces règlem<strong>en</strong>ts. Mais si les t<strong>en</strong>dances<br />
économiques du temps imposai<strong>en</strong>t à la royauté cette politique,<br />
elles ne suffisai<strong>en</strong>t pas à créer un droit nouveau, qui les cxprimat.<br />
C'est ce qui ressort d'une part <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s coutumes,<br />
<strong>de</strong> l'autre du conflit, qui <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t <strong>de</strong> plus <strong>en</strong> plus aigu,<br />
<strong>en</strong>tre les seigneurs et les paysans sur la même question.<br />
Les coutumes offrai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> effet <strong>de</strong>s contradictions et <strong>de</strong>s imprécisions<br />
fort gênantes, dont le comte d'Essuiles a relevé les<br />
principales 4). Deux seulem<strong>en</strong>t établissai<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s règles sur la<br />
(I) J. Le I3erquier, dans la Revue <strong>de</strong>s Deux-Mon<strong>de</strong>s, janvier 1859, p. 401.<br />
(2) Bibi. sot., Ln21 7221. Cf. Trap<strong>en</strong>ard, op. cil., p. 248, n. 1. Voy. égale-m<strong>en</strong>t<br />
du comte d'Essuiles ses Observations sur plusieurs sujets importants,<br />
1787, citées par Japiot, Conlribuliun à iél. <strong>de</strong> la lgisl. relut, aux bi<strong>en</strong>s cernrnusaizx,<br />
thèse, Nancy, 1907, in-8', p. 147, n. 2.<br />
(3) 11 est difficile <strong>de</strong> trouver une direction d'<strong>en</strong>semble dans l'action <strong>de</strong><br />
Blon<strong>de</strong>l, maRre <strong>de</strong>s requ0tes, dép<strong>en</strong>dant du contrôle général <strong>de</strong>s finances, <strong>de</strong><br />
qui dép<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t n la taille, la capitation, les vingtièmes, les dons gratuits<br />
du clergé <strong>de</strong> France, les impositions du clergé <strong>de</strong>s frontières et <strong>de</strong> l'ordre <strong>de</strong><br />
Malte, les travaux <strong>de</strong> charité, les recettes générales et particulières <strong>de</strong>s<br />
finances, l'expédition <strong>de</strong> tous les états <strong>de</strong> finances <strong>de</strong>s pays d'élection, <strong>de</strong>s<br />
paya d'état et <strong>de</strong>s pays conquis; les affaires cont<strong>en</strong>tieuses relatives aux <strong>de</strong>s.<br />
séchem<strong>en</strong>ts, défrichem<strong>en</strong>ts, partages <strong>de</strong>s communes, les abolitions du droit <strong>de</strong><br />
parcours; la régie <strong>de</strong>s poudres ut salpétres, celle <strong>de</strong>s étapes et convois militaires;<br />
la vérification <strong>de</strong>s tsts au vrai qui s'arrét<strong>en</strong>t au Conseil; la nouvelle<br />
Compagnie <strong>de</strong>s In<strong>de</strong>s, la liquidation <strong>de</strong> l'anci<strong>en</strong>ne; les écoles vétérinaires;<br />
les épizooties, l'approvisionnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s combustibles pour la ville <strong>de</strong> Paris »<br />
(Almanach royal, 1790, p. 233-234.<br />
() Op. cil., P. 231-238.
u.-.,<br />
LES COMMUNAUX ET LÀ RÉVOLUTION FRANÇAISE. 707<br />
propriété <strong>de</strong>s communaux; la plupart confondai<strong>en</strong>t l'usage <strong>de</strong><br />
ces communaux avec le droit <strong>de</strong> parcours, ou ne statuai<strong>en</strong>t pas<br />
sur la manière d'<strong>en</strong> user; plus <strong>de</strong> trois c<strong>en</strong>ts ne réservai<strong>en</strong>t<br />
aucun article aux communaux. Quant à la jurisprud<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s<br />
tribunaux, elle était plus incertaine <strong>en</strong>core : s il n'est peut-être<br />
pas plus nécessaire <strong>de</strong> rechercher les dispositions <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>ts<br />
arrêts r<strong>en</strong>dus sur cette matière, dit le même publiciste, leur<br />
extrême variété ne permettant point d'<strong>en</strong> déduire <strong>de</strong>s principes<br />
certains (I) ». Le juriste Edme <strong>de</strong> La Poix <strong>de</strong> Fréminville a bi<strong>en</strong><br />
essa yé <strong>de</strong> codifier, - bi<strong>en</strong> imparfaitem<strong>en</strong>t, -- les pratiques <strong>en</strong><br />
usage, pour le plus grand profit <strong>de</strong>s communautés (2) : pont'<br />
lui, les communaux, inaliénables et imprescriptibles (3), sont<br />
déf<strong>en</strong>dus contre l'avidité <strong>de</strong>s seigneurs parle système juridique<br />
qui met la preuve <strong>de</strong> la propriété à la charge <strong>de</strong> ceux-ci (4), et<br />
par l'attribution aux tribunaux <strong>de</strong>s eaux et forêts <strong>de</strong> tout le<br />
cont<strong>en</strong>tieux communal (s). Mais ce sont là, sinon <strong>de</strong>s règles<br />
idéales, au moins <strong>de</strong>s t<strong>en</strong>dances exceptionnelles (6). Il serait<br />
tout aussi vain <strong>de</strong> rechercher une direction d'<strong>en</strong>semble dans<br />
les modas <strong>de</strong> partage <strong>de</strong> communaux prescrits, puisque, dans<br />
le Nord, ce sont les partages par feux qui domin<strong>en</strong>t, alors que,<br />
dans la Normandie, les arrêts du Parlem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Rou<strong>en</strong> <strong>de</strong>s<br />
2 avril 1737 et 9 mars 1747 ordonn<strong>en</strong>t le partage proportionnel<br />
à la gran<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>s propriétés (7).<br />
Les contradictions du droit s'expliqu<strong>en</strong>t sans doute par la<br />
lutte <strong>de</strong>s intérêts aux prises, particulièrem<strong>en</strong>t dans les dix<br />
t, Op. cil., p. 231. Cf. les exemples qu'il donne, p. 2-253. H. Sée, La<br />
porbe du régime seigneurial, dam; la (lev. d'h ist. mod. et cool., mai 4908,<br />
p. 190-191, cite divers exemples <strong>de</strong> la partialité <strong>de</strong>s parlem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> faveur<br />
<strong>de</strong>s seigneurs. Cf. aussi H. Carré, Les parlem<strong>en</strong>ls et la convocation <strong>de</strong>s États<br />
génratix, dans la Ré volution française, 14 sept. 1907, p. 45-46.<br />
(2) Principalem<strong>en</strong>t dans son 1railé général 'lu gouvernem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s et<br />
e ffnirev <strong>de</strong>s communautés d ' habitants <strong>de</strong>s villes, bourgs, villages et provinces du<br />
Royaume, Paris, 1750, j.4O<br />
(3) Op. cil., P. 39-45.<br />
(4) Op. cit., P. 32-3:3.<br />
(5) ()p. cil., P. 11-77.<br />
l'lus systématisées, ces t<strong>en</strong>dances se retrouv<strong>en</strong>t dans l'Encyclopédie,<br />
<strong>de</strong> Di<strong>de</strong>rot, où l'on s'étonne que la question <strong>de</strong>s communaux ne soit pas <strong>en</strong>visagée<br />
sous s<strong>en</strong> aspect économique (t. III, Paris, 1753, p. 725-726).<br />
(7) Graflin, op. rit., p. 160 et 159, n. 2; J. Brest, De l'adminlseralion <strong>de</strong>s<br />
bi<strong>en</strong>s communaux, thèse, Paris, 1683. in-80, p. 142.
708 LES COMMUNAUX ET LA RVOLUT1ON FRANÇAISE.<br />
<strong>de</strong>rnières années <strong>de</strong> l'anci<strong>en</strong> régime, où se manifeste une recru<strong>de</strong>sc<strong>en</strong>ce<br />
<strong>de</strong> l'exploitation domaniale (1). Les seigneurs<br />
essay<strong>en</strong>t, par tons les moy<strong>en</strong>s, surtout par la réfection <strong>de</strong> leurs<br />
terriers, <strong>de</strong> mettre la main sur les terres considérées comme<br />
communes, et nous avons <strong>de</strong> ce fait un certain nombre<br />
d'exemples que <strong>de</strong>s investigations méthodiques dans les archives<br />
locales multiplierai<strong>en</strong>t sans doute it l'infini (f). Pour les paysans,<br />
ils considèr<strong>en</strong>ties communaux <strong>de</strong> la môme façon que leurs<br />
propres t<strong>en</strong>ures : à l'antique possession précaire, ils veul<strong>en</strong>t<br />
substituer le droit <strong>de</strong> propriété complet et absolu, individuel<br />
pour les t<strong>en</strong>ures, collectif, au moins tout d'abord, pour les<br />
communaux (3;. Il faut dire : tout d'abord, car les paysans ne<br />
form<strong>en</strong>t pas une classe homogène, dont les intérêts soi<strong>en</strong>t tout<br />
à fait cohér<strong>en</strong>ts ; une fois admis le droit <strong>de</strong> propriété <strong>de</strong>s paroisses<br />
sur les communes (4), un certain nombre d'<strong>en</strong>tre les paysans,<br />
les journaliers, les manouvriers, ais désir<strong>en</strong>t le partage,<br />
qui leur assurera la possession exclusive d'un lopin <strong>de</strong> terre; les<br />
autres, les gros t<strong>en</strong>anciers, les fermiers, les « laboureurs u,<br />
pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t parti plutôt pour la propriété commune, qui facilite,<br />
jar l'emploi <strong>de</strong>s pâquis, l'élevage rémunérateur du bétail et<br />
(1; Ph. Sagnac, Quomodo jura dominii auchi fuerinL.., Paris, 1598, in-80;<br />
Il. Sée. La portée du régime seigneurial au xvin e siècle, dans la flev. d'hist.<br />
rnod. et cont., moi 1908, t. X, p. 173-191.<br />
(2) Voy. particulièrem<strong>en</strong>t Kareiew, La question paysanne au x'ii' si'cle,<br />
trad. franc., Paris, 1899, in-°, p. 83, 86-87. Cr. H. See, Les classes rurales<br />
<strong>en</strong> Bretugnedu .rv,° siècle ii la Révolution, 3' partie, chap. XV; A. Demangeon,<br />
La plaine picar<strong>de</strong>, Paris, 1905, in-80, p. 335; André MaLter, « Bourgeois<br />
et manunts ' dans les anci<strong>en</strong>nes communautés rurales, dans Pages Libres, 25<br />
avril 1908. p. 455-64; H. Sée, La portée du rég. seign., loc. cil,, p. 588-<br />
190.<br />
(3) L'interprétation qui suit <strong>de</strong>s 5<strong>en</strong>timeots <strong>de</strong>s paysans ressort <strong>de</strong>s cahiers<br />
et <strong>de</strong>s textes signales par Kareiew, op. cil., par G. Bourgin, Le partage &s<br />
bi<strong>en</strong>s communaux, et par Ph. Sagnac et Caron, L'abolition du régime seigneurial,<br />
Paris. 1907, in-81, p. 133 sqq., 507 sqq.<br />
(4) Ksreiew, op. cil., p. 84, 145-147, 150-155 ; M. Kovalewakv, Le droit<br />
seigneurial et la situation écun. et roc. <strong>de</strong>s paysans 3 la fin du siècle <strong>de</strong>rnier.<br />
ExIr. <strong>de</strong> la lIeD. internat. <strong>de</strong> sociologie, Paris, 1901, in-8 0 , p. t1-13; Sagnac,<br />
Les paysans <strong>en</strong> France au .rvu" siècle, dans la fle». <strong>de</strong> synthèse hislor., avril 1906.<br />
C'est è cette époque que se précisa la distinction <strong>en</strong>tre bi<strong>en</strong>s communaux (domaine<br />
privé) et bie,is patrimoniaux (domaine public), ccax-ci absolum<strong>en</strong>t nécessaires<br />
à la vie collective <strong>de</strong> la commune. Je néglige complètem<strong>en</strong>t dans<br />
mon exposé la question <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s patrimoniaux.
LES COMMUNAUX ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE. 709<br />
double leur possession personnelle, ou bi<strong>en</strong>, lorsqu'ils admett<strong>en</strong>t<br />
la thèse du partage, ils réclam<strong>en</strong>i <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> distribution<br />
lotit à leur avantage et exclu<strong>en</strong>t la système <strong>de</strong>s parts<br />
égales <strong>en</strong>tre copartageants (t).<br />
Ces conflits d'intérêts éclat<strong>en</strong>t parfois le plus souv<strong>en</strong>t, ils<br />
rest<strong>en</strong>t lat<strong>en</strong>ts. C'est ce qui ressort <strong>de</strong>s délibérations provinciales,<br />
qu'un juriste a songé à consulter sur ce point ( e), mais<br />
principalem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s cahiers rédigés pour les États généraux <strong>de</strong><br />
1789.<br />
D'après les cahiers publiés dans lesA i'chi ve parlem<strong>en</strong>taires (3),<br />
on voit que l'opinion publique est tout lc fait favorable au partage<br />
<strong>de</strong>s communaux, que les plus timi<strong>de</strong>s réclam<strong>en</strong>t au moins<br />
la restitution aux paroisses <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s usurpés et la limitation<br />
<strong>de</strong>s droits seigneuriaux. Le tiers-état <strong>de</strong> Gray <strong>de</strong>man<strong>de</strong> l'inaliénabilité<br />
<strong>de</strong>s communaux (1, 779), la noblesse <strong>de</strong> Bugey,<br />
leur division i II, 484), la ville <strong>de</strong> Ca<strong>en</strong>, leur défrichem<strong>en</strong>t et<br />
partage (l 1, 500), la ville <strong>de</strong> Schlesladt, le retour ?c la ville <strong>de</strong>s<br />
bi<strong>en</strong>s aliénés (lU, 16). le tiers-état <strong>de</strong> Coutances, le partage (lll,<br />
4), la sénéchaussée <strong>de</strong>s Lannes ou <strong>de</strong> Dix, l'exécution <strong>de</strong>s édits<br />
relatifs au partage (111, 108), le tiers-état <strong>de</strong> Dôle, l'abolition<br />
du triage (III, 165)« le tiers-état et la ville dc Douai, le partage<br />
et le défrichem<strong>en</strong>t (III 183 et 185), le tiers-état <strong>de</strong> Forez, le partage<br />
(Ili ' , 386. la noblesse do Gex, celle <strong>de</strong> Lyon, <strong>de</strong> même<br />
(III, 393 et 605), le tiers-état <strong>de</strong> Lyon et <strong>de</strong> Màcon l'autorisation<br />
pour les communautés <strong>de</strong> faire r<strong>en</strong>trer dans leurs mains<br />
les bi<strong>en</strong>s aliénés ou usurpés (111, 61:! et 631;, le tiers-état <strong>de</strong><br />
Cf. J. Jaurès, Fli.toire socialiste. La Constituante. t. I, Paris, s. d.,<br />
tn-8°, p. 200 sqq.; André Matter, toc, cil., p. 6i-66. On sait que Saint-<br />
Just eut l'occasion <strong>de</strong> s'occuper <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux <strong>de</strong> Illérancourt (voy.<br />
ses Œuvres complètes, éd. Vellay, t. 1, Paris, 1908, in-18, P. 22 sqq.)<br />
ainsi, dans <strong>de</strong>s cas fréqu<strong>en</strong>ts, les membres <strong>de</strong>s assemblées révoluuonnaureg<br />
fur<strong>en</strong>t à même dètre min pratiquem<strong>en</strong>t au courant <strong>de</strong> ta question <strong>de</strong>s communaux<br />
à la tin du xviit e siècle.<br />
(tt) '1'eisicr, op, cil., p. 75. Voy. aussi l(ovalewaky, les, cil., passim. Cf.<br />
Précis <strong>de</strong>s procès-verbaua, <strong>de</strong>s administrations provinciales, <strong>de</strong>puis 1779 jusqu'eut<br />
1788, ouvrage cont<strong>en</strong>ant le résumé <strong>de</strong>s objets traités dans les di/Jéreuzts<br />
bureaux, tels que l'au'jricutture.... Strasbourg, an IV, 2 vol. in-8o,<br />
(3) 1" série, t. 1-VII, Paris, 1887-1875, in-4°. Je passe sous sil<strong>en</strong>ce les<br />
reproches faits justem<strong>en</strong>t par <strong>de</strong>s critiques sérieux â ce recueil, qui r<strong>en</strong>d toutefois<br />
d'importants services.
J I J LES C I MM[NAT -\ in' i,<br />
Mantes, celui <strong>de</strong> la Haute-Marche, la noblesse <strong>de</strong> Mirecourt,<br />
le partage (lii, 674 et 1186; IV, 5), le tiers-étal, du Nivernais,<br />
la restitution aux paroisses <strong>de</strong> leurs bi<strong>en</strong>s (IV, 259), la noblesse<br />
et le tiers-état <strong>de</strong> Péronne, le clergé <strong>de</strong> Puy-<strong>en</strong>-Velay,<br />
le tiers-état du Quercy, <strong>de</strong> Figeac, <strong>de</strong>s An<strong>de</strong>lys, la noblesse<br />
<strong>de</strong> L<strong>en</strong>s, le partage (V, 3'0, 467, 493, 494, 616 1 756), le tiersétat<br />
<strong>de</strong> Ro<strong>de</strong>z et <strong>de</strong> Milhau, la confection <strong>de</strong> règlem<strong>en</strong>ts prèck<br />
(V, 558, 560), le tiers-état d'Elbauf, l'aliénation <strong>de</strong>s communes<br />
<strong>en</strong> fonds <strong>de</strong> terre au profit <strong>de</strong>s communautés (V, 622), la noblesse<br />
<strong>de</strong>s Dombes, la noblesse et le tiers-état d'Auvergne (V, 67:<br />
supplém<strong>en</strong>t, p. 691 et 693), le tiers-état <strong>de</strong> Troyes, la conservation<br />
<strong>de</strong>s communaux et le partage <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s indivis (VI, 8-<br />
85), la noblesse du Bas-Vivarais, l'aliénation ou le partage<br />
<strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux (VI, 182), le tiers-état <strong>de</strong> Vitry-le-<br />
François, la restitution aux communautés <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s usurpés<br />
et l'aliénation ou la location <strong>de</strong> ceux <strong>de</strong> ces bi<strong>en</strong>s qui ne serai<strong>en</strong>t<br />
pas d'une assez gran<strong>de</strong> ét<strong>en</strong>due pour servir à la pâture<br />
<strong>de</strong>s bestiaux (VI, 212), le tiers-état <strong>de</strong> Soissons, la remise <strong>en</strong><br />
vigueur <strong>de</strong>s anci<strong>en</strong>s règlem<strong>en</strong>ts qui permettai<strong>en</strong>t aux habitants<br />
<strong>de</strong> r<strong>en</strong>trer <strong>en</strong> jouissance <strong>de</strong> leurs bi<strong>en</strong>s communaux <strong>en</strong> remboursant<br />
les acquéreurs (supplém<strong>en</strong>t, 699, etc. (I , . Mais<br />
tous ces textes ne r<strong>en</strong><strong>de</strong>ut qu'indirectem<strong>en</strong>t et insuffisamm<strong>en</strong>t<br />
la m<strong>en</strong>talité paysanne. Si l'on possédait l'<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s cahiers<br />
<strong>de</strong>s paroisses rurales, dont la Commission <strong>de</strong>s docum<strong>en</strong>ts économiques<br />
finira bi<strong>en</strong> par mettre au jour les vestiges, on Constaterait<br />
chez les paysans l'âpreté d'un désir qu'on voit 'exprimer<br />
à diverses reprises (2), et que les lois révolutionnaires<br />
aurontjustemeut pour but <strong>de</strong> satisfaire.<br />
L'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s conditions historiques dans lesquelles se sont<br />
élaborées ces lois nous montrera maint<strong>en</strong>ant que, préparées<br />
par tout le travail législatif et administratif <strong>de</strong> l'anci<strong>en</strong> régime,<br />
1) Les recueils <strong>de</strong> cahiers publiés jusqu'ici par la Commission <strong>de</strong>s docum<strong>en</strong>ta<br />
économiques <strong>de</strong> la Révolution, que j'ai consultés, ne donn<strong>en</strong>t à peu<br />
près riP.n sur la question <strong>de</strong>s communaux. Sur ces recueils. vov. M. Marion,<br />
li<strong>en</strong>. d'hist. mail. et cont<strong>en</strong>tp., 1907-08, L IX, p. 372-315, P. Caron, A [r<strong>en</strong>d<br />
co-operatice historical <strong>en</strong>terprise, dans I'American historicat tleeiew, 1905.<br />
t, XII[, n° 3.<br />
(2) M. Marin, Mat <strong>de</strong>s classes rurales au xs'ux° siècle dans la généralité<br />
<strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux. Eu,'. <strong>de</strong> ta lier, <strong>de</strong>s M. hislor., Pari?, 1902, in-8 0, p. 83 et n. 1.
-<br />
LES COMMUNAUX ET LA R1VOLUTIÔN FRANÇAISE. 711<br />
elles vont, par <strong>de</strong>s transitions l<strong>en</strong>tes et habiles, essuyer<br />
d'achever ce travail <strong>en</strong> réalisant, au nom <strong>de</strong> la justice, le programme<br />
do plus <strong>en</strong> plus impérieusem<strong>en</strong>t formulé par les masses<br />
rurales (1).<br />
o<br />
o)<br />
Dans ces lois <strong>de</strong> la Révolution concernant les bi<strong>en</strong>s communaux,<br />
il y a à considérer chronologiquem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>ux groupes<br />
celles qui réalis<strong>en</strong>t les voeux <strong>de</strong>s paysans, etcelles qui, pour <strong>de</strong>s<br />
raisons diverses, susp<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t ou modiri<strong>en</strong>t l'exécution <strong>de</strong>s premières.<br />
Les juristes ont l'habitu<strong>de</strong> d'étudier les textes plutôt<br />
sous leur aspect abstrait que dans leur développem<strong>en</strong>t historique.<br />
Je voudrais ici faire l'inverse, me cont<strong>en</strong>tant <strong>de</strong> résumer<br />
dans ma conclusion l'<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s effets juridiques causés<br />
par les lois du premier groupe.<br />
On a montré récemm<strong>en</strong>t <strong>de</strong> quelle façon, dans tous les domaines<br />
du droit, les principes démocratiques s'étai<strong>en</strong>t progressivem<strong>en</strong>t<br />
développés sous les assemblées révolutionnaires, la<br />
Constituante, la Législative et la Conv<strong>en</strong>tion avant le 9 thermidor<br />
(2). Cette thèse est vraie <strong>en</strong> ce qui touche la question<br />
<strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux. C'est avec prud<strong>en</strong>ce, dans <strong>de</strong>s s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts,<br />
on peut dire, <strong>de</strong> conservation sociale, que la Constituante<br />
l'aborda. Un décret du Il décembre 179, sanctionné le<br />
mème mois, déf<strong>en</strong>dait, par son article 2, s à toutes communatités<br />
d'habitants, sous prétexte <strong>de</strong> propriété, d'usurpation et <strong>de</strong><br />
tout autre quelconque, <strong>de</strong> se mettre <strong>en</strong> possession par voie <strong>de</strong><br />
fait d'aucun <strong>de</strong>s bois, pâturages, terres vagues et vaines dont<br />
elles n'aurai<strong>en</strong>t point eu la possession réelle au 4 août <strong>de</strong>rnier,<br />
sauf auxdites communautés à se pourvoir par les voies <strong>de</strong><br />
droit contre les usurpations dont elles croirai<strong>en</strong>t avoir droit <strong>de</strong><br />
se plaindre (3) o. La Constituante voulait ainsi s'opposer aux<br />
mainmises brutales que comm<strong>en</strong>çai<strong>en</strong>t d'opérer, <strong>en</strong> divers lieux<br />
(1) Sur les conquêtes progressives du prolétariat campagnard, <strong>en</strong> gcnral.<br />
vov. la vivante brochure d'A. Mathiez, La question sociale p<strong>en</strong>dant la Révolution<br />
française, l'aria, 4905, in-181, p. 19-22.<br />
(2) Esmein, Précis élém. <strong>de</strong> l!ist. du droit francais (1789-181 1', Park,<br />
1908, in-8 0, pp. 217 sqq.<br />
(3) Collection générale <strong>de</strong>s décrets, mai-décembre 1789, p. 189.
7 12 LES Ci MMENA Lx ET LA 1LV(IT)N FRANAISL.<br />
<strong>de</strong> la France, les paysans soulevés contre les châteaux I<br />
mais <strong>en</strong> rappelant le 4 août, la nuit fameuse où les droits seigneuriaux<br />
avai<strong>en</strong>t été abandonnés par la noblesse elle-même,<br />
elle ne préjugeait ri<strong>en</strong> contre le triage. Merlin, dans un rapport<br />
pour le Comité <strong>de</strong>s droits féodaux, déposé le lévrier 1790,<br />
conclutàl'abolition du triageç), et c'est dans ce s<strong>en</strong>s que conclut<br />
égalem<strong>en</strong>t l'Assemblée. par le titre li du décret du 15 mars 1790,<br />
sanctionné le 98, sur les droits féodaux (3). L'article 30 supprimait<br />
le triage pour l'av<strong>en</strong>ir; l'article 31 portait : Tous édits,<br />
déclarations, arrêts du conseil et lettres-pat<strong>en</strong>tes r<strong>en</strong>dus dopuis<br />
tr<strong>en</strong>te ans, tant à l'égard <strong>de</strong> la Flandre et <strong>de</strong> l'Artois (I)<br />
qu'à l'égard <strong>de</strong> toutes les autres provinces du royaume qui ont<br />
autorisé le triage hors <strong>de</strong>s cas permis par l'ordonnance <strong>de</strong><br />
1669 (5), <strong>de</strong>meuri'ront à cet égard comme non av<strong>en</strong>us, et tous<br />
les jugem<strong>en</strong>ts r<strong>en</strong>dus et actes faits <strong>en</strong> conséqu<strong>en</strong>ce sont révoqués.<br />
Et pour r<strong>en</strong>trer <strong>en</strong> possession <strong>de</strong>s portions <strong>de</strong> leurs bi<strong>en</strong>s<br />
communaux, dont elles ont été privées par l'effet <strong>de</strong>sdits édits,<br />
déclarations, arrêts et lettres-pat<strong>en</strong>tes, les communautés seront<br />
t<strong>en</strong>ues <strong>de</strong> se pourvoir, dans l'espace <strong>de</strong> cinq ans, par <strong>de</strong>vant<br />
les tribunaux, sans pouvoir prét<strong>en</strong>dre aucune restitution<br />
(105 fruits perçus; sauf à les faire <strong>en</strong>trer <strong>en</strong> comp<strong>en</strong>sation, dans<br />
le cas où il y aurait lieu à <strong>de</strong>s in<strong>de</strong>mnités pour cause d'imp<strong>en</strong>ses<br />
». L'article 32 <strong>en</strong>lin supprimait le droit <strong>de</strong> tiers-d<strong>en</strong>ier, dénoncé<br />
le 5 mars par l'abbé Grégoire à l'Assemblée (6), et qui<br />
était une forme <strong>de</strong> triage spécial à la Lorraine, consistant <strong>en</strong><br />
un droit <strong>de</strong> mutation perçu par les seigneurs sur les v<strong>en</strong>tes <strong>de</strong><br />
bois communaux ou usagers (7. La Constituante comm<strong>en</strong>çait<br />
donc, par ce décret, à <strong>en</strong>trer dans les vues <strong>de</strong>s paysans ; mais<br />
(t) C'est là une <strong>de</strong>s modalités <strong>de</strong> Lo anarchie spontanée o sur laquelle Il.<br />
Taine s insisté La Ilrol., t. J, sans <strong>en</strong> saisir les causes profon<strong>de</strong>s. Cf. Aulard,<br />
Taies histori<strong>en</strong>, Paris, 1908, in-180.<br />
(2) Arch. nat., ADX VILlA.<br />
(3) Coli. gn. <strong>de</strong>s décrsh, janvier-mai 1790, pp. 193494.<br />
(4) Voy. p. 101-703.<br />
(Si Vos'. p 605.<br />
(6] Mémoire sur tes droits <strong>de</strong> tiers-d<strong>en</strong>ier <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux et <strong>de</strong> troupeaux<br />
ii part usités dans la Lorraine, le Barrois et le Clermontois, B. I. n.<br />
in-8' (Arch. nat., ADXVLIIo).<br />
(1) Jspiot, op. cil., pp. 46-51. Joindre les textes signalds dans sa bibliographie<br />
par Ch. Éti<strong>en</strong>ne, Introduction aux Cahiers du bailliage <strong>de</strong> Vie, t. I,<br />
Nancy, 1905, in-8 0, p. xxx.
LES COMMUNAUX ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE. 713<br />
elle y <strong>en</strong>trait avec prud<strong>en</strong>ce, puisqu'elle repoussait la rétroactivité<br />
qu'avait <strong>de</strong>mandée Robespierre à la séance du 4 mars,<br />
proposant d'abolir les triages effectués <strong>de</strong>puis 1669 (1), et puisqu'elle<br />
laissait <strong>en</strong> susp<strong>en</strong>s la question connexe <strong>de</strong> la propriété<br />
<strong>de</strong>s terres vaines et vagues. En effet, un décret interprétatif<br />
du 15 mai 1790, sanctionné le i6, exposait qu'<strong>en</strong> supprimant<br />
le droit <strong>de</strong> triage, l'Assemblée n'avait « <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du ri<strong>en</strong><br />
préjuger sur la propriété <strong>de</strong>s bois, pâturages, marais vacants,<br />
terres vaineset vagues, ni attribuer sur ces bi<strong>en</strong>s aucun nouveau<br />
droit aux communautés d'habitants, ni aux particuliers qui les<br />
compos<strong>en</strong>t n (2. Ce décret, qui visait spécialem<strong>en</strong>t la Bretagne,<br />
mais pouvait s'appliquer à toute la France, <strong>de</strong>vait être lu<br />
avec les précéd<strong>en</strong>ts par les curés à leurs prônes; il avait pour<br />
but, dans l'esprit <strong>de</strong>s Constituants, <strong>de</strong> s'opposer aux usurpations<br />
effectuées ou immin<strong>en</strong>tes <strong>de</strong>s communes ou <strong>de</strong>s particuliers<br />
sur les terres sans maître, non rev<strong>en</strong>diquées par les seigneurs,<br />
et dont il y avait lieu Je se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si elles ne constituai<strong>en</strong>t<br />
pas une partie du domaine privé <strong>de</strong> la nation; les<br />
paysans, <strong>en</strong> groupe ou individuellem<strong>en</strong>t, résolvai<strong>en</strong>t cep<strong>en</strong>dant<br />
la question à leur profit, et, sans se soucier <strong>de</strong>s distinctions<br />
juridiques, ils comm<strong>en</strong>çai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> <strong>de</strong> nombreux <strong>en</strong>droits à utiliser<br />
<strong>de</strong> la même façon bi<strong>en</strong>s communaux et terres vagues (3).<br />
Au Comité d'agriculture <strong>de</strong> la Constituante, <strong>en</strong> effet, arriv<strong>en</strong>t,<br />
<strong>de</strong> tous 1,'s côtés <strong>de</strong> la France, <strong>de</strong>s pétitions qui <strong>de</strong>mand<strong>en</strong>t<br />
le partage <strong>de</strong>s communaux (1); <strong>en</strong> Lorraine et <strong>en</strong> Alsace,<br />
la question soulève <strong>de</strong>s controverses, <strong>en</strong> raison <strong>de</strong>s modalités<br />
particulières du droit qu'on y suit (5): dans les régions montagneuses,<br />
on repousse le partage, et l'on <strong>de</strong>man<strong>de</strong> même <strong>de</strong><br />
(t) Archives parlem<strong>en</strong>taires, t. XII, p. 16.<br />
(2) Coli. gén. <strong>de</strong>s décrets, janvier-mai 1790, pp. 391-396.<br />
(3) La meilleure définition <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers termes est donnée par Japiot,<br />
op. cil., pp. 83-96.<br />
(4) F. Gerbaux et Ch. Schmidt. Procès-verbaux du Comité d'agriculture.<br />
Constituante, t. I, Paris, 1906, in-8 0, pp. 160, 453, 307, 415, 698, 134, 268,<br />
151, 497, 222, 303, 159, 241, 259, 303, 392,481, 269. 171, 364, 603, 713, 485,<br />
518, 589, 749, 750. Cf. A. Demangeon, Les recherches géographiques dans les<br />
Archives, dans les Annales <strong>de</strong> géographie, 1907, L. XVI, pp. 193-203 ; L.<br />
Febvre, dans la Revue <strong>de</strong> Synthèse historique, 1907, pp. 353-362.<br />
(5) Cf. G. Lefebvre, dans les Annales <strong>de</strong> LEst et du Nord, 1907, t. III. p' 412-<br />
13.
714 LES COMMUNAUX ET 1.A RÉVOLUTION FRANÇAISE.<br />
protéger les communaux contre la dépaissance abusive (1) ; on<br />
voit surtout apparaître le conflit <strong>en</strong>tre manouvriers et laboureurs,<br />
les premiers partisans à la fois du partage <strong>de</strong>s communaux<br />
et du parcours, - ce <strong>de</strong>rnier maint<strong>en</strong>u <strong>de</strong> façon â éviter ta<br />
gêne que pourrait causer aux éleveurs la suppression <strong>de</strong>s communaux,<br />
- les laboureurs au contraire hostiles â ces procédés<br />
qui détérioreront leurs terres et limiteront l'importance <strong>de</strong> leurs<br />
troupeaux ). Mais la niasse rurale veut<strong>de</strong>s terres arables, nécessaires<br />
à sa subsistance, nécessaires aussi à son désir immédiat<br />
<strong>de</strong> propriété privée etexclusive,etl'on peutcroireque les pétitions<br />
qui parvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t au Comité d'agriculture exprim<strong>en</strong>t exceptionnellem<strong>en</strong>t<br />
<strong>de</strong>s <strong>de</strong>sseins qui se sont réalisés <strong>en</strong> bi<strong>en</strong> plus grand<br />
nombre, contre les décrets mêmes <strong>de</strong> la Constituante, et qui se<br />
réaliseront <strong>de</strong> plus <strong>en</strong> plus, créant ainsi peu à peu le droit révolutionnaire<br />
(3). Le mouvem<strong>en</strong>t est si fort que, le 4 mai<br />
1790, Cretté <strong>de</strong> Palluel propose àla Constituante <strong>de</strong> décréter<br />
le partage <strong>de</strong>s communaux par feu et <strong>en</strong> viager (4) ; c'est trop<br />
tèt<strong>en</strong>core, et l'Assembléesecont<strong>en</strong>te d'ordonner une <strong>en</strong>quête qui<br />
permette <strong>de</strong> pr<strong>en</strong>dre <strong>de</strong>s résolutions <strong>en</strong> connaissance <strong>de</strong> cause.<br />
Dans son « Instruction sur les assemblées administratives »,<br />
du 12) août 1790, elle s'exprime <strong>en</strong> effet <strong>de</strong> la façon suivante<br />
L'extrême imperfection du régime actuel <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s commitnatix<br />
esi reconnue et dénoncée <strong>de</strong>puis longtemps. Les administrations<br />
proposeront <strong>de</strong>s lois sur cette espèce <strong>de</strong> propriétés publiques,<br />
sur son meilleur emploi, et la manière la plus équitatable<br />
<strong>de</strong> les partager, <strong>de</strong> les v<strong>en</strong>dre ou <strong>de</strong> les affermer' (5)<br />
1:1) F. Gerbaux et Ch. Schmidt, op. cil., t. I, pp. 389, 448, 449, 452.<br />
:2:' Id., ibid., pp. 210, 238, 239, 349, 389, 391, 499, 516, 615, 736; - 351,<br />
20-21, 352, 378, 416, 434, 483, 706, 540, 715, 292, 351, 404, 447, 409, 421,<br />
442, 481, 483, 487 1 504, 520, 523, 556, 512, 623.<br />
3 : Un exemple <strong>de</strong> partage, avec organisation <strong>de</strong> eervitu<strong>de</strong>s <strong>en</strong> particulier<br />
<strong>de</strong> parcours est donné â Saint-Germaiu-l-Lure, â la date du 4 septembrit<br />
1790, par A. Mathiez, dace la ftev. d'hiet. me,!. €1 cont., 1899-1900, L. I,<br />
pp. 50, 53; un autre pour Ilaudiornoni, (M<strong>en</strong>se), k ta date du 27 mars 1791,<br />
PHI- L. I. v-chnejJer, dans la !l,vol. f;'ancaise, 14 octobre 1907. P2. 372-<br />
374; un autre pour l'Ariège, eu 1790, dans E. B., Choses d'autrefois, Le<br />
partage du communal appelé. La Ioul5o,ine , Pamiers, 1908, in-80.<br />
(4)En fainant hommage <strong>de</strong> son ouvrage sus-indiqué. (Procès-verbaux iinpr.,<br />
p. 7). Cr. Japiot, op. ci!., pp. 143-150, avec une erreur <strong>de</strong> date.<br />
(5) Col!. gin. <strong>de</strong>s décrets, aoùt 1190, p. 138. Cf. G. Hourgin, Recueil ilec
LES COMMUNAUX ET LA R1VOLUT10N FRANÇAISE. 715<br />
par là, elle inaugure une métho<strong>de</strong> où il ne faut pas voir qu'un<br />
atermoiem<strong>en</strong>t, et qui sera suivie par la Législative. Seulem<strong>en</strong>t,<br />
ni la Constituante, ni la Législative ne vir<strong>en</strong>t que cette métho<strong>de</strong>,<br />
pour valoir quelque chose, comportait l'établissem<strong>en</strong>t d'une<br />
statistique <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux.<br />
A dire vrai, cette statistique était bi<strong>en</strong> difficile à constituer.<br />
Les financiers, les économistes <strong>de</strong> la Révolution ont compris<br />
toute l'importance d'un cadastre pour l'organisation d'un régime<br />
fiscal juste et régulier, mais ils ont dû vivre, à bi<strong>en</strong> <strong>de</strong>s<br />
égards, au jour le jour, et c'est seulem<strong>en</strong>t sous le Directoire<br />
qu'on établira <strong>de</strong>s règles précises pour la confection <strong>de</strong>s rôles<br />
<strong>de</strong> contribution foncière, sous l'Empire qu'on amorcera le catlastre<br />
du sol français (I). Jusque-lé, on a dû se cont<strong>en</strong>ter <strong>de</strong>s<br />
données incertaines colligées par les administrateurs <strong>de</strong> L'anci<strong>en</strong><br />
régime, incapables, par la force <strong>de</strong>s choses ou plutôt par<br />
la faiblesse <strong>de</strong>s institutions, <strong>de</strong> ne fournir ri<strong>en</strong> d'autre que<br />
<strong>de</strong>s impressions fragm<strong>en</strong>taires et subjectives () ét<strong>en</strong>due du<br />
sol cultivé, population rurale, proportion <strong>en</strong>tre les propriétés<br />
<strong>de</strong>s paysans, celles <strong>de</strong>s bourgeois et celles <strong>de</strong>s privilégiés, importance<br />
<strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux ou <strong>de</strong>s terres vaines, autant<br />
d'inconnues <strong>numérique</strong>s à la fin du xviii 0 siècle (3). Pour les<br />
communaux, Turgot les estimait <strong>de</strong> i t Smillions d'arp<strong>en</strong>ts(4)<br />
principaux lexies législatifs et aimiuistratifs sur l'économie rurale, dans le<br />
fInit, <strong>de</strong> la comm, <strong>de</strong>s doc. écus, <strong>de</strong> la t<strong>en</strong>d., t907.<br />
1) Cf. L. Schinit, dans la Gran<strong>de</strong> <strong>en</strong>cyclopédie, t. VIII, p. 678-683. C'est<br />
<strong>en</strong> 1808 que le cadastre fut comm<strong>en</strong>cé, conformém<strong>en</strong>t aux principes posés<br />
par une instruction du 2 pluviôse an IX.<br />
(2) La Commission <strong>de</strong>s arts et manufactures du gouvernem<strong>en</strong>t révolutionnaire<br />
s bi<strong>en</strong> essayé <strong>de</strong> recaeiltir <strong>de</strong>s données statistiques précisec, ainsi<br />
qu'il ressort <strong>de</strong> mon Recueil, cité â la n. 5, p. 714; mais la véritable statistique<br />
ne comm<strong>en</strong>ce que sous le ministère <strong>de</strong> François <strong>de</strong> Neufchâteau et avec J.<br />
Peuchet, par son Essai dune statistique générale <strong>de</strong> la France (Paris, an IX,<br />
in-8 5), qui donne d'ailleurs un historique intéressant. Cf. F. Faure, Elém<strong>en</strong>te<br />
<strong>de</strong> statislique, Paris, 1907, in-I8.<br />
C'est ainsi que les chiffres donnés par Lavoisier (!lésuttats extraits d'un<br />
ouvrage intitulé De la richesse territoriale du royaume <strong>de</strong> France, réimprimé<br />
dans la Colt. écon. <strong>de</strong> Guillaumin, t. X1V p. 581 sqq.(, et utilisés par<br />
le Comité <strong>de</strong>s finances <strong>de</strong> la Constituante sont fort sujets ii caution. Ce n'est<br />
que provisoirem<strong>en</strong>t, et â défaut d'une <strong>en</strong>quôle cadastrale, fort longue à<br />
constituer, l'expéri<strong>en</strong>ce l'a prouvé, qu'on pouvait les utiliser,<br />
(4) Ces chiffres, dont je n'ai pas retrouvé la snurce, sont emplo yés par Ave-
716 LES COMMUNAUX ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.<br />
d'Essuiles donnait <strong>de</strong>s approximations pour différ<strong>en</strong>tes régions<br />
<strong>de</strong> la Franco 120.000 arp<strong>en</strong>ts dans la généralité <strong>de</strong> Soissons,<br />
150.000 au moins dans celle <strong>de</strong> Paris, pas moins sans doute <strong>en</strong><br />
Bourgogne, Champagne, Alsace, Lorraine, Franche-Comté,<br />
Normandie, Bretagne et Auvergne, etc. I 1'. En fait, les Constituants<br />
ne savai<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong> <strong>de</strong> précis sur l'ét<strong>en</strong>due et la répartition<br />
<strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux et <strong>de</strong>s terres vaines, et ils pouvai<strong>en</strong>t<br />
d'autant moins le savoir, que ce n'est qu'au milieu du XIX 0 siècle<br />
qu'on a eu <strong>de</strong>s chiffres, difficilem<strong>en</strong>t repérés, et offrant<br />
d'ailleurs, dans les statistiques successivem<strong>en</strong>t élaborées, <strong>de</strong>s<br />
contradictions et <strong>de</strong>s obscurités inintelligibles (2); cette considération<br />
interdit <strong>de</strong> juger avec rigueur les hommes <strong>de</strong> la Révolution,<br />
qui ont essayé <strong>de</strong> résoudre par la justice et par la raison<br />
un problème dont il leur était déf<strong>en</strong>du d'avoir toutes les données.<br />
Loin d'ailleurs <strong>de</strong> se lancer é l'aveuglette dans l'inconnu,guidés<br />
par <strong>de</strong>s préjugés métaphysiques, les Constituants continuai<strong>en</strong>t,<br />
<strong>en</strong> att<strong>en</strong>dant les résultats <strong>de</strong> l'<strong>en</strong>quète <strong>de</strong>mandée aux conseils<br />
généraux, d'avancer avec prud<strong>en</strong>ce au milieu <strong>de</strong>s droits et <strong>de</strong>s<br />
une, député é la Législative, et Fabre <strong>de</strong> l'Hérault, député à la Conv<strong>en</strong>tion,<br />
dans <strong>de</strong>s rapports sur lesquels j'aura[ 4i rev<strong>en</strong>ir. Vov. G. l3ourgin, Le partage<br />
<strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux, P. 3.9, n. I, et P. 663.<br />
(l) Traité polit. et Icos. les communes, p- 49-53.<br />
(Ii La Révolution n'a eu <strong>de</strong> chiffres précis, sans qu'on sache s'ils sont<br />
exacts, qu'<strong>en</strong> ce qui concerne les bois communaux,évalus, d'après un tableau<br />
imprimé <strong>en</strong> l'an IV è la suite du rapport d'Isoré sur l'administration forestière,<br />
à 2.004.272 arp<strong>en</strong>ts. Sur les statistiques <strong>de</strong>s communaux, dont les èkn<strong>en</strong>ts<br />
comm<strong>en</strong>cèr<strong>en</strong>t à être recueillis <strong>en</strong> 1835, voy. t. <strong>de</strong> Cris<strong>en</strong>oy, Statistique<br />
<strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux, dans la lier. gn. sladmia, 1887. t. XXVII, p 257;<br />
Oraffin, op. cil., tableaux à la fin <strong>de</strong> son ouvrage; Cleray, op. cil., p. 184-<br />
198. Avant 1835, ou ne sait donc ri<strong>en</strong> <strong>de</strong> précis, à l'exception <strong>de</strong>s départe<br />
m<strong>en</strong>ts pour lesquels tes statistiques préfectorales du Consulat et <strong>de</strong> l'Empire<br />
fourniss<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s chiffres; postérieurem<strong>en</strong>t é 0871, date <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière statistique<br />
utilisée par Cris<strong>en</strong>oy, on n'a plus que les chiffres globaux <strong>de</strong>s <strong>en</strong>quêtes<br />
agricoles déc<strong>en</strong>nales, qui ne permett<strong>en</strong>t pas <strong>de</strong> suivre la transformation <strong>de</strong>s<br />
communaux par départem<strong>en</strong>t (Mercier-Val<strong>en</strong>ton, Les bi<strong>en</strong>s communaux, leur<br />
utilisalion sociale, thèse, Paris, 1903, in-S°, p. 10). Sur l'état <strong>de</strong>s communaux<br />
<strong>en</strong> 1859, voy. J. Ferrand, Lie la propriété communale <strong>en</strong> France et <strong>de</strong> sis<br />
mise <strong>en</strong> valeur, Paris, 1859, in-8 1, p. 77-84. Pour la Meuse, P Schmitt estime<br />
à 4.000 hectares les communaux du district <strong>de</strong> Bar-le-Duc, où un tiers<br />
<strong>de</strong>s villages n'<strong>en</strong> possèd<strong>en</strong>t pas (La r'part. tic la propm'iué <strong>en</strong> 1789..., dans<br />
les Annales <strong>de</strong> l'Est et du fiord, avril 1908, p. 247.
LES COMMUNAUX ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE. 717<br />
appétits adverses. Le triage seigneurial avait été aboli ; restait<br />
â savoir dans quelle mesure pouvait persister l'action <strong>en</strong> cantonnem<strong>en</strong>t<br />
réservée au propriétaire désireux do soustraire, <strong>en</strong><br />
le bornant, une partie <strong>de</strong> son bi<strong>en</strong> soumis au droit d'usage.<br />
letteespêce <strong>de</strong> triage non féodal fut respectée par le décret du<br />
19 septembre 1790, sanctionné le 127, sur le paiem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s<br />
poursuites criminelles et les successions <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s ci-<strong>de</strong>vant<br />
féodaux et c<strong>en</strong>suels (1). L'article 8 disaiL <strong>en</strong> effet « Il n'est<br />
nullem<strong>en</strong>t préjudicié, par l'abolition du triage, aux actions <strong>en</strong><br />
cantonnem<strong>en</strong>t, <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s propriétaires, contre les usagers<br />
<strong>de</strong> bois, prés, marais et terrains vains ou vagues, lesquelles<br />
continueront d'être exercées comme ci-<strong>de</strong>vant dans les cas <strong>de</strong><br />
droit, et seront portées aux tribunaux <strong>de</strong> district, sauf à se<br />
conformer pour les ci-<strong>de</strong>vant provinces <strong>de</strong> Lorraine, <strong>de</strong>s Troislvêchés<br />
et du Clermontois à l'urLicle 3 du titre Il du décret du<br />
15 mars <strong>de</strong>rnier «; mais la revision <strong>de</strong>s arrêts surv<strong>en</strong>us était<br />
autorisée, sous certaines conditions, par l'article 9, portant<br />
a Pourront néanmoins être revisés et réformés, s'il y a lieu,<br />
par les tribunaux <strong>de</strong> district (et â la charge <strong>de</strong> l'appel ainsi<br />
que <strong>de</strong> droit), les cantonnem<strong>en</strong>ts prononcés <strong>de</strong>puis moins du<br />
30 ans par arrêts du conseil, sans qu'au préalable le fond <strong>de</strong>s<br />
droits <strong>de</strong> propriété ou d'usage eêt été conv<strong>en</strong>u, ou, <strong>en</strong> cas <strong>de</strong><br />
contestation, jugé par les tribunaux ordinaires, <strong>en</strong>semble tous<br />
les arrêts du conseil qui, sans prononcer <strong>de</strong> cantonnem<strong>en</strong>ts,<br />
ont statué <strong>en</strong> première instance, <strong>de</strong>puis la même époque, sur<br />
<strong>de</strong>s questions <strong>de</strong> propriété ou <strong>de</strong> droits fonciers <strong>en</strong>tre <strong>de</strong>s seigneurs<br />
ou <strong>de</strong>s communautés d'habitants; auquel effet les parties<br />
intéressées se pourvoiront dans l'espace <strong>de</strong> temps et <strong>de</strong> la<br />
manière indiqués par l'article 31 du titre Il du décret ci-<strong>de</strong>ssus<br />
(e), sans pouvoir prét<strong>en</strong>dre aucun coniple <strong>de</strong>s fruits perçus<br />
hors du cas déterminé par le même article «; <strong>de</strong> la revision<br />
seuls étai<strong>en</strong>t exceptés, par l'article 10, les simples arrêts d'homologation<br />
du conseil.<br />
Puis, le 22 novembre 1790, pour obvier à l'inexécution du<br />
décret du 15 mai 1790, qui protégeait contre l'avidité <strong>de</strong>s<br />
paysans la possession <strong>de</strong>s défricheurs, l'Assemblée insérait<br />
(1 Coli. gn. <strong>de</strong>s <strong>de</strong>cres, septembre 1790, P. 112-113.<br />
(2)Voy. p. 12.
_!W<br />
Î 1 LES COMMUNAUX ET LA RVOLUTI0N FRANÇAISE.<br />
dans son grand décret sur la législation domaniale, sanctionné<br />
le 1 1" décembre, un article plus précis et plus général, où il<br />
était dit « Les aliénations faites jusqu'à ce jour par contrat<br />
d'inféodation, baux à c<strong>en</strong>s ou a r<strong>en</strong>te <strong>de</strong>s terres vaines et<br />
vagues, lan<strong>de</strong>s, bruyères, pains, marais et terrains <strong>en</strong> friche,<br />
autres que ceux situés dans les forêts ou à 100 perches d'icelles,<br />
sont conrirmées et <strong>de</strong>meur<strong>en</strong>t irrévocables par le prés<strong>en</strong>t<br />
décret, pourvu qu'elles ai<strong>en</strong>t été faites sans dol ni frau<strong>de</strong> et<br />
dans les formes prescrites par le règlem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> usage au jour<br />
<strong>de</strong> leur date a (1). Cet article s'appliquait aux terres vaines,<br />
<strong>en</strong>core sans attribution; aux bi<strong>en</strong>s communaux s'appliquèr<strong>en</strong>t<br />
spécialem<strong>en</strong>t le décret et l'instruction sur la contribution foncière,<br />
du 23 novembre 1790, sanctionnés le jer décembre 1790,<br />
qui, établissant un impôt <strong>de</strong> 3 d<strong>en</strong>iers par arp<strong>en</strong>t sur ces<br />
bi<strong>en</strong>s (2), semblai<strong>en</strong>t, par voie <strong>de</strong> conséqu<strong>en</strong>ce, déterminer le<br />
statut <strong>de</strong> ces bi<strong>en</strong>s, reconnaître à la fois leur peu <strong>de</strong> productivité<br />
et leur caractère <strong>de</strong> propriété collective.<br />
Si la Constituante déf<strong>en</strong>d les bi<strong>en</strong>s communaux et les terres<br />
vaines contre l'avidité <strong>de</strong>s paysans, elle les déf<strong>en</strong>d aussi contre<br />
la rapacité <strong>de</strong>s seigneurs, et le décret du 13 avril 1791, le <strong>de</strong>rnier<br />
qu'elle ait pris à ce sujet, est à cet égard caractéristique<br />
<strong>de</strong> l'int<strong>en</strong>tion qu'avai<strong>en</strong>t ses membres d'équilibrer, <strong>de</strong> v<strong>en</strong>tiler<br />
les rev<strong>en</strong>dications <strong>de</strong>s uns et <strong>de</strong>s autres. Dans le titre I <strong>de</strong><br />
ce décret, consacré à l'abolition <strong>de</strong>s droits seigneuriaux, sept<br />
articlesexprim<strong>en</strong>t cette int<strong>en</strong>tion (3). L'article 7 supprime le droit<br />
<strong>de</strong>s seigneurs s <strong>de</strong> s'approprier les terres vaines et vagues, ou gastes,<br />
lan<strong>de</strong>s,bi<strong>en</strong>s hermes ou vacants, garrigues, stegards ou vareschaix<br />
», à compter du 4 août 1789; mais les seigneurs gar<strong>de</strong>ront<br />
les bi<strong>en</strong>s <strong>de</strong> cette catégorie occupés avantcette date,alorsqn'ils les<br />
auront soit inféodés, acc<strong>en</strong>sés ou arr<strong>en</strong>tés, soit clos <strong>de</strong> murs, <strong>de</strong><br />
haies ou fossés, cultivés ou fait cultiver, plantés ou fait planter,<br />
soit mis à profit <strong>de</strong> toute antre manière, pourvu qu'elle ait été<br />
exclusive et a titre <strong>de</strong> propriété; ou à l'égard <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s abandonnés<br />
par les anci<strong>en</strong>s propriétaires, lorsqu'ils auront fait les<br />
publications et rempli les formalités requises par les coutumes<br />
t Art. 31. - Cou. gda. <strong>de</strong>s décrets, novembre 1790, p. 133.<br />
2) Art. 4. - Col!. gte. <strong>de</strong>s décrets, novembre t790, p . 477.<br />
(3) Colt. gén. <strong>de</strong>s décrets, avril 4794, p. 95-97.
LES COMMUNAUX ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE. 719<br />
pour la prise <strong>de</strong> possession <strong>de</strong> ces sortes <strong>de</strong> bi<strong>en</strong>s o (art. 8-9.<br />
La position <strong>de</strong>s communautés est moins bonne, car oit réserve<br />
bi<strong>en</strong> leurs droits <strong>de</strong> propriété et d'usage, avec les actions <strong>en</strong><br />
dép<strong>en</strong>dant, mais l'assemblée s'<strong>en</strong> remet à ses comités <strong>de</strong> constitution,<br />
<strong>de</strong>s domaines et d'agriculture <strong>de</strong> définir le système<br />
<strong>de</strong> preuves à apporter par les communautés (art. 10); elle est<br />
moins bonne même, semble-1-il, que sous l'anci<strong>en</strong> régime, où<br />
la preuve n'était pas â leur charge (I). Ce n'est pas tout : on<br />
réserve tous les droits pouvant appart<strong>en</strong>ir ii <strong>de</strong>s seigneurs <strong>en</strong><br />
vertu <strong>de</strong> titres indép<strong>en</strong>dants <strong>de</strong> la justice seigneuriale, et à tous<br />
autres particuliers (art. Il ; on réserve la propriété <strong>de</strong>s arbres<br />
plantés quarante ans avant la publication <strong>de</strong>s décrets du -If août<br />
1784J ( e), dans <strong>de</strong>s marais, prés ou autres bi<strong>en</strong>s appart<strong>en</strong>ant à<br />
une communauté d'habitants, sauf le droit <strong>de</strong> rachat par la<br />
communauté, selon la forme du décret du 26 juillet, 1790 (3),<br />
et même à moins <strong>de</strong> quarante ans, lorsqu'il s'agira d'arbres<br />
plantés <strong>en</strong> remplacem<strong>en</strong>t d'autres que le seigneur justifiera<br />
avoir possédés par lui ou par ses auteurs (art. 12) ; sauf dans<br />
ce cas, les arbres apparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t è la communauté, mais sous<br />
condition <strong>de</strong> rembourser les frais <strong>de</strong> plantation (art. 13).<br />
Dans l'oeuvre législative <strong>de</strong> la Constituante, sur le sujet<br />
étroit qui nous reti<strong>en</strong>t, mais dont la signification petit être<br />
singulièrem<strong>en</strong>t élargie, il serait donc bi<strong>en</strong> difficiledu trouver<br />
<strong>de</strong>s traces <strong>de</strong> démagogie. Bi<strong>en</strong> at.i contraire, tandis que le mouvem<strong>en</strong>t<br />
rural s'acc<strong>en</strong>tue, taudis que partout les paysans s 'empar<strong>en</strong>t<br />
non seulem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux, niais (les terres<br />
vaines, qu'ils <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t oit le partage <strong>de</strong>s uns<br />
et <strong>de</strong>s autres, elle s'efforce <strong>de</strong> faire respecter les droits <strong>de</strong>s<br />
seigneurs, d'opposer aux rev<strong>en</strong>dications <strong>de</strong>s campagnards non<br />
pas seulem<strong>en</strong>t la légitimité <strong>de</strong>s contrats lointains, mais la<br />
prescription, protectrice <strong>de</strong>s possessions anci<strong>en</strong>nes (4g; elle se<br />
(1) Voy. p. 695.<br />
(2) Arrêté pour la suppression <strong>de</strong> plusieurs droits et privilèges (CoU, gén,<br />
<strong>de</strong>s décrets, mai-décembre 1789, P . 51-52). Cf. le décret sur la suppression du<br />
régime féodal, du il août 1189 (Ibid., p. 61-65),<br />
3( Décret concernant les droits <strong>de</strong> voirie et <strong>de</strong> plantation, d'arbre, sur<br />
les chemins publics (Collect. gén. <strong>de</strong>s décrets, juill. 1190, P. 147-150). Les<br />
articles<br />
concern<strong>en</strong>t le rachat possible <strong>de</strong> ces arbreu par les particuliers<br />
communauté,.<br />
4) Ce jugem<strong>en</strong>t sur la politique agraire <strong>de</strong> l'Assemblée constituante n'est<br />
IIF.\L'C HKI. - Trine XXXII.<br />
î 7
20 LES COMMUNAUX ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.<br />
place uniquem<strong>en</strong>t au point <strong>de</strong> vue juridique, dédaigne <strong>en</strong> partie<br />
le côté économique <strong>de</strong> la question, ne se préoccupant nullem<strong>en</strong>t<br />
d'utiliser, par le partage ou autrem<strong>en</strong>t, les bi<strong>en</strong>s attribués aux<br />
paysans ou aux seigneurs; elle fait ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t oeuvre <strong>de</strong><br />
paix, <strong>de</strong> conservation sociale (I). Mais par là, elle est condamnée<br />
par les paysans, qui chercheront dés lors à élire <strong>de</strong>s mandataires<br />
plus dociles(. Ainsi, lu démocratie ne nait pas <strong>de</strong>s<br />
assemblées pour <strong>de</strong>sc<strong>en</strong>dre sur le pays; elle sort du pays<br />
même, pour refluer dans les assemblées, elle s'impose aux<br />
législateurs qui n'auront plus qu'à la formuler ; ce sera l'oeuvre<br />
<strong>de</strong> la Législative et <strong>de</strong> la Conv<strong>en</strong>tion.<br />
o<br />
Go<br />
L'oeuvre <strong>de</strong> la Législative peut être appréciée au point do vue<br />
statisLique, démocratique, économique et juridique. Laissons<br />
ce <strong>de</strong>rnier point <strong>de</strong> s'tie pour un mom<strong>en</strong>t, et disons tout <strong>de</strong><br />
suite qu'elle a d'abord essayé <strong>de</strong> connaiLre dans toute sou<br />
ampleur la question <strong>de</strong> bi<strong>en</strong>s communaux, Bans toutefois arriver<br />
à <strong>de</strong>s précisions <strong>numérique</strong>s sur l'ét<strong>en</strong>due <strong>de</strong> ces bi<strong>en</strong>s;<br />
<strong>en</strong>suite qu'elle u, <strong>en</strong> hésitant, <strong>en</strong> se contredisant, obéi aux<br />
suggestions <strong>de</strong> la masse rurale; <strong>en</strong>fin qu'elle u amorcé le problème<br />
du partage <strong>de</strong>s communaux, que <strong>de</strong>vait résoudre la Con-<br />
pas partagé par A. \'ialay La v<strong>en</strong>te <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s nationaux p<strong>en</strong>dant la Révolution<br />
franQaise, Paris, 1908, in-8 e, p. 281-28), qui s illusionne même sur le<br />
s<strong>en</strong>s <strong>de</strong> la v<strong>en</strong>te <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s nationaux, considérée par beaucoup <strong>de</strong> Constituants<br />
ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t comme une mesure financière, propre à relever le<br />
crédit <strong>de</strong> l'État. Cf. A. Marion, La v<strong>en</strong>te <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s net,, Paris. 5908, in_SO.<br />
(t) Il faut noter que le Co<strong>de</strong> rural, volé par la Constituante le 28 septembre<br />
1191, ne conti<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong> sur les communaux; il n'y figure qu'une allusion<br />
a l'article 25 du titre II. Le Co<strong>de</strong> traite au conirahe <strong>en</strong> détail la ques-<br />
tion connexe du parcours et <strong>de</strong> la vaine p&ture.<br />
(2) Cette interprétation économique <strong>de</strong> l'histoire politique <strong>de</strong>vrait s'appuyer<br />
sur l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s élections k la Législative; pour cette etu<strong>de</strong>, les monographies<br />
locales manqu<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core. Elle repose toutefois sur plusieurs <strong>de</strong>s<br />
textes que j'ai donnés dans mon recueil sur Le partage <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux.<br />
Cf. p. 723. En tout cu, il ne fait aucun doute que les explications purem<strong>en</strong>t<br />
politiques <strong>de</strong> la Rév,,hilton sont insurlicantes. lhypothe que ,j'a-<br />
dupte jusqu'à preuve du c'' Ir ur s ,e'lsite ,srfa tn ' rI tà Vii -t rv su'<br />
<strong>de</strong>s asssmhI ' ss révoutiuunaIr.
LES COMMUNAUX ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE. 721<br />
v<strong>en</strong>tion. C'est ce qui résulte du Recueil <strong>de</strong> textes tout récemm<strong>en</strong>t<br />
publié sur la préparation <strong>de</strong> la loi du 10<br />
En ordonnant une <strong>en</strong>quête sur tes bi<strong>en</strong>s communaux, la Lé.<br />
gislativ<strong>en</strong>e faisait que repr<strong>en</strong>dre une idée <strong>de</strong> laConslituante(2;<br />
seulem<strong>en</strong>t, cette idée, elle la mit à exécution et <strong>en</strong> poursuivit<br />
la réalisation plus méthodiquem<strong>en</strong>t que n'avait fait l'assemblée<br />
précéd<strong>en</strong>te. Tout au moins, le Comité d'agriculture et <strong>de</strong><br />
commerce <strong>de</strong> la Législative, qui s'était mis, dès le 9 novembre<br />
1791, à l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la question <strong>de</strong>s communaux (3), p<strong>en</strong>sa qu'il<br />
serait bon, pour la régler <strong>en</strong> connaissance <strong>de</strong> cause, <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r<br />
l'avis <strong>de</strong>s conseils généraux <strong>de</strong>s départem<strong>en</strong>ts,'<br />
c'est dans ce s<strong>en</strong>s qu'à la fin <strong>de</strong> novembre 1791 fut rédgée ' i)<br />
une circulaire d'Auguste Broussonet 5), présid<strong>en</strong>t du Comité,<br />
aux directoires, dans le but <strong>de</strong> faire discuter le sujet par<br />
les conseils alors assemblés dans leur session ordinaire (6).<br />
Comme beaucoup <strong>de</strong>s réponses <strong>de</strong>s directoires n'étai<strong>en</strong>t pas<br />
parv<strong>en</strong>ues au mois <strong>de</strong> mars 1792, le nouveau présid<strong>en</strong>t du<br />
Comité, le cultivateur Aveline, crut (lavoir rev<strong>en</strong>ir à la charge,<br />
et, le 18 mars, sollicita <strong>de</strong>s directoires une réponse prochaine.<br />
Ces <strong>de</strong>ux circulaires <strong>de</strong> Broussonet et d'Aveline ne sont pas<br />
restées lettre morte, et le mouvem<strong>en</strong>t d'opinion qu'elles déterminèr<strong>en</strong>t<br />
est un témoignage <strong>de</strong> l'intérêt avec lequel les administrations<br />
départem<strong>en</strong>tales considérai<strong>en</strong>t le problème <strong>de</strong>s communaux<br />
(7) le Comité d'agriculture reçut <strong>en</strong> effet les réponses<br />
<strong>de</strong> 35 directoires (8 . , parfois très brèves, le plus souv<strong>en</strong>t au<br />
(1) Le partage <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux. Docum<strong>en</strong>ts sur la pr éparation <strong>de</strong> la<br />
loi du 10 juin 1793, publiés par Georges Bourgin (Collection <strong>de</strong> docum<strong>en</strong>ts<br />
inédits sur l'histoire économique <strong>de</strong> la llévoluUon française , Paris 1908,<br />
in-80. - Cf. le compte r<strong>en</strong>du par A. Aulard, dans la Révolution française,<br />
14 septembre 1908, p. 282-286.<br />
(2) Dans l'instruction aux assemblées administratives. - Vov. p. 714-715.<br />
(3) Gerbaux et Schmidt, op. cil., t. li, p. 48.<br />
(4) Séance du 23 novembre 1791 (Gerbaux et Schmidt, op. cil.. t. Ii.<br />
5 Sur Broussonet, voy. H. Déhérain, dans le Journal <strong>de</strong>s savants, sel.tmbre<br />
1908, p. 471-490.<br />
(6) G. Bourgin, op. cil., Introd., p. x-xi.<br />
(7) Id., ibid., p. xi.<br />
(8) Les docum<strong>en</strong>ts qui ont été produits à la suite 'te celte circulaire crI<br />
été publiés par Bourgin, op. cil., Ire partie; quelques-uns ont été cits par<br />
Gerbaux et Schmidt, op. cil., t. Il, passim. En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> ces auteurs, l'<strong>en</strong>-
722 LES COMMUNAUX ET LA R1VOIUT[ON FRANÇAISE.<br />
contraire circonstanciées: avis délibéré <strong>de</strong>s membres, mémoire<br />
développé <strong>de</strong> l'un d'eux, <strong>en</strong>quête auprès <strong>de</strong>s directoires <strong>de</strong><br />
district, délibérations <strong>de</strong>s conseils <strong>en</strong> 1790 ou <strong>en</strong> 1791, tels<br />
sont les divers aspects <strong>de</strong> ces réponses 1). Dans 13 autres départem<strong>en</strong>ts<br />
les conseils généraux délibérèr<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t sur la<br />
question introduite par les directoires, sans que, pour telle ou<br />
telle raison, le texte <strong>de</strong> leurs délibérations soit parv<strong>en</strong>u au Comité<br />
); <strong>en</strong>fin, dans sept départem<strong>en</strong>ts, les directoires fir<strong>en</strong>t<br />
auprès <strong>de</strong>s districts une <strong>en</strong>quête au second <strong>de</strong>gré, et dont les<br />
résultats, par incurie ou par timidité, ne fur<strong>en</strong>t pas adressés<br />
au Comité (3). Ainsi, les seuls départem<strong>en</strong>ts où la question ne<br />
semble pas avoir été introduite <strong>de</strong>vant les corps constitués ne<br />
sont qu'au nombre <strong>de</strong> dix-huit ( i ); mais dans ces départem<strong>en</strong>ts<br />
même, comme dans les antres, clos particuliers eur<strong>en</strong>t l'occasion<br />
<strong>de</strong> s'<strong>en</strong> préoccuper, parce que leurs intérêts privés y<br />
étai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>gagés, et, rédigeant pour la Législati v e ou ses comités<br />
<strong>de</strong>s pétitions et <strong>de</strong>s mémoires, ils collaborèr<strong>en</strong>t ainsi à<br />
l'<strong>en</strong>quête <strong>en</strong> cours; ils apportèr<strong>en</strong>t â celle-ci <strong>de</strong>s docum<strong>en</strong>ts<br />
quéte du Comité d'agriculture n'a été utilisée par personne, semble-t-il, a<br />
l'exception <strong>de</strong> Japiot, op. cit., p (SO, n. t, qui a retrouvé aux archives <strong>de</strong><br />
Meurthe-et-Moselle la minute <strong>de</strong> ta réponse du directoire <strong>de</strong> la Meurthe. Il<br />
faut <strong>de</strong> plus noter que les docum<strong>en</strong>ts législatils ont été intelligemm<strong>en</strong>t utilisés<br />
par J. Jaurès, Hist. socialiste, Parla, s. d., ln-8°, La Législative, p. 1087-<br />
1088, 1304, etc.<br />
(1' Allier, Hautes-Alpes, Ardèche, Ar<strong>de</strong>iines, Ariège, Aube, Cantal, Char<strong>en</strong>te,<br />
(ôte-l'Or, Creuse, Doubs, Drme, Gard, Haute-Garonne, Ocra, Hérault,<br />
Jura, Lan<strong>de</strong>s, Loiret, Lot, Maitie-t- Loire, Manche, Marne, May<strong>en</strong>ne,<br />
Meurthe, Meuse, Morbihan, Nièvre, Oise,Orne, Pas-<strong>de</strong>-Calais, Puy-<strong>de</strong>-I)ôme,<br />
Basses-Pyrniies, Bas-Rhin, Haut-Rhin, Rhône-et-oire, Haute-Saône, Seine,<br />
seine-Infrieure, Somme, Var, Vierjn v , Haute-Vi<strong>en</strong>ne, Vouges, Yonne (docum<strong>en</strong>ts<br />
<strong>de</strong> la série Fis <strong>de</strong>s Archives <strong>nationale</strong>s).<br />
(2) Ain, Aveyron, Cher, Doube (complém<strong>en</strong>t), Eure, Finistère, Giron<strong>de</strong>,<br />
hIe-et-Vilaine, Isère, Loire-Inférieure. Loir-et-Cher, Lozère, Morbihan (com-<br />
F1C<br />
plém<strong>en</strong>t), Pyrénées-Ori<strong>en</strong>tales, Tarn (docum<strong>en</strong>ts <strong>de</strong>s séries III et<br />
AD XVl l hi SS <strong>de</strong>s Archives <strong>nationale</strong>s, L <strong>de</strong>s archives <strong>de</strong>partem<strong>en</strong>tales).<br />
l) Ain (complém<strong>en</strong>t), Calvados, Char<strong>en</strong>te-InfriCure, Corrèze, Côtes-du-<br />
Nord, Loire-Intérieure (complém<strong>en</strong>t)<br />
, bot-et-Garonne, Haute-Marne, Seineet-Oise<br />
(docum<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> la série L <strong>de</strong>s archives dépar ie m<strong>en</strong>tales, .<br />
4) Aisne, Basses-Alpes, Au<strong>de</strong>, Bouches-du-Rhône, Corse, Dordugne,<br />
Eure-et-Loir, Indre, Indre-et-Luire, Haute-Loire, Muselle, Nord, Hautes-<br />
Pyrénées, Saône-et-Loire, Sarthe, Seine-et-Marne, Deux-Sèvres. - Il n'y<br />
avait pas lieu <strong>de</strong> considérer les départem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong>s Alpes-Maritimes, Loire,<br />
Tarn-et-Garonne, Savoie, Haute-Savoie et Vaucluse, formés postérieurem<strong>en</strong>t.
LES COMMUNAUX ET LA RÉVOLUTION I'RACÀ1SE. 723<br />
d'un caractère peut-étre plus subjectif que les autres, mais qui<br />
exprim<strong>en</strong>t plus fidèlem<strong>en</strong>t et plus profondém<strong>en</strong>t les « voeux<br />
divers ou mémo contradictoires <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>tes classes <strong>de</strong><br />
cultivateurs sur le mainti<strong>en</strong>, le principe et les mo<strong>de</strong>s du partage<br />
<strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux (1) n. Telle fut la première <strong>en</strong>.<br />
quête officielle française sur les bi<strong>en</strong>s communaux (2).<br />
On compr<strong>en</strong>d, dès lors, le mécanisme législatif <strong>de</strong>s assemblées<br />
révolutionnaires qui dur<strong>en</strong>t, sur ce point comme sur<br />
bi<strong>en</strong> d'autres, t<strong>en</strong>ir compte <strong>de</strong> l'opinion émise par leurs commettants,<br />
et l'on peut apprécier à leur juste valeur les vaines<br />
théories sur le jacobinisme autoritaire, la métaphysique rationnelle<br />
<strong>de</strong> ces corps. C'est <strong>en</strong> s'inspirant, <strong>en</strong> effet, <strong>de</strong>s docum<strong>en</strong>ts<br />
parv<strong>en</strong>us au Comité d'agriculture qu'Aveline écrivit le<br />
rapport qui <strong>de</strong>vait introduire Icvant la Législative la question<br />
<strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux. Chargé du rapport le 12 décembre<br />
1791, Aveline, député du Calvados, lut son rapport les 21 mai<br />
et 6 juin 1792, après la réception <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières réponses sollicitées<br />
par la circulaire du 18 mars; ce rapport fut discuté les<br />
13, 18, 22 et 27 juin, les 4 et 6juillet, et le 25 juillet, le Comité<br />
<strong>en</strong> ordonnait l'impression (3. Le projet sout<strong>en</strong>u par Aveline<br />
au nom du Comité, cL comportant quelques am<strong>en</strong><strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts<br />
propres au rapporteur (4), fut rejeté le 8 septembre 1792 (5);<br />
c'est que ce rapport concluait au partage facultatif <strong>de</strong>s communaux<br />
(6), et la Législative s'était déjà lié les mains par son<br />
décret du 13 nott 1792,<br />
(1) G. l3ourgin, op. cil., Introït., p. xv.<br />
(2) Il y s eu, <strong>en</strong> effet, postérieurem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s <strong>en</strong>hluétes auprès <strong>de</strong>s conseils<br />
généraux pour la préparation <strong>de</strong>s diverses lois qui, au xix siècle, ont traité<br />
<strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux il faut noter particulièrem<strong>en</strong>t les <strong>en</strong>quêtes <strong>de</strong> 1836,<br />
1844, 1846, 1863-1864, d'où il ressort qu'on ne peut adopter un mo<strong>de</strong> unique<br />
d'exploitation pour toute la France. L'histoire systématique <strong>de</strong> ces <strong>en</strong>quêtes<br />
n'est pas faite <strong>en</strong>core; on <strong>en</strong> trouvera les élém<strong>en</strong>ts dans les ouvrages cités<br />
dans les précéd<strong>en</strong>tes notes, particulièrem<strong>en</strong>t Catho, op. cil., passim; Cléray,<br />
Op. cil., P. 58-60, 87 sqq.; Freyssinaud, op. cil., p. 13, <strong>en</strong> y joignant la<br />
Gran<strong>de</strong> Encyclopédie, t. VI , p. 733.<br />
(3) G. Bourgin, op. cil., p. 397.<br />
(4) Les articles proposés par Aveline <strong>en</strong> son nom personnel ont été imprimés<br />
par lui a la suite <strong>de</strong> son travail G. Bourgin, op. cil,, p. 370-37:1<br />
(5) G. Bourgln, op. cil., p. 03-05,.<br />
(6) Id., ibid., p. 366 sqq. Le projet du Comité d'agriculture règle <strong>en</strong> détail<br />
la procédure du partage, qui doit se [sire « par ménage égalem<strong>en</strong>t eitre
72 t LES COMMUNAUX ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.<br />
Le décret du 14 août l79 n'était pas le premier r<strong>en</strong>du par<br />
la Législative sur les communaux; dès le 5 février 179,à l'oc-<br />
casion d'insurrections qui avai<strong>en</strong>t éclaté dans le district <strong>de</strong><br />
Figeac, le député Laureau avait fait décréter le dépôt le plus<br />
rapi<strong>de</strong> possible d'un rapport du Comité d'agriculture sur les<br />
communaux (t). Mais ce décret se rattache ô. l'oeuvre méthodique<br />
<strong>de</strong> la Législative, désireuse <strong>de</strong> régler la question <strong>de</strong>s com-<br />
munaux une fois seulem<strong>en</strong>t qu'elle <strong>en</strong> serait iustruite avec<br />
exactitu<strong>de</strong>. Tel n'est pas le caractère du décret du 14 août<br />
17111, décret <strong>de</strong> surprise, et qui se rattache aux événem<strong>en</strong>ts<br />
politiques. La monarchie v<strong>en</strong>ait <strong>de</strong> crouler, le 10 août, sous<br />
les coups <strong>de</strong> la plèbe parisi<strong>en</strong>ne; les députés ne se r<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t<br />
pas compte <strong>de</strong> la façon dont le peuple <strong>de</strong> Fiance accueillerait<br />
l'événem<strong>en</strong>t, et pour l'attacher, nalgré tout, è l'oeuvre <strong>de</strong> la<br />
Révolution, ils comprir<strong>en</strong>t l'utilité <strong>de</strong> satisfaire au désir <strong>de</strong>s<br />
petits paysans <strong>de</strong> possé<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s terres () : c'est François <strong>de</strong><br />
Neufchâteau, un agronome distingué, un administrateur pon-<br />
déré (s), qui proposa <strong>de</strong> v<strong>en</strong>dre les bi<strong>en</strong>s <strong>de</strong>s émigrés par pe-<br />
loua les citoy<strong>en</strong>s qui rési<strong>de</strong>ront <strong>de</strong>puis plus d'un an dans les communes où<br />
ils los cotnmuoattxj sont situés, et y seront compris dans le rôle <strong>de</strong> la couiribulion<br />
mobilière (art. tS). Nous ne COnn8i qsOns pas le détail <strong>de</strong>s discussions<br />
1 l'intérieur du Comité d'agriculture, dont les protes-verbaux sont<br />
très secs: il faut cep<strong>en</strong>dant noter le court rapport <strong>de</strong> Charles Dsnihon, député<br />
<strong>de</strong> l'isère, qui proposa non pas te partage, mais la v<strong>en</strong>te <strong>de</strong>s cotomunaux<br />
au profit <strong>de</strong>s budgets communaux (G. Bourgin, op. cil., p. 314 sqq.).<br />
La v<strong>en</strong>te est <strong>en</strong> effet un <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> mise <strong>en</strong> valeur <strong>de</strong>s communaux : il<br />
faut y joindre égalem<strong>en</strong>t. outre lallotissem<strong>en</strong>t ou partage, ('amodiutiot et<br />
l'exploitation directe (Ferrand, De la propriété communale es Francs, Paris,<br />
189, n-8°, p. 1i3. Cf. E. Cleray, De la mise <strong>en</strong> valeur <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux,<br />
thèse, Parie, i gaa, in-80;.<br />
)1) C'. Bourgia, op. cil,, p. 396-39'i.<br />
(2) Cr. Parmi les juristes : A. Chaudé, Des bi<strong>en</strong>s <strong>de</strong>s cbmmunes <strong>en</strong> droit<br />
français, Paris, 1818, in-8°, p. 170; J. Brest, De l'admin. <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux,<br />
Paris, 1883, in-8°, p. 185; J. Helbronner, Du partage <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux,<br />
l'aria. 1898, in-8, p. 33; J. Tessier, La valeur sociale <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux,<br />
Paris, 1906, in-8 0, p. 38-39. M. Val<strong>en</strong>ton (Les bi<strong>en</strong>s communaux,<br />
leur utilité sociale, Paris, 1903, in-8 0) ne tonnait pas le décret du (! août<br />
1792.<br />
(3) On le voit se féliciter <strong>de</strong> son initiative dans un arrêté qu'il prit comme<br />
administrateur <strong>de</strong> départem<strong>en</strong>t, le 5 floréal an V, et publié dans le n 0 17 le<br />
la Feuille du cultivateur <strong>de</strong> l'an VI, p. lOI. Son oeuvre administrative est,<br />
dans son <strong>en</strong>semble, illustrée par son Recueil <strong>de</strong>s lettres circulaires, i,istruclions,<br />
programmes, discours..., Paris, an VII. 2 vol. in-4'.
IFS COMMUNAUX ET LA RIV0LUTION F'RAN(AISE. 725<br />
Lites portions, <strong>de</strong> 2, 3 et 4 arp<strong>en</strong>ts, et <strong>de</strong> partager les communaux,<br />
les sursis et les vacants, exceptant les seuls bois du<br />
partage; il était toutefois dit que, pour fixer le mo<strong>de</strong> du partage,<br />
le Comité d'agriculture prés<strong>en</strong>terait dans les trois jours<br />
suivants un projet <strong>de</strong> décret ':1 . Le décret restait ainsi singulièrem<strong>en</strong>t<br />
platonique, et sa (crieur révèle, au mom<strong>en</strong>t même où ils<br />
<strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t être le plus aptes à la décision brusque, les incertitu<strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong>s députés, leur souci <strong>de</strong> résoudre avec-métho<strong>de</strong> le problème<br />
épineux posé soudainem<strong>en</strong>t à leur esprit. De fait, les trois jours<br />
passèr<strong>en</strong>t, le projet ne parut pas, et les députés, <strong>en</strong> <strong>en</strong> att<strong>en</strong>dant<br />
le dépôt, votèr<strong>en</strong>t le 28 aoùt suivant un décret fort important,<br />
préparé non pas par le Comité d'agriculture, mais par le Comité<br />
<strong>de</strong> législation (2), prés<strong>en</strong>té par Maillie, député <strong>de</strong> la Flaute<br />
Garonne, et qui était le premier grand décret spécial r<strong>en</strong>du sur<br />
les communaux et les terres vaincs et vagues (3).<br />
Ce décret du 128 aoCtt 1792, sanctionné le 14 septembre suivant,<br />
avait trois objets (. : réintégrer les communes dans les<br />
bi<strong>en</strong>s dont elles avai<strong>en</strong>t été dépouillées par les effets <strong>de</strong> la puissance<br />
féodale, <strong>en</strong> supprimant, comme le <strong>de</strong>mandait Mailhe,<br />
toutes les conséqu<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> l'édit <strong>de</strong> 1669, c'est-à-dire tous les<br />
triages, réguliers ou irréguliers, surv<strong>en</strong>us <strong>de</strong>puis lors; attribuer<br />
aux communes les terres vaines et vagues sur lesquelles<br />
les seigneurs ne pouvai<strong>en</strong>t plus, <strong>de</strong>puis le décret du 25 aoiit.<br />
1792 (5), ét<strong>en</strong>dre la maxime : Nulle terre sans seigneur »;<br />
<strong>en</strong>fin, préciser les conditions <strong>de</strong> l'action <strong>en</strong> cantonnem<strong>en</strong>t<br />
(art. 5) (e); <strong>de</strong> plus, l'article 10, spécial à la Bretagne, insu -<br />
(I) G. Bourgin, op. cil,, p. 397-398.<br />
(2) Les secs et informes procès-verbaux du Comité <strong>de</strong> législation conservés<br />
dans la série D lii <strong>de</strong>s Archives <strong>nationale</strong>s ne nous donn<strong>en</strong>t aucun r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t<br />
sur la préparation <strong>de</strong> ce décret.<br />
(3) J. Jaurès, op. cil., p. 1088, considère à juste titre que la Législative na<br />
ri<strong>en</strong> (ait, <strong>en</strong> ce qui concerne les communaux, avant août 1792. Mais il tic<br />
connut pas la loi du 28 aoilt vo. p. 1307;: cette ignorance s'explique sans<br />
doute par le fait que cette loi na pas été publiée par la Législative, mais par<br />
la Conv<strong>en</strong>tion, à la date du S septembre 1793 (0. Bourgin, op. cil., p. 398,<br />
n. 3).<br />
(4) 0. l3ourgin, op. cil., P. 398402.<br />
(5) Art, I du décret relatif à la suppression sans in<strong>de</strong>mnité <strong>de</strong> toits les<br />
droits féodaux ou c<strong>en</strong>suels et <strong>de</strong> toutes les re<strong>de</strong>vances seigneuriales (Colt.<br />
ln. <strong>de</strong>s décrels, août-septembre (7)2, t. I. p . 406).<br />
(6) Sur les <strong>de</strong>ux premiers objets, voy. Chaudé, op. cil., p. 154 sqq.; sur
726 LES COMMUNAUX ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.<br />
gurait eu faveur <strong>de</strong>s départem<strong>en</strong>ts formés <strong>de</strong> cette province<br />
certaines exceptions jurisprud<strong>en</strong>tielles qui se sont maint<strong>en</strong>ues<br />
jusqu'à nos jours )I). Le décret du 28 août 1792 offrait donc<br />
peu d'originalité : il n'était qu'un développem<strong>en</strong>t systémali-<br />
que <strong>de</strong>s mesures prises isolém<strong>en</strong>t par la Constituante, particu-<br />
]ièrem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s décrets <strong>de</strong>s 15 mars 1790, 28 septembre 1790 et<br />
13 avril 1791 (2); mais il innovait cep<strong>en</strong>dant, <strong>en</strong> ce qui louchait<br />
les terres vaines et vagues, <strong>en</strong> créant eu faveur <strong>de</strong>s communes<br />
une prescription acquisitive d'un caractère nouveau (art. 9).<br />
Comme dit Troplong, « c'était le tour <strong>de</strong> la légitimité démo-<br />
cralique elle pr<strong>en</strong>ait sa revanche contre la légitimité fkodale;<br />
elle se déclarait seule vraie a priori, comme l'autre l'avait fait<br />
<strong>en</strong> son temps, elle se servait <strong>de</strong>s mêmes armes : effet rétroac-<br />
tif, mépris pour la prescription et pour les droits immémo-<br />
riaux, r<strong>en</strong>versem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s droits acquis (3) o. C'est <strong>en</strong> cela que<br />
le décret du 28 août était vraim<strong>en</strong>t révolutionnaire ce point<br />
<strong>de</strong> vue a été parfaitem<strong>en</strong>t admis par les juristes <strong>de</strong> la Restau-<br />
ration qui, comme H<strong>en</strong>rion <strong>de</strong> Pansey (t) et Lairuffe-Mont-<br />
meyliati (5), <strong>en</strong> négligeant le décret purem<strong>en</strong>t verbal du 14<br />
août 1792, ont comm<strong>en</strong>té celui du 28 suivant â l'égal du décret<br />
plus <strong>de</strong>mocratique <strong>en</strong>core du 10 juin 1793 (6).<br />
le troisième, Japiot, O. Cil., p. 88 c(. l'analyse du décret donnee par Japot,<br />
op. rit., p. 53-78.<br />
(I) JapioF, op. cil., p. 117-125. Sur le droit breton postérieur à la Révolut<br />
ion , voy, Graffin, op. cil., p. 83, et Vallaux, op. cil., p. 104-105. Le décret<br />
du (t) juin 1793 havait pas aboli Carticle 10 du décret du 28 août 4792,<br />
qui maint<strong>en</strong>ait le système anci<strong>en</strong>. La loi du 6 décembre 1850 autorisa le pirtage<br />
<strong>de</strong>e communaux dans les départem<strong>en</strong>ts bretons; lle a été prorogée par<br />
tee lie <strong>de</strong>s 3 août 1870, ("janvier 1881 et 29 décembre 1890.<br />
l2 V'y. p. 712-719.<br />
(3) Trnitt <strong>de</strong> la prescription, o° 209, cité par I-lest, Dissertation sur Je<br />
bi<strong>en</strong>s communaux dans la IhiuteLoire, Le Puy, 1850, in-5 0, p. 37-38.<br />
(4) Des bi<strong>en</strong>s communaux, Paris, 1825, reproduit dans les Ouvres juridiques,<br />
Parie, 1813, in-8°. Cf. p. 302 sqq.<br />
(5) Des droits <strong>de</strong>s communes sur les bleus communaux.... Parie, 1826, 2 vol.<br />
in-R-, t. I, p. 374 sqq.; L. II, p. 113-123.<br />
(6) Inversem<strong>en</strong>t et sans raison, J. Heibronner, op. cil,, p. 46, s'attache au<br />
décret du 14 août 1792, et généralise <strong>en</strong> opposant aux mesures politiques<br />
<strong>de</strong> ta Révolution les édits à caractères économiques <strong>de</strong> la monarchie, créant<br />
ainsi une sorte <strong>de</strong> « socialisme prévoyant . Il est bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du qu'on ne<br />
peut transporter à l'époque <strong>de</strong> la Révolution les préoccupations sociales <strong>de</strong><br />
ceux qui veul<strong>en</strong>t actuellem<strong>en</strong>t créer un homestead paysan <strong>en</strong> employant <strong>en</strong>
LES COMMUNAUX ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE. 727<br />
C'est bi<strong>en</strong> ainsi que le considérèr<strong>en</strong>t les communes rurales,<br />
qui, sur plusieurs points du territoire, rev<strong>en</strong>diquèr<strong>en</strong>t les<br />
terres vaines et vagues contre les seigneurs : ceux-ci, d'autorité<br />
diminuée, ou abs<strong>en</strong>ts par l'émigration, ne pouvai<strong>en</strong>t guère<br />
apporter les textes qui puss<strong>en</strong>t contredire les prt<strong>en</strong>Lioris <strong>de</strong>s<br />
paysans (1). Ces prét<strong>en</strong>tions s'ét<strong>en</strong>dir<strong>en</strong>t ainsi jusqu'aux époques<br />
antérieures è l'année 1669; considérée comme le point <strong>de</strong><br />
départ <strong>de</strong>s annulations possibles <strong>de</strong> triage les arbitres pris<br />
parmi les habitants, servis par l'abs<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s seigneurs et la partialité<br />
<strong>de</strong>s nouveaux tribunaux, fir<strong>en</strong>t droit aux rev<strong>en</strong>dications<br />
<strong>de</strong>s communes (. Aussi, quand le mouvem<strong>en</strong>t révolutionnaire<br />
se fut arrêté, quand ladémocratie rurale dut accepter la situation<br />
créée par la réaction thermidori<strong>en</strong>ne et le Consulat, <strong>de</strong>s arrêts<br />
<strong>de</strong> cassation survinr<strong>en</strong>t, qui annulèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s Jugem<strong>en</strong>ts où la<br />
date <strong>de</strong> 1669 avait été dépassée 3), puis <strong>de</strong>s actes législatifs,<br />
qui organisèr<strong>en</strong>t tout un système <strong>de</strong> revision <strong>de</strong> ces jugem<strong>en</strong>ts<br />
et <strong>de</strong>s arbitrages (4) d'abord un décret du 7 brumaire III,<br />
forçant les communes à susp<strong>en</strong>dre toute coupe dans les bois<br />
arbitrés à leur profit (5), une loi du brumaire an VU, or-donnant<br />
la revision <strong>de</strong> tous les arbitrages (6), une autre <strong>en</strong>fin,<br />
du 19 germinal an XI, ét<strong>en</strong>dant ta revision aux jugem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong>s<br />
tribunaux civils (7). Nous aurons d'ailleurs l'occasion <strong>de</strong> rev<strong>en</strong>ir<br />
sur certains <strong>de</strong> ces textes.<br />
pari iculier les communaux (Cr. Cleray, De a mise <strong>en</strong> valeur <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux.<br />
P . 201 sqq. abbS Belorgey, Les bi<strong>en</strong>s communaux, dans la B<strong>en</strong>ne <strong>de</strong>s<br />
questions sociales et religieuses, 1901, t. LII, p. 232 sqq., 4o5 sqq.),<br />
ii: On trouvera un certain nombre <strong>de</strong> textes dans les!" et 3 parties <strong>de</strong> mon<br />
recueil (G. Buurgin, Le partage (les communaux, passim). Il est certain que <strong>de</strong>s<br />
<strong>en</strong>quêtes dans les archives communales, comme celle <strong>de</strong> Mouriot (Docum<strong>en</strong>ts<br />
écon. tirés <strong>de</strong>s arclt. communales dts district d'Al<strong>en</strong>çon, Cana, 1908, in-8 0) ajouteront<br />
beaucoup <strong>de</strong> faits à notre c»nnaissance.<br />
(2) Chaudé, op. cil., p. 154-156.<br />
(3) Ou peut citer, après Chaudl, <strong>de</strong>s arrêts du 5 germinal an V, (4 brumaire<br />
an XI il, 12 juin 1809, 1°' avril 1806, 1 mai 1846.<br />
(4) Japiot, op. cit., P. 76-78.<br />
(5) Coliect. yIn. <strong>de</strong>s décrets, brum. an iII, p. 39. Voy, plus loin, p. 715-11,6.<br />
(6) Bulletin <strong>de</strong>s lois, n' 241 (n o 2189).<br />
(7) Bulletin <strong>de</strong>s lois, n° 269, P. 11.2-113 i 2669).<br />
Sur la persistance du droit créé par la Io ; 'lu 28 août 1792, vov. P. Langlois,<br />
Des bi<strong>en</strong>s communaux, administration, jouissance et mise ce voleur, Paris,<br />
(866, in-8', P. 50-54 : P. Juillet Saint-Lager, 0e l'av<strong>en</strong>ir <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux...,<br />
Paris, 1882, in-80.
78 LES COMMUNAUX ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.<br />
Mais le décret du S août 179e développait seulem<strong>en</strong>t la propriété<br />
collective <strong>de</strong>s communes; <strong>de</strong> cela se souciai<strong>en</strong>t moins<br />
les paysans, - les moins riches principalem<strong>en</strong>t, - que du<br />
partage immédiat du domaine communal alors existant. Sans<br />
doute, ils acceptai<strong>en</strong>t favorablem<strong>en</strong>t l'augm<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> ce domaine,<br />
mais dans l'espoir que les parts individuelles <strong>en</strong><br />
serai<strong>en</strong>t proportionnellem<strong>en</strong>t agrandies. C'est ce qui explique<br />
l'indiffér<strong>en</strong>ce relative avec laquelle les campagnes reçur<strong>en</strong>t le<br />
décret du 28 août, difficile à compr<strong>en</strong>dre, dans tous ses détails,<br />
avec sa complexité juridique, - l'<strong>en</strong>thousiasme au contraire<br />
dans lequel elles accueillir<strong>en</strong>t le court et simple décret du<br />
14 août, - l'étonnem<strong>en</strong>t, le désespoir, les m<strong>en</strong>aces même où<br />
elles tombèr<strong>en</strong>t, quand le terme <strong>de</strong> trois jours fixé par ce décret<br />
eut été dépassé (1 alors fut formulée par <strong>de</strong>s paysans sans<br />
instruction la théorie <strong>de</strong> la patrie conditionnelle, c'est-à-dire<br />
<strong>de</strong> la patrie acceptable seulem<strong>en</strong>t dans la proportion où elle<br />
assure la subsistance <strong>de</strong>s citoy<strong>en</strong>s (e); surtout apparut dans<br />
son âpre vérité l'opposition irréductible <strong>en</strong>tre gros propriétaires<br />
et petits cultivateurs, lézardant largem<strong>en</strong>t le bloc , révolutionnaire<br />
(3).<br />
La Législative n'ignorait pas tout cela. Les pétitions et mémoires<br />
parv<strong>en</strong>us à son Comité d'agriculture le lui appr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t;<br />
ils lui appr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t aussi que, sans att<strong>en</strong>dre le mo<strong>de</strong> du partage<br />
prévu et annoncé par le décret du 14 août, <strong>de</strong>s partages<br />
étai<strong>en</strong>t ordonnés par les municipalités, imposés surtout par<br />
les paysans, malgré les efforts <strong>de</strong>s corps constitués, chargés<br />
<strong>de</strong> faire respecter la légalité (4). Mais comme ces corps constitués<br />
se trouvai<strong>en</strong>t aux prises avec <strong>de</strong>s difficultés inextricables,<br />
l'assemblée se débattait dans <strong>de</strong>s contradictions gênantes, et<br />
ses hésitations apparaiss<strong>en</strong>t dans les décrets émanés alors<br />
d'elle, et dont aucun ne résolvait clairem<strong>en</strong>t ni définitivem<strong>en</strong>t<br />
l'ardu problème. Le 3 septembre 179e, sur la proposition <strong>de</strong><br />
i'huriot, député <strong>de</strong> la Marne, elle abolissait « tons procès crimi-<br />
(1) Voy. tous les textes publiés dans G. Bourgin, op. cil., .l partie,<br />
p<strong>en</strong>sum.<br />
(2) Id., ibid., p. 416-418 7 571-572, etc., surtout p. 581-583.<br />
(3) Id , ibid., p. 44b sq., 513 sqq. Je signale seulem<strong>en</strong>t les textes les plus<br />
caractéristiques.<br />
(4) Id., ibid., p. 409 sq., 461 sq.. 518 sq., etc.
,f.-<br />
LES COMMUNAUX ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE. 729<br />
nais et jugem<strong>en</strong>ts... <strong>de</strong>puis le 13 juillet 1789 pour faits relatifs<br />
àla propriété et au partage <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux » (I); le B suivant,<br />
conformém<strong>en</strong>t au décret du 14 août, elle rejetait le projet<br />
<strong>de</strong> partage facultatif prés<strong>en</strong>té par le Comité d'agriculture et ordonnait<br />
impérativem<strong>en</strong>t le partage <strong>de</strong>s communaux, sans d'ailleurs<br />
<strong>en</strong> régler la procédure (2). Puis, le Il octobre, surv<strong>en</strong>ait<br />
un décret <strong>de</strong> désillusion, <strong>de</strong> réaction presque, puisqu'il maint<strong>en</strong>ait<br />
dans leur possession, jusqu'à un partage dont le terme<br />
apparaissait lointain et vague, les citoy<strong>en</strong>s qui avai<strong>en</strong>t cultivé<br />
et <strong>en</strong>sem<strong>en</strong>cé <strong>de</strong>s terres communales (3), c'est-à-dire les usurpateurs<br />
<strong>de</strong> communaux; contre ces <strong>de</strong>rniers, puisqu'ils<br />
[ai<strong>en</strong>t pas <strong>de</strong>s seigneurs, puisqu'ils ne pouvai<strong>en</strong>t être que <strong>de</strong>s<br />
bourgeois, ou <strong>de</strong>s paysans plus riches ou plus audacieux que<br />
les autres, le décret du 28 août ne pouvait s'appliquer. La<br />
législation révélait donc <strong>de</strong>s fissures par où l'injustice sociale,<br />
alors qu'il n'était plus question (l'iniquité féodale, pouvait filtrer,<br />
et c'est ce qu'on comprit bi<strong>en</strong> sur plusieurs points du territoire,<br />
d'où vinr<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s protestations très vives contre le décret<br />
conservateur du 11 octobre (4.<br />
Ainsi l'oeuvre <strong>de</strong> la Législative, <strong>en</strong> ce qui concerne les bi<strong>en</strong>s<br />
communaux, peut être résumée <strong>de</strong> la façon suivante. Elle a<br />
d'une part, au moy<strong>en</strong> d'une <strong>en</strong>quête bi<strong>en</strong> m<strong>en</strong>ée, colligé <strong>de</strong>s<br />
r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts précis sur l'état <strong>de</strong> l'opinion à l'égard <strong>de</strong> l'utilisation,<br />
individualiste ou collective, <strong>de</strong> ces bi<strong>en</strong>s; ces r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts<br />
sans doute sont datés, ils représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t l'opinion <strong>en</strong><br />
l'année 1791-1792, et l'on sait que l'opinion se modifie mecssamm<strong>en</strong>t<br />
et très vite, surtout eu temps <strong>de</strong> révolution; néanmoins,<br />
même dépourvus <strong>de</strong> données <strong>numérique</strong>s, ils ont une<br />
valeur positive, et pourront éclairer l'esprit <strong>de</strong>s législateurs<br />
futurs. D'autre part, la Législative a, dans le décret du 28 août<br />
1792, précisé le droit <strong>de</strong> rev<strong>en</strong>dication <strong>de</strong>s communes sur les<br />
bi<strong>en</strong>s communaux usurpés par les effets <strong>de</strong> la puissance seigneuriale,<br />
et <strong>en</strong> même temps créé le droit <strong>de</strong> propriété <strong>de</strong>s<br />
communes sur les terres non appropriées, et dont l'attribution,<br />
quand disparaissait la maxime « Nulle terre sans seigneur n,<br />
(6) G. Bourgin, op. cil., p. 402.<br />
(2) Id., ibid., p 403404.<br />
(3) Id., ibid., p. 404-403.<br />
44) Id., ibid., 3 . partie, passim, p. 449. 456, 450, 520, 526, etc.
730 is COMMUNAUX içr i& R1VOLUTLON FRANÇAISE.<br />
restait indéterminée. Eulin, <strong>en</strong> cherchant, parson décret insuf-<br />
(isant. du 14 aoitt, à satisfaire les ambiLious <strong>de</strong>s paysans, elle<br />
aexaspéré ces ambitions même par toutes les promesses cont<strong>en</strong>ues<br />
dans son texte. Elle n'a pas toutefois réalisé ces promesses.<br />
Ce sera la tàche <strong>de</strong> la Conv<strong>en</strong>tion, qui résoudra ainsi<br />
le problème économique posé par la monarchie.<br />
Au elébtit <strong>de</strong> 1793, le problème apparaissait <strong>en</strong>core comme<br />
fort obscur. C'est à eu préparer la solution que travailla le<br />
Comité d'agriculture <strong>de</strong> la nouvelle assemblée. Fabre, député<br />
<strong>de</strong> l'Hérault, avait été chargé <strong>de</strong> recevoir et d'étudier les pétitions<br />
parv<strong>en</strong>ues ou à parv<strong>en</strong>ir au Comité, et <strong>de</strong> préparer un<br />
projet <strong>de</strong> décret conforme à la fois aux injonctions <strong>de</strong> l'opinion<br />
et aux prémisses posées par la Législative (I). La discussion<br />
au sein du Comité comm<strong>en</strong>ça le 8janvier et continua les 1janvier,<br />
9, 13, Iii, 18, 19, 3, (i, 126, 27, 8 février, t", , 5 et Il<br />
mars 1793; lu le 19 mars,approuvé le 124 mars, le rapport<strong>de</strong> Fabre<br />
fut déposé le 8avril 1793(e). 11 concluaitau partage<strong>de</strong>s communaux<br />
à la volonté <strong>de</strong>s communes se manifestant par une majorité<br />
<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux tiers <strong>de</strong>s habitants. etexct Liait du partage, pour <strong>de</strong>s<br />
motifs divers, mais d'ordre général, tes forêts et les marais; à<br />
ces principes à la fois si justes et si souples, il joignait un système<br />
<strong>de</strong> procédure pratique <strong>de</strong> partage; <strong>en</strong>fin, il proposait<br />
d'aller plus loin que le décret du $ aoàt 179e dans l'atLt'ibution<br />
aux communes <strong>de</strong>s terres vaines et vagues, pour la possession<br />
<strong>de</strong>squelles Fabre exigeait que les seigneurs prés<strong>en</strong>tass<strong>en</strong>t<br />
un titre bi<strong>en</strong> défini, sans pouvoir invoquer comme<br />
avant la prescription quarant<strong>en</strong>aire (3).<br />
A la Conv<strong>en</strong>tion, dés le 9 février 1793, on avait été am<strong>en</strong>é<br />
à rouvrir la question <strong>de</strong>s communaux, à propos <strong>de</strong> l'application<br />
d'un article du décret du 8 août ( i ); le 11, avait été<br />
(t) i. Bourgia, op. ci., Introduction, p. x,x-xïi.<br />
2) Arcli. riat., AF :proc-verbaux du Comité). Je r<strong>en</strong>voie au texte<br />
nianuscrii, <strong>en</strong> att<strong>en</strong>dant la publication du t. III, sous presse, <strong>de</strong> Gerbaux et<br />
Schmidt.<br />
(3)G. I3ourgin, op. cit., p. 661-705.<br />
(4) Id., id., p. 725.
LES COMMUNAUX ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE. 731<br />
repoussé un projet d'amnistie <strong>en</strong> faveur <strong>de</strong>s citoy<strong>en</strong>s qui aurai<strong>en</strong>t<br />
dévasté les bi<strong>en</strong>s communaux t); le 12 1e, on avait décrété<br />
le dépôt sous quatre jours d'un projet sur le partage <strong>de</strong>s coinmu<br />
naux () ; le 18 mars, le jour où L'on votait le fameux décret<br />
punissant <strong>de</strong> mort quiconque proposerait ou t<strong>en</strong>terait d'établir<br />
la loi agraire (3), avait été ajournée la discussion sur<br />
une proposition <strong>de</strong> l3ertrand, député du Calvados, <strong>de</strong>mandant<br />
que les terrains vagues et communaux fuss<strong>en</strong>t partagés par<br />
tête <strong>en</strong>tre les indig<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> tout âge ou <strong>de</strong> tout sexe (4). Ainsi,<br />
l'assemblée républicaine semblait s'avancer avec une prud<strong>en</strong>ce<br />
toute conservatrice dans le chemin déblayé par les <strong>de</strong>ux assemblées<br />
monarchiques : loin d'obéir immédiatem<strong>en</strong>t aux injouction<br />
do la masse <strong>de</strong>s paysans, elle réfrénait les ar<strong>de</strong>urs égalitaires<br />
<strong>de</strong> ses membres. Le 8 avril, elle adopta les <strong>de</strong>ux<br />
premiers articles du projet <strong>de</strong> Fabre; le 9, elle adopta les<br />
articles 3 et 4. vota <strong>de</strong>ux articles additionnels, qui sont les<br />
articles 5 et 6, et les articles 7 à 10 (.'i). Le 123 avril, la discussion<br />
fut reprise avec Péniêres, député <strong>de</strong> la Corrèze, qui, à<br />
propos <strong>de</strong> l'article I IT <strong>de</strong> la section II, essaya <strong>de</strong> montrer que<br />
te partage <strong>de</strong>s communaux aboutirait â la conc<strong>en</strong>tration <strong>de</strong>s<br />
terres <strong>en</strong>tre les mains <strong>de</strong>s riches, capables d'acheter aux<br />
pauvres les parts <strong>de</strong> communaux échues (6) ; le même jouir,<br />
semble-t-il (7), Souhait, député <strong>de</strong>s Vosges, protesta contre le<br />
partage définitif <strong>de</strong>s communaux, c'est-à-dire contre leur aliénation<br />
complète, qui ne t<strong>en</strong>drait ri<strong>en</strong> moins, selon lui, qu'à<br />
léser les générations futures et à r<strong>en</strong>dre pire la situation <strong>de</strong>s<br />
indig<strong>en</strong>ts, et il <strong>de</strong>manda le partage facultatif, temporaire, par<br />
famille et non pas égalem<strong>en</strong>t par tète (8). Le 4 juin, ou quelques<br />
jours avant, Marin, député du Mont-Blanc, proposa,<br />
pour <strong>de</strong>s motifs analogues à ceux qu'invoquait Souhait, le<br />
I G. Burgin, op. cil., p. 725-726.<br />
(2: Id., Ibid., p. 726.<br />
(3) CollecL géi. <strong>de</strong>s décrets, janvier-mars 1793, p. 435.<br />
(4) 0. I3ourgin, op. cit., p 721.<br />
(5) Id., ibid., p. 128-729.<br />
(6) Id., ibid., p. 693, u. 4.<br />
(7) Id., ibid., p. 127-728.<br />
(8) Id., ibid., p. 707-7I6.
a--. r ---'•-- ' -TTr?T<br />
732 LES COMMUNAUX ET LA RVOLUT1ON FRANÇAISE.<br />
partage <strong>de</strong>s communaux par ramille, <strong>en</strong> raison inverse <strong>de</strong> la<br />
propriété <strong>de</strong>s familles copartageantes, et l'interdiction d'aliéner<br />
par contrats <strong>en</strong>tre-vifs ou dispositions <strong>de</strong> <strong>de</strong>rnière volonté les<br />
parts échues (I). Les sections 11 à IV du décret fur<strong>en</strong>t adoptées<br />
par l'assemblée, <strong>en</strong> dépit <strong>de</strong>s am<strong>en</strong><strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Pénières, <strong>de</strong><br />
Souhait et <strong>de</strong> Marin, les Ik et 6 juin; <strong>en</strong>fin, le 10 juin 1793, le<br />
décret complet fut lit l'ouverture <strong>de</strong> la séance (i).<br />
Ce vaste décret se rattache très exactem<strong>en</strong>t à la législation<br />
antérieure <strong>en</strong> ce qui touche l'ét<strong>en</strong>due du domaine communal (s).<br />
Etc effet, comme le décret di.i 28 août 1 79e, il permet <strong>de</strong> o convertir<br />
<strong>en</strong> une possession anime dornini la dét<strong>en</strong>tion précaire »<br />
<strong>de</strong> terres vaines et vagues par les communes (4, et il n'excepte<br />
<strong>de</strong> l'appropriation communale que les défrichem<strong>en</strong>ts opérés cri<br />
vertu <strong>de</strong>s textes <strong>de</strong> 1764 et <strong>de</strong> 1766 (5). Ce n'est pas d'ailleurs<br />
le seul cas où L'oeuvre législative <strong>de</strong> la monarchie ait été respectée<br />
par le <strong>de</strong>crct du 10 juin 1793 l'article 14 <strong>de</strong> la section<br />
IV, qui permet <strong>de</strong> rev<strong>en</strong>diquer les communaux aliénés <strong>en</strong><br />
temps <strong>de</strong> détresse, fait allusion à l'édit <strong>de</strong> 1667, analysé au<br />
début <strong>de</strong> cc travail (6), <strong>de</strong> sorte que les communes pouvai<strong>en</strong>t<br />
rev<strong>en</strong>diquer les bi<strong>en</strong>s par elles aliénés <strong>en</strong> vertu <strong>de</strong> l'édit même<br />
dû 1667 (7), et l'on n vu ainsi <strong>de</strong>s communes autorisées à réclamer<br />
la propriété <strong>de</strong> domaines v<strong>en</strong>dus <strong>en</strong> 1653 (8'. Mais le<br />
décret du Il) juin 1793, tout <strong>en</strong> se rattachant au passé, dans la<br />
(I) U. Bourgin, op. cil., p. 716'-724.<br />
(2) Id., ibid., p. 129.<br />
3) Id., ibid., p. 129-739.<br />
(4) Section 1V. Cl. Japiot, op. cil., P. 91-116, particulièrem<strong>en</strong>t, P. 101. Il<br />
raitt même noter que lexception portée a l'article S <strong>de</strong> la loi du 28 août<br />
1192, <strong>en</strong> ce qui concerne l'exist<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> titres <strong>en</strong> faveur <strong>de</strong>s seigneurs, est<br />
maint<strong>en</strong>ue par le décret du (O juin 1193.<br />
(5) Section IV, article 1. Cf. Japiot. op. cil., P. 107-108.<br />
6) Voy. P. 694.<br />
kl ) Japiot, (il). cil., P. 126-135. Pour Latrutlè-Montmeylian, op. cil. . t. I,<br />
p. 297 sqq., il pourrait bi<strong>en</strong> s'agit <strong>de</strong> 'cdii <strong>de</strong> 1600, dont il & été égalem<strong>en</strong>t<br />
parla plus haut v(iv. p. 691, n. 2), nais il ne saurait être question ni <strong>de</strong><br />
l'édit <strong>de</strong> 1677, ni <strong>de</strong> la déclaration <strong>de</strong> 1702 (voy. p. 695).<br />
(8) Dans un arrêt <strong>de</strong> rejet du 3 août 1808, la Cour <strong>de</strong> cassation autorise<br />
les habitants <strong>de</strong> la commune <strong>de</strong> Sivry à rev<strong>en</strong>diquer <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s aliénés <strong>en</strong> 1053<br />
(Japiot, op. cil., p.<br />
131:. Une <strong>en</strong>quête méthodique révélerait certainemvnt<br />
d'autres raits <strong>de</strong> la même espèce.
LES COMMUNAUX ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE. 733<br />
reconstitution du patrimoine communal, regardait vers l'av<strong>en</strong>ir,<br />
<strong>en</strong> inaugurant les mesures propres à employer, pour le bi<strong>en</strong> <strong>de</strong><br />
la société, les terres que r<strong>en</strong>dait improductives leur non-appropriation<br />
(t). Répondant <strong>en</strong> effet aux préoccupations <strong>de</strong>s économistes<br />
et <strong>de</strong>s polémistes du xviii' siècle, comme aux convoitises<br />
<strong>de</strong>s paysans, il ordonnait <strong>en</strong>fin le partage <strong>de</strong>s communaux.<br />
Ceux-ci <strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t être partagés par tête d'habitant<br />
domicilié, <strong>de</strong> tout âge et <strong>de</strong> tout sexe, â l'exception <strong>de</strong>s bois,<br />
places publiques, terrains à mines ou carrières, et, jusqu'à leur<br />
<strong>de</strong> ssèchem<strong>en</strong>t, <strong>de</strong>s marais communaux; les bénéficiaires jouirai<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong> toute propriété <strong>de</strong>s portions échues, sans pouvoir<br />
cep<strong>en</strong>dant les aliéner p<strong>en</strong>dant les dix années suivant la promulgation<br />
du décret. Mais le partage nétait que facultatif<br />
l'assemblée <strong>de</strong>s habitants, hommes ou femmes âgés <strong>de</strong> vingt<br />
ans et ayant droit au partage, <strong>en</strong> décidait par cieux tiers <strong>de</strong>s<br />
voix; elle pouvait choisir le partage, ou bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>core la v<strong>en</strong>te, ou<br />
l'amodiation, ou la jouissance <strong>en</strong> commun, mais, dans ces trois<br />
cas, avec homologation du directoire <strong>de</strong> départem<strong>en</strong>t; plans le<br />
cas du partage, elle désignait les experts, pris hors la commune,<br />
chargés <strong>de</strong> désigner les parts, qui serai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>suite tirées<br />
au sort; <strong>en</strong>fin, les citoy<strong>en</strong>s qui, <strong>en</strong> vertu du décret du II octobre<br />
179e, aurai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>sem<strong>en</strong>cé une partie <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux,<br />
pouvai<strong>en</strong>t sans trouble jouir <strong>de</strong> leurs récoltes (. Une<br />
loi aussi grave, aussi compliquée ne pouvait manquer d'am<strong>en</strong>er<br />
<strong>de</strong>s conflits juridiques do toute espèce (3) : la section V <strong>de</strong> la<br />
loi les prévit, <strong>en</strong> instituant à cet égard la procédure <strong>de</strong> l'arbitrage,<br />
qui fut développée par les décrets postérieurs du 2 oc-<br />
: Japiol, op. cit., P. 158-166.<br />
(2) Sections I-III.<br />
(3) Ces conflits pouvai<strong>en</strong>t sortir <strong>de</strong> l'obscurité même du texte sur certains<br />
points, car on ne savait si les bi<strong>en</strong>s d'une section <strong>de</strong> commune étai<strong>en</strong>t partageables<br />
<strong>en</strong>tre les habitants <strong>de</strong> la section ou ceux <strong>de</strong> la commune, s'il fallait<br />
compter parmi les copartageants les domestiques, les <strong>en</strong>fants nés <strong>de</strong>puis le<br />
vote du partage on ne savait pas non plus comm<strong>en</strong>t pourvoir aux frais <strong>de</strong><br />
l'opération. C. M. Marion, op, cil., p. 214. D'autres conflits pur<strong>en</strong>t sortir <strong>de</strong><br />
'ext<strong>en</strong>sjori donnée à l'article f' <strong>de</strong> la section [V, grâce auquel certains administrateurs<br />
ou représ<strong>en</strong>tants fir<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>trer dans ]a catégorie <strong>de</strong>s terres vaines<br />
't vagues, assimilées aux communaux et par suite partageables, les terres<br />
;jlue ou moins mal cultivées par leurs propriétaires mal p<strong>en</strong>sants (Id,, ibid..<br />
P. 215 et n. 2).
mumM_7^,<br />
.. - — . Il - F_M<br />
- - -^ - -, w - Il 1 - — , -<br />
731 Lits COMMUNAUX ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.<br />
tobre 1793 (1) et du 19 brumaire an Il (2); mais ni le décret<br />
du 10 juin 1793, ni les doua autres ne déterminai<strong>en</strong>t si les<br />
solutions <strong>de</strong>s arbitres étai<strong>en</strong>t ou non susceptibles d'appel ou<br />
<strong>de</strong> cassation (3), et il fallut att<strong>en</strong>dre sur ce point la loi du<br />
12 prairial an IV (4). C'est aussi par <strong>de</strong>s mesures postérieures<br />
qu'il fallut régler les difficultés nées <strong>de</strong> la contradiction <strong>en</strong>tre<br />
les articles 8 et 1 du décret du 28 août I 792, établissant une<br />
prescription absolue <strong>en</strong> faveur <strong>de</strong>s communes, et l'article 12<br />
<strong>de</strong> la section 1V du décret du 10 juin 1793, attribuant t la<br />
nation les parties <strong>de</strong> communaux confisqués par elle à la suite<br />
<strong>de</strong> la suppression <strong>de</strong>s corps et communautés et <strong>de</strong>s lois sur<br />
l'émigration (3) : le décret du 8 août 1793 déclara que les droits<br />
<strong>de</strong>s communes resterai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tiers (6), et celui du 27 pluviôse<br />
an II porta qu'il n'y avait pas lieu <strong>de</strong> délibérer sur une lettre<br />
(lit ministre <strong>de</strong> l'intérieur, qui <strong>de</strong>mandait l'interprétation <strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong>ux textes contradictoires précités (7).<br />
Le décret du 10 juin 1793 est donc la résultante <strong>de</strong> tout un<br />
travail antérieur, et l'on ne saurait mieux comparer les causes<br />
qui ont fait pr<strong>en</strong>dre ce décret, qu'à celles qui ont am<strong>en</strong>é la<br />
Constituante à voter la loi Le Chapelier sur la liberté du travail<br />
(8) : on a montré récemm<strong>en</strong>t quo cette loi était sortie du<br />
mouvem<strong>en</strong>t ouvrier et <strong>de</strong> la législation du xviii" siècle (9); <strong>de</strong><br />
(t) Cofleci. gn . <strong>de</strong>s décrets, octobre 1793, p. 87. Décret ordonnant que les<br />
procèa <strong>de</strong>s communes, à raison <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux, seront jugés par la voie<br />
<strong>de</strong> l'arbitrage.<br />
(2) Ibid., brumaire an Il, p. 167-108. Décret relatif au mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> partage<br />
<strong>de</strong>s bleuis communaux, lorsque ces bi<strong>en</strong>s ont été utilisés par plusieurs coin-<br />
munea concurremm<strong>en</strong>t <strong>de</strong>puis 30 ans.<br />
(3) Japiot, op, cil., p. 436.<br />
(4) Cette loi déclare admissibles les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>en</strong> cassation formées contre<br />
les jugem<strong>en</strong>ts (l'arbitrage forcé r<strong>en</strong>dus avant le (' v<strong>en</strong>démiaire an IV (Pull.<br />
<strong>de</strong>s lois, n" Si (n' 435).<br />
(S) Japiot, op. cit., P. 403-115.<br />
(6) CoUeci. gi1s. <strong>de</strong>s décrets, août 1793, P. 54.<br />
(1) Ibid., pluviôc an Il, p. 243. .Tapiot, toc, cil., donne par erreur la date<br />
du 23 pluviôse an II.<br />
(8) Décret du 13 juin 1791 (CoUec. gémi. <strong>de</strong>s décrets, juin 1791, P. 167).<br />
(9) Germain Martin, Lei associations ouvrières au xviii" siècle, Pari, 1900,<br />
in-8". lI ressort égalem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la thèse réc<strong>en</strong>te- <strong>de</strong> C. Bloch l.-assistance et<br />
l'État <strong>en</strong> France à ta veille <strong>de</strong> ta Révolution, Paris, 4908, in-8 0 ) que la légisation<br />
révolutionnaire <strong>en</strong> matière d'assistance se rattache à la politique, d'assistance<br />
<strong>de</strong> la monarchie à la fin du xviii' siècle.
-<br />
LES COMMUNAUX ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE. 735<br />
même les partages spontanés <strong>de</strong> communaux par les paysans,<br />
les édits monarchiques, les décrets <strong>de</strong> la Constituante et <strong>de</strong> la<br />
Législative déterminèr<strong>en</strong>t le décret du 10 juin 1793. D'autre<br />
part, les agronomes du xvnj° siècle croyai<strong>en</strong>t à la vertu moralisatrice<br />
et à la valeur économique <strong>de</strong>s petites propriétés; par<br />
la v<strong>en</strong>te <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s nationaux surtout, mais aussi par le partage<br />
<strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux, les représ<strong>en</strong>tants <strong>de</strong> la nation, comme<br />
Roland (1), comme Barère (2), imbus <strong>de</strong> ces théories un peu<br />
naïves, espérèr<strong>en</strong>t augm<strong>en</strong>ter le nombre <strong>de</strong> ces propriétés, où<br />
ils voyai<strong>en</strong>t eu même temps le moy<strong>en</strong> d'attacher les paysans<br />
â la Révolution et â l'ordre social (3). Il aurait fallu ne pas<br />
oublier ces antécéd<strong>en</strong>ts pour apprécier sainem<strong>en</strong>t ce décret (4).<br />
De la, les interprétations inexactes ou diverg<strong>en</strong>tes données<br />
par ceux qui se sont efforcés à cette exégèse. En 1834, le<br />
ministre du Commerce et <strong>de</strong>s Travaux publics considérait que<br />
« le droit <strong>de</strong> partage accordé par la loi <strong>de</strong> 1793 a été une <strong>de</strong>s<br />
atteintes les plus graves qui ai<strong>en</strong>t été portées à lu propriété<br />
communale » ( s), négligeant ce que proposait le décret pour<br />
l'ext<strong>en</strong>sion <strong>de</strong> cette propriété ; c'est <strong>de</strong> la même façon que p<strong>en</strong>se<br />
(I) Rapport du 9janvier 1793 (Areh Bat., AD XVllh 61).<br />
(2 Discours du 18 mars 1793 (3loniteur, p. 793, n° 79).<br />
(3) C'est ainsi que tur<strong>en</strong>t votés <strong>en</strong> moins <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux mois les décrets du 3<br />
Juin sur ta division <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s <strong>de</strong>s émigrés <strong>en</strong> petites parcelles, du 10 juin sur<br />
les communaux, du 25 juillet sur la v<strong>en</strong>te <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s nationaux. Sur les idées<br />
<strong>de</strong> la Conv<strong>en</strong>tion à ce sujet. cf . M. Marion, La v<strong>en</strong>te <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s tialioiiaux,<br />
Paris, 1908, in-8°, pp. 124-127 et 132-13: Ph. Sagnac, Les v<strong>en</strong>tes <strong>de</strong>s<br />
bi<strong>en</strong>s nationau, dans la fier. d'hist . mod. et co,it., 1906. I. Vil, pp. 437-<br />
475. Vciy. <strong>de</strong> même le décret du 13 septembre 1793 signalé plus loin, p. 744,<br />
B. 3. Il faut d'ailleurs noter que la Conv<strong>en</strong>tion, qui voulait faciliter l'accession<br />
<strong>de</strong>s petits cultivateurs à la propriété, s interdit l'emploi d'un <strong>de</strong>s procédés<br />
les plus propres à ces vues, et qui <strong>de</strong> fait tut <strong>en</strong> usage, la conatitUlion<br />
<strong>de</strong> syndicats d'acquéreurs <strong>de</strong> bi<strong>en</strong>s nationaux, Cf. G. Lecarp<strong>en</strong>tier, La v<strong>en</strong>te<br />
<strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s eccl' s. p'nd(jnf la &voj. frunç., Paris, 1908, in-18, pp. 94, 98 et<br />
le tableau P. 175.<br />
(4) Je ne compr<strong>en</strong>ds pas les sévérités <strong>de</strong> Marion, o», cil., P. 217, qui, CUISnaissant<br />
bi<strong>en</strong> les conditions d'apparition du décret, aurait dû l'apprécier plus<br />
justem<strong>en</strong>t.<br />
(5) Circulaire du G aom5t 1834, citée par Caf6n Et E. CaRin, Des droits respectifs<br />
<strong>de</strong> propriété <strong>de</strong>s communes et <strong>de</strong>s sections <strong>de</strong> communes sur les ti<strong>en</strong>s<br />
commu,iaux... Bor<strong>de</strong>aux, 1868, mn-80. P . 209 Ces auteurs, dont le livre est<br />
une apologie <strong>de</strong> la politique économique du second Empire, considèr<strong>en</strong>t cumule<br />
démagogique le décret du 10 juin (p. 10).<br />
- Tome XXXII.
736 LES COMMUNAUX ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.<br />
Chaud é, qui critique l'atteinte portée au domaine communal (I;,<br />
sans se r<strong>en</strong>dre compte qu'il fallait bi<strong>en</strong> détruire ou réduire les<br />
bi<strong>en</strong>s colleclils pour augm<strong>en</strong>ter les propriétés individuelles;<br />
Brest considère le décret du 10juin 1793 comme inique, à l'égal<br />
d'ailleurs <strong>de</strong> celui du 128 août 179 (. sans déf<strong>en</strong>dre pourtant<br />
sérieusem<strong>en</strong>t les privilèges seigneuriaux; pour Cléray. la<br />
Révolution bouleverse tout », au nom <strong>de</strong> son individualisme.<br />
et t<strong>en</strong>te <strong>de</strong> réaliser la loi agraire 3 ' : il néglige la condamnation<br />
formelle et réitérée <strong>de</strong> la loi agraire par la Couv<strong>en</strong>tion(V.<br />
D'autres critiques voi<strong>en</strong>t dans les partages (le communaux une<br />
imitation <strong>de</strong>s autonomies communales, tels Jules le Berquier<br />
(5) et l'abbé Belorgev, un <strong>de</strong>s t<strong>en</strong>ants du catholicime<br />
social (6) : ils oubli<strong>en</strong>t que les partages restai<strong>en</strong>t facultatifs, et<br />
que le décret du 10 juin 1793 assurait aux assemblées d'habi -<br />
tants une véritable souveraineté <strong>en</strong> ce qui touche l'utilisation<br />
<strong>de</strong>s communaux. Cette considération n'a pas <strong>en</strong>ipèché un <strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong>rniers auteurs qui ai<strong>en</strong>t abordé le sujet <strong>de</strong> croire que la Conv<strong>en</strong>tion<br />
avait voulu réduire la vie particulariste, la vie <strong>de</strong>s<br />
groupes autonomes, et qu'elle t<strong>en</strong>dait au collectivisme 7i 0Fb<br />
verra dans un instant quelle n'a songé à supprimer complètem<strong>en</strong>t<br />
la propriété communale que pour <strong>de</strong>s motifs financiers,<br />
et non pour <strong>de</strong>s raisons sociales ou politiques du g<strong>en</strong>re <strong>de</strong> celles<br />
qu'on invoque (8). Plus exacte est la vue <strong>de</strong> ceux qui trouv<strong>en</strong>t<br />
dans le décret « une véritable spoliation à l'égard <strong>de</strong>s gé-<br />
(1, Op. ait., p. 170 sq.<br />
(2) 0e l'administration <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux, thèse, Paris, 1885, in-81,<br />
P. 114.<br />
(3) De la mise <strong>en</strong> valeur <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux, thèse. Paris, 1900, in-S",<br />
pp. 27, 29-30, 37.<br />
(4) Voy. p.<br />
731. La Conv<strong>en</strong>tion lutta énergiquem<strong>en</strong>t contre la propagan<strong>de</strong><br />
socialiste, qui, gênant les propriétaires ronciers, ral<strong>en</strong>tissait la v<strong>en</strong>ts dss<br />
bi<strong>en</strong>s nationaux. Voy. à ce sujet les intéressantes indications <strong>de</strong> M. Marioii.<br />
op. cit., pp. 12t-124, 136-138.<br />
1 5 1 De la commune <strong>en</strong> France et <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux, dans la (lev. (l.n<br />
Deux-Mon<strong>de</strong>s, 1859, 2' pér., t. XI X, pp. 373411.<br />
(6) Les bi<strong>en</strong>s communaux, dans la Rec. <strong>de</strong>s Questions sociales et reli.,<br />
1901, t. LII, pp. 232 sq., 405 sq. Cet auteur <strong>de</strong>man<strong>de</strong> l'ext<strong>en</strong>sion du domaine<br />
communal <strong>de</strong> façon à r<strong>en</strong>dre moins misérable le sort <strong>de</strong>s ouvriers agri-<br />
le s.<br />
1% 7 1 Op. cil., pp. 148, 114.<br />
(8) Par le décret du 24 aoùt 1793. Voy. p. 741-715.
LES COMMUNAUX ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE. 737<br />
néralions futures » (1puisqu'il a fait <strong>de</strong>s lots échus <strong>de</strong>s propriétés<br />
définitiver et exclu tout s ystème <strong>de</strong> roulem<strong>en</strong>t ou <strong>de</strong><br />
réversibilité. Mais il faut considérer le décret du 10 juin 1793<br />
d'autre façon sans doute, il est révolutionnaire (2), mais<br />
dans les limites qui ont été plus haut précisées, et sans qu'il<br />
faille y voir une <strong>de</strong>s applications du communisme conv<strong>en</strong>tionnel<br />
inv<strong>en</strong>té par Cabet(3). Les législateurs <strong>de</strong> la Conv<strong>en</strong>tion,<br />
avertis par les écrits <strong>de</strong>s économistes et les rev<strong>en</strong>dications<br />
<strong>de</strong>s paysans, ont très sagem<strong>en</strong>t réalisé une idée chère à plus<br />
d'un agronome du xlXe ou du XXe siècle. Dès 1831, un membre<br />
du conseil général <strong>de</strong> la Creuse proposait un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
partage <strong>de</strong>s communaux qui rappelle singulièrem<strong>en</strong>t le projet<br />
d'Aveline (4) : c'est que, comme disait plus tard un administrateur,<br />
« l'individualisation <strong>de</strong> ces terres... est <strong>de</strong> nécessité<br />
absolue » (5). Et sur ce point, le socialisme révolutionnaire est<br />
d'accord avec l'économie orthodoxe, puisque Karl Kautskv. le<br />
représ<strong>en</strong>tant du marxisme agraire, assure que les communaux<br />
ne peuv<strong>en</strong>t se justifier économiquem<strong>en</strong>t que dans <strong>de</strong>s cas<br />
exceptionnels; - les faire revivre et leur donner <strong>de</strong> l'ext<strong>en</strong>sion<br />
serait folie (6)<br />
4 1) Vigier, op. cil., P. 113.<br />
(2) Ph. Sagnac, La liyislation civile <strong>de</strong> ia &votution [rancaise, Paris. 1898,<br />
in-8 0, P. 451.<br />
3( Histoire populaire <strong>de</strong> la Rivolulion, t. IV, pp. 338-339 (cité par Prudhomrneaux,<br />
Cabet et les origines du communisme icari<strong>en</strong>, Paris, 1907, in-8',<br />
pp. 114-115).<br />
(4 1 Grellet-Dumazeau, Du partage <strong>de</strong>s communaux dans le départem<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />
la Creuse, Aubusson, 1831, in-8 0. Il propose un partage mixte 1/5 <strong>en</strong>tre<br />
les feux, le reste <strong>en</strong>tre les domiciliés, et sous la condition d'une re<strong>de</strong>vance<br />
annuelle è la commune.<br />
51 F. Juillet Saint . Lager, l)e l'av<strong>en</strong>ir <strong>de</strong>s bisas commu,sauc <strong>en</strong> Fronce. Paris,<br />
1882, in-8 o (Erir, <strong>de</strong> la Revue gémir. d'admis., p. 4. 11 propose la v<strong>en</strong>te<br />
comme le « seul mo<strong>de</strong> efficace (p. li). Joindre E. Freyasinaud, Les bi<strong>en</strong>s<br />
communaux <strong>en</strong> France, Bray-sur-Seine, 1898, us-8 0, qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> le partage<br />
<strong>de</strong>s communaux par feux.<br />
:6: La politique agraire du parti socialiste, trad. fr., Paris, 1903, i80.<br />
p. 46. Cf. R<strong>en</strong>ard, Lesocialisme é l'oeuvre, Paria, a. d., in-18, pp. 2314-239: E.<br />
Van<strong>de</strong>rvel<strong>de</strong>, Le socialisme agraire ou le collectivisme et l'écot, agricole, Paris,<br />
1908, in-18°. \'oy. le voeu prés<strong>en</strong>té au Cngrùs <strong>de</strong> la Fédération <strong>de</strong> la Seine,<br />
le 27 septembre 1908, par le conseiller municipal CuIR' contre la v<strong>en</strong>te <strong>de</strong>s<br />
bi<strong>en</strong>s communaux, où leu paysans pauvres mèn<strong>en</strong>t paître leurs bestiaux et
J38 LES COMMUNAUX ET LA RVOLUTI0N FRANÇAISE.<br />
Adversaires ou partisans du morcellem<strong>en</strong>t communal, tous<br />
ignor<strong>en</strong>t d'ailleurs <strong>de</strong> quelle façon et dans quelle mesure le<br />
décret du 10 juin 1743 fut appliqué et quels ont été ses résultats.<br />
Nous l'ignorons <strong>en</strong>core <strong>en</strong> gran<strong>de</strong> partie, soit dit à leur<br />
décharge (1). Un mois après sa promulgation, les assemblées<br />
primaires, chargées <strong>de</strong> se prononcer sur la Constitution, eur<strong>en</strong>t<br />
l'occasion d'exprimer leurs vues sur l'application du décret<br />
nous n'avons plus que 01 procès-verbaux, sur les 6.000 que<br />
reçut la Conv<strong>en</strong>tion, et l'on ne saurait <strong>en</strong> généraliser les conclusions;<br />
mais il <strong>en</strong> ressort toutefois que ces assemblées primaires,<br />
où les petits cultivateurs, et particulièrem<strong>en</strong>t les nonpossédants,<br />
n'ont pu faire <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre leurs voix, sont fort hostiles<br />
au principe et aux modalités du décret (d). Ainsi, la lutte<br />
d'intérêt <strong>en</strong>tre les diverses classes <strong>de</strong> campagnards continue.<br />
comme sous l'anci<strong>en</strong> régime, et il est à croire que les procèsverbaux<br />
<strong>de</strong>s délibérations <strong>de</strong> communes r<strong>en</strong>ferm<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts<br />
circonstanciés sur les conditions où cette lutte se<br />
développa. La Conv<strong>en</strong>tion <strong>en</strong> était avertie directem<strong>en</strong>t par les<br />
voeux <strong>de</strong>s assemblées primaires <strong>de</strong> juillet 1793 ; elle le fut indirertecu<strong>en</strong>t<br />
par les pétitions et mémoires individuels qui parvinr<strong>en</strong>t<br />
à son Comité <strong>de</strong> législation, et que je me propose d'utiliser<br />
prochainem<strong>en</strong>t (3); il <strong>en</strong> parvintaussi à son Comité d'agriculture<br />
('), et la Commission <strong>de</strong>s subsistances et approvisionnem<strong>en</strong>ts,<br />
au cours <strong>de</strong> l'an Il, dut se préoccuper <strong>de</strong> faire exécuter le<br />
décret, dans les départem<strong>en</strong>ts (5). Des r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts parur<strong>en</strong>t,<br />
vont chercher le bois nécessaire pur se chauffer » f Hiima piité, 28 septembre<br />
1908).<br />
(1) Je p<strong>en</strong>ce publier dans la Collection <strong>de</strong>s docuns<strong>en</strong>U écono;niques <strong>de</strong> ici<br />
Ilécoltstton un recueil <strong>de</strong> textes sur l'application du décret du 10 juin 4793.<br />
2) C. Hiffaterre, Les rev<strong>en</strong>dications économiques et sociales <strong>de</strong>s assemblées<br />
primaires <strong>de</strong> juillet 1793, dans le flull. <strong>de</strong> La comm. Écon. <strong>de</strong> la flévoL, 4906.<br />
n0 4, p. 324 sq., particulièrem<strong>en</strong>t, p. 331-335.<br />
(3) Série D III <strong>de</strong>s Archives <strong>nationale</strong>s. Les pétitions ne sont pas groupées,<br />
mais réparties par départem<strong>en</strong>t.<br />
4) Série F' 5 <strong>de</strong>s Archives <strong>nationale</strong>s.<br />
(5) Arch. nat., Fil 261, n° 179, minute d'une circulaire non datée aux administrateurs<br />
<strong>de</strong> départem<strong>en</strong>t. Une circulaire très complète <strong>de</strong> l'administration<br />
du départem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l'Yonne aux municipalités du départem<strong>en</strong>t et aux sociétés<br />
populaires, du 4 v<strong>en</strong>tôse an II, <strong>en</strong>voyée au Comité d'agriculture <strong>de</strong> la Conv<strong>en</strong>tion,<br />
se préoccupe <strong>de</strong> l'ét<strong>en</strong>due et du s<strong>en</strong>s d'application <strong>de</strong> la loi du<br />
10 juin 1793, dans sa 47 0 question (Arch. nat., F° 320). 11 est à croire qu'il
LES COMMUNAUX ET LA RÉVOLUTION FRANÇAIiE. 739<br />
postérieurem<strong>en</strong>t, dans <strong>de</strong>s recueils officiels (I) ou semi-officiels<br />
( e) . Mais c'est dans les procès-verbaux <strong>de</strong>s conseils<br />
géntraux (3) et dans . les archives <strong>de</strong>s directoires départern<strong>en</strong>taux<br />
(4), qu'on trouvera sans doute les principaux docum<strong>en</strong>ts<br />
qui permett<strong>en</strong>t <strong>de</strong> connaître l'exécution du décret du 10 juin<br />
1793 (s) . Des exemples nous sont donnés pour le départem<strong>en</strong>t<br />
y s eu d'autres <strong>en</strong>quètes que celle-li. Ou trouverait, parait-il aux archives<br />
<strong>de</strong> l'Yonne <strong>de</strong>s røponses précises aux questions du départem<strong>en</strong>t.<br />
(1) Journal d'agriculture et <strong>de</strong> prospérité publique publié par le Cornue ce'irai<br />
du miiisl?re <strong>de</strong> l'Intérieur, vnd&n. an Il, p. 1* 4 (Arch. nat,, A[)XXA 270.<br />
12 Feuille du cultivateur, 22 messidor an IV. p. 229 sq. (On y proteste<br />
contre L'emblav<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s lan<strong>de</strong>s défrichées, et la diminution consécutive du<br />
nombre <strong>de</strong>s bestiaux, forcés d'autre pari, <strong>de</strong> dévaster les propriétés particulières);<br />
an V, n e 18, p- Ili. Il faut noter particulièrem<strong>en</strong>t un passage due<br />
étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> F.-Il. Gilbert, professeur vétérinaire et membre <strong>de</strong> la Commission<br />
d'agriculture et <strong>de</strong>s arts, sur les meilleure moy<strong>en</strong>s <strong>de</strong> parv<strong>en</strong>ir à régénérer la<br />
race <strong>de</strong>s bêles é laine, adressée aux agriculteurs <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> petite culture<br />
et généralem<strong>en</strong>t à tous les possesseurs <strong>de</strong> petites exploitations et <strong>de</strong> petits<br />
troupeaux, dans la Feuille du cuUivateus', du 27 brumaire an IV, p. 393<br />
« Ce qui s fait disparaltre les bestiaux, ce n'est ni le partage, ni le défrichem<strong>en</strong>t<br />
<strong>de</strong>s communaux, c'est uniquem<strong>en</strong>t le mauvais usage qu'on s fait <strong>de</strong>s<br />
portions défrichées. On s'est empressé <strong>de</strong> les cultiver <strong>en</strong> blé, et on s'est<br />
privé <strong>de</strong>s moy<strong>en</strong>s d'<strong>en</strong> <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ir la source, on s'est privé <strong>de</strong> la fabrique <strong>de</strong>s<br />
<strong>en</strong>grais, <strong>en</strong> un mot <strong>de</strong>s pâturages. Il n'est pas un cultivateur, pour peu qu'il<br />
soit instruit, qui ne convi<strong>en</strong>ne qu'au arp<strong>en</strong>t <strong>de</strong> terre communale, cultivé <strong>en</strong><br />
luzerne, <strong>en</strong> trèfle, <strong>en</strong> sainfoin ou <strong>en</strong> racines, telles que pommes <strong>de</strong> terre,<br />
navets, carottes, betteraves, etc., fourniront Flue <strong>de</strong> nourriture aux animaux,<br />
que dix arp<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> nature <strong>de</strong> commun. Il ne s'agit donc, pour r<strong>en</strong>dre las<br />
communaux partagés et défrichés tout â la fois utiles, et à la multiplication<br />
<strong>de</strong>s bestiaux, et à la reproduction <strong>de</strong>s grains, que d'<strong>en</strong> consacrer toujours une<br />
partie aux herbages naturels, si le sol cri est susceptible, ou artificiels, dans<br />
le cas contraire. La population <strong>de</strong>sbestiaux y gagnerait <strong>en</strong>core plus <strong>en</strong> qualité<br />
qu'<strong>en</strong> quantité. On ne verrait plus, il est vrai, <strong>de</strong>s animaux déformés par<br />
une horrible maigreur se tramer d'un pas laborieux sur une vaste ét<strong>en</strong>due <strong>de</strong><br />
terrain, pour se procurer une subsistance inauffisanic; mais les étables se<br />
remplirai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> vaches, <strong>de</strong> leurs mamelles dist<strong>en</strong>dues roulerai<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s ruisseaux<br />
<strong>de</strong> lait, et leurs <strong>en</strong>grais déposés sur les parties mises <strong>en</strong> culture assurerai<strong>en</strong>t<br />
àces parties une inépuisable fertilité s. - La Feuille du cultivateurs été<br />
sous In Conv<strong>en</strong>tion l'organe <strong>de</strong> la Commission d'agriculture et <strong>de</strong>s arts; soue<br />
e Directoire les membres du bureau d'agriculture du ministère <strong>de</strong> l'intérieur<br />
y ont écrit.<br />
(3) Série F" III <strong>de</strong>s Archives <strong>nationale</strong>s cL L <strong>de</strong>s archives départem<strong>en</strong>tales.<br />
(4( Série I. <strong>de</strong>s archives départem<strong>en</strong>tales, avec subdivision O, consacrée<br />
aux communaux,<br />
(5) Il serait excell<strong>en</strong>t que <strong>de</strong>s monographies départem<strong>en</strong>tales nous r<strong>en</strong>-
4O LES COMMUNAUX ET LA RvoLu'rIoN FRANÇAISE.<br />
<strong>de</strong>s Ard<strong>en</strong>nes, où Graffin a constaté que le partage a servi aux<br />
gros propriétaires, <strong>en</strong> conc<strong>en</strong>trant tes terres <strong>en</strong>tre leurs<br />
mains (I): pour le district <strong>de</strong> Bar-le-Duc, dans la Meuse, où<br />
23 communes, un cinquième du total, partagèr<strong>en</strong>t leurs communaux<br />
<strong>en</strong> lots <strong>de</strong> moins d'un are bi<strong>en</strong> souv<strong>en</strong>t, et souffrir<strong>en</strong>t non<br />
seulem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s procès nombreux nés à la suite <strong>de</strong>s partages,<br />
mais <strong>en</strong>core <strong>de</strong> la diminution <strong>de</strong>s pàturages et <strong>de</strong>s <strong>en</strong>grais (2)<br />
pour le départem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la Meurthe, pour lequel Japiot nous<br />
fournit les données precises qui suiv<strong>en</strong>t (3) au 18 thermidor<br />
an fi, sur tes 79 communes du district <strong>de</strong> Nancy, 12 avai<strong>en</strong>t fait<br />
le partage, 22 l'avai<strong>en</strong>t décidé sans l'exécuter, 6 maintinr<strong>en</strong>t<br />
illégalem<strong>en</strong>t les anci<strong>en</strong>s partages, 7 se prononcèr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Laveur<br />
<strong>de</strong> la jouissance <strong>en</strong> commun (4). 4 ne fir<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong>, parce qu'elles<br />
n'avai<strong>en</strong>t pas <strong>de</strong> communaux, 28 ne répondir<strong>en</strong>t pas (5). Dans ta<br />
Creuse, la loi « reçut peu d'application et souleva dans le pays,<br />
dont elle méconnaissait les droits et les besoins, <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s<br />
résistances (6) o. Dans la Giron<strong>de</strong>, sur 152 communes du district<br />
<strong>de</strong> Libourne, 37 repoussèr<strong>en</strong>t le partage, 13 le votèr<strong>en</strong>t, 2 l'acceptèr<strong>en</strong>t<br />
pour une partie <strong>de</strong> leurs communaux, et, <strong>en</strong> l'an IX,<br />
segnass<strong>en</strong>L sur L'application du décret dans un périmètre dé(urruii,e. A ce<br />
point <strong>de</strong> vue, seule <strong>de</strong> toutes les thèses réc<strong>en</strong>tes <strong>de</strong> géographie humaine, La<br />
thèse <strong>de</strong> C. Vaflaux sur la Rasse-(lre(agne (Paris, 1907, in-8)), nous donne<br />
<strong>de</strong>s faits montrant combi<strong>en</strong> peu le décret du 10 juin 093 fut appliqué dans<br />
cette région (p. t0-105).<br />
(1.) A. Schmitt, La répartition <strong>de</strong> la propriété es 1789... dans L. district<br />
<strong>de</strong> Bar-le-Duc, dans les Annales <strong>de</strong> l'Est cl du Nord, avril 1908, p. 28.<br />
(2) Op. cil., p. 88, n. 1.<br />
(3) Op. cil., p. 170. n. 1, d'après les aroh. <strong>de</strong> Meurthe-et-Moaelle, L. 1570.<br />
(4) Autorisée par les artic l es 12-15 <strong>de</strong> la section M.<br />
(5) Des chiffres <strong>de</strong> Japiot, il faut rapprocher ceux <strong>de</strong> la statistique préfectorale<br />
<strong>de</strong> L'an XII], où l'on donne la comparaison <strong>de</strong> l'ét<strong>en</strong>due, <strong>en</strong> arp<strong>en</strong>ta,<br />
<strong>de</strong>s communaux <strong>de</strong> la Meurthe <strong>en</strong> 1789 et <strong>en</strong> l'an IN, par districts (Marquiset,<br />
.4lém. slatfst., Paris, an XII], in-f o , p. 185<br />
Toul.....................................<br />
Nancy ................................. 1.706<br />
Chftteau-Salins ................................ 1.779 573<br />
Sarrebourg .................................. L953 812<br />
Lunéville ...................................... 7.252 775<br />
Totaux .................. .......... 38.108 1.238<br />
G) S. Raymon, Étu<strong>de</strong>s sur les bi<strong>en</strong>s communaux du départem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> La Creuse,<br />
Montluçon, 1872, in8 0 , P. 7.
-•-'- -v<br />
LES COMMUNAUX ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE. 741<br />
le conseil général avait l'impression que le décret n'avait pas<br />
été exécuté (1). Dans le Cher, même impression sur lOi;<br />
communes examinées par Marion, 73 ont refusé le partage,<br />
souv<strong>en</strong>t à l'unanimité <strong>de</strong>s votants, 33 l'ont voté, ordinairem<strong>en</strong>t<br />
sous la pression <strong>de</strong>s sans-culottes, mais d'ordinaire sans passer<br />
à l'exécution (e). Dans la Moselle. <strong>de</strong> 1789 à l'ait 530 partages<br />
fur<strong>en</strong>topérés, dont lOi par têle(3). Plus tard, les prélet,<br />
chargés par le ministre <strong>de</strong> l'intérieur d'élaborer <strong>de</strong>s statistiques<br />
départem<strong>en</strong>tales (4, pur<strong>en</strong>t apprécier è. l'occasion le résultat<br />
du décret du 10 juin 1793, dans un esprit qu'il faudrait d'ailleurs<br />
critiquer, et sans les précisions <strong>numérique</strong>s qu'on était<br />
<strong>en</strong> droit d'exiger d'eux. Dans les statistiques <strong>de</strong> l'an IX, on<br />
trouve à plusieurs reprises <strong>de</strong>s considérations sur le décret<br />
ainsi Dauchy, préfet <strong>de</strong> l'Aisne, considère que le partage <strong>de</strong>s<br />
communaux e fait diminuer le nombre <strong>de</strong>s bestiaux, surtout <strong>de</strong>s<br />
bêtes à laine, sans augm<strong>en</strong>ter s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t l'ét<strong>en</strong>due <strong>de</strong> la<br />
terre arable (5;; Jerphanion, préfet <strong>de</strong> la Lozère, p<strong>en</strong>se <strong>de</strong><br />
même, surtout <strong>en</strong> raison <strong>de</strong>s p<strong>en</strong>tes défrichées, qui constitu<strong>en</strong>t<br />
un véritable danger <strong>en</strong> déterminant <strong>de</strong>s inondations, et il propose<br />
une loi qui <strong>en</strong>lève leurs lots aux pauvres, bénéficiaires <strong>de</strong><br />
la loi, «sans quoi les gros propriétaires seront hors d'état d'exploiter<br />
leurs terres et conséquemm<strong>en</strong>t <strong>de</strong> payer les impositions<br />
<strong>nationale</strong>s () « Barante, préfet <strong>de</strong> l'Au<strong>de</strong>, considère que ni<br />
le partage, ni l'usurpation <strong>de</strong>s communaux n'ont multiplié s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t<br />
le nombre <strong>de</strong>s propriétés, parce que les défrichein<strong>en</strong>ts<br />
ont été presque partout improductifs et nuisibles, et que<br />
les terrains cultivés à grands frais ont été abandonnés, après<br />
une ou <strong>de</strong>ux mauvaises récoltes, pont' d'autres terrains qu'on<br />
abandonnera <strong>de</strong> même (7) ». Lamag<strong>de</strong>leine, préfet <strong>de</strong> l'Orne,<br />
au contraire, p<strong>en</strong>se qu'il faudrait continuer le partage, les oh-<br />
(I) M. Marion, op. ciL, p, 213, n. 1.<br />
(2) Id., iMd., p. 213, n. I et p. 217.<br />
(3) Colch<strong>en</strong> Mm. statisi., Paria, an XI, in-f-, p. 123.<br />
(4) Circulaire aux préfets, du 4 fructidor an VIII, citée <strong>en</strong>tre autres riIr<br />
Saussay, Statistique du départem<strong>en</strong>t du 3Ionl'Iilanc, p. 1.<br />
(5) Statistique du dép. <strong>de</strong> l'Aisne, l'aria, an X, in-8 e , p. 20-21.<br />
(6) StalisI. du dép. <strong>de</strong> la Lozère, s. 1., an X, in-8 e, p. 25-28.<br />
(7) Observations sur les états <strong>de</strong> situation du dép. <strong>de</strong> l'Au<strong>de</strong>, Paris, an IX,<br />
n . 8'-, P. 5.
''r w?or7<br />
Î42 LES COMMUNAUX ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.<br />
jections faites ne valant que pour quelques localités exceptionnelles<br />
(I); le général Serviez, dans les Basses-Pyrénées,<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong> le partage ou ]a v<strong>en</strong>te <strong>de</strong>s communaux ( e), comme<br />
Auvray dans la Sarthe (3). En L'an XII, les préfets sont plus<br />
généralem<strong>en</strong>t hostiles aux partages (4) : c'est au moins ce qui<br />
résulte d'un passage <strong>de</strong> Taine à ce sujet (5). Debrv, <strong>en</strong> effet,<br />
dans le Doubs, <strong>de</strong>man<strong>de</strong> l'abrogation formelle du décret du<br />
10juin, à qui est due l'augm<strong>en</strong>tation inutile <strong>de</strong>s terres <strong>de</strong> labour,<br />
qu'on cultive mal, faute d'<strong>en</strong>grais, et qu'on <strong>en</strong>toure <strong>de</strong> clôtures<br />
pour la constitution <strong>de</strong>squelles les forêts ont été dévastées (6).<br />
Même changem<strong>en</strong>t dans la Moselle, où une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>s<br />
anci<strong>en</strong>s communaux est couverte <strong>de</strong> grains, <strong>de</strong> chanvre, <strong>de</strong><br />
légumes, mais où les paysans ne se font pas scrupules <strong>de</strong><br />
m<strong>en</strong>er leurs bestiaux paître dans les champs d'autrui ou brouter<br />
les haies (7). Dans la Meurthe, le décret a été <strong>en</strong> général<br />
exécuté, et le partage apparaît comme nuisible, sans que le<br />
préfet Marquis prés<strong>en</strong>te ses motifs, <strong>en</strong> <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> L'argum<strong>en</strong>t<br />
<strong>de</strong> l'injustice commise à l'égard <strong>de</strong>s générations futures exclues<br />
du partage (8). Dans l'<strong>en</strong>semble donc, l'application du décret<br />
du 10 juin 1703 reste assez obscure (9), et cela s'explique, si<br />
l'on se rappelle que la vraie statistique <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux<br />
est bi<strong>en</strong> postérieure à la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Révolution et <strong>de</strong> l'Eutpire<br />
(10).<br />
Si l'on ignore par ledétail l'application du décret du 10 juin<br />
1793 dans le domaine <strong>de</strong> l'économie sociale, on sait plus <strong>de</strong><br />
choses <strong>en</strong> ce qui touche sa persistance et ses transf9rmations<br />
(I) Description abrCgCe du dép. <strong>de</strong> l'Orne, Paris, an IX, in-8°, p. 17-16.<br />
(2 Slatist. du dp. <strong>de</strong>s Ii ses-Pyrê. nées, Paris, an X, in-8 e, p. 77-58.<br />
(3: StatisI. du dép. <strong>de</strong> la .Sarthe, Paris, an X, in-8 0, p. 151-052.<br />
(4) Ssatisliqne gdnlrale <strong>de</strong> la France, Paris, au XI, 12 in-fo,<br />
(5 ong, <strong>de</strong> la Fiance conlemp., La Ittnotulion, I. III, p. 476 et o. 1. Cf. égalem<strong>en</strong>t<br />
Ph. Sagnac, La division du sol p<strong>en</strong>dant la Révolution, dans la Heu.<br />
d'hist. mol, et cont., 1904, t. VII, p. 463.<br />
(6 31,'n. statut., Paris, an XII, in-1', p. 76-77, 80.<br />
(7) Coleh<strong>en</strong>, 11Cm. statiat., p. 123.<br />
(8) 11Cm. statisl., l'aria, an XII 1, io_î0, p. 166-167.<br />
(9) Cf. dans ce s<strong>en</strong>s E. Cauchy, De ta propriété communale et <strong>de</strong> la mise<br />
<strong>en</strong> culture <strong>de</strong>s communaux, Paris, 4848, in-8°, p. 97. Vo y, toutefois Grarfin,<br />
OP. cil., p. 164-465, 468 sqq.<br />
(10) Voy. p. 716 n. 2.
LES COMMUNAUX ET LA RÉVOLUTION FRAN( 1 tISE. 743<br />
dans le domaine du droit (I). Le décret n'a pas été abrogé,<br />
quoi qu'<strong>en</strong> ait dit, <strong>en</strong> 1835, le gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s sceaux ();on peut tout<br />
au plus parler d'abrogation tacite, <strong>en</strong> ce s<strong>en</strong>s qu'un certain<br />
nombre <strong>de</strong> textes législatifs et administratifs ont interdit postérieuri'ineut<br />
le partage gratuit <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux (3).<br />
Même si ljon p<strong>en</strong>se que les partages onéreux sont possibles (4),<br />
il faut bi<strong>en</strong> admettre que le principe invoqué <strong>de</strong> l'indivision<br />
non perpétuelle ne s'applique pas aux habitants <strong>de</strong>s communes,<br />
qui n'ont pas à sortir <strong>de</strong> l'indivision par le partage <strong>de</strong>s<br />
bi<strong>en</strong>s communs, lesquels ne sont pas indivis, mais communs<br />
(5). Ainsi donc, du décret du 10 juin 1793 est tombée<br />
une partie ess<strong>en</strong>tielle, celle qui touche Le partage <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s<br />
communaux. En revanche, la législation postérieure parait<br />
avoir maint<strong>en</strong>u le partage <strong>de</strong>s rev<strong>en</strong>us <strong>en</strong>tre les habitants et<br />
la réglem<strong>en</strong>tation par l'assemblée <strong>de</strong>s habitants <strong>de</strong> la jouissance<br />
commune (ti). Sur le premier point, ce n'est que par un<br />
arrèté consulaire du 4 thermidor an X, que les rev<strong>en</strong>us <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s<br />
communaux ont été attribués à la commune, et non plus aux<br />
habitants (7). Pour le second, il fut précisé par l'article 15 <strong>de</strong><br />
aloi du 18 pluviôse an VIII sur les conseils municipaux, auxquels<br />
etait reconnu le droit <strong>de</strong> régler le partage <strong>de</strong>s alîouages,<br />
pâtures, récoltes et fruits communs 8), et par le décret<br />
du 9 brumaire an X III, qui r<strong>en</strong>forçait les pouvoirs <strong>de</strong> l'autorité<br />
(1)Je ne me préoceup pas du tout ici du point <strong>de</strong> vue jurisprud<strong>en</strong>tiel.<br />
Cf. à ce point <strong>de</strong> vue Il<strong>en</strong>rion <strong>de</strong> Pansay, op. cil., p. 304.<br />
(2) Rapport au roi du gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s sceaux, du 8 mai 1835 r n La loi du 10<br />
juin 4793 qui permettait le partage gratuit <strong>de</strong>s communaux a été abrogée<br />
par celles postérieures sur la matière » (Cité par Caflin, op. cil,, p. 209).<br />
(3)Je r<strong>en</strong>voie aux textes invoqués par Caflin, op. cil., p. 210-241, et par<br />
tous les auteurs qui ont, plus ou moins clairem<strong>en</strong>t, traité <strong>de</strong> la législation<br />
<strong>de</strong>s communaux au xix° siècle. Pour la bibliographie, vay. Cafflo, op. cil.,<br />
p. 287, et ci-<strong>de</strong>ssous, p. 751, n. 1.<br />
(4) P. Lnglous, Des bises commu;iuIix,... Él. histor. si admis., Paris, 1866,<br />
in-8 0, P. 46-48.<br />
(5)Japioi, op. cil., P. 193 et n. t.<br />
(6)Caurhy, op. cil., p. 48.5.<br />
(7) B u ll. dcs lois, n° 203 (n u 4350) : Arrêté relatif à une convocation extraordinaire<br />
<strong>de</strong>s conseils municipaux, titre II, art. 9.<br />
(8) Ibid., u° 17 (no 115), p. 7: Loi concernant la diiion du territoire <strong>de</strong><br />
la République et l'administration. L'art. 15 porte r [Le conseil municipal]<br />
o réglera le partage <strong>de</strong>s affouages, paturea, récoltes et fruits communs
-<br />
744 LES COMMUNAUX ET LA BVOLtYTION FRANÇAISE.<br />
supérieure, prévus par le décret <strong>de</strong> 1793 lui-même, <strong>en</strong> exigeant<br />
un décret, dans le cas où l'assemblée <strong>de</strong>s habitants aurait<br />
changé le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> jouissance d'avant 1789, un simple arrêté<br />
préfectoral, dans celui où elle aurait repris ce mo<strong>de</strong> (1). Le<br />
partage égalitaire par tête n'était pas interdit » mais les sympathies<br />
dc l'administration allai<strong>en</strong>t à la répartition par feu,<br />
définitivem<strong>en</strong>t consacrée pour l'affouage par l'article 105 du<br />
Coda forestier (2). Ainsi, par <strong>de</strong>s voies indirectes, la législation<br />
do 1793 a pénétré dans une certaine mesure clans le droit<br />
mo<strong>de</strong>rne: celas'expiiquc, parce fait qu'elle avait expriulé,à un<br />
mom<strong>en</strong>t donné, les voeux <strong>de</strong> la partie la plus active do l'opinion<br />
publique et qu'elle se rattachait intimem<strong>en</strong>t à la législation<br />
antérieure. Ces mêmes raisons permett<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> compr<strong>en</strong>dre<br />
qu'elle ait pu persister, malgré les assauts qu'elle eut à<br />
subir dans la pério<strong>de</strong> même du droit intermédiaire.<br />
0O<br />
A la séance du I août 1793, le représ<strong>en</strong>tant Cambon<br />
<strong>de</strong>manda, dans un grand rapport rédigé au nom du Comité<br />
<strong>de</strong>s finances, le fusionnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux et <strong>de</strong>s<br />
bi<strong>en</strong>s nationaux pour permettre <strong>de</strong> payer les <strong>de</strong>ttes <strong>de</strong> l'Etat<br />
(3. C'est dans ce <strong>de</strong>ssein et pour obéir aux nécessités bu ' l-<br />
(I) Bull. <strong>de</strong>s lois, n° 20' (n o 365), P. 65-66.<br />
(2) Du 21 mai 1827 (Bulletin <strong>de</strong>s lois, L. 77, B. 126, p. 41 sqq.).<br />
(3) Arcb. flot., AI) XVIIII' i. C. P. Bornarel, Cambon et la Ittivol. française,<br />
Paris, 1905, in-8°, pp. 298 sqq. Ce décret n'est pas le seul où la<br />
quliouion <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s nationaux et celle <strong>de</strong>s communaux se trouv<strong>en</strong>t liées. Le<br />
grand décret du 25 juillet 1793 sur la v<strong>en</strong>te <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s nationaux portait<br />
que, dans les cnmmuues où il n'y avait pas <strong>de</strong> terrains communaux à partager<br />
et où il y aurait <strong>en</strong> revanche <strong>de</strong>s propriétés d'émigrés, on prélèverait sur<br />
ces propriétés <strong>de</strong> quoi donner un arp<strong>en</strong>t <strong>en</strong> arr<strong>en</strong>teis<strong>en</strong>t aux pères <strong>de</strong> ramille<br />
non propriétaires; le mo<strong>de</strong> d'exécution <strong>de</strong> ce décret fut prescrit par celai du<br />
13 septembre, qui créait <strong>de</strong>s lots <strong>de</strong> 500 livres payables <strong>en</strong> 20 ans. Le<br />
décret du 13 septembre 4793 fut pour ainsi dire sans application, les nonpropriétaires<br />
étant <strong>en</strong>core trop pauvres pour acheter ces lots, ou n'achetant<br />
qu'<strong>en</strong> groupe, <strong>de</strong> sorte que l'alotissem<strong>en</strong>t secondaire aboutissait à créer <strong>de</strong>s<br />
parts ritlicuèm<strong>en</strong>t petites. Vov. M. Morion, op. cil., p. 128-129, 202-213:<br />
Bournisi<strong>en</strong>, La v<strong>en</strong>te <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s nat., dans la lier. historique nov.-déc. 1998,<br />
p, 263, et les pièces annexes <strong>de</strong> S. Charléty, Docum<strong>en</strong>ts relatifs a la v<strong>en</strong>te<br />
<strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s net. Départem<strong>en</strong>t du !tliiine, Lyon, 1906, in-8 0, p, 570 sqq. Si Le
LES COMMUNAUX ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE. 74(<br />
gétaires, que la Conv<strong>en</strong>tion, dans te fameux décret sur le<br />
Grand-Livre <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte publique, du 4 août 1793, inséra divers<br />
articles qui déclarai<strong>en</strong>t propriétés <strong>nationale</strong>s ceux <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s<br />
Communaux ou appart<strong>en</strong>ant aux communes pour le compte<br />
<strong>de</strong>squelles l'État acquitterait <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ttes équivalant à la<br />
valeur <strong>de</strong> ces bi<strong>en</strong>s *1 ' ). Ce décret répond-il aux préoccupa-<br />
(ions <strong>de</strong> c<strong>en</strong>tralisation u'on a cru voir parfois dans la politique<br />
<strong>de</strong> la Conv<strong>en</strong>tion (2), c'est ce qu'il est difficile <strong>de</strong> dire il<br />
était surtout un expédi<strong>en</strong>t financier (3). Cet expédi<strong>en</strong>t ne réussit<br />
pas : le décret eut contre lui les communes, quand elles<br />
n'avai<strong>en</strong>t pas fait le partage, et les particuliers, quand avait été<br />
faite la division, et la preuve <strong>de</strong> son échec, c'est que les 19/u<br />
<strong>de</strong>s communes ne déposèr<strong>en</strong>t pas <strong>en</strong>tre les mains <strong>de</strong>s administrateurs<br />
<strong>de</strong>s domaines les états d'actif, dont la confection<br />
avait été prescrite par l'acticle 9 du décret (4).<br />
C'est ù la suite <strong>de</strong> la réaction thermidori<strong>en</strong>ne que cotnm<strong>en</strong>cèr<strong>en</strong>t<br />
contre le décret du 10juin 1793 <strong>de</strong>s mouvem<strong>en</strong>ts tournants,<br />
où s'exprima la tactique antidémocratique <strong>de</strong>s adversaires<br />
<strong>de</strong> l'égalité (5). On n'attaqua pas <strong>en</strong> eflet tout <strong>de</strong> suite<br />
les dispositions du décret; on sembla se placer à un point <strong>de</strong><br />
vue d'inLirét général, et, eu considérant l'utilité <strong>de</strong> maint<strong>en</strong>ir,<br />
le domaine forestier du pays, on intervint délibérém<strong>en</strong>t dans<br />
l'exploitation <strong>de</strong>s bois communaux. Il faut, dans ce s<strong>en</strong>s,<br />
noter les décrets du 7 brumaire an lii, ordonnant <strong>de</strong> susp<strong>en</strong>-<br />
décret du 13 septembre 1793, mal compost, e été mal appliqué, il n'<strong>en</strong> fait<br />
peut-étra pas conclure cep<strong>en</strong>dant, avec Marion, qu'il était « une manifestation<br />
agréable aux sans-culottes « (p. 129. Il était dans l'esprit du décret du<br />
111 juin 1193, qui n'a pas soulevé <strong>de</strong> moindres diflieultés d'application.<br />
(1) Collect. gu . <strong>de</strong>s décrets, août 1793, p. 241-246 Art. 82, 91-92 du décret.<br />
(2) Voy. P. 138.<br />
3) Uns <strong>de</strong>s preuves que la Conv<strong>en</strong>tion n'attachait sans doute pas une<br />
importance exceptionnelle aux articles <strong>en</strong> question du décret du 24 août<br />
i'193, c'est qu'elle prit, le S septembre 1793, un décret pour faire insérer au<br />
procès-verbal les lois <strong>de</strong>s 25-28 août 1792, omises par la Législative<br />
(Collect. gén. <strong>de</strong>s décrets, août 1793, p. 86-88),<br />
(4) Cauchy, op. cil., P. 29-31 ; Jspiot, op, cit., p. 167-170. Il faut noter<br />
que ces chiffres fur<strong>en</strong>t utilisés in la tribuns <strong>de</strong> la Constituante, le 28 aonit<br />
1848 ils émanai<strong>en</strong>t d'un docum<strong>en</strong>t du ministre <strong>de</strong> l'intérieur cité par<br />
Cormeain dans l'affaire Vinsot i . Sirey, Rec., 1822, 3 partie, p. 75-88).<br />
5) Sur la réaction contre l'esprit <strong>de</strong> partage antérieurem<strong>en</strong>t eon1stal,<br />
voy. Kareiev, La question paysanne, p. 521 sqq.
7 /6 us COMMUNAUX ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.<br />
dre sine die toute exploitation <strong>de</strong> bois dans laquelle les<br />
communes serai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>trées eu vertu <strong>de</strong> s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ces arbitra -<br />
les o (I), et du 125 v<strong>en</strong>tôse an III, prescrivant <strong>de</strong> v<strong>en</strong>dre les<br />
coupes ordinaires et annuelles où les communes aurai<strong>en</strong>t été<br />
<strong>en</strong>voyées <strong>en</strong> possession <strong>de</strong> la même façon, dans « les formes<br />
usitées pour la v<strong>en</strong>te <strong>de</strong>s bois nationaux..., êta charge par les<br />
adjudicataires d'<strong>en</strong> verser le prix dans la caisse du receveur du<br />
district, où il restera déposé jusqu'à ce qu'il <strong>en</strong> ait été autre-<br />
m<strong>en</strong>t ordonné » (2). Ces décrets fur<strong>en</strong>t d'une application assez<br />
délicate pour forcer la Conv<strong>en</strong>tion à <strong>en</strong> régler le cont<strong>en</strong>tieux<br />
par <strong>de</strong>ux autres, pris les 10 et 29 floréal an III (3).<br />
Niais ces mesures restai<strong>en</strong>t limitées à l'objet précis <strong>de</strong>s bois (4);<br />
elles ne détruisai<strong>en</strong>t que sour<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t et indirectem<strong>en</strong>t l'écono-<br />
mie du décret du 10 juin !793. Plus claire et plus générale fut<br />
la critique <strong>de</strong> ce décret faite par le député Baraillon à la séance<br />
du 20 thermidor an III, et qui inaugure, <strong>en</strong> ce qui touche les<br />
communaux, la réaction antidémocratique, par l'étu<strong>de</strong> rapi<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> laquelle je voudrais finir(.';).. Le décret délétère » du<br />
10 juin 1793 est pour Baraillon une loi <strong>de</strong>structive <strong>de</strong> la<br />
propriété et <strong>de</strong> l'agriculture, à qui elle interdit l'emploi <strong>de</strong>s<br />
)i) CoIiec.l. 9én. <strong>de</strong>s décrets, brumaire an III, p. 39.<br />
(2) ibid., v<strong>en</strong>tôse an III, p. 176.<br />
(3) ibid., floréal an Tu, p. 70 et 153. Par le premier, il est oit que « le<br />
Comité <strong>de</strong>s finances est autorisé a prononcer sur les réclamations qui seront<br />
faites contre les dispositions <strong>de</strong> la même loi [7 brumaire an III], lorsqu'elles<br />
auront pour objet la propriété ou le droit d'usage dans les forêts m<strong>en</strong>tionnées<br />
au premier article; Le Comité d'agriculture et <strong>de</strong>s arts.., sur les réclamations<br />
qui auront pour objet l'aménagem<strong>en</strong>t, l'administration ou l'exploitation <strong>de</strong>smêmes<br />
foréfs s. Le second ét<strong>en</strong>d la loi du 1 brumaire an lii « aux réintégrations<br />
prononcées par <strong>de</strong>sjugemeots <strong>de</strong>s tribunaux ou par <strong>de</strong>s arrêtés <strong>de</strong>s<br />
départem<strong>en</strong>ts ».<br />
(4) On trouve <strong>de</strong>s imprimés d'une date postérieure, qui group<strong>en</strong>t <strong>de</strong> façon<br />
commo<strong>de</strong> les principaux décrets pris sur la question <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux,<br />
dans Arch. rat., AI) X 13.<br />
(5) Les meilleurs historiques <strong>de</strong> cette réaction Ont été donnés par Cauchy,<br />
op. cil,, p. 34-42, et Japiot, op. cit., p. 1111-188, mais avec <strong>de</strong>s erreurs <strong>de</strong><br />
date et <strong>de</strong>s référ<strong>en</strong>ces insuffisantes. Le court résumé que je donne n'est que<br />
provisoire : il faudrait, pour être complet, dépouiller <strong>en</strong> détail les •Procês-rerbaux<br />
imprimés, <strong>de</strong>s Cinq-C<strong>en</strong>ts, dont les tables montr<strong>en</strong>t que cette assemblée<br />
s étudie <strong>en</strong> détail la question <strong>de</strong>s communaux. Je me cont<strong>en</strong>terai pour l'instant,<br />
sans pénétrer dans ce détail et sans faire la bibliographie <strong>de</strong>s motions<br />
prés<strong>en</strong>tées, <strong>de</strong> r<strong>en</strong>voyer au Moniteur universel.
.—'—. w' ' r-'s<br />
LES COMMUNAUX ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE. 7.7<br />
bestiaux, une loi injuste, puisqu'elle exclut du bénéfice les<br />
non-domiciliés, c'est-à-dire les déf<strong>en</strong>seurs <strong>de</strong> la patrie, une loi<br />
contraire aux intérêts <strong>de</strong> la nation, puisqu'elle diminue la<br />
valeur du gage <strong>de</strong>s assignats, c'est-à-dire <strong>de</strong> la masse <strong>de</strong>s<br />
bi<strong>en</strong>s nationaux (1).<br />
La voie ouverte par la Conv<strong>en</strong>tion allait être bi<strong>en</strong>tôt suivie<br />
par les assemblées du Directoire (. Sur la proposition <strong>de</strong><br />
Jour<strong>de</strong>, fut votée, le 121 prairial an IV, une loi symptomatique,<br />
qui ordonnait <strong>de</strong> surseoir provisoirem<strong>en</strong>t à toutes actions et<br />
poursuites sur le partage <strong>de</strong>s communaux, et maint<strong>en</strong>ait dans<br />
leur jouissance prés<strong>en</strong>te tous les possesseurs actuels <strong>de</strong> ces<br />
bi<strong>en</strong>s (3); un peu plus tard, le prairial an V, une autre loi ôtait<br />
aux communes la faculté d'aliéner ou d'échanger leurs bi<strong>en</strong>s (4),<br />
leur interdisant ainsi implicitem<strong>en</strong>t d'<strong>en</strong> faire <strong>de</strong>s partages,<br />
qui pouvai<strong>en</strong>t être <strong>en</strong> effet considérés comme une sorte d'aliénation<br />
(5); à ces habiletés juridiques où l'on ne pr<strong>en</strong>ait pas<br />
définitivem<strong>en</strong>t parti, d'autres plus fines <strong>en</strong>core avai<strong>en</strong>t été<br />
jointes. On avait nommé <strong>de</strong>ux commissions, les 30 v<strong>en</strong>tôse et<br />
li germinal an IV, pour examiner diverses pétitions t<strong>en</strong>dant<br />
à savoir dans quelle mesure pouvai<strong>en</strong>t être cassés les jugem<strong>en</strong>ts<br />
et arbitrages r<strong>en</strong>dus <strong>en</strong> matière <strong>de</strong>. bi<strong>en</strong>s communaux<br />
réunies, elles chargèr<strong>en</strong>t Oudot d'un rapport, qui fut exposé le<br />
ti prairial an IV aux Cinq-C<strong>en</strong>ts et qui concluait <strong>en</strong> faveur <strong>de</strong><br />
la cassation possible <strong>de</strong>s arbiirages r<strong>en</strong>dus avant le P° v<strong>en</strong>démiaire<br />
an IV (Ti, et Duprat fit adopter une proposition qui permettait<br />
aux citoy<strong>en</strong>s n'ayant pas cru pouvoir recourir à la pro-<br />
(1 Moniteur, an III, no 325.<br />
(2) Dès le 4 floréal an IV, le député Dubreuil intervi<strong>en</strong>t à la tribune sur<br />
l'application du décret du 10 juin 1793, et les Cinq-C<strong>en</strong>ts vot<strong>en</strong>t le r<strong>en</strong>voi <strong>de</strong><br />
sa motion à une commission (Moniteur, an IV, n o 218).<br />
(3) Moniteur, an IV, n° 265 (89 prairiai) et 268 21 prairial); full, <strong>de</strong>s lois.<br />
n o 52 (n o 456), p. 12-13. Il est question dans les considérants <strong>de</strong>s réclamations<br />
parv<strong>en</strong>ues â la Conv<strong>en</strong>tion et au Corps législatif contre o les funestes effets<br />
<strong>de</strong> l'exécution littérale o du décret.<br />
(4) BulI, <strong>de</strong>s luis, no 124 (no 1201, p. 7-8. L'article 2 <strong>de</strong> la loi concerne<br />
l'exécution <strong>de</strong> l'article 2 <strong>de</strong> la section III du décret du 10 juin et <strong>de</strong> l'article<br />
92 <strong>de</strong> la loi du 24 août 1793.<br />
(5) Japiot, op. cil., p. 171-175.<br />
(61 Procès-verbaux i?npr. <strong>de</strong>s 500, v<strong>en</strong>tôse an IV, p. 581 et germinal<br />
an IV, p. 446. Cr. ispiol, op. cil., p. 136-139.<br />
(7) Moniteur, an 1\', n° 252.
'18 LES COMMUNAUX ICi' LA RÉVOLUTION F'LAN(A1SE.<br />
cédure <strong>de</strong> la cassation dans les délais voulus d'invoquer un<br />
délai nouveau <strong>de</strong> trois mois (1. Aussitôt parvinr<strong>en</strong>t au tribunal<br />
<strong>de</strong> Cassation nombre <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>en</strong> cassition, qui<br />
fur<strong>en</strong>t favorablem<strong>en</strong>t accueillies sur les réquisitions du procureur<br />
général Merlin (:. Susp<strong>en</strong>sion <strong>de</strong>s partages, cassation<br />
facile <strong>de</strong>s partages opérés, tels étai<strong>en</strong>t les résultats <strong>de</strong> la législation<br />
nouvelle, qui rouvrait, par son manque <strong>de</strong> principes et<br />
<strong>de</strong> décision, l'ère <strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>s que la Conv<strong>en</strong>tion avait naguère<br />
fermée (3). Le principe même du décret du 10 juin 1793<br />
était cep<strong>en</strong>dant sauvegardé.<br />
Mais le 26 fructidor au 1V, Garrart-Couton proposa l'abrogation<br />
formelle <strong>de</strong> ce décret, qui avait, A. son avis, tranché trop<br />
vite une question difficile; contre les interprétations conservatrices<br />
<strong>de</strong> Garran-Coulon, Boudin protesta très justem<strong>en</strong>t,<br />
mais dans le s<strong>en</strong>s <strong>de</strong> Garran, on <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dit aussi parler Bergier.<br />
qui regardait le décret comme une sorte <strong>de</strong> loi agraire 4i. Les<br />
propositions <strong>de</strong> Garran-Coiilon et <strong>de</strong> Bergier fur<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>voyées,<br />
sur la proposition <strong>de</strong>îhibaut, à une commission, qui élabora un<br />
projet d'abrogation où Fou développait le principe du partage<br />
basé sur la différ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s fortunes (51. Plus d'un an s'écoula,<br />
sans que la commission aboutit à autre chose qu'à la loi restreinte<br />
du 2 prairial un V(6). Mais le il frimaire an V!, le député<br />
Delpierre vint maint<strong>en</strong>ir à la tribune <strong>de</strong>s Cinq-C<strong>en</strong>ts, <strong>en</strong><br />
l'affaiblissant un peu, la tradition égalitaire <strong>de</strong> la Conv<strong>en</strong>tion<br />
« Vouloir rapporter la loi <strong>de</strong> 179, disait-il, c'est vouloir pro-<br />
({) Moniteur, an 1V, n o 253. Cf. la séance <strong>de</strong>s Anci<strong>en</strong>s du 12 prairial an IV,<br />
oit les propositions Oudot et Duprat sont admises 1bid., n" 238).<br />
(2) LatrulTe-dontmeyIian, op. cil,, p. 27. D'après Oudot, plus <strong>de</strong> trois c<strong>en</strong>ts<br />
instances étai<strong>en</strong>t peudarites <strong>de</strong>vant te tribunal <strong>de</strong> Cassation.<br />
3) Voy, p. 729-730. 11 va <strong>de</strong> soi qu'<strong>en</strong>tre l'an IV et l'an VI, le Corps législatif<br />
se préoccupa à plusieurs reprises <strong>de</strong> la question <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux,<br />
mais <strong>en</strong> <strong>de</strong>s matières d'espèce surtout, pour lesquelles je r<strong>en</strong>voie aux l'a&Iss.<br />
(4) Moniteur, an IV, n°' 360 et 361. Pour foarran-(oulon, les lois <strong>de</strong> la<br />
Conv<strong>en</strong>tion « ont servi <strong>de</strong> prétexte aux anarchistes pour dépouiller les propriétaires<br />
<strong>de</strong> leurs plus anci<strong>en</strong>nes possesions, pour déprécier les plus beaux<br />
domaines au détrim<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l'agriculture, pour dévaster d imm<strong>en</strong>ses pâturages,<br />
sans produire les défrichem<strong>en</strong>ts qu'au <strong>en</strong> att<strong>en</strong>dait, pour occasionner <strong>en</strong>fin<br />
<strong>de</strong>s procès interminables dans une quantité <strong>de</strong> départem<strong>en</strong>ts et <strong>de</strong>s jug<strong>en</strong>i<strong>en</strong>ts<br />
si absur<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t injustes que plusieurs n'ont pas été exécutés u.<br />
(5) Moniteur, an IV, n 361. - Ut'. Jlositeu,', an VI, n 85.<br />
6) Voy. plus haut, P. 747 et n. 1.
:<br />
-r -,--<br />
LES COMMUNAUX ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE. 719<br />
voquer la haine du pauvre après avoir été comblé <strong>de</strong> ses bénédictions<br />
(I) n. Delpierre fut nommé membre <strong>de</strong> la commission<br />
et la gagna à ses idées, <strong>de</strong> sorte que le rapport prés<strong>en</strong>té le 129<br />
prairial an VI concluait <strong>en</strong> Laveur du partage obligatoire, par<br />
famille, avec exclusion <strong>de</strong>s célibataires, et interdiction, p<strong>en</strong>dant<br />
un certain temps, ('aliéner les lots 2). La discussion du projet<br />
<strong>de</strong> flelpierre comm<strong>en</strong>ça le 9 nivôse an VII. Mansard proposa<br />
<strong>de</strong> s'<strong>en</strong> t<strong>en</strong>ir tout simplem<strong>en</strong>t au décret du 10 juin 1793 (3).<br />
Trumeau combattit Delpierre (4), et contre le projet Delpierre<br />
l'adversaire ard<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s partages, Bergier, prés<strong>en</strong>ta une contre-<br />
Proposition pour l'amodiation <strong>de</strong>s communaux et le versem<strong>en</strong>t<br />
<strong>de</strong>s fermages dans les caisses communales, à l'effet <strong>de</strong> salarier<br />
les gar<strong>de</strong>s champétres et d'<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>dre la construction d'écoles<br />
primaires (5). La discussion fut reprise le 7 pluviôse<br />
au VII : Cabanis, hostile, invoqua les droits <strong>de</strong>s campagnards<br />
pauvres, Mangeaest reprit les argum<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Baraillon, Armand<br />
<strong>de</strong>manda un nouveau projet, et finalem<strong>en</strong>t les Cinq-C<strong>en</strong>ts déclarèr<strong>en</strong>t<br />
que les partages faits étai<strong>en</strong>t légaux, que le resle<br />
<strong>de</strong>s communaux pourrait "1re facultativem<strong>en</strong>t partagé, et<br />
par feux, conformém<strong>en</strong>t aux modalités d'un projet à rédiger<br />
pal' une commission (().<br />
Ce fut là le <strong>de</strong>rnier point <strong>de</strong> l'effort législatif <strong>de</strong>s Cinq-C<strong>en</strong>ts<br />
aucun projet ne fut prés<strong>en</strong>té. L'incertitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la législation<br />
apparaît, semble-t-il, dans <strong>de</strong>ux faits contemporains : d'abord,<br />
dans le peu d'ét<strong>en</strong>due d'application du décret du 10 juin 1793.<br />
dont les bénéficiaires, ayant perdu l'<strong>en</strong>thousiasme et l'audace<br />
(1) Moniteur, an VI, n° 88.<br />
(2) Ibid., n' 271.<br />
(3) Moniteur, an VII, n°' 105 et 106. MansLrd toutefois <strong>de</strong>manda que le<br />
partage fût permis dès que vingt citoy<strong>en</strong>s y ayant droit <strong>en</strong> faisai<strong>en</strong>t la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>,<br />
et qu'on attribuât <strong>de</strong>ux parts aux déf<strong>en</strong>seurs <strong>de</strong> la patrie.<br />
(4) Ibid., n° 106 (séance du 9 nivôse an VII). Trumeau considérait le projet<br />
Delpierre comme dangereux dans ces circonstances, nuisible pour l'av<strong>en</strong>ir<br />
e. Joignons qu'à la séance du 22 nivôse, Uousset et Boul&y (te la Meurthe,<br />
soutinr<strong>en</strong>t le projet Delpierre, attaqué par Darracq et Perrin ;Ibid., n' 115).<br />
(S) Ibid., n' 120. - Le 3 pluviôse an VII, Trois-OEuts attaqua â son tour<br />
le projet, déf<strong>en</strong>du par l'agronome Heurtaut-Lamerville (ibid., n° 127).<br />
(Il) Ibid., n o 129. - Les Cinq-C<strong>en</strong>ts repoussèr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> outre un am<strong>en</strong><strong>de</strong>m<strong>en</strong>t<br />
<strong>de</strong> [)elpierre, permettant le recours d'un groupe quelconque d'habitants contre<br />
les décisions <strong>de</strong>s communes, et un am<strong>en</strong><strong>de</strong>m<strong>en</strong>t Andrieux-Duchesne <strong>en</strong><br />
faveur <strong>de</strong>s partages forcés.
750 LES COMMUNAUX ET LA RV0LUTION FRANCAISE.<br />
<strong>de</strong>s premiers temps <strong>de</strong> la Révolution, et mal servis par <strong>de</strong>s représ<strong>en</strong>tants<br />
nouveaux, ne savai<strong>en</strong>t plus s'il conservait, avec<br />
toutes les atténuations postérieures, toute sa légalité primitive;<br />
<strong>en</strong>suite, dans l'imprécision du droit napoléoni<strong>en</strong>. Non seulem<strong>en</strong>t<br />
ce droit ne donna <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux qu ' une définition<br />
incomplète, <strong>en</strong>core qu'empruntée au décret du 10 juin<br />
1793 (1), mais il ne sut point assurer aux bi<strong>en</strong>s communaux<br />
le statut délinitif dont la force du régime impérial eùt autorisé<br />
tes effets. Le décret susp<strong>en</strong>sif du 2 prairial an V tut maint<strong>en</strong>u<br />
par la loi du 9 v<strong>en</strong>tôse an XII, qui, sous le contrôle <strong>de</strong>s<br />
conseils <strong>de</strong> préfecture et du Conseil d'État, légitima les partages<br />
faits <strong>en</strong> vertu du décret <strong>de</strong> 1793, à condition que les procès-verbaux<br />
prescrits par ce décret euss<strong>en</strong>t été dressés (î);<br />
quant aux communes qui n'avai<strong>en</strong>t pas fait <strong>de</strong> partage, la<br />
j ouissance anci<strong>en</strong>ne <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux leur avait été maint<strong>en</strong>ue<br />
par le décret du 9 brumaire an Xlii, qui, conformém<strong>en</strong>t<br />
aux principes passés dans les lois municipales <strong>de</strong> 1837 et <strong>de</strong><br />
1884, imposait l'autorisation par décret, sur avis <strong>de</strong>s préfet et<br />
sous-préfet, <strong>de</strong> tout changem<strong>en</strong>t dans la jouissance (3); <strong>en</strong>fin,<br />
un décret du 4° jour complém<strong>en</strong>taire <strong>de</strong> l'an Xlii confirma<br />
les partages régulièrem<strong>en</strong>t accomplis avant 1793 (4).<br />
Ainsi, la législation continuait le droit monarchique (5).<br />
Mais on voit par là même l'importance considérable du droit<br />
intermédiaire, qui a servi (le transition naturelle <strong>de</strong> l'un à<br />
(1) Co<strong>de</strong> civil, art. 542.11 faut noter que cet article, emprunté à l'article j -r<br />
du décret du 10 juin 1793, ne traite pas <strong>de</strong>s sections <strong>de</strong>s communes, dont il<br />
est question toutefois, avant le Co<strong>de</strong> civil, dans L'article 11)9 <strong>de</strong> la loi du<br />
3 trimaire an VII et dans l'arrêté du 24 germinal an Xi sur les contestations<br />
<strong>en</strong>tre sections (Cf. Best, op. cil., p. 3).<br />
2) Bulletin <strong>de</strong>s lais, n o 348 (no 3641), p. 527-530. Sur le s<strong>en</strong>s <strong>de</strong> cette loi,<br />
qui se préoccupe moins <strong>de</strong> la réalité <strong>de</strong>s partages que <strong>de</strong> ta régularité <strong>de</strong>s<br />
formes (par exsmple, <strong>en</strong> ce qui concerne la participation <strong>de</strong>s illettrés), voy.<br />
.Japiot, op. cil., P. 183-185.<br />
3) Ibid., n° 20 (no 365), p 65-66.<br />
(4) Ibid., n° 58 (no 1059), p' 632.633.<br />
(5) Les rapports joints aux décrets do la série AFIV <strong>de</strong>s Archives <strong>nationale</strong>s<br />
serai<strong>en</strong>t à utiliser pour l'histoire complète ut précise <strong>de</strong> La législation im pé<br />
-riale.
LES COMMUNAUX ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE. 751<br />
L'autre. La Constituante, <strong>en</strong> abolissant le triage, la Législative,<br />
<strong>en</strong> organisant lit <strong>de</strong>s communaux par les<br />
communes et <strong>en</strong> combinant l'<strong>en</strong>quête départem<strong>en</strong>tale sur ces<br />
bi<strong>en</strong>s, ont préparé l'oeuvre <strong>de</strong> la Conv<strong>en</strong>Lion. Le décret du<br />
10 juin 1793, émané <strong>de</strong> cette <strong>de</strong>rnière, beaucoup plus souple<br />
et plus réaliste qu'il était permis d'<strong>en</strong> att<strong>en</strong>dre d'une assemblée<br />
considérée si souv<strong>en</strong>t comme purem<strong>en</strong>t logique<br />
et durem<strong>en</strong>t autoritaire, synthétisa tous les efforts antérieurs.<br />
Mais les difficultés financières <strong>de</strong> la Révolution, puis<br />
la transformation dit politique après thermidor limitèr<strong>en</strong>t<br />
l'application <strong>de</strong> ce décret; on n'osa cep<strong>en</strong>dant pas <strong>en</strong><br />
proclamer l'abrogation; on essaya d'<strong>en</strong> limiter l'action par <strong>de</strong>s<br />
mesures <strong>de</strong> détail, et c'est ainsi qu'une partie <strong>de</strong> soit<br />
put passer <strong>en</strong>suite dans les textes législatifs et administratifs,<br />
où son influ<strong>en</strong>ce n continué à se faire <strong>en</strong> partie s<strong>en</strong>tir (I).<br />
G1oRoEs BouRGIN.<br />
(L) Surt'histoirc <strong>de</strong> ta législation <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s communaux au xix , siècle, voy.<br />
O. F3eaulac, Répertoire aip/uah.-chronol. <strong>de</strong>s lois..., Parie, 1802, in-8°, p. 76-<br />
78; I.alouette, Él!meriu dc l'admin. pratique, Parie, 1812, in-4 0, p. 498401;<br />
Manguin, Talle <strong>de</strong>s lois, dans son Étu<strong>de</strong> histr. <strong>de</strong> l'admis, <strong>de</strong> l'agricult. <strong>en</strong><br />
F'rarice, t. III, Paris, 1877, in-8°, p. 397; L. 13quet, Répert. <strong>de</strong> droit admis.,<br />
t. VI, Paris, 1887, in-4 e, y0 Commune, p. 140-239; H. \Vnrms, Étu<strong>de</strong>s d'écon.<br />
cl <strong>de</strong> Ilgiel, rurale, Paris, 1906, in-18, p. 183-185; Japlot, op. cil., p. 189-203.<br />
Pour t'affouage, voy. M. Miane, A. Antoine et Ch. Ferry, Gui<strong>de</strong> dc L'affouagiste,<br />
Paris, 1904, in-8 0. - Sur la législalicrn étrangère mo<strong>de</strong>rne, vo y . un<br />
court aperçu dans Cléray, op. cil., p. 178-181. — Je n'ai pu employer, <strong>en</strong><br />
raison <strong>de</strong> la date d'apparition, le travail synthétique <strong>de</strong> M. Kovalewaky, La<br />
France ccon. et sociale à ta veille <strong>de</strong> la R.volution. Les carepogsec, Paris, 1908,<br />
in.8 0 (Bildiol, socint. internat., t. XXXIX) ; <strong>de</strong> même, pour l'anci<strong>en</strong> régime,<br />
P. Ardaacheff, l,os int<strong>en</strong>dants <strong>de</strong> province sous Louis XI'!, trad. franç., Paris,<br />
1909, in-8e.
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