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culture », déclare-t-il, ajoutant que « Pantoute ne s’est pas contentée de vendre des livres touristiques dans le<br />
Vieux-Québec; elle s’est impliquée pour donner forme au monde du livre tel qu’on le connaît aujourd’hui ».<br />
Il étaie son propos en rappelant l’époque des causeries, la création du Bulletin Pantoute (devenu aujourd’hui<br />
le <strong>libraire</strong>), les émissions littéraires sur les ondes de CKRL, sans oublier l’actuel Studio P, cette salle multifonction<br />
où se tiennent plusieurs événements littéraires et culturels. <strong>Le</strong> rayonnement de Pantoute est tel qu’il a des<br />
échos jusqu’en Europe. « On en parle sur les blogues de voyageurs, dans les salons du livre européens… »,<br />
raconte le <strong>libraire</strong>. Nos cousins d’outre-mer doivent par ailleurs trouver le nom du commerce bien exotique.<br />
Allez, le moment est venu de tout révéler : pourquoi l’entreprise s’appelle-t-elle Pantoute?<br />
« À l’époque, le registraire du gouvernement québécois ne considérait pas “pantoute” comme un mot français.<br />
<strong>Le</strong>s propriétaires ont donc justifié leur choix en disant qu’il s’agissait en fait de la contraction des noms Pandore,<br />
Toutankhamon et Thétis », dévoile le <strong>libraire</strong>. Il ajoute que, par la suite, on s’est beaucoup amusé à clamer que<br />
« si vous ne trouvez pas un livre ici, vous ne le trouverez pas pantoute ». À ses débuts, la librairie se démarquait<br />
en effet en important des titres réputés introuvables, parmi lesquels on trouvait beaucoup de BD européennes<br />
encore indisponibles sur le marché québécois.<br />
<strong>Le</strong>s propriétaires de Pantoute ont toujours montré une volonté de faire les choses autrement et de s’affranchir<br />
des carcans. Ils ont poussé l’expérience jusqu’à confier en 1982 une majorité des parts de l’entreprise à leurs<br />
vingt-quatre meilleurs clients, établissant ainsi une structure d’entreprise inédite en librairie. Aujourd’hui, la<br />
bannière – qui a célébré son 40 e anniversaire l’année dernière – a également pignon sur rue dans le quartier<br />
Saint-Roch. <strong>Le</strong>s lecteurs « pantoutiens » ont ainsi, depuis 2001, deux adresses pour assouvir leur soif de<br />
découvertes littéraires.<br />
<strong>Le</strong>s vents peuvent continuer de souffler, c’est aux portes des librairies Pantoute que l’alizé se brise.<br />
Librairie Pantoute<br />
1100, rue Saint-Jean<br />
Québec (Québec)<br />
418 694-9748<br />
www.librairiepantoute.com<br />
LES CHOIX DE LA RÉDACTION<br />
NÉOLOGIROUETTES<br />
Daniel Aubin, Prise de parole<br />
156 p., 17,95$<br />
Assonances et allitérations se lancent<br />
la balle dans ce recueil d’une vivacité<br />
déconcertante. Une poésie au fond<br />
enraciné dans le réel, à la forme<br />
ancrée dans l’imaginaire. Ce second<br />
recueil de Daniel Aubin est aussi délectable que « le<br />
goût d’une goutte d’amour / en enfer » et dénote une<br />
langue épanouie et dégourdie.<br />
STAND BY<br />
Valérie Bourdon, Triptyque<br />
70 p., 16$<br />
Avec ce recueil récipiendaire du prix<br />
André-Vanasse, Valérie Bourdon<br />
donne voix au silence de la virilité,<br />
habille son père du plus beau des<br />
manteaux d’amour et porte un regard<br />
sur ses souvenirs qu’elle dépoussière avec prosaïsme et<br />
verdeur. Des images empreintes de poésie, sans rimes,<br />
qui mouillent l’œil.<br />
JACQUES ROCHE,<br />
JE T’ÉCRIS CETTE LETTRE<br />
Rodney Saint-Éloi<br />
Mémoire d’encrier, 72 p., 17,50$<br />
« Que peut le poème pour garder en<br />
nous la lumière? » demande l’auteur<br />
en prologue de cette lettre sentie,<br />
intime et généreuse, dédiée à son ami, kidnappé,<br />
torturé puis assassiné en 2005. <strong>Le</strong> poème, Monsieur<br />
Saint-Éloi, permet d’entretenir ce lien invisible et éternel<br />
entre les êtres, et ce magnifique recueil le prouve avec<br />
finesse, malgré toute sa tristesse.<br />
LA GUERRE DES TUQUES<br />
Fabien Cloutier, L’instant même<br />
116 p., 15,95$<br />
Pour l’enfant tapi en soi, voilà une<br />
adaptation théâtrale de La guerre des<br />
tuques, qui relance l’histoire là où le<br />
film l’avait laissée, l’entraînant dans un<br />
Québec entre crise économique et sociale. Des<br />
répliques savoureuses, une histoire qui nous fait sentir<br />
chez soi, un brin d’absurde en plus.<br />
FONDATIONS<br />
Olyvier <strong>Le</strong>roux-Picard<br />
Du Passage, 80 p., 19,95$<br />
Un premier recueil d’une grande<br />
profondeur pour un jeune écrivain<br />
né en 1989. Solitude, rencontres,<br />
écriture, sentiments : le chemine -<br />
ment du narrateur est tout en<br />
nuances, gorgé d’impressions et de mouvements,<br />
du bruit du vent autant que de celui du cœur.<br />
P O É S I E e t T H É Â T R E P<br />
LE LIBRAIRE • AVRIL | MAI 2013 • 25