HistoMag'44 special Front de l'est - 39-45.org
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HISTOMAG’44<br />
disciplinées du début contrastaient avec les défaites<br />
chaotiques <strong>de</strong> la fin. Les images du début décrivaient<br />
les bombar<strong>de</strong>ments allemands sur les villes<br />
étrangères comme faisant partie d'un triomphe<br />
expéditif, alors que ceux <strong>de</strong>s Alliés sur le Reich étaient<br />
considérés comme exagérés, images qui enfermaient<br />
le vainqueur dans un rôle moral inférieur, lui accordant<br />
la supériorité du nombre et la capacité <strong>de</strong> production<br />
au détriment <strong>de</strong>s vertus humaines et <strong>de</strong>s qualités<br />
technologiques. Ces <strong>de</strong>ux images pouvaient être<br />
disséminées plus facilement en Occi<strong>de</strong>nt puisqu'elles<br />
jouaient sur le sentiment <strong>de</strong> culpabilité <strong>de</strong>s libérateurs<br />
prenant conscience <strong>de</strong>s bombar<strong>de</strong>ments terroristes<br />
sur les villes alleman<strong>de</strong>s et sur l'abandon <strong>de</strong> l'Europe<br />
<strong>de</strong> l'Est aux mains du pouvoir politique soviétique. Ce<br />
sentiment reposait également sur l'hypothèse que les<br />
crimes du régime <strong>de</strong>vaient être attribués uniquement<br />
aux SS alors que le soldat <strong>de</strong> la Wehrmacht menait<br />
une guerre propre.<br />
La tombe du SS hauptstürmführer Michael Wittmann<br />
est une <strong>de</strong>s plus visitée du cimetière allemand<br />
<strong>de</strong> La Cambe<br />
« ...les grands héros <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières années du conflit<br />
sont <strong>de</strong>meurés les maîtres <strong>de</strong> la machine... »<br />
L'image <strong>de</strong> la Blitzkrieg a continué à jouer un rôle<br />
prépondérant dans la pério<strong>de</strong> d'après-guerre<br />
également. Non seulement pour l'Allemagne, mais<br />
pour quiconque désirait faire la guerre, en propager<br />
l'idée, ou la représenter sur film, en tant que réalité<br />
ou fiction. La Blitzkrieg avait beau, comme je l'ai<br />
soutenu, être une simple version <strong>de</strong> la guerre totale,<br />
elle en vint à servir <strong>de</strong> contre-image à l'autre conflit,<br />
celui-là même qu'on ne voulait plus voir se reproduire.<br />
Sa représentation <strong>de</strong>meura séduisante pour tous ces<br />
jeunes hommes <strong>de</strong> nationalités et <strong>de</strong> générations<br />
différentes qui n'hésiteraient pas à y prendre part si<br />
l'occasion leur en était donnée. C'est une<br />
représentation héroïque, rapi<strong>de</strong>, dangereuse,<br />
exaltante, glorieuse et enivrante d'une guerre vieille<br />
<strong>de</strong> 70 ans, mais paradoxalement futuriste.<br />
Cette transformation <strong>de</strong> la Blitzkrieg en guerre propre,<br />
genre <strong>de</strong> guerre à laquelle quiconque aimerait<br />
participer si elle ne peut être évitée, n'est pas<br />
l'apanage d'adolescents en manque <strong>de</strong> sensations,<br />
mais aussi <strong>de</strong> sobres (quoique ambitieux) généraux.<br />
Le général <strong>de</strong> blindés israélien Yisrael Tal (Talik), par<br />
exemple, est reconnu pour avoir fait tourner la guerre<br />
du désert <strong>de</strong> 1967 contre l'Égypte en Blitzkrieg et pour<br />
s'être comparé au général <strong>de</strong> Panzer favori <strong>de</strong> Hitler,<br />
Heinz Gu<strong>de</strong>rian. De la même façon, on ne peut nier<br />
que le général américain Norman H. Schwarzkopf a<br />
été dépeint (certainement pas involontairement)<br />
comme le meneur d'une blitzkrieg style 1991,<br />
contenant tous les éléments nécessaires tels que :<br />
pertes négligeables, quantités immenses <strong>de</strong> matériel<br />
sophistiqué, résultats immédiats, et <strong>de</strong>struction<br />
massive <strong>de</strong> l'ennemi. Mais pendant que cette guerre<br />
propre nous est arrivée <strong>de</strong> l'Allemagne (en ignorant<br />
naïvement bien sûr les composantes essentielles <strong>de</strong><br />
ce type <strong>de</strong> guerre comme <strong>de</strong> terroriser la population<br />
par les bombar<strong>de</strong>ments concentrés sur <strong>de</strong>s villes<br />
ouvertes), nous assistons maintenant à une<br />
transformation troublante <strong>de</strong> la Blitzkrieg en spectacle<br />
médiatique.<br />
Blitzkrieg d’hier...<br />
... et d’aujourd’hui<br />
Par définition, la Blitzkrieg est en partie image et en<br />
partie réalité. Ses composantes sont les actions<br />
militaires et leur représentation médiatique. La<br />
propagan<strong>de</strong> a toujours été d'importance capitale pour<br />
son succès, tout comme les sirènes inoffensives mais<br />
terrorisantes <strong>de</strong>s bombardiers en piqué, dont les effets<br />
démoralisants surpassaient largement leur pouvoir<br />
<strong>de</strong>structeur. De nos jours, nous pouvons voir les<br />
images <strong>de</strong>s combats en direct, sans savoir quelle sera<br />
l'issue <strong>de</strong> la bataille. Quoique les reportages soient<br />
diffusés en direct, ils n'arrivent pas à nous atteindre<br />
dans notre vie <strong>de</strong> tous les jours et provoquent<br />
l'indifférence plutôt que la compassion, le<br />
détachement au lieu <strong>de</strong> la sympathie. Nous prenons<br />
pour acquis que notre quotidien et la guerre qui se<br />
déroule au loin ne sont mis en relation que par l'écran<br />
<strong>de</strong> télévision et que nous pouvons couper ce lien à<br />
notre guise en appuyant sur un bouton.<br />
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MAG<br />
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