04.07.2013 Views

HistoMag'44 special Front de l'est - 39-45.org

HistoMag'44 special Front de l'est - 39-45.org

HistoMag'44 special Front de l'est - 39-45.org

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

HISTOMAG’44<br />

Alors pour moi l’encerclement a commencé le 23<br />

février 1942.<br />

Nous étions arrêtés dans un village.<br />

Tout à coup j’ai entendu <strong>de</strong>s cris : chars allemands,<br />

en arrière ! J’ai regardé au loin et j’étais horrifiée : sur<br />

toute la ligne <strong>de</strong> l’horizon il y avait <strong>de</strong>s chars<br />

allemands. « Fuir, il faut fuir, vite ! », cette idée est<br />

passée très vite dans ma tête.<br />

Je me suis accrochée au bord d’une charrette avec <strong>de</strong>s<br />

soldats et je continuais à courir avec eux. Les soldats<br />

m’ont pris par le col <strong>de</strong> mon manteau vous savez,<br />

comme on prend d’habitu<strong>de</strong> les chats et hop ! J’étais<br />

dans la charrette.<br />

Nos chevaux au galop, nous essayions <strong>de</strong> revenir en<br />

arrière.<br />

Nous sommes arrivés jusqu’à un village, mais les gars<br />

se dirigeaient vers un champ.<br />

Celui-ci étant couvert <strong>de</strong> neige, nous pouvions alors<br />

<strong>de</strong>venir une cible facile.<br />

J’ai crié :<br />

- « Tournez dans le village, sinon dans le champ c’est<br />

notre mort immédiate. »<br />

Les gars m’ont obéi.<br />

Après avoir fait quelques centaines <strong>de</strong> mètres j’ai<br />

remarqué un officier soviétique, il gémissait sur la<br />

neige. C’était mon commandant. Bien sûr nous l’avons<br />

pris aussi. Il était gravement blessé à la hanche. Nous<br />

avons ensuite dû <strong>de</strong> le cacher dans un tas <strong>de</strong> foin.<br />

Nous sommes entrés dans la première maison du<br />

village. 15 habitants s’y trouvaient.<br />

Ensemble, ils se sentaient plus en sécurité.<br />

J’ai vite enlevé mon uniforme, la maîtresse <strong>de</strong> maison<br />

m’a donné sa jupe et sa blouse, sa veste et son<br />

foulard. On a vite caché mon sac d’infirmière dans le<br />

four.<br />

Et tout à coup on a entendu : « Gav, gav, gav », un<br />

langage qui ressemblait à l’aboiement <strong>de</strong>s chiens.<br />

C’était les Allemands.<br />

Mes <strong>de</strong>nts cognaient les unes contre les autres.<br />

Les Allemands sont venus en moto et en voiture, toute<br />

la rue en était remplie.<br />

Quelques secon<strong>de</strong>s plus tard, plusieurs Allemands<br />

sont entrés dans la maison. « Partizanen ? »<br />

Ils ont attrapé le maître <strong>de</strong> maison, un monsieur déjà<br />

bien âgé, « Partizanen ? » Paf ! une balle dans la<br />

tête ; ils en ont pris un autre : paf !<br />

Tous mes camara<strong>de</strong>s-soldats ont été tués <strong>de</strong> la même<br />

manière <strong>de</strong>vant mes yeux.<br />

J’étais parmi les femmes et les enfants, habillée en<br />

civil ; c’est ce qui m’a sauvé la vie.<br />

J’avais très peur d’une trahison : j’étais quand même<br />

lieutenant dans l’Armée Rouge…<br />

La nuit tomba. Ce village plein d’Allemands était<br />

horriblement angoissant.<br />

Une nuit <strong>de</strong> peur et <strong>de</strong> cauchemars. Personne ne<br />

dormait.<br />

Les Allemands ne dormaient pas non plus.<br />

Il y en avait qui partaient et d’autres qui arrivaient.<br />

Tout à coup, on a entendu quelqu’un toquer à la porte.<br />

Sursaut général. « C’est moi, Makarenko, ouvrez-<br />

moi. » C’était le mari d’une <strong>de</strong>s paysannes.<br />

Il avait réussi à s’échapper pendant la tuerie.<br />

Les Allemands avaient tué tous les hommes du village.<br />

Il était resté vivant par miracle : les Allemands avaient<br />

tiré sur lui plusieurs fois et l’avaient blessé.<br />

Étant tombé, ils avaient dû penser qu’il était mort.<br />

Son visage défiguré par les balles présentait vraiment<br />

une image horrible…<br />

Au petit matin j’ai apporté à manger à mon<br />

commandant.<br />

Dieu merci, il était toujours vivant.<br />

Je lui ai fait un bandage et nous nous sommes dit<br />

adieu.<br />

Il est resté aux bons soins <strong>de</strong>s femmes du village et<br />

moi, je suis partie. Depuis je ne l’ai jamais revu.<br />

Il fallait maintenant que je traverse la ligne du front<br />

pour rejoindre notre Armée.<br />

Les allemands viennent <strong>de</strong> quitter ce village...<br />

J’ai eu d’autres « aventures ».<br />

J’ai fait la route <strong>de</strong> Lozovaya jusqu'à Borovaya à pied.<br />

Les bottes déchirées, toute épuisée, j’ai commencé à<br />

sortir <strong>de</strong> l’encerclement le 8 mars.<br />

J’ai passé la nuit dans un village Nikolaïevka (Près <strong>de</strong><br />

Slaviansk).<br />

Le matin je suis partie ; il neigeait beaucoup.<br />

J’ai pris un chemin qui menait vers Severny Donets.<br />

35<br />

MAG<br />

44

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!