Les sirènes de la glace - Je me livre ... Eric Vincent

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Les sirènes de la glace
Des milliers d'étoiles scintillaient sur l'écran de télévision. La neige suivant la fin des
programmes. Impossible de trouver le sommeil. Sébastien rongeait son frein. Toute la
journée, toute la soirée, il n'avait cessé d'imaginer ce que faisait Magali, priant les cieux pour
qu'elle fût vêtue de son cadeau. L'avait-elle fait ? Avait-elle accepté de jouer le jeu ? Avait-il
réussi à l'émouvoir ? Des heures à attendre, encore, avant de connaître le verdict.
*
* *
La soirée battait son plein. Champagne, petits fours et autres amuse-gueules échouaient sans
interruption sur d'immenses buffets disposés le long de la non moins immense salle de
réception. Autour, une foule huppée se pressait et se chargeait d'avaler kilos et litres de
produits fins. Une vague musique jazzy, jouée par un orchestre pour la circonstance,
émergeait à peine du brouhaha constant régnant dans les lieux. Des groupes se faisaient et se
défaisaient, chacun passant son temps à présenter son voisin et sa voisine : du travail en
perspective pour cette assemblée d'environ quatre cents têtes. Un concours d'élégance
féminine avait été lancé avec, à la clef, le gain d'une Jaguar. Une voiture de prestige en guise
de récompense tandis que d'autres gagnaient des jambons, des bouteilles de vin, des poulets
dans des soirées "loto", joviales, sympathiques, dans une ambiance bon enfant. Autre monde,
autres moyens. C'était à se demander si nous vivions sur la même planète !
Un jury, impartial, composé de jeunes loups aux dents aussi longues que leurs titres et leurs
ambitions et de vieux croûtons aussi âgés que les pierres de leur patrimoine, s'était chargé de
faire défiler la noblesse devant leurs yeux ébahis et leurs langues pendantes. La délibération
ne tarderait plus.
Le marquis Hubert de Saint Parfum de la Dentellière s'approcha de Magali
- Tiens ! Hubert !
- Bonjour Mademoiselle la duchesse.
- Oh, je vous en prie ! D'ordinaire, à mon égard, vous faites preuve d'un peu plus de
familiarité !
- C'est que vous êtes... éblouissante, ma chère. Sublime ! Subliminal, même, j'oserais dire ! Je
me demande si cette tenue ensorcelante ne renforce pas votre magnétisme naturel, celui qui
réveille la libido en chacun de nous.
- Vilain flatteur !
- Non, pas flatteur... Je crois que la concession Jaguar de la ville va bientôt vous compter dans
sa clientèle. Oh ! Mais laissez-moi vous présenter quelqu'un !
Une jeune fille, dissimulée derrière le marquis fit son apparition. A peine sortie de l'enfance,
elle était ravissante et svelte comme une danseuse. Ses cheveux châtains, montés en un
chignon sophistiqué, accentuaient la finesse de ses traits. Quelques boucles savamment
lâchées sur le côté entretenaient un air mutin. Sa pâleur n'avait d'égale que sa taille de guêpe et