Les sirènes de la glace - Je me livre ... Eric Vincent

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Les sirènes de la glace
- Que me veut cette personne ?
- Je l'ignore. Elle m'a dit qu'elle désirait te rencontrer pour te parler. Rien de plus. Elle doit
arriver dans un quart d'heure, environ.
- Bon ! Eh bien, je verrai dans un quart d'heure !
Sébastien fila dans son repaire, sa chambre. Après avoir quitté ses vêtements et revêtu une
tenue décontractée, à savoir survêtement et pantoufles, il ouvrit son sac à dos. L'agenda était
là. Avec son cortège d'ennuis. Il fallait l'ouvrir. A contrecoeur. Mardi. Exercices de maths.
Encore ! Anglais. Allemand. Du vocabulaire à apprendre. Il le réglerait dans son lit, avant de
dormir. Demain matin, un bref coup d'oeil et sa mémoire visuelle feraient le reste. Demeurait
le problème des maths. Il feuilleta le bouquin d'exercices, lut consciencieusement les intitulés
à plusieurs reprises. Il referma le livre et s'exclama :
- Une demi-heure de gagnée ! La santé épargnée ! Merveilleux. De plus, je viens de dégager
trente minutes pour m'occuper d'autre chose !
Il déverrouilla le placard aux trésors multicolores.
*
* *
C'était bien une patineuse. Aucun doute. Allure frêle, à peine quarante kilos sur la balance, les
cheveux longs ramenés en chignon, une démarche gracieuse ; bref, elle ressemblait à Oksana
Baïul, l'Ukrainienne, lorsqu'elle fut championne olympique à Lillehammer, à seize ans. Elle
était entrée dans la chambre comme on entrait dans un temple : avec curiosité, respect et
discrétion.
- Bonjour ! Osa-t-elle enfin prononcer, rompant le silence la première.
- Bonjour, répondit le plus simplement du monde Sébastien.
Un autre silence s'installa, plus long, durant une bonne douzaine de secondes. Elle tourna la
tête vers les murs de la pièce, recouverts comme il se devait dans l'antre d'un adolescent, de
posters géants. Le patinage était en bonne place puisque Katarina Witt, Oksana Baïul,
Philippe Candeloro et Scott Hamilton figuraient sur papier glacé. Le reste des affiches était
constitué des modèles de vêtements conçus et réalisés par l'apprenti couturier.
- Tu voulais me parler ? Demanda-t-il.
- Oui... Je suis patineuse. Tu le sais ?
- Je le sais.
- Tu aimes le patinage ?
- Comme tu peux le constater !
- Je... j'étais à un bal, samedi soir.
- Chez Magali Sainte-Croix de la Valière ?
- Oui.
- Tu as vu sa robe ?
- Oui. Elle était somptueuse. J'ai appris que tu en étais l'auteur.
- Tu ne l'as certainement pas appris de la bouche même de Magali !