livret jarry a5 v2 - Théâtre de l'Echappée
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Carnet <strong>de</strong> création “ Monsieuye Jarry “<br />
soutien financier accordé par les villes aux théâtres est plus élevé que celles qu’elles<br />
consentent aux églises tout au long du XIXème siècle. Les subventions municipales passent <strong>de</strong><br />
40 000 francs à Bor<strong>de</strong>aux en 1831 à 250 000 en 1910. Marseille et Lyon sont encore plus<br />
généreuses pour leurs théâtres avec 300 000 francs chacune, seules Toulouse et Saint-Etienne<br />
sont en retrait avec, respectivement, 155 000 et 27 000 francs.<br />
Publics<br />
On peut mesurer l’importance croissante du public parisien à travers l’augmentation<br />
considérable <strong>de</strong>s recettes : elles sont passées <strong>de</strong> 5 200 000 francs en 1817 à 7 001 000 francs<br />
en 1829. Elles doublent entre 1830 et 1848, et dépassent 24 millions en 1903. Plus on avance<br />
dans le temps, plus on cherche à maintenir longtemps les mêmes pièces à l’affiche alors que,<br />
dans la première partie du siècle, on renouvelait vite le répertoire, même en cas <strong>de</strong> succès. En<br />
effet, le public assidu était moins étendu et plus hétérogène : à chaque théâtre correspon-<br />
daient approximativement un genre et une clientèle cible sous le régime du privilège. La<br />
facilité <strong>de</strong>s communications et l’extension <strong>de</strong> la sphère d’attraction <strong>de</strong> Paris permettent, dans<br />
la <strong>de</strong>rnière partie du siècle, <strong>de</strong> rejouer les mêmes pièces <strong>de</strong>vant <strong>de</strong> publics socialement plus<br />
homogènes. Ils sont plus bourgeois puisqu’ils ont les moyens <strong>de</strong> voyager mais <strong>de</strong> moins en<br />
moins parisiens, donc moins assoiffés <strong>de</strong> nouveautés puisque présents <strong>de</strong> façon intermittente<br />
dans la capitale. Ce processus atteint son paroxysme lors <strong>de</strong>s années d’Exposition universelle<br />
où l’on mise à la fois sur la clientèle <strong>de</strong> province et <strong>de</strong> l’étranger pour remonter <strong>de</strong>s pièces déjà<br />
amorties qui coûteront moins cher. Un autre phénomène encourage les reprises, les tournées<br />
d’été <strong>de</strong>s troupes parisiennes dans <strong>de</strong>s villes <strong>de</strong> villégiatures hors Paris ou dans quelques villes<br />
<strong>de</strong> province sans troupes sé<strong>de</strong>ntaires.<br />
Le soutien <strong>de</strong>s théâtres en province par les municipalités et l’enjeu politique<br />
que représente le théâtre pendant une gran<strong>de</strong> partie du siècle montrent qu’au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong><br />
Paris, la France possè<strong>de</strong> un public théâtral important, plus étendu sans doute que l’Allemagne<br />
(comme l’indique l’exportation <strong>de</strong> nombreuses pièces vers l’Allemagne). Il est moins clivé<br />
socialement qu’en Gran<strong>de</strong> Bretagne où les nouveaux spectacles comme le music-hall, tant à<br />
Londres qu’en province, ont précocement attiré les nouveaux urbains tandis que les interdits<br />
religieux tenaient à l’écart <strong>de</strong> ce divertissement une partie <strong>de</strong> la bourgeoisie et <strong>de</strong>s classes<br />
moyennes imprégnées par une religiosité protestante et limitaient la liberté <strong>de</strong> création et<br />
d’innovation <strong>de</strong>s auteurs locaux.<br />
A Paris, dans les années 1860, on assiste à la fois à une multiplication <strong>de</strong>s salles (effet<br />
du décret <strong>de</strong> libéralisation du 6 janvier 1864) et à un déclin <strong>de</strong>s salles populaires, en fonction<br />
d'une politique délibérée du pouvoir sous le second Empire. Plusieurs salles sur le « boulevard<br />
du Crime » sont détruites à l’occasion <strong>de</strong>s grands travaux d’Haussmann, après 1862. En<br />
province, l’absence <strong>de</strong> concurrence entre salles (la plupart <strong>de</strong>s villes n’ont qu’un théâtre, les<br />
autres spectacles sont peu nombreux) et la vogue du théâtre lyrique ou comique font du théâtre<br />
un lieu social mixte jusqu’à la guerre <strong>de</strong> 1914, ce qu’encouragent encore la reprise <strong>de</strong>s<br />
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