livret jarry a5 v2 - Théâtre de l'Echappée

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Carnet de création “ Monsieuye Jarry “ Lucien : (s’entêtant) Pourquoi ce mélange des deux opérations, si tu ne pensais pas des saletés ? Margot : (vexée) Elle n’est pas sale, ma dent. Lucien : Flanque-moi cette dent au diable, hein ? Je te défends de te payer ma tête avec… espèce de graine de fille ! Margot : (poussant un cri) Ma dent, ma dent ! Je la veux… la jette pas… ou j’appelle les bonnes… Lucien : (furieux) Petit chameau ! (il envoie la dent au diable) Margot : (hurlant) Je veux ma dent… je veux ma dent… je veux mon gosse… c’est à moi… je veux ma dent ! Chameau toi-même ! Il a jeté ma pauvre dent ! Je la retrouverai jamais… Maman ! Maman (cris d’hystérique – arrivée de la Mère et des figurants) ! La Mère : (entrant, très effrayée – d’autres personnages viennent se pointer en curieux) Ah ! mon Dieu ! Qu’est-ce qu’il y a encore ? Ma fille, ma chère petite, tu as une crise nerveuse ? Pauvre chérie ! Elle a eu tant de courage pour se la faire arracher ! (elle voit Lucien) Tiens, vous êtes là… je parie que vous lui disiez encore des bêtises ? Margot : (pleurant à chaudes larmes) Il m’a dit… Il m’a dit : petit chameau, maman ! La Mère : (suffoquée) Oh !… et un jour comme celui-ci !… Sortez, monsieur. Il sort sous les moqueries potachiques de tous les personnages présents. Une musique, comme un avertissement, au lointain… On déplace les armoires sur fond de musique tribale. Monsieuye Jarry : A y’est ! Je me suis rendu, moi, vide... A y’est ! A y’est ! Le vide ! Le vide ! Je lègue ma carcasse de hibou à quelque bon décortiqueur s’il s’en trouve. Qu’il m’ôte la tête pour que je puisse commander au pressage du reste de mon corps et ça f’ra ti pas un beau blason d’un mètre soixante deux de haut sur quarante de large ! Placardez-moi sur la couverture DU LIVRE… (la musique s’amplifie) DU LIVRE ! Ah ! Ha ! Ménagez surtout mon dernier cure-dent et posez-le dessus… On ne sait jamais… La Chantreuse : Le Père Ubu Cette fois n’écrit pas dans La fièvre Je crois vous avez compris Il ne meurt pas De bouteilles et d’orgi-i-es (parlé) Il n’avait pas cette passion Et puis il a eu la –la- Coquetterie –i-i-i- De se faire examiner Partout par les « merdecins » Il n’a eu aucune tare Ni au foie ni au cœur ni 48
Carnet de création “ Monsieuye Jarry “ (parlé) Aux reins Pas même dans les urines ! Il est épuisé et sa Chaudière ne va pas Eclater mais s’éteindre Sa fièvre est peut-être Que son cœur essaie de le Sauver en faisant du cent Du cent Du cent cinquante Aucun être humain n’a Tenu jusque là-là-là Tel l’éléphant sans trompe Et curieux de Kipling Il va rentrer un peu plus Arrière dans la nuit Des temps Arrière dans la nuit Des temps (parlé) Un peu plus arrière dans la nuit des temps. SEQUENCE DITE FINALE La musique glisse et indique une marche funèbre fanfarante avec des hoquets… Apparaît Jarry est assis sur un tabouret (comme sur l’une des dernières photos que nous aillons de lui..) Monsieuye Jarry : L’Amour ! L’Amour absolu ! Toujours attendre l’éblouissement ! Grand mouvement d’armoires. On pousse une armoire apparition de Grande Echalate et Grand Echalat ainsi que de Jarry assis, comme sur une de ses dernières photos : il regarde la rivière. Grande Echalate : Cornegidouille, il nous le faut écraser ! Grand Echalat : Cornegidouille, comme tu as raison ! Grand Echalat : Les Jours et les Nuits… Grande Echalate : A la trappe ! Grand Echalat : Les Silènes… Messaline… Grande Echalate : Merdre ! Merdre ! Grand Echalat : 49
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