livret jarry a5 v2 - Théâtre de l'Echappée
livret jarry a5 v2 - Théâtre de l'Echappée
livret jarry a5 v2 - Théâtre de l'Echappée
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Carnet <strong>de</strong> création “ Monsieuye Jarry “<br />
en revanche ignorés. Seul mmolière tire son épingle du jeu en tant que père fondateur et<br />
auteur comique. On comprend pourquoi les théâtres d’avant-gar<strong>de</strong> s’attachent à accueillir<br />
tous ces exclus du théâtre officiel.<br />
La crise fin <strong>de</strong> siècle<br />
Mais ces nouveaux goûts du public impliquent <strong>de</strong>s dépenses croissantes, ce qui met<br />
en péril la rentabilité <strong>de</strong>s théâtres, au moment où une partie <strong>de</strong>s spectateurs se tourne vers<br />
d’autres consommations culturelles. Au Châtelet, spécialisé dans la féérie, on évalue chaque<br />
mise en scène à 200 000 francs, soit 600 000 francs pour trois spectacles par an plus les frais<br />
généraux. Le théâtre doit donc impérativement dépasser le million <strong>de</strong> recettes pour rester<br />
dans ses frais, ce qui n’est le cas que lors <strong>de</strong>s années extrêmement prospères.<br />
La crise apparaît violemment à Paris ou la concurrence entre salles et divertissements<br />
est le plus sensible. Après 1883, on assiste à une stagnation relative <strong>de</strong>s recettes, sauf les trois<br />
années d’Exposition universelle (1878, 1889,1900). Vingt théâtres sur quarante-cinq<br />
disparaissent entre 1885 et 1889. Des déficits récurrents, même pour les théâtres les plus éta-<br />
blis comme l’Opéra et la Comédie Française, s’installent. Dans certains théâtres, les directeurs<br />
se retirent après <strong>de</strong>s faillites à répétition. Si la situation est moins difficile en province, en<br />
raison <strong>de</strong> la moindre concurrence, elle se détériore cependant comme l’a montrée l’augmen-<br />
tation <strong>de</strong>s subventions <strong>de</strong>s villes. Dès 1887, un observateur sent un déclin <strong>de</strong> l’engouement du<br />
public pour le théâtre en province :<br />
« En province, - je ne parle, bien entendu, que <strong>de</strong>s petites villes <strong>de</strong> dix, vingt ou<br />
trente mille âmes qui ne possè<strong>de</strong>nt qu’un théâtre, le théâtre municipal – il en est tout<br />
autrement. Ce qui passionne ici (à Paris) laisse là indifférent. »<br />
Selon ce critique, ce dépérissement tient au passage <strong>de</strong>s troupes <strong>de</strong> Paris et à la<br />
vogue <strong>de</strong> l’opérette, inaccessible aux anciennes troupes locales. Comme les Parisiens envoient<br />
leurs plus mauvais acteurs, le public provincial se lasse d’être trompé et ne se dérange plus. Les<br />
salles ne sont plus entretenues, faute <strong>de</strong> recettes, et tombent dans un état déplorable <strong>de</strong><br />
confort, qu’enregistre Charles Barret à la veille <strong>de</strong> 1914 :<br />
« A part la Turquie et les Etats balkaniques, il n’existe pas en Europe un pays où les<br />
salles <strong>de</strong> spectacles soient plus inconfortables, plus poussiéreuses et plus délabrées que dans<br />
notre belle France. Quand l’édifice ne tombe pas en ruine, le mauvais entretien en fait prévoir<br />
la vétusté prochaine. Il y a un minimum <strong>de</strong> propreté au-<strong>de</strong>ssous duquel on tombe dans le<br />
sordi<strong>de</strong> et dans le malsain. C’est dans ce <strong>de</strong>ssous que sont tombés nos théâtres <strong>de</strong> province. »<br />
L’auteur <strong>de</strong> cette citation, organisateur <strong>de</strong> tournées théâtrales dans toute la France,<br />
a pu se rendre compte personnellement <strong>de</strong> l’état du parc immobilier théâtral provincial <strong>de</strong> la<br />
Belle Epoque. Peu <strong>de</strong> villes trouvent grâce à ses yeux. Selon lui les trois quarts <strong>de</strong>s salles<br />
seraient insalubres. Seules sont entretenues les salles d’opéra <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s villes, quelques<br />
théâtres récemment refaits et les théâtres <strong>de</strong>s stations balnéaires ou <strong>de</strong>s casinos. Bref, toutes<br />
les institutions dramatiques qui s’adressent à une clientèle privilégiée. On comprend que le<br />
13