livret jarry a5 v2 - Théâtre de l'Echappée
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Carnet <strong>de</strong> création “ Monsieuye Jarry “<br />
Par Christophe Charle<br />
LE THEATRE EN FRANCE DANS LA SECONDE<br />
MOITIE DU XIXème siècle.<br />
Professeur d’histoire contemporaine à l’université <strong>de</strong> Paris I – Panthéon-Sorbonne<br />
Le XIXème siècle hérite d’une double tradition théâtrale. Celle du théâtre <strong>de</strong> cour ou<br />
d’Etat, fréquenté par la bonne société et largement subventionné par le prince ou les classes<br />
supérieures, et celle du théâtre <strong>de</strong> ville : il perdure tout au long du siècle et au-<strong>de</strong>là à travers<br />
les théâtres nationaux subventionnés ou les théâtres soutenus par les gran<strong>de</strong>s villes <strong>de</strong> pro-<br />
vince. Le théâtre <strong>de</strong> ville, voué à un répertoire moins ambitieux, prend la forme d’entreprises<br />
privées fixes dans les gran<strong>de</strong>s villes (théâtre <strong>de</strong>s boulevards à Paris) ou itinérantes dans les<br />
villes provinciales secondaires et les campagnes où n’existe pas un public substantiel suffisant<br />
pour faire vivre une scène permanente. Pendant les <strong>de</strong>ux tiers du siècle, il existe un contrôle<br />
officiel <strong>de</strong>s répertoires pour préserver l’avantage <strong>de</strong>s scènes publiques auxquelles sont réser-<br />
vés les grands genre (opéra, tragédie, comédie littéraire). Les théâtres privés ou temporaires,<br />
<strong>de</strong>stinés aux groupes sociaux moyens ou inférieurs, doivent se cantonner dans les genres<br />
secondaires (vau<strong>de</strong>villes, drames, mélodrames, pantomimes, spectacles équestres, etc…).<br />
Vue d’ensemble<br />
Dans la secon<strong>de</strong> moitié du XIXème siècle, le théâtre connaît quatre mutations prin-<br />
cipales. En premier lieu, les barrières institutionnelles sont démantelées, à Paris comme en pro-<br />
vince. Sous la poussée urbaine, la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> croissante <strong>de</strong> spectacles et le ralliement <strong>de</strong>s élites<br />
françaises au libéralisme dans l’organisation <strong>de</strong>s spectacles conduit au décret <strong>de</strong> janvier 1864<br />
sur la liberté <strong>de</strong>s théâtres. En second lieu, la mise en place <strong>de</strong>s réseaux <strong>de</strong> communication<br />
rapi<strong>de</strong>s permet <strong>de</strong> plus en plus aux publics <strong>de</strong> province <strong>de</strong> voir les nouveautés parisiennes soit<br />
par <strong>de</strong>s tournées <strong>de</strong>s acteurs <strong>de</strong> la capitale en province, soit par <strong>de</strong>s reprises <strong>de</strong>s succès cen-<br />
traux par les troupes locales, soit encore parce que le public, grâce au chemin <strong>de</strong> fer, fait le<br />
voyage à Paris. Les réglementations anciennes per<strong>de</strong>nt ainsi leur sens et les directeur abandon-<br />
nent le système <strong>de</strong> renouvellement rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s pièces pour ce qu’on appelle les séries ou les<br />
reprises. Il s’agit <strong>de</strong> rentabiliser au maximum les succès, d’autant plus que le public, plus mobile<br />
et plus instruit, élève ses exigences en matière <strong>de</strong> spectacle. Il veut <strong>de</strong>s mises en scène <strong>de</strong> plus<br />
en plus coûteuses et <strong>de</strong>s acteurs qui connaissent leur métier et leur rôle. Les progrès techni-<br />
ques permettent d’utiliser <strong>de</strong>s effets spéciaux, <strong>de</strong>s machineries, <strong>de</strong>s éclairages artificiels (gaz<br />
puis électricité). L’autre élément d’alourdissement <strong>de</strong>s coûts teint aux exigences <strong>de</strong> sécurité :<br />
<strong>de</strong> nombreux incendies, avec parfois <strong>de</strong> lour<strong>de</strong>s pertes humaines, poussent à <strong>de</strong>s transforma-<br />
tions <strong>de</strong> plus en plus coûteuses <strong>de</strong>s théâtres. Ainsi, le théâtre <strong>de</strong>s Célestins à Lyon est détruit<br />
une première fois dans la nuit du 2 au 3 avril 1871, reconstruit en 1877 et <strong>de</strong> nouveau ravagé<br />
par les flammes dans la nuit du 26 au 27 mai 1880. Cette fois la charpente est refaite en fer.<br />
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