livret jarry a5 v2 - Théâtre de l'Echappée

Carnet de création “ Monsieuye Jarry “
SEQUENCE DITE PREMIERE
Monsieuye Jarry :
(Quand les personnages sont installés, Monsieuye Jarry apparaît par la trappe. Très droit. Une
canne de billard qu’il tient droite comme un fusil – des boules de billard sont posées au sol.
Maquillage blanc, un vieux pardessus… Il regarde le Théâtre puis, droit, il parle en hachant son
texte) Voilà bien un trou dans l’assistance ! (il regarde à nouveau le Théâtre) Pas de décors,
pas d’acteurs , c’est très bien ! Mon-sieuye le Maire… Fé-li-ci-ta-tions !… Toutefois… un peu
trop grand pour un Thé-âtre des Pan-tins… A moins que les Pan-tins ne soient de-ve-nus si
grands… (petit temps) Ha ! Ah ! (il vise une première boule puis jette un œil autour de lui) Pas
de décors, pas d’acteurs, c’est très bien ! (il s’appuie sur sa canne) Dire que ça fait cent ans que
je n’suis pas re-ve-nu dans cet-te vil-le de La-val ! (il tire) La ca-thé-dra-le : toujours à la mê-me
pla-ce, j’es-père ! (il vise une autre boule) Com-me le temps pas-se ! La dernière fois j’y dînais
chez un vieux ménage de no-o-tables commerçants : une table de qualité qui luttait à armes
égales avec le luxe cossu d’un décor du mauvais goût le plus harmo-o-nieux… (il tire puis vise
une autre boule) J’ai bien fait de spéculer sur le temps ! Ha ! Ah ! Une œuvre qui ne franchit
pas le temps n’est pas une œuvre, et moi si je n’avais pas franchi le temps je ne serais pas ici
un ho-homme. (cherchant dans le Théâtre) J’adore tant les blasons, je ne vois pas celui du
Maine… de sable semé de fleur de lis d’argent ; au lion d’or brochant sur le tout ! Si c’est un
oubli, ce n’est pas sé-rieux. (il vise) C’est cuisant de m’inviter aujourd’hui pour mes 134 ans. Si
j’en retire 34 d’inutiles il reste 100 ans, cornegidouille ! et qui font l’anniversaire de ma Grande
Défunterie ! (sa canne disparaît et Monsieuye Jarry monte sur le plateau ; apparition des
Porteurs de Gâteaux, lentement sur le tapis rouge du fond. Jarry trouve au bord de la trappe
une enveloppe à son nom qu’il ouvre : c’est une carte-anniversaire et l’on reconnaît la célèbre
mélodie de « Joyeux anniversaire » qui l’amuse… Tandis que AJ, très droit, s’avance vers le
public, plusieurs personnages apparaissent les uns après les autres dans la trappe pour jouer
au billard, mais ils ne tirent pas dans les boules et Mademouiselle Pian gagne son piano à cloche
pied comme pour une marelle). Suis encore bien démuni et il m’est fort ennuyeux de me
plain-dre, mais voyez l’ac-cou-tre-ment ! C’est que les re-venants ne touchent pas de droits
d’auteur et c’est une profonde in-jus-te-rie ! Mon « Ubu Roi » m’a fait des couilles en or : tout
un trésor virtuel, cornegidouille que je ne peux point toucher ! Je spécule mais de pécule
point ! (petit temps) Par Stanislas, à quoi donc puis-je bien toucher dans cette Grande
Chasublerie ? D’un côté (il désigne le sol) les contrées de la « merdre », de l’autre (il désigne
les cintres) celles de l’Absolu bues à plein rêve… Là-haut, des splendeurs qui vous clouent au
sol car l’Absolu-ment !... Et moi qui fonce à 300 à l’heure au milieu de tout ça ! (il retourne
vers la trappe en courant très vite – mais en avançant peu - et disparaît dans la trappe en passant
devant les joueurs de billard au garde à vous qui disparaissent après lui).
Mademouiselle Pian joue « Happy Birthday to you ». Le groom allume les bougies puis les deux
Porteurs de Gâteaux viennent se placer de chaque coté de la trappe. Jarry apparaît,
Mademouiselle Pian joue une version délirante de « Happy Birthday to you ».. Mademouiselle
Pian s’arrête de jouer. Aussitôt, par la porte du haut de l’armoire qui s’ouvre, on voit
Marionain et Marionoeud (marionnettes)… Le Singe-Pêcheur s’est fabriqué une gaule avec un
bout de bois qui traînait sur scène et commence à sortir son habit de Singe.
Marionain :
Quel est ce Pierrot ?
Marionoeud :
Hein ?… Ah ! C’est-t-AJ !
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