livret jarry a5 v2 - Théâtre de l'Echappée
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Carnet <strong>de</strong> création “ Monsieuye Jarry “<br />
A la fin du XIXème siècle, il faut toutefois relativiser les contrôles : face à la masse <strong>de</strong>s<br />
manuscrits à lire, les autorités laissent passer beaucoup <strong>de</strong> spectacles qui, dans le reste <strong>de</strong><br />
l’Europe, seraient impensables. Au début du XXème siècle , on porte même à la scène <strong>de</strong>s<br />
questions sexuelles : le thème, hautement scabreux <strong>de</strong> l’hérédosyphilis fournit la trame <strong>de</strong> la<br />
pièce <strong>de</strong> Brieux, Les Avariés (1902) et l’on présente <strong>de</strong>s pièces à thèse liées au débat public qui<br />
auraient fait scandale vingt ans plus tôt. C’est la <strong>de</strong>rnière pièce citée, interdite mais jouée à<br />
titre privé au <strong>Théâtre</strong> Antoine, qui ruine l’institution <strong>de</strong> la censure : le 17 novembre 1904, la<br />
Chambre <strong>de</strong>s députés supprime le salaire <strong>de</strong> l’un <strong>de</strong>s censeurs. L’année suivante, les autres<br />
salaires sont supprimés si bien que, <strong>de</strong> fait, la censure n’existe plus en 1906, faute <strong>de</strong> censeurs.<br />
Nombre et capacité <strong>de</strong>s théâtres en France<br />
Pour l’ensemble <strong>de</strong> la France, il existe un recensement partiel <strong>de</strong>s salles en 1849 : face<br />
à la vingtaine <strong>de</strong> théâtres à Paris dans la première moitié du siècle <strong>de</strong>ux cent vingt à <strong>de</strong>ux cent<br />
cinquante salles permanentes en province. Toutefois, une soixantaine seulement <strong>de</strong> ces salles<br />
abritent <strong>de</strong>s troupes sé<strong>de</strong>ntaires. En 1860, on dénombre trente trois salles à Pars, dix en<br />
banlieue et quatre cent vingt huit en province. En 1879, quinze ans après la liberté <strong>de</strong>s théâtres,<br />
on enregistre les signes d’une crise : il n’y a plus que trente <strong>de</strong>ux salles dans la Seine et<br />
cent soixante <strong>de</strong>ux dans le reste <strong>de</strong> la France. En revanche le nombre <strong>de</strong>s cafés-concerts est<br />
maintenant <strong>de</strong> quatre vingt dix sept dans les départements, cinquante six à Paris et seize en<br />
banlieue, ce qui explique sans doute le déclin <strong>de</strong>s salles par rapport au milieu du siècle. Au<br />
début du XXème siècle, le nombre <strong>de</strong>s théâtres à Paris dépasse quarante et trois cent cinquante-sept<br />
au moins pour tout le pays. Tout au long du siècle, le poids <strong>de</strong> la capitale reste<br />
donc considérable : Paris concentre 15 à 20% <strong>de</strong>s salles, mais 30 à 40% <strong>de</strong>s places, car les<br />
salles provinciales sont en général plus petites. De même, le nombre <strong>de</strong>s artistes employés<br />
(toutes catégories) dans les théâtres parisiens représentant 40% <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s artistes dramatiques<br />
et lyriques français en 1878. En 1880, la part <strong>de</strong>s droits versés aux auteurs en banlieue<br />
et en province, grossièrement proportionnelle à l’importance <strong>de</strong> ces théâtres dans<br />
l’activité théâtrale nationale, ne s’élève qu’à 30 % du total : dominent en effet dans la<br />
programmation beaucoup <strong>de</strong> reprises et <strong>de</strong> pièces sans droits.<br />
Toutefois, la présence <strong>de</strong> scènes même dans les villes <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> dix mille<br />
habitants et le fait qu’en général, lors <strong>de</strong>s restaurations ou incendies <strong>de</strong>s salles, les<br />
municipalités tiennent à reconstruire ou à améliorer les édifices hérités du XVIIIème siècle ou<br />
du premier XIXème siècle prouvent l’importance sociale attachée au théâtre. C’est un élément<br />
d’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> la ville, le principal lieu <strong>de</strong> sociabilité <strong>de</strong> la bourgeoisie locale et d’éducation <strong>de</strong>s<br />
plus mo<strong>de</strong>stes. Tout au long du siècle, il n’existe pas moins <strong>de</strong> vingt-six théâtres subventionnés<br />
en province et quatre à Paris. La plupart <strong>de</strong>s salles provinciales n’étaient pas rentables. Aussi<br />
les subventions municipales ont-elles eu tendance à s’élever. Elles étaient beaucoup plus<br />
facilement votées par les élites municipales que d’autres édilitaires profitables à la masse <strong>de</strong> la<br />
population urbaine : ainsi, dans les cinq gran<strong>de</strong>s villes étudiées par un historien américain, le<br />
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