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Sida, immigration et inégalités : nouvelles réalités ... - ANRS

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génération » qui est née en France de parents immigrés. Dans ce cas, le lieu de<br />

naissance des parents représente le seul critère fiable. De très rares enquêtes<br />

comprennent c<strong>et</strong>te information, mais elles tendent à se multiplier avec la diffusion<br />

d’un intérêt soutenu pour les trop fameux « jeunes issus de l’<strong>immigration</strong> » 13 [27].<br />

Plusieurs solutions ont été expérimentées pour dépasser les limites imposées<br />

par les sources statistiques, mu<strong>et</strong>tes sur les caractéristiques des descendants<br />

des immigrés. Elles tiennent toutes du bricolage, sauf dans les quelques cas où<br />

une enquête contient spécifiquement l’information sur le lieu de naissance des<br />

parents. On relève ainsi la tentative de C. Valentin-Marie, à l’occasion de l’exploitation<br />

des résultats du recensement relatifs aux « populations des DOM-TOM »,<br />

qui créait la catégorie des « originaires des DOM-TOM » en attribuant l’origine<br />

des parents aux enfants vivant dans le ménage ([18], p. 5). Une solution du<br />

même ordre est mise en œuvre par M. Tribalat dans son étude des « immigrés<br />

<strong>et</strong> les populations liées à leur installation en France » [32]. Le fichier de l’Échantillon<br />

démographique permanent (EDP), constitué àpartir d’un extrait (au centième)<br />

des bull<strong>et</strong>ins du recensement, perm<strong>et</strong> également de construire la catégorie<br />

« jeunes d’origine immigrée » grâce au suivi des bull<strong>et</strong>ins depuis 1975. Enfin,<br />

l’enquête « histoire familiale », associée au recensement de 1999, a relevé directement<br />

le pays de naissance des parents <strong>et</strong> offre l’une des plus larges bases de<br />

données sur la « seconde génération » (l’échantillon concerne près de<br />

400 000 personnes). Du côté des enquêtes, plusieurs sources enregistrent le<br />

pays de naissance des parents : les panels du CEREQ <strong>et</strong> du ministère de l’Éducation<br />

nationale, les enquêtes de l’INED (MGIS) <strong>et</strong> les enquêtes de l’INSEE<br />

(FQP, « Jeunes <strong>et</strong> carrières », «Étude des conditions de vie »...).<br />

L’exploitation de ces enquêtes <strong>et</strong> des variables « bricolées »àpartir du recensement<br />

ont permis de m<strong>et</strong>tre en évidence l’existence d’<strong>inégalités</strong> expérimentées<br />

par certains groupes de descendants d’immigrés - essentiellement d’origine maghrébine,<br />

d’Afrique subsaharienne <strong>et</strong> turque - dans les domaines de l’emploi, avant<br />

tout, mais également de l’éducation, du logement, de la santé... Celles-ci peuvent<br />

s’analyser à partir de la grille de lecture des positions sociales, mais il subsiste<br />

une source spécifique d’<strong>inégalités</strong> qui, sans équivoque, sont liées à l’origine <strong>et</strong>hnique<br />

<strong>et</strong> raciale des membres de ces groupes. Cela ne signifie pas que « l’<strong>et</strong>hnique<br />

» se substitue au social, mais qu’au contraire ils se combinent dans les<br />

dynamiques de subordination, de précarisation économique <strong>et</strong> de dévalorisation<br />

symbolique. On peut, dès lors, douter de la cohérence d’une analyse color blind<br />

des <strong>inégalités</strong> sociales qui ne prennent pas en compte les discriminations spécifiques,<br />

ou tout simplement supplémentaires, que subissent des populations en<br />

raison de leur origine, réelle ou supposée. Plus encore, la cécité plus ou moins<br />

volontaire des statistiques sur la condition des immigrés <strong>et</strong> ceux qui sont amalgamés<br />

dans c<strong>et</strong>te catégorie - que nous avons qualifié «d’immigrés ou supposés<br />

tels » dans un rapport sur les discriminations dans l’accès au logement<br />

social 14 [28] - contribue à relativiser la gravité des atteintes à la dignité <strong>et</strong> aux<br />

droits. Il ne s’agit pas seulement d’un problème de quantification du phénomène,<br />

est toujours préférable de revenir aux variables de lieu de naissance <strong>et</strong> de nationalité plutôt que<br />

d’exploiter des croisements de seconde main. Malheureusement, la plupart des tableaux publiés<br />

obligent à recourir à ces combinaisons.<br />

13<br />

Sur l’émergence des « jeunes issus de l’<strong>immigration</strong> » comme catégorie de l’action publique, voir<br />

[27].<br />

14<br />

C<strong>et</strong>te dénomination a fait l’obj<strong>et</strong> d’une justification que nous reproduisons ci-dessous, dans la<br />

mesure où elle entre directement dans la problématique de c<strong>et</strong> article :<br />

25

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