04.09.2013 Views

Sida, immigration et inégalités : nouvelles réalités ... - ANRS

Sida, immigration et inégalités : nouvelles réalités ... - ANRS

Sida, immigration et inégalités : nouvelles réalités ... - ANRS

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

C<strong>et</strong>te ancienne pathologie comparée des races humaines utilisée pour décrire<br />

la distribution spatiale des maladies selon une véritable topographie médicale<br />

[4] tentait aussi de déterminer la localisation spécifique des agents infectieux.<br />

Dans le cas du sida, la dimension géographique de l’épidémie est apparue déterminante.<br />

Au début de l’épidémie, les travaux déjà en cours sur les rétrovirus en<br />

Afrique ont amené les spécialistes àévoquer « l’origine africaine » de la maladie.<br />

La recherche du « réservoir » ou du foyer, à partir duquel le virus se serait initialement<br />

dispersé, restant un des objectifs premiers des virologues, les pistes<br />

africaines comme caribéennes ont été privilégiées. Les malades étaient souvent<br />

originaires des Antilles ou d’Afrique, la recherche virale s’orienta rapidement vers<br />

ces lieux supposés être de provenance première du virus.<br />

À partir des problématiques propres aux avancées de c<strong>et</strong>te virologie, la nouvelle<br />

maladie posait à nouveau la question des déterminants génétiques spécifiques à<br />

certains groupes humains qui figurent parmi les immigrés. L’hypothèse, par exemple,<br />

d’éventuelles pathogénicités de différents sous-types viraux sur certains sous-types<br />

de populations [33] justifiait pour la recherche bio-médicale c<strong>et</strong>te catégorisation des<br />

malades. La question des différences de réactivité suivant les souches de virus<br />

(VIH-1 type I, II, III, VIH-2) en fonction de la filiation des patients, a rapidement été<br />

étudiée. Cela explique le rapprochement constant qui pouvait être fait entre « origine<br />

du virus du sida » <strong>et</strong> « origine géo-raciale » des personnes atteintes. Les populations<br />

africaines ou caribéennes risquaient ainsi d’être désignées comme responsables<br />

d’avoir apporté ce nouveau virus <strong>et</strong> d’être coupables de l’épidémie. Le discours des<br />

média « amalgamant » parfois origines du virus, de la maladie, <strong>et</strong> des patients contribua<br />

sans doute à renforcer les craintes d’une stigmatisation que les acteurs de santé<br />

<strong>et</strong> les associations de défense des malades n’ont cessé de vouloir prévenir.<br />

L’imbrication des catégories <strong>et</strong>hniques <strong>et</strong> nationales dans l’épidémie<br />

du sida en France<br />

Parmi les malades du sida décrits en France en 1982 dans la première série<br />

reconstituée 13 , un quart était Haïtiens ou avait séjourné dans la Caraïbe. Tous<br />

étaient hétérosexuels (dont un transfusé). Dans une deuxième série, les patients<br />

étaient africains ou avaient séjourné en Afrique. En France, sur la période<br />

1978-1982, le simple comptage que l’on pouvait effectuer à partir des cas rapportés<br />

<strong>et</strong>décrits14 , indiquait clairement que dès son commencement, l’épidémie<br />

y atteignait proportionnellement beaucoup plus ces mêmes populations antillaises<br />

<strong>et</strong> africaines. Par la suite, les statistiques sur le sida ont enregistré <strong>et</strong> réparti<br />

les malades entre Français <strong>et</strong> étrangers, voire entre Français <strong>et</strong> Haïtiens comme<br />

ce fut le cas en Martinique <strong>et</strong> en Guadeloupe [11]. Les statistiques sur les cas<br />

de sida déclarés chez les étrangers classeront les patients de nationalité haïtienne<br />

comme catégorie à part (BEH no 27, 1999).<br />

De manière quasi synchrone avec les États-Unis, mais selon des modalités propres,<br />

l’identité <strong>et</strong>hno-raciale des malades en France, prenait place comme indicateur<br />

de transmission d’une infection dont on n’avait pas encore identifié l’origine<br />

virale exacte.<br />

13 La rapidité <strong>et</strong> la méthode du groupe de travail, constitué de véritable « mousqu<strong>et</strong>aires de l’épidémiologie<br />

», ont fait que la recension (review) de ces cas a été décisive dans l’identification de la<br />

maladie en France.<br />

14 À partir de données du RNSP <strong>et</strong> de l’INSEE.<br />

36

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!