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Sida, immigration et inégalités : nouvelles réalités ... - ANRS

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amalgamé dans les données) 21 présente, on l’a vu, beaucoup d’inconvénients<br />

auquel s’ajoute le fait qu’il ne s’agit pas d’une variable indépendante puisqu’elle<br />

est exclusive du mode de transmission hétérosexuel. Ce qui a pour conséquence<br />

de ne pouvoir s’enquérir, à partir des cas de sida déclarés via la DO 22 , des<br />

« origines » des patients homosexuels ou bisexuels résidant en Ile-de-France ou<br />

des usagers de drogue par voie intraveineuse résidant en région PACA. Le<br />

contenu des origines n’est jamais énoncée puisque les règles d’inclusion restent<br />

mu<strong>et</strong>tes. Elles ne sont définies ni en terme de lieu de naissance 23 ni de filiation.<br />

Aucune question n’est posée non plus sur un éventuel séjour dans ces pays.<br />

Ces « originaires », suivant leur histoire de migrant, peuvent n’avoir jamais vécu<br />

dans les pays d’endémie d’où ils sont supposés venir <strong>et</strong> peuvent aussi avoir<br />

débuté leur vie sexuelle en France dans des relations d’exogamie <strong>et</strong>hnique. C’est<br />

le cas pour nombre d’Antillais français de la deuxième ou troisième génération<br />

nés <strong>et</strong>résidants en France métropolitaine. Dans la pratique, la pertinence statistique<br />

de c<strong>et</strong>te catégorie d’origine comme variable d’analyse ne parait pas<br />

démontrée si on la croise avec celle de nationalité [14].<br />

D’autres notions en usage auraient pu être utilisées comme c’est le cas pour le<br />

paludisme où l’appellation paludisme d’importation est employée dans la littérature<br />

épidémiologique. L’expression indique que la personne atteinte a apporté la<br />

maladie d’un pays autre que la France. Pour la dengue, l’interrogatoire du patient<br />

est orienté sur des informations concernant d’éventuels séjours dans les pays<br />

d’endémie. C<strong>et</strong>te procédure perm<strong>et</strong> d’identifier l’origine géographique des cas<br />

importés (BEH n o 3, 2001). De même pour l’identification des MST en recrudescence<br />

(gonococcies) ou en réapparition (syphilis), l’interrogatoire en cas de<br />

déclaration va d’abord tenter de déterminer le pays de contamination du patient<br />

<strong>et</strong> non « le pays du patient » (BEH n o 26, 1999) voire même pour la France la<br />

région de naissance du malade [8].<br />

Le sida, lui, n’est pas classé comme maladie d’importation, alors que la justification<br />

de la mise en catégorie de « l’origine » vient du fait que l’endémie est<br />

particulièrement forte dans les pays d’où les personnes atteintes sont supposées<br />

venir. La question concernant d’éventuels séjours dans les pays d’endémie, pour<br />

des raisons toujours incompréhensibles, n’est pas posée à la personne contaminée<br />

par le VIH lors de l’enregistrement d’un cas de sida déclaré alors qu’elle<br />

est sensée l’être aux donneurs de sang depuis 1983. C’est la présomption de<br />

contamination qui prévaut pour fonder la catégorie « origine », laquelle est assignée,<br />

non déduite <strong>et</strong> non auto-déclarée.<br />

L’origine <strong>et</strong>hnique construite à partir du lieu de naissance<br />

dans les procédures de surveillance du VIH<br />

Il y a une dizaine d’années, il était fréquent d’affirmer qu’aucune donnée épidémiologique<br />

ne perm<strong>et</strong>tait de mesurer l’importance du risque sida parmi les populations<br />

migrantes <strong>et</strong> donc de les désigner comme particulièrement atteintes.<br />

Faute d’informations, la question était posée de savoir si l’on devait considérer<br />

21 C<strong>et</strong>te catégorie pose la question méthodologique d’une anamnèse sexuelle incertaine <strong>et</strong> de l’agrégat<br />

statistique des données du « patient originaire » avec celles du « partenaire originaire ».<br />

22 C<strong>et</strong>te asymétrie parait d’autant plus surprenante que l’étiqu<strong>et</strong>age <strong>et</strong>hnique est clairement affiché<br />

dans les transactions d’offres <strong>et</strong> de demandes sexuelles parues par p<strong>et</strong>ites annonces dans la presse<br />

de la communauté gay.<br />

23 Il n’y avait, semble-t-il, aucun obstacle légal type CNIL à collecter c<strong>et</strong>te information.<br />

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