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SURLESGRADINS
DANSLESCOULOIRS
Nous avons expliqué, dans notre dernier article, que
la Chambre était orientée au centre droit. Après" des
débats sur des questions personnelles, cette orientation
va se dégager nécessairement, et déterminera la conduite
de tous les gouvernements pendant la législature.
C'est sur la question économique et sur la question
financière que le problème se résoudra. Les hommes de
droite et du centre d'une part, les hommes de gauche
et d'extrême-gauche, d'autre part, forment, en effet,
sur les questions économiques et financières, deux blocs
irréductibles, divisés par la doctrine. Sur l'impôt direct
et personnel ou l'impôt de consommation, sur la fiscalité
de doctrine ou la doctrine d'opportunité, les deux
blocs sont destinés à s'opposer l'un à l'autre.
De même dans la politique sociale, au sujet des oonflits
ouvriers, des grèves, de l'agitation, etc., politique
de concession et de transaction, politique de vigueur
et de répression sont destinées, dans un délai
très court, à s'affronter et à s'opposer irréductiblement.
C'est sur ces questions que se fera donc le classement
définitif des partis.
Les hommes de gauche démocratique, ou républicains
de gauche, qui se flattent d'une étiquette un peu
accentue' et qui, sur les questions, un peu secondaires
d'ailleurs, de laïcité et de politique générale, prétendent
s'affirmer plus à gauche que les hommes de l'En-
tente, sont des adversaires déterminés de l'étatisme,
des monopoles de l'Etat, des solutions socialistes en
matière économique et financière. Lorsque la Chambre
aura à se prononcer sur ces problèmes, leurs bulletins
se mêleront, évidemment avec ceux des hommes de l'Entente.
Au contraire, le parti socialiste unifié ou indépendant
a sur ces questions une doctrine très nette.
Quant au parti radical-socialiste, ou il ne signifie plus
rien du tout et a assez existé, ou il professe la doctrine
économique de l'étatisme et la doctrine financière de
l'impôt personnel, c'est-à-dire qu'au point de vue économique
et financier, pour lui, le péril est à droite.
Sur ces problèmes, le bloc de gauche comprendra
donc les deux fractions de partis socialistes, et la presque
totalité de radicaux socialistes, c'esb-à-dire la mino.
rité évidente de l'assemblée (environ 175 membres).
Lorsque l'orientation politique sera ainsi nettement
déterminée, les questions personnelles se résoudront
aisément puisqu'il ne sera pas possible aux gouvernements
de faire la politique du groupe A avec des hommes
du groupe B qui, d'ailleurs, n'y consentiraient pas
ou que leur parti, du moins, ne laisserait pas collaborer
à une politique contraire à tous leurs principes
et à toutes leurs directions.
On a prétendu que cette orientation politique amènerait
un conflit entre les deux assemblées. N'en croyons
rien. Le Sénat qui n'a pas subi un violent afflux d'hom-
mes nouveaux et qui, éloigné du corps électoral direct,
a été moins en contact avec l'esprit public est, dans
l'ensemble, d'une orientation politique très analogue à
celle île la Chambre. L'orientation y est davantage au
centre gauche qu'au centre droit, mais elle est nette-
ment au centre.
Les 315 sénateurs de la Haute Assemblée, qui
compte une vingtaine de droitiers non inscrits, se répartissent
en trois groupes la gauche républicaine (progressistes)
qui comprend une cinquantaine de membres;
l'Union républicaine (républicains de gauche) qui en
contient cent dix; et la gauche démocratique (radicaux
et 'radicaux-socialistes) qui en réunit cent trente à cent
trente-cinq.
On voit donc que là non plus, le bloc doctrinaire de
gauche économique et politique n'est pas la majorité.
Les dernières élections, en janvier, ont accentué encore
ce caractère. La rentrée de quelques individus isolés,
condamnés par le suffrage universel nouveau, ne saurait
faire illusion à cet égard.
Outre que la droite pure a conservé toutes ses positions,
des départements tout entiers ont été gagnés par
les progressistes et les républicains de gauche sur les
radicaux-socialistes; tels la Haute-Garonne, la Gironde,
le Rhône, le Lot-et-Garonne, la Haute-Marne, etc. On
ne peut, en regard, citer aucun département: que les radicaux-socialistes
aient conquis sur les hommes de
l'alliance démocratique. Dans lai Loire seule, ils ont
déplacé légèrement la majorité. Quant aux modifications
partielles dans les autres départements, elles se
balancent sensiblement et même le bilan est au détriment
du parti radical et radical-socialiste.
Nous pourrions nous étendre longuement sur des
exemples, mais il nous paraît suffisant de nous en tenir
à cet examen sommaire et d'arrêter l'à cette étude de la
physionomie générale du Parlement.
Il esti possible, maintenant, de faire un tour dans
les couloirs sans risquer d'y être trop dépaysés.
Les anciens, bien entendu, racontent maintes aventures
électorales. M. de Kerguézec, qui ne badine pas
avec l'honneur, et qui a, un des tout premiers, dégagé
le parti républicain des Côtes-du-Nord dans l'affaire
Turmel, refait pour quelques amis la philippique vigoureuse
dont il accabla un de ses concurrents de
droite, au cours de la campagne électorale. Barthe,
qui est un travailleur forcené et un économiste averti,
mais qui sait aussi cultiver le plus délicieux humoUT,
s'indigne aux propos d'attardés quiftui reprochent d'avoir
été le candidat du cardinal de Montpellier. « Plus
cette fois » dit-il. Et le voici, plein de verve et de belle,
humeur, qui évoque les années anciennes on toute la