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Le Temps semblait conclure de cet examen que les 17.861 millions prévus au titre du budget ordmaire constituaient un minimum et que le budget extraordinaire proprement dit et les dépenses admises en raison des versements à recevoir de l'Allemagne avaient dû faire l'objet de la totalité, ou presque, des modéra- tions effectuées par M. Françods-Marsal. MAis, dans le budget extraordinaire proprement dit (7.568 millions), on constate des crédits incompressibles les 750 millions affectés à l'mdemnité de démo- bilisation, les 335 millions réclamés par les allocations aux militaires soutiens de famille, les 520 millions destinés à l'entretien de l'armée d'Orient et de l'armée du Levant, les 126 millions du service de l'artillerie, etc., etc. Il rest-e 22.090 millions pour la réparation des dommages de guerre et les pensions aux mutilés, veuves, etc., etc., le tout imputable sur les versements que l'Allemagne effectuera en vertu du Traité de Versailles. Le Temps ne les jugeait pas non plus susceptibles d'une large réduction « Personne, y lit-on, ne supposera que l'Etat soit convié, sous une forme quelconque, à ne pas tenir les engagements qu'il a contractés envers les sinistrés. La dette de l'Etat envers eux est une dette directe. Comme elle doit être intégralement recouvrée sur l'ennemi, elle n'a pas à grever le budget ordinaire. Des moj ens de trésorerie ont à intervenir. En aucun cas, ils ne sauraient dégénérer en affaiblissement des créances ou en ajournement des payements. » Et, in iine, le grand journal du soir ajoutait ironiquement « Tout effort d'économie est digne d'éloges, dès l'instant qu'il s'agit d'économies effectives. Nous applaudissons, en toute confiance (sic), aux tendances dont témoignent les modifications prononcees. On ne saurait trop les encourager. Il reste à savoir comment les chiffres nouveaux ont été établis. » Ur, le lJ février, précisément, les numéros du Temps sont antidatés d'un jour, M. François-Marsal donnait, sur ses projets, de longues explications aux membres de la Commission des Finances du Sénat. Les personnes qui croyaient dur et ferme à la compression véritable ont dû perdre leurs illusions en lisant les journaux du 10, malgré les formules diplomatiques employées par la plupart d'entre'eux. Les réductions opérées sur le budget ordinaire ne seront, en effet, que minimes quant au budget extraordinaire, ce n'est pas encore cette portion de nos dépenses que l'on pouvait songer à comprimer la modération des 8 milliards et demi doit porter pour 9/10 environ sur les dépenses imputables sur les versements de l'Allemagne, en l'espèce sur les dépenses prévues pour les régions libérées. Il est vrai que M. François-Marsal a doré la pilule aux sénateurs représentant les malheureux départements du Nord et du Nord-Est. Le Ministre a bien avoué que certains travaux seraient retardés, mais il a ajouté que des économies d'administration et de personnel seraient réalisées. « Ce point de vue, dit le Petit Parisien (10 février), ne paraît pas devoir rencontrer d'hostilité parmi les départements des régions dévastées, à condition que les économies s'effectuent logiquement, « Il y a chez nous, déclarait un sénateur de l'Aisne, pléthore de services il faut supprimer sans hésiter ceux qui sont inutiles. Personne ne s'en plaindra. Par contre, il faut fatre des avances directes aux sinistrés. » Personnellement intéressé en la question, je suis L'EUROPE NOUVELLE navré de voir que, presque toutes les économies portent sur les sommes destinées aux régions dévastées. Certes, al est possible et désirable que le personnel soit réduit. Une nuée de frelons s'est abattue dans mon pays dès que l'ennemi a été forcé de l'aban- donner la bataille terminée, trop souvent on voit apparaître les détrousseurs. Mais je suis persuadé que l'on ne fera pas grand'ciiose dans cette direction et que le Nord et le Nord-Est et non pas ceux qui les exploitent au nom de l'Etat -souffrirons de la politique de compression. Mais, au fait, s'agit-il vraiment de compression ?1 Oui, au point de vue de nos Finances présentes non, au point de vue de notre avenu* financier. Les dépenses que l'on comprime doivent être définitivement payées par l'Allemagne, à moins que. Les réduire ou les ajourner ne diminue donc en rien nos charges fiscales. Le seul avantage que présente la combinaison imaginée par M. François-Marsal, c'est d'alléger notre trésorerie ou, mieux, de rendre son allourdissement moins rapide. Il ne faut pas croire, au surplus, que notre trésorerie doive être dans une situation brillante après qu'auront été adoptées les mesures recommandées par le Ministre des Finances. Le succès du 5° emprunt, dit de la Défense Nationale, peut être brillant, et nous sommes certains qu'il le sera. Mais, tant que l'Alle- magne ne nous aura rien versé, le Trésor français devra faire des avances onéreuses pour les pensions et les dommages de guerre et couvrir par ses propres moyens le budget extraordinaire. La liquidation des comptes spéciaux hors budget peut exiger des sommes importantes, et il faudra peut-être procéder en 1920 au remboursement intégral d'emprunts considérables contractés-a court terme à l'étranger. Je félicite M. François-Marsal d'avoir .accepté dans ces conditions le Ministère des Finances. Mais, s'il continue la politique de bluff de son prédécesseur, tout en la teignant de blanc, je lui prédis une impopularité que n'effaceront pas les louanges intéressées des journaux officieux. Louis SURET. MONNAIE BANQUE CHANGE NOTES DE LA SEMAINE La situation monétaire internationale d'après un grand financier anglais. Les exposés financiers faits par les présidents des grandes banques anglaises sont souvent d'un haut intérêt, et nul n'a perdu le souvenir des si remarquables documents que constituaient ceux du regretté sir Holden. Parmi ceux qui viennent d'être produits ces jours-ci, il y a lieu de distinguer .particulièrement celui de M. Goodenough, président de la Barclay's Bank. Il m'est impossible ici de donner une idée d'ensemble de ce vaste rapport qui passe en revuo les principaux problèmes financiers du monde mais je me bornerai à dégager deux points de vue qui me paraissent particulièrement intéressants Le premier concerne la situation monétaire de l'Europe et le problème des crédits à ouvrir aux pays les plus en détresse. M. Goodenough n'a pas hésité à déclarer, avec tout le poids que confère à ses paroles sa haute et pratique autorité de financier, que l'heure est venue d'envisager la nécessité de certaines opéra-
tions monétaires radicales, que j'ai fait, depuis longtemps, dans ces colonnes, pressentir comme inévitables. Il va s'agir, pour les pays dont les monnaies sont les plus dépréciées, de restaurer leur système monétaire, en ayant recours à des démonétisations ou à des réductions de valeur de leur monnaie actuelle, pour adopter soit une nouvelle parité avec l'or, soit même une monnaie entièrement nouvelle. Ce fut là un des remèdes imposés, dans le passé, à tous les pays changes trop avariés. Ce sera encore un des moyens nécessairement employés demain par certains pays d'Europe, comme la Russie, l'Autriche et peutttre l'Allemagne. Une telle opération, comme l'a dit M. Goodenough, serait de nature à faciliter infiniment l'ouverture de crédits à ces pays en diminuant les risques d'instabilité de valeur de leur monnaie, et il va bien falloir y songer. Une autre vue intéressante de M. Goodenough concerne la question du retour au marché libre de l'or, et elle constitue une excellente et remarquable réponse à la proposition inconsidérée de M. Glass, que nous avons relevée dans notre dernier numéro, d'abolir les restrictions aux mouvements libres de l'or. M. Goodenough est convaincu que l'Angleterre ne peut reprendre son ancienne prééminence financière que si elle redevient le marché libre de l'or. Il est également convaincu que, très prochainement, probablement dans le courant de cette année, la balance des comptes de l'Angleterre sera complètement rétablie, et que même elle révélera sans doute un solde favorable de 2 à 300 millions de livres sterling. Et cependant M. Goodenough ne croit pas que même alors on puisse songer à rendre la liberté au marché de l'or. Pourquoi donc ? Parce que le mécanisme du marché des changes dans le monde est trop profondément détraqué et que les principaux pays opèrent avec des changes tellement défavorables qu'eux-mêmes sont incapables d'opérer les paiements de leurs soldes débiteurs au moyen de remises d'or. Il s'ensuit donc qu'un pays, même à changes favorables, se voit exposé à payer ses créanciers en or sans en recevoir de ses débiteurs, donc à se vider de son or malgré sa situation de change générale. C'est exactement ce qui arrive aux Etats-Unis. Les Etats-Unis ont, au total, une balance commerciale formidablement créditrice, et néanmoins ils ex- portent de grandes sommes d'or et d'argent depuis G mois. C'est que, justement, ils sont obligés de payer en or ou en argent les importations des quelques pays avec lesquels leur balance est défavorable, sans pouvoir recevoir de même, ni donner en paiement, leurs immenses créances sur les pays d'Europe. Il faudra donc que l'Angleterre se garde de s'exposer au même danger tant que ses principaux clients d'Eu- rope opéreront avec des changes trop disloqués. En d'autres termes, c'est dire que la situation monétaire du monde forme un tout dont les diverses parties sont solidaires et qu'aucune nation, même prospère, ne peut se désintéresser du sort des autres. L'Etalon d'or aux Indes. Une réforme monétaire extrêmement importante vient d'être faite dans les Indes anglaises. Le gouvernement biilannique, après avoir consulté le Conseil indien de la circulation monétaire, s'est décidé à fixer le prix de la roupie en or, en décidant que l'on échangerait 10 roupies pour un souverain. Nous disons pour un souverain, et non pour une livre sterling, ce qui marque bien la liaison de la valeur de la roupie avec la pièce d'or, ou le poids d'or que représente normalement la livre sterling, et ce qui doit éviter les perturbations actuelles tenant à la valeur de la livre ster- L'EUROPE NOUVELLE ling. La roupie est son égale en poids à 11 30010 grains d'or fin, et le système monétaire indien est dorénavant basé sur l'étalon d'or. Mais l'établissement de cette parité qui est très loin de colncider avec la parité actuelle ne paraît pas devoir aller sans difficulté. La réforme est complexe et la place nous manquant aujourd'hui pour l'examiner en détail, nous nous bornons à l'annoncer, quitte à y revenir prochainement. SITUATION HEBDOMADAIRE Actif DESBANQUES D'ÉMISSIONS l'en millions de francs) BANQUE DE FRANCE 22 39 ÏJjanv. 5-1S janv.20 5fév 20 fév. M n ( En eaitM 3 602 3.602 3 603 A A l'étranger 1.9T8 1 97« 1.978 Argent. 255 S54 tf>4 Avoir à la Trésorerie Etats-Unis. 466 465 3B3 Duponib. et avoir l'étranger.. 806 7ri9 87 J Portefeuille 1 886 2.M9 1.8
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