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4° Nécessité d'avoif en Orient une politique à
longue échéance et d'une vaste portée.
Sur ce point essentiel lord Curzon s'élève à une
hauteur de vues qui fait, comme je le disais au dé-
but de cet article, le plus grand honneur aux conceptions
traditionnelles et à la haute sagesse du
Foreign-Office. Je ne puis les passer sous silence
je voudrais que
et
tous nos hommes
prétendent s'intéresser à notre action
politiques
extérieure
qui
les
méditassent longuement
« Le dernier principe est que, en conformité des
données que je viens d'etxposer, nous devons nous
efforcer d'embrasser d'un regard les vastes horizons
d'un avenir éloigné Quiconque envisage
l'Orient à l'heure actuelle comme un homme qui
veille au sommet d'une tour du guet, commet la
plus lourde erreur du monde s'il ne veut considérer
que les petites escarmouches que se livrent de
petits groupes, sans au contraire jeter ses regards
sur l'horizon lointain et chercher à pénétrer le
secret des choses dans la suite des siècles.
« C'est, ajoute-t-il, la tâche que nous allons entreprendre
cette semaine à Londres. »
De telles déclarations, d'une inspiration si haute,
si élevée, nous permettent d'augurer favorablement
des conversations qui vont se poursuivre entre nos
gouvernements respectifs. M. Millerand, avant son
départ, a pris envers la Commission des Affaires
étrangères dé la Chambre, des engagements formels.
C'est sur la base des accords de 1916 qu'il
entend arrêter les résolutions définitives. La Com-
mission, dans la motion si explicite, si nette qu'elle
a votée à l'issue de cette séance mémorable où se
sont débattus les intérêts les plus sacrés de la
France en Orient, a fait sienne toute la politique
que nous n'avons cessé de défendre dans ces colonnes.
Après le discours de Lord Curzon on peut espérer
que les nuages qui s'étaient élevés en Orient
entre Londres et Paris, se sont entièrement dissipés
sous le souffle du grand vent qui vient de la
frontière russe et des rafales qui soulèvent les sa-
bles des déserts où règne le Croissant.
L'accord paraît d'ores et déjà réalisé sur la
question fondamentale de Constantinople. Là encore,
les événements et les décisions proches confir-
meront la sagesse des avertissements que nous
n'avons cessé de prodiguer en hommes avertis des
choses de l'Orient.
Ce qu'il faut construire sur ces terres séculaires,
théâtre des convoitises des puissances, ce n'est pas
des baraquements sommaires, destinés à abriter et
à délimiter des appétits, c'est un édifice solide,
capable de résistance contre les tempêtes tempête
bolcheviste ou tempête religieuse. Pareil édifice né-
cessaire à la paix du monde ne peut se construire
que sur une base à toute épreuve la justice, la
justice pour tous et le respect de tous les droits
L'EUROPE NOUVELLE
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quels qu'ils soient, ceux des chrétiens, comme ceux
des musulmans, fussent-ils les vaincus d'hier.
C'est bien là, si je ne me trompe, le but que se
propose d'atteindre lord Curzon. Sur ce terrain-là,
sur la nécessité de voir dans le règlement de ces
problèmes essentiels loin et large, l'Angleterre
trouvera toujours dans la France la franche et amicale
collaboratrice que souhaitent ses hommes
d'Etat.
LE TRAITÉ DE PAIX
ET LE
CHATIMENT DES COUPABLES
M. Georges Scelle, professeur de droit international
à l'Université de Dijon, pose de la façon la
plus large la question de l'application ou de la
non-application des articles 227et suivants du
Traité, concernant le jugement de Guillaume II
et de ses complices.
Notre excellent collaborateur estime qu'après
avoir fait de cette mise en jugement
un article du
Traité, l'abandonner aujourd'hui c'est abandonner
virtuellement la poursuite de l'exécution intégrale
du Traitjé c'est aussi perdre l'occasion de créer
pour la Société des Nations en formation, la seule
base morale qui est sa raison d'être.
Dût cette opinion passer pour celle d'un théoricien
et d'un sentimental, je considère que la question
des responsabilités et des châtiments est le
point capital du Traité de Paix, le pivot central de
justice, autour duquel gravitent et l'organisation
de la Société des Nations, et les stipulations édificatrices
de l'ordre politique et économique nouveau.
Les condamnations morales et pénales qui
devront être prononcées, seules donneront une empreinte
définitive à la Société future^es peuples
libres, seules fourniront la preuve que les temps
anciens sont révolus. Si, comme il est aujourd'hui
certain, cette guerre inutile en soi et non provoquée
fut décidée, déclanchée dans un but de domination
politique et d'asservissement économique si,
comme il est patent, elle a été conduite en violation
systématique des traités, et férocement, dans un
but de terrorisation et de rapine, il est inadmissible
que ceux qui l'ont préméditée, ceux qui ont donné
les instructions et les ordres relatifs à la guerre
terrestre et sous-marine, ceux qui ont provoqué,
exécuté ou amplifié ces ordres, ne soient pas, dans
les limites du possible, poursuivis, livrés, jugés,
châtiés. Le seul instinct de justice l'exige la conscience
universelle le demande le traité le promet.
Je m'étonne seulement que les peuples n'aient pas
eu un cri de vengeance plus continu, plus violent,
plus exigeant, contre ceux qui les ont précipités
dans cet abîme de souffrances, de deuil, d'anarchie
et de misère, dont ils commencent seulement à
sentir ou à mesurer toutes les conséquences.
Le problème se présente' en fait sous deux aspects
politique et juridique et se résume de la
façon suivante Au point de vue politique est-il
habile de poursuivre Guillaume II et ses compli-