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qui revient sous sa plume comme il revenait sous celle<br />
<strong>de</strong> Verhaeren et vous comprendrez qu'il faille attendre<br />
<strong>de</strong> M. Loys Labèque, qu'il dégage plus complètement<br />
<strong>de</strong>s limbes <strong>de</strong> son érudition, qui est <strong>de</strong> h<strong>au</strong>t goût<br />
un tempérament indéniable, mais encore prolixe, bavard<br />
et inaffirmé, s<strong>au</strong>f en quelques be<strong>au</strong>x vers tels que<br />
Mon Sacré-Cœur, entré <strong>au</strong> Couvent<br />
Ou bats la Haine à ooups <strong>de</strong> sang<br />
qui jaillissent comme <strong>de</strong>s promesses dans le cours souvent<br />
morne <strong>de</strong> ses poèmes.<br />
L'hiver 1913, l'ingénieur français Ma'rel s'embarque<br />
pour le Mexique. C'est un Français médiocre, salace,<br />
mais sentimenteux. Gua<strong>de</strong>lupe <strong>de</strong> Medinas, Mexicaine<br />
luxuriante et aromatique le capte sur le paquebot et<br />
durant 150 pages, c'est dans tm décdr maritime, La<br />
Femme et le Pantm. Marel, toujours vierge, arrive<br />
<strong>au</strong> Mexique. Descriptions à grand renfort <strong>de</strong> dénominations<br />
géographiques. Malgré le pittoresque, Marel<br />
s'obstine dans ce qu'il crdt son amour, mais découvre<br />
les races et le patriotisme grâce à un Andalou immigré<br />
qui, fièrement, méprise Mexicains et Yankees. Il comprend<br />
alors que Mme <strong>de</strong> Medinas est insipi<strong>de</strong> et énervante<br />
hors la sensualité et dans une excursion lyrique<br />
<strong>au</strong> Popocatepetl, découvre qu'il aime P<strong>au</strong>le Sarclé,<br />
institutrice <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> Medinas, parce qu'elle est<br />
Française, p<strong>au</strong>vre et spirituelle.<br />
Puis la guerre est déclarée, Les késitattons <strong>de</strong> l'ingénieur<br />
Marel cessent (enfin 1 !), le couple s'embarque<br />
efl P<strong>au</strong>le Sarclé <strong>de</strong>vant la rive mexicaine qui s'enfuit,<br />
reçoit sur le front un chaste baiser.<br />
Sans commentaires, n'est-ce pas ? Pourtant, il me<br />
f<strong>au</strong>t signaler, pour la joie du lecteur, la perle cueillie<br />
(page 208), alors que M. Daney faisant évoquer, par<br />
P<strong>au</strong>le Sarclé, le Popocatepetl, réédite ingénuement le<br />
mot fameux <strong>de</strong> Monsieur Perrichon.<br />
« 'Le coup d'œil doit êtfre fantastiquement be<strong>au</strong>,<br />
dit la jeune fille. On doit se trouver tout petit <strong>de</strong>vant<br />
le chaos gigantesque <strong>de</strong> la Cordillère. »<br />
JEAN Bernier.<br />
Lucien DESCAVES L'Imagier d'Epinal. (Ollendorff.)<br />
Entre l'<strong>au</strong>teur, âpre, puissant, sombre et mat <strong>de</strong>s Emmurés,<br />
et celui, pieux, attendri, lent et minutieux, <strong>de</strong><br />
l'Imagier d'Epinal, est il tant <strong>de</strong> différence? Que non<br />
pas Dans l'un comme dans l'<strong>au</strong>tre <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux ouvrages,<br />
on distingue, en effet, une même affection pour<br />
ta figure humaine, une même application, on dirait<br />
d'bagiogiaphe, à circonscrire, avec une rugueuse rigueur,<br />
un sujet simple, net, franc, un même souci d'aller<br />
pru<strong>de</strong>mment, sûrement, du corps à l'âme, du <strong>de</strong>hors<br />
<strong>au</strong> <strong>de</strong>dans, unp même patience enfin, et une même<br />
probité dams le labeur accepté. M. Lucien Descaves,<br />
visiblement, aime son métier. Et, qui plus est, il le respecte.<br />
C'est un homme <strong>de</strong> lettres dans la pleine accep-<br />
tion <strong>de</strong> ce terme trop généreusement galv<strong>au</strong>dé.<br />
L'EUROPE NOUVELLE<br />
Et l'on<br />
doit avouer que la race s'en fait rare.<br />
Aujourd'hui, M. Descaves entreprend <strong>de</strong> nous conter<br />
l'histoire <strong>de</strong> l'imagier Georgin qui vécut à Epinal <strong>au</strong><br />
début du siècle <strong>de</strong>rnier. Il f<strong>au</strong>t louer très h<strong>au</strong>t l'art<br />
sobre, ferme et plein avec lequel M. Lucien Descaves<br />
a <strong>de</strong>ssiné cette figure d'ouvrier passionnément attaché<br />
à sa tâche. Très délibérément, il adopta la métho<strong>de</strong><br />
mfemequi fit La gloire "<strong>de</strong> Saint Athtoase c&<strong>de</strong><br />
tous les écrivains qui, à sa suite, entreprirent <strong>de</strong> célébrer,<br />
dans un but apologétique, les vertus <strong>de</strong>s saints<br />
et les miracles par eux accomplis. Il accumule les<br />
détails humains, qu'à <strong>de</strong>ssein il choisit parmi les plus<br />
minces, les plus simples, les plus humbles et les plus<br />
humiliés. Puis, brusquement, il les gonfle, les grossit et<br />
les investit <strong>de</strong> dignités symboliques. M. Descaves a,<br />
comme peu <strong>de</strong> ses contemporains, le sens <strong>de</strong> la valeur<br />
humaine. Sens très chrétien et qui, survivant en lui par<br />
miracle, fait avec son athéisme affectueux et bougon<br />
un ménage paradoxal.<br />
A lire M. Descaves, on se convainc que les définitions<br />
<strong>au</strong>x limites <strong>de</strong>squelles on voulut trop souvent faire tenir<br />
l'effort naturalisée sont déjà frappées <strong>de</strong> caducité. Le<br />
goût du symbole n'est pas davantage absent <strong>de</strong> cette<br />
œuvre que <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> M. Céard. Il est un noint où<br />
tous les labeurs esthétiques viennent converger pour peu<br />
qu'ils aient été honnêtement poursuivis. M. P<strong>au</strong>l Cl<strong>au</strong><strong>de</strong>l<br />
y atteint quelquefois et Marcel Schwob lui-même.<br />
Quelquefois, disons-nous, c'est-à-dire <strong>au</strong>ssi souvent que<br />
M. Gustave Geffroy ou M. Henri Bachelin.<br />
GUSTAVE-LOUIS TAUTAIN.<br />
ECHOS ET ON-DIT<br />
DES LETTRES<br />
ET DES ARTS<br />
Le Chant du Rossignol, nouve<strong>au</strong> ballet <strong>de</strong> M. Stra-<br />
winsky, a fait couler be<strong>au</strong>coup d'encre et encore plus<br />
<strong>de</strong> salive. Quelle « première » agitée! L Académie Nationale<br />
<strong>de</strong> Musique et <strong>de</strong> Danse n'en revenait pas; les<br />
abonnés non plus d'ailleurs. On était loin <strong>de</strong> l'habituel<br />
et alimentaire F<strong>au</strong>st <strong>de</strong> Gounod 1<br />
L'empereur <strong>de</strong> Chine (le superbe et hiératique<br />
M. Grégorieff, régisseur <strong>de</strong> la troupe) bénissait infiniment<br />
Lacour, le ri<strong>de</strong><strong>au</strong> tombait, se relevait, tombait,<br />
se relevait. Tonnerre d'appl<strong>au</strong>dissements et contrepoint<br />
<strong>de</strong> quelques sifflets vite étouffés! Couronnes!I<br />
couronnes<br />
Sur le plate<strong>au</strong>, c'était dramatique. Thamar Karsa-<br />
vina, rossignol arachnéen, avait manqué son entrée,<br />
sa fameuse entrée dans le nid porté par quatre figurants.<br />
Elle était <strong>de</strong>scendue en retard <strong>de</strong> sa loge et avait<br />
dû bondir <strong>de</strong> plein pied en scène. Catastrophe, sanglots,<br />
larmes Tout, heureusement, était terminé par le<br />
champagne d'honneur et la charmante danseuse avait<br />
retrouvé son sourire.<br />
Dans la salle on papotait ferme; on discutait dissonances,<br />
génialité, fumisterie. Avez-vous remar-<br />
qué, disait l'un, ces grincement rituels qui accompagnent<br />
la sortie solennelle du Fils du Ciel tombé du<br />
h<strong>au</strong>t mal? C'est, mVt-on dit, pour rappeler que,<br />
en cas <strong>de</strong> mort <strong>de</strong> l'Empereur, les Chinois, pour dé-<br />
montrer leur <strong>de</strong>uil infini, leur désarroi total, ne graissent<br />
plus les moyeux du char funèbre porteur <strong>de</strong> la<br />
dépouille sacrée. Tout, en effet, doit être alors à<br />
l'abandon, signe d'une douleur sincère.