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éaction votait pour lui, en haine <strong>de</strong>s radic<strong>au</strong>x et <strong>de</strong>s<br />

francs-maçons. Un jour, c'est un émissaire royaliste<br />

qui vient porter le mot d'ordre <strong>au</strong> Comité et qui se<br />

I trompe d'étage, les, Comités divers siégeant, ce jour-là,<br />

I dans le même café à <strong>de</strong>s étages différents. Notre homme<br />

I entre <strong>au</strong> Comité radical « Nous avons décidé, dit-il<br />

I confi<strong>de</strong>ntiellement, <strong>de</strong> voter pour Barthe. » Table<strong>au</strong><br />

I Un <strong>au</strong>tre jour, un paysan royaliste, électeur irréductible<br />

I <strong>de</strong> Barthe, est pris à partie par un camara<strong>de</strong> qui lui fait<br />

I honte <strong>de</strong> ce vote, <strong>au</strong> cours d'une partie <strong>de</strong> manille<br />

I « Ton candidat, lui dit-il, il a. (mettons craché)<br />

I dans le bénitier! » L'<strong>au</strong>tre, grommelant, essaie <strong>de</strong> dé-<br />

I tourner la oonversation, mais le camara<strong>de</strong> insiste.<br />

I<br />

I<br />

Insupportable<br />

coup<br />

« Et<br />

obsession. Alors, le barthiste, tout d'un<br />

quand même il y <strong>au</strong>rait fait pis, dans le<br />

bénitier, je voterais pour lui quand même » II dit la<br />

chose plus crûment, et en provençal. Les syllabes sonores<br />

éclatent comme un tonnerre. Et chacun se tord.<br />

Barthe <strong>au</strong>ssi « Tout ceci, c'est le passé, dit-il. Le<br />

cardinal m'a fait <strong>de</strong>s infidélités, et avec qui, mon<br />

Je ne lui pardonnerai pas. » Mais il lui pardonne.<br />

On le sait. Barthe est sûr <strong>de</strong> lui et <strong>de</strong> ses amis,<br />

et le nombre <strong>de</strong><br />

Dieu!<br />

ceux-ci, dont il a si vigoureusement<br />

défendu les intérêts, sera toujours supérieur à tous les<br />

quotients. Il y a tous les vignerons <strong>de</strong> la montagne,<br />

tous les ouvriers <strong>de</strong>s villes, tous les commerçants <strong>de</strong>s<br />

bourgs, tous les dockers <strong>de</strong>s ports. Il y a tous ceux qui<br />

mettent le souci du relèvement économique et du travail<br />

<strong>au</strong>-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s vaines querelles <strong>de</strong> la politique locale.<br />

En Dordogne, l'affaire marcha toute seule. Les<br />

députés sortants firent un bloc à l'exception <strong>de</strong> M. Chavoix.<br />

•<br />

Et pou'r que les conservateurs comprissent bien qu'il<br />

y avait là une liste d'union sacrée, ils corsèrent cette<br />

liste par l'adjonction d'un libéral, <strong>de</strong> réputation même<br />

un tantinet réactionnaire, M. Robert David. La, liste<br />

fut élue. Les élus s'inscrivirent dans le groupe fort<br />

sage et modéré <strong>de</strong>s républicains <strong>de</strong> g<strong>au</strong>che. Mais<br />

M. Robert David fit ban<strong>de</strong> à part. Il trouva ses col-<br />

lègues trop modérés, et s'en fut plus à g<strong>au</strong>che qu'eux.<br />

Il paraît qu'il fut, en cette circonstance, circonvenu par<br />

M. Maginot.<br />

Ses collègues sourirent. L'un me confia « II y a<br />

<strong>de</strong>s hommes qui n'ont pas besoin <strong>de</strong> donner <strong>de</strong>s gages<br />

à g<strong>au</strong>che. Pour d'<strong>au</strong>tres, c'est une nécessité. D'où il<br />

s'ensuit que les plus à g<strong>au</strong>che ne sont pas toujours<br />

ceux qu'on y met le plus. » II disait cela avec l'accent<br />

inimitable <strong>de</strong>s compatriotes <strong>de</strong> Montaigne et <strong>de</strong><br />

Brantôme- Un <strong>au</strong>tre explique a Les conservateurs<br />

avaient fait une liste déplorable ces patriotes catholiques<br />

avaient en tête <strong>de</strong> liste un protestant et l'avocat<br />

<strong>de</strong> Lenoir. Avouez que nous avions be<strong>au</strong> jeu. Et puis,<br />

voilà que mes drôles se sont mis à faire, par grosse<br />

les hommes <strong>de</strong> g<strong>au</strong>che. »<br />

malice, Le plus radical <strong>de</strong>s députés sortants ajoute alors<br />

« Un jour, dans une réunion conservatrice présidée par<br />

un chef <strong>de</strong> la droite, les candidats conservateurs déclaraient<br />

à qui mieux mieux qu'ils étaient <strong>de</strong>s hommes<br />

<strong>de</strong> g<strong>au</strong>che. Alors le prési<strong>de</strong>nt, à l'issue do la réunion,<br />

me confia « Ces gens-là sont trop républicains, C'est<br />

pour vous que je voterai. » Et <strong>de</strong> rire.<br />

De telles aventures, finement contées, remettent bien<br />

<strong>de</strong>s choses <strong>au</strong> point. MIDAS.<br />

k<br />

L'EUROPE NOUVELLE<br />

NOTES ET DOCUMENTS<br />

ri' T<br />

L'ÉNERGIE SPiRITUELLE<br />

On attendait <strong>de</strong>puis longtemps un livre <strong>de</strong> M. Bergson<br />

il a paru mais ce n'est pas le livre attendu. Le<br />

bergsonisme, on le sait, reste encore machiné, il lui<br />

manque une morale, et c'est encore <strong>de</strong> la métaphysique<br />

qu'il nous offre <strong>au</strong>jourd'hui, sous le titre<br />

l'Energie spirituelle (1).<br />

Ce volume est un recueil <strong>de</strong> pièces diverses, articles,<br />

conférences, écrits ou prononcées <strong>de</strong>puis vingt<br />

ans et dont la plupart étaient bien connus, mais difficiles<br />

à retrouver. En réunissant ainsi ses parerga le<br />

philosophe a rendu un réel service à ses admirateurs.<br />

A vrai dire, ils ne recueilleront pas <strong>de</strong> vues nouvelles<br />

sur la pensée <strong>de</strong> leur maître. A travers les<br />

diverses étu<strong>de</strong>s qui composent le nouve<strong>au</strong> volume, c'est<br />

une seule et même théorie <strong>de</strong> la nature <strong>de</strong> l'âme et<br />

<strong>de</strong> ses rapports avec notre corps qui est développée.<br />

L'àrne est distincte du corps le cerve<strong>au</strong>, sans doute,<br />

est son support, mais elle est d'une <strong>au</strong>tre nature et<br />

d'un <strong>au</strong>tre pouvoir que lui. Le mental débor<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

toutes parts le cérébral, mais le cerve<strong>au</strong> sert a l'urne<br />

d'appareil réducteur, c'est un instrument « d'attention<br />

à la vie » quand il disparait, l'âme libérée remplit<br />

ses <strong>de</strong>stinées véritables que nous ignorons, mais qui<br />

l'écartent <strong>de</strong> la vie pratique. Puisque le> corps n'est<br />

qu'un inMrument pour l'âme, il en résulte, <strong>au</strong>x yeux<br />

do M. Bergson, que la mort <strong>de</strong> l'un n'entratne nullement<br />

la disparition <strong>de</strong> l'<strong>au</strong>tre. Et voilà l'immortalité<br />

<strong>de</strong> l'âme élégamment démontrée démonstration qui<br />

parait si forte à son <strong>au</strong>teur que, par le moyen que<br />

les jurisl .is nomment le renversement <strong>de</strong> la preuve, il<br />

somme li-snégateurs <strong>de</strong> l'immortalité d'avoir à prouver<br />

leur négation, l'immortalité étant pour ainsi dire<br />

le fait élsbli, l'évi<strong>de</strong>nce.<br />

Nous j.q prétendons pas avoir donné une idée complète<br />

<strong>de</strong> la doctrine bergsonienne exposée dans le<br />

livre vise ici, car elle procè<strong>de</strong> d'une pensée infiniment<br />

nuancée. Cette métaphysique est d'ailleurs loin <strong>de</strong><br />

constituer l'intérêt principal <strong>de</strong> l'ouvrage. On y trouvera<br />

<strong>de</strong>;; analyses psychologiques extrêmement curieuses<br />

( fouillées sur la <strong>format</strong>ion <strong>de</strong>s souvenirs, sur<br />

l'illusion du » déjà vu », sur le mécanisme <strong>de</strong>s rêves,<br />

<strong>de</strong>s vues roublantes sur les recherches psychiques (2).<br />

Le <strong>de</strong>rnier livre <strong>de</strong> M. Bergson, joliment écrit,<br />

abon<strong>de</strong> en pages d'anthologie, raccourcis vigoureux<br />

<strong>de</strong> doctrines, en aperçus ingénieux comme cette page<br />

sur l'art d'écire et la valeur symbolique <strong>de</strong>s mots et<br />

bien d'<strong>au</strong>tres. On pourrait même en détacher un certain<br />

nombre <strong>de</strong> « pensées », à la manière <strong>de</strong>s grands<br />

moralistes français. Nous n'en cueillerons qu'une<br />

seule (p. 25). « On tient à l'éloge et <strong>au</strong>x honneurs<br />

dans l'a ;acte mesure où l'on n'est pas sûr d'avoir<br />

réussi. »<br />

Vérité profon<strong>de</strong>, mais que M. Bergson peut regar<strong>de</strong>r<br />

en face, car les honneurs et les éloges dont ses<br />

contemporains l'ont comblé sont le juste hommage<br />

rendu a une œuvre parfaitement réussie.<br />

ROGERPICARD.<br />

(1)Bergson L'énergie spirituelle (Paris, Alcan, 1919).<br />

(2)On sait que M. Bergson a présidé la Society for psychical<br />

research où se rencontrent <strong>de</strong>s spirites ingénus et<br />

<strong>de</strong>s savants <strong>au</strong>dacieux.<br />

Fascheuse maladie <strong>de</strong> se croire si<br />

fort qu'on se persua<strong>de</strong> qu'il ne se<br />

puisse croire <strong>au</strong> contraire et plus<br />

fascheuse encore, qu'on se persua<strong>de</strong><br />

d'un tel esprit qu'il préfère je ne<br />

sçay quelle disparité <strong>de</strong> fortune présente<br />

<strong>au</strong>x espérances et menaces <strong>de</strong><br />

la vie eternelle.<br />

MONTAIGNE (Essais. Livre I, Ch. LVI)

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