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RÉGIONS<br />
La charpente a été reconstruite de façon traditionnelle, avec la mise<br />
en œuvre de coyaux en bas de versant. L’ensemble est ensuite recouvert<br />
d’un voligeage jointif, appelé aussi “doillage”, une tradition<br />
dans le Massif Central qui protège des remontées de neige poudreuse<br />
et permet ensuite une fixation aisée des éléments de couverture.<br />
D’office, la multiplicité de dimensions<br />
des ouvertures imposait<br />
une fabrication sur mesure.<br />
Privilégiant la durabilité et<br />
l’absence d’entretien, le Maître<br />
d’ouvrage a fait réaliser des menuiseries<br />
mixtes : aluminium laqué<br />
vert à l’extérieur, chêne clair<br />
à l’intérieur. Ce sont au total 28<br />
fenêtres élégantes, mais aussi de<br />
très grande qualité qui auront<br />
été mises en place récemment,<br />
en préalable à tout aménagement<br />
intérieur.<br />
Confort actuel<br />
dans la discrétion<br />
La recherche de l’authenticité<br />
n’exclut pas l’intégration de paramètres<br />
plus actuels.<br />
L’ensemble du rez-de-chaussée<br />
sera traité en chauffage par le<br />
sol et l’énergie fournie par une<br />
chaudière gaz à condensation.<br />
Tout le revêtement de sol sera<br />
constitué d’un dallage en pierre<br />
vieillie.<br />
Au premier étage, un plancher<br />
large en châtaignier est en instance<br />
de pose. Il a été acheté<br />
brut dans une scierie, puis calibré<br />
et bouveté dans un atelier<br />
de menuiserie.<br />
La porte de garage, motorisée<br />
et télécommandée à distance, a<br />
fait l’objet d’une finition spécifique,<br />
afin de recevoir un laquage<br />
de teinte identique à celle<br />
des menuiseries.<br />
L’épaisseur naturelle des murs,<br />
en moyenne 80 cm, devrait suffire<br />
par son inertie à assurer un<br />
bon confort thermique, hiver<br />
comme été. Il paraissait inutile,<br />
voir néfaste, de devoir rajouter<br />
des doublages, d’autant que le<br />
propriétaire souhaite conserver<br />
l’aspect brut et inégal des murs.<br />
Ils seront seulement recouverts<br />
d’un enduit à la chaux décoratif.<br />
Seules les pièces humides –<br />
cuisines et salles d’eau – feront<br />
l’objet d’un traitement plus actuel.<br />
La pièce la plus grande, environ<br />
40 m 2 , conserve sa grande<br />
cheminée, très dégradée du fait<br />
du délabrement de la toiture à<br />
ce niveau, mais elle a pu être<br />
sauvée ; ce sera la zone de vie et<br />
de réception de la <strong>maison</strong>. Elle<br />
se situera en continuité des volumes<br />
adjacents, très ouverts et<br />
qui participent ainsi à la sensation<br />
de volume qu’offre l’ensemble<br />
du rez-de-chaussée.<br />
C’est ainsi que les 300 m 2 habitables<br />
(150 m 2 par niveau), se-<br />
10 Hiver 2005/2006 <strong>faire</strong> Numéro 39<br />
<strong>faire</strong><br />
ront classiquement affectés à<br />
des usages bien précis : au rezde-chaussée<br />
les zones de réception<br />
et de vie, au premier<br />
étage les chambres.<br />
Malgré une architecture complexe<br />
et de nombreux volumes<br />
décalés, les principales pièces à<br />
vivre sont au rez-de-chaussée.<br />
Une salle d’eau et une chambre<br />
y sont programmées. Un élément<br />
de confort très important<br />
pour le Maître d’ouvrage qui,<br />
visant une occupation à la retraite,<br />
ne sera pas tributaire du<br />
premier étage au cas où…<br />
L’amour de la qualité<br />
Les restaurations se suivent et<br />
ne se ressemblent pas. Après la<br />
rénovation lourde d’une longère<br />
effectuée en huit mois (voir<br />
Faire Faire n°38), ce chantier<br />
montre exactement la démarche<br />
inverse. Les conditions diffèrent<br />
notablement. Dans le cas présent,<br />
le Maître d’ouvrage reconnaît<br />
s’être lancé dans cette<br />
aventure par amour des vieilles<br />
pierres : “Je connaissais de longue<br />
date ce moulin que je voyais tom-<br />
Les travaux ont mis<br />
à jour des pierres<br />
cachées à la révolution.<br />
La date de 1798 gravée<br />
dans l’une d’elles<br />
semble indiquer que<br />
le bâtiment, déjà ancien<br />
à cette date, a été profondément<br />
transformé ;<br />
il est à peu près sûr<br />
que ce moulin servait<br />
au XIX e à fabriquer<br />
des cordes.<br />
Réalisé en pierre massive<br />
(carrière de Capdenaguet - 12<br />
Balsac), l’escalier se raccordera<br />
sur un dallage en pierre vieillie<br />
provenant de la même carrière.<br />
Noter la réservation au sol<br />
pour le chauffage par le sol<br />
et le futur revêtement.<br />
ber en ruine, et je l’ai d’abord racheté<br />
pour le sauver, sans vraiment<br />
me préoccuper au départ de l’usage<br />
futur”, précise ce dernier. En<br />
fait, le propriétaire a pris beaucoup<br />
de plaisir à restaurer dans<br />
les règles de l’art un témoin de<br />
l’architecture régionale, avec le<br />
souci permanent d’utiliser des<br />
matériaux de qualité en cohérence<br />
avec le bâti existant.<br />
Le coût total de cette rénovation/reconstruction<br />
reste difficile<br />
à estimer. Nombre de<br />
pierres, de lauzes et d’éléments<br />
de chêne sont issus de démolitions<br />
et rachetés à des pris très<br />
variables.<br />
Les choix retenus ont constamment<br />
privilégié la qualité et<br />
l’authenticité. Un tel projet ne<br />
peut se concevoir qu’avec du<br />
temps, des possibilités financières,<br />
un réseau solide d’artisans<br />
qualifiés, mais aussi l’oubli<br />
d’une quelconque rentabilité.<br />
En effet, même si le Rouergue<br />
est en vogue et attire nombre<br />
de Français et d’étrangers, la valeur<br />
marchande d’une telle <strong>maison</strong><br />
resterait obligatoirement inférieure<br />
à l’investissement<br />
généré. Mais quel résultat !<br />
Gérard Guérit