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“Combat<br />
pour une idée”<br />
par le docteur J. Pierre Maschi<br />
France Europe éditions<br />
Ce livre retrace le parcours<br />
d’un praticien honnête, médecin<br />
généraliste à Nice, qui a<br />
pris conscience de cette forme<br />
de pollution moderne que<br />
constituent les rayonnements<br />
électromagnétiques au milieu<br />
des années 60.<br />
Il évoque la thérapie naturelle<br />
mise au point à partir de minéraux<br />
dès 1967, thérapeutique<br />
destinée à se prémunir<br />
contre les agressions électriques.<br />
Autant dire que ces<br />
pratiques ne lui ont pas apporté<br />
que des louanges, et il<br />
raconte un véritable parcours<br />
du combattant, qui confine au<br />
calvaire, face aux actions du<br />
ministère de la Santé et du<br />
Conseil de l’Ordre.<br />
Si le proverbe « Nul n’est prophète<br />
en son pays » a un sens,<br />
il s’applique sans aucun doute<br />
au docteur Maschi.<br />
Ce témoignage illustre combien,<br />
dans notre pays, il est encore<br />
très difficile de révéler les<br />
méfaits des rayonnements<br />
électromagnétiques, issus de<br />
technologies, apanages de<br />
compagnies jalouses de leur<br />
monopole de fait. D’autres<br />
médecins et scientifiques en<br />
ont fait les frais.<br />
CHANGEMENT CLIMATIQUE, MODE D’EMPLOI<br />
Un livre sort tout juste des presses des éditions Delachaux<br />
et Niestlé, “Changement climatique, comprendre et agir“,<br />
d’une ingénieure devenue journaliste et écrivain, Sabine<br />
Rabourdin. Un de plus sur les changements du climat,<br />
culpabilisation du lecteur à la clé ? Pas vraiment.<br />
Contrairement à d’illustres prédécesseurs (on se souvient<br />
de “Climats sous surveillance“ de Philippe Roqueplo aux<br />
éditions Economica, ou de “L’avenir climatique“, de Jean-<br />
Marc Jancovici, aux éditions du Seuil, par exemple), cet<br />
ouvrage ne dresse pas un nième tableau apocalyptique de<br />
la situation, c’est un propos dynamique, qui nous donne<br />
des clés pour agir. « Le changement climatique est devenu<br />
à la mode ; mais si l’on en montre volontiers les origines<br />
et les conséquences, l’on ne prend pas encore la mesure<br />
de ce défi, et bien peu souvent sont exposés les<br />
moyens d’y remédier ».<br />
Puisqu’il est maintenant acquis pour la plupart des gens<br />
raisonnables, que l’Homme est, à travers ses actions, responsable<br />
d’une part très importante<br />
de ces dérèglements, il est<br />
légitime de lui demander de modifier<br />
ses pratiques, et l’auteur<br />
lui trace ici la voie à travers ses<br />
actes quotidiens. Qu’il s’agisse du<br />
bâtiment, des transports, de l’eau,<br />
de la vie de tous les jours, les enjeux<br />
sont clairement exposés, et<br />
un panorama de solutions existantes<br />
présenté. C’est là l’une de<br />
ses originalités.<br />
Le livre est construit un peu comme<br />
un dictionnaire : chaque mot,<br />
chaque concept spécifique est largement<br />
décrit, et chaque citation<br />
dans le texte renvoie à l’étude de<br />
base, ce qui permet au lecteur de<br />
l’ouvrir à n’importe quelle page :<br />
il ne sera jamais perdu. Un peu<br />
comme un livre de maximes, ou le<br />
“Tao Tö King“ et ses aphorismes.<br />
Sabine Rabourdin est une sorte de<br />
révoltée, non pas comme ces gens<br />
qui hurlent aux loups et n’agissent<br />
pas, mais plutôt comme quelqu’un qui a conscience<br />
des enjeux et de l’urgence de l’action. Révolte contre l’inertie<br />
des institutions. Cette révolte est présente dans la tonalité<br />
du propos, mais jamais vaine : à chaque “coup de<br />
gueule“ correspond une solution. Loin du trop fameux<br />
“y’a qu’à, faut qu’on”, elle fait sienne la réflexion de René<br />
Dubos « penser globalement, agir localement ».<br />
« J’ai été frappée de constater que dans toutes les conférences,<br />
les communications, on ne parlait que de la problématique<br />
du dérèglement climatique, avec force détails,<br />
on ajoutait à cela une vision catastrophiste de l’avenir si<br />
rien n’était fait, mais on n’allait pas au-delà. Que <strong>faire</strong> ?<br />
qui doit <strong>faire</strong> ? Motus. Beaucoup de discours en fait, et pas<br />
la moindre amorce de solution, de réponse. »<br />
Il faut agir. « Je n’avais plus que cette idée en tête : présenter<br />
l’ensemble de la problématique du changement climatique,<br />
de façon claire et accessible à des non-spécialistes,<br />
avec une approche pragmatique, en analysant les solutions<br />
existantes, par secteur d’activité. » Pour autant, ce<br />
n’est pas un livre de “trucs et astuces“, la réponse étant<br />
trop complexe pour se résumer à quelques manipulations.<br />
« Il s’agit de convaincre le public qu’il faut travailler à réduire<br />
les besoins, tout en conservant un niveau de confort<br />
acceptable. » On peut noter à ce sujet que le confort est<br />
Hiver 2005/2006 <strong>faire</strong><br />
<strong>faire</strong><br />
Numéro 39<br />
LES NEWS<br />
une notion très subjective, et que de trop nombreux concitoyens,<br />
pour ne regarder que la France, sont loin d’atteindre<br />
un niveau de confort décent, minimum, aux canons<br />
de notre époque. Faut-il rappeler que 3 085 000<br />
d’entre eux sont mal ou pas logés (Rapport de la Fondation<br />
Abbé Pierre), 5 760 000 sont au bord de la précarité<br />
(Rapport du Secours Catholique), pendant que 11,4 %<br />
de ceux qui sont logés n’ont pas les moyens de chauffer<br />
leur logement (INSEE).<br />
« Le propos tient davantage à donner les clés d’une démarche,<br />
qui doit beaucoup à la démarche Negawatt, qu’à<br />
donner des recettes. J’invite en fait les lecteurs à appliquer<br />
cette démarche, non pas à la seule énergie, mais à l’ensemble<br />
des ressources, et des biens de consommation. Le premier<br />
principe consiste à ne pas gaspiller. Chaque geste de<br />
la vie quotidienne doit être accompli en ayant la sobriété<br />
en tête. C’est valable pour l’énergie, mais aussi pour l’eau,<br />
les aliments, etc. En second lieu, l’efficacité, qui doit présider<br />
à tous les achats importants.<br />
Tous les appareils ménagers, les<br />
automobiles, n’ont pas les mêmes<br />
performances par rapport aux services<br />
rendus. Ce n’est qu’à ce moment-là<br />
que les solutions renouvelables<br />
pourront représenter une<br />
réponse d’ensemble pertinente.<br />
C’est en fait à un autre comportement,<br />
un autre mode de penser et<br />
d’agir, que j’invite le lecteur. Celuici<br />
est, in fine, inspiré très largement<br />
des travaux sur ce qu’il est<br />
convenu d’appeler la décroissance,<br />
ou les théories développées par<br />
Amory Lovins et Ernst U. Von<br />
Weisäcker (“Facteur 4“, éditions<br />
Terre Vivante). Il s’agit de consommer<br />
ce dont on a besoin, et pas<br />
davantage. S’agissant de la<br />
construction par exemple, l’approche<br />
doit être globale. Il faut<br />
bien sûr une bonne isolation, quelle<br />
qu’en soit la forme, mais également<br />
une bonne réaction physiologique<br />
du bâti par rapport aux occupants, une bonne<br />
salubrité. L’effet de serre n’est qu’un élément de la réflexion,<br />
mais se révèle un bon catalyseur des questions qui<br />
se posent au moment de la construction ou de la réhabilitation.<br />
Mais c’est bien l’Homme qui est au cœur de la réflexion.<br />
»<br />
L’auteure insiste également sur le fait que les solutions<br />
ne peuvent être que locales, même si la réflexion est globale.<br />
« J’ai également souhaité aborder les perspectives<br />
d’avenir, en insistant sur le fait qu’il faut des réponses à<br />
court et moyen terme, mais qu’une réflexion est nécessaire<br />
sur le plus long terme. Il faut fixer un cap à l’action, et<br />
non pas prendre le prétexte de l’immensité de la tâche<br />
pour ne rien <strong>faire</strong>. Nous sommes tous concernés, chacun<br />
d’entre nous peut agir à son niveau ».<br />
Propos recueillis par Guy Archambault<br />
« Penser globalement, agir localement : j’ai inventé cette<br />
formule qui a eu pas mal de succès aux Etats-Unis. Ce<br />
qui revient à dire qu’il est bon de penser globalement<br />
aux problèmes de l’environnement pour le globe entier,<br />
mais cela ne vaut que si on agit là où l’on se trouve ».<br />
René Dubos, lors de l’émission “Questionnaire“ en 1979.<br />
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