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Les données de l'immigration professionnelle et étudiante

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II. L’immigration <strong>professionnelle</strong> :<br />

un phénomène économique mondial mais peu marqué en France<br />

9. Mieux connaître la situation <strong>professionnelle</strong> <strong>de</strong>s immigrés<br />

L’immigration <strong>professionnelle</strong> ne constitue pas le seul motif d’immigration perm<strong>et</strong>tant un accès au<br />

marché du travail national. <strong>Les</strong> étudiants, les immigrés familiaux, les réfugiés ont également accès,<br />

sous certaines limitations, au marché <strong>de</strong> l’emploi.<br />

Or il n’existe pas dans notre droit <strong>de</strong> dispositif perm<strong>et</strong>tant <strong>de</strong> s’assurer <strong>de</strong> la conformité <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> travail aux besoins exprimés sur le marché <strong>de</strong> l’emploi. Il n’existe, en outre, que très peu<br />

d’étu<strong>de</strong>s qui mesurent effectivement les conditions d’emploi <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te main-d’œuvre <strong>et</strong> son insertion<br />

<strong>professionnelle</strong>.<br />

La meilleure connaissance <strong>de</strong>s conditions d’emploi <strong>de</strong>s immigrés légaux peut sembler nécessaire<br />

afin <strong>de</strong> mesurer d’une part si ces populations sont davantage victimes du sous-emploi <strong>et</strong> si elles ont<br />

besoin d’un effort plus particulier <strong>de</strong>s pouvoirs publics pour assurer leur formation <strong>professionnelle</strong><br />

<strong>et</strong> leur insertion sociale.<br />

FOCUS n o 4 : IMMIGRATIOn ET CROISSAnCE ÉCOnOMIqUE<br />

L’immigration perm<strong>et</strong> théoriquement la croissance <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> biens <strong>et</strong> <strong>de</strong> services <strong>et</strong> la capacité<br />

<strong>de</strong> l’économie à y répondre en accroissant notamment la main-d’œuvre disponible. L’entrée sur le territoire<br />

français <strong>de</strong> 50 000 immigrés aux caractéristiques (genre, âge, qualification, taux d’emploi) i<strong>de</strong>ntiques<br />

à celles <strong>de</strong> la population déjà rési<strong>de</strong>nte accroît facialement le potentiel <strong>de</strong> production <strong>de</strong> l’économie<br />

<strong>de</strong> 1/10e <strong>de</strong> point <strong>de</strong> PIB. C<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> mécanique ne fait qu’augmenter l’échelle <strong>de</strong> l’économie <strong>et</strong> laisse<br />

inchangé le PIB par habitant : le PIB augmente mais dans les mêmes proportions que la population.<br />

Plusieurs facteurs peuvent conduire à ce que l’immigration ne se traduise pas seulement par c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong><br />

d’échelle <strong>et</strong> contribue véritablement à accroître le revenu par habitant. Ce sera le cas si les nouveaux<br />

immigrés s’intègrent mieux sur le marché du travail (par exemple parce qu’ils ont <strong>de</strong>s qualifications<br />

rares) ou s’ils ont <strong>de</strong>s taux d’activité ou <strong>de</strong>s taux d’emploi supérieurs au reste <strong>de</strong> la population (par<br />

exemple parce qu’ils sont plus jeunes).<br />

C<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> sera renforcé si la productivité moyenne <strong>de</strong>s travailleurs immigrants est supérieure à celle<br />

<strong>de</strong>s travailleurs rési<strong>de</strong>nts. En particulier, l’arrivée <strong>de</strong> 50 000 travailleurs immigrés dont les qualifications<br />

sont un peu plus élevées que celle <strong>de</strong>s travailleurs français – ils occuperaient par exemple <strong>de</strong>s emplois<br />

rémunérés au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> 1,6 SMIC quand la médiane <strong>de</strong>s rémunérations est proche <strong>de</strong> 1,5 SMIC – accroîtrait<br />

le PIB <strong>de</strong> 0,25 %, soit une augmentation <strong>de</strong> 0,15 % du PIB par habitant. C<strong>et</strong> écart pourrait encore<br />

augmenter si l’on prenait en compte les eff<strong>et</strong>s positifs durables <strong>de</strong> l’immigration qualifiée sur le taux <strong>de</strong><br />

croissance <strong>de</strong> l’économie. Le savoir-faire, les compétences <strong>et</strong> l’expérience <strong>de</strong>s immigrés favoriseraient<br />

en eff<strong>et</strong> l’innovation <strong>et</strong> la prise <strong>de</strong> risque en France. La croissance en serait encore renforcée.<br />

En revanche, c<strong>et</strong>te vision macroéconomique ne peut méconnaître la réalité <strong>de</strong> l’emploi. L’arrivée <strong>de</strong><br />

nouveaux immigrants sur un segment du marché du travail est susceptible à court terme <strong>de</strong> réduire la<br />

croissance <strong>de</strong>s salaires <strong>et</strong>/ou accroître le risque <strong>de</strong> licenciement dans le secteur considéré. L’arrivée<br />

d’immigrants sur un segment du marché du travail où il y a peu <strong>de</strong> chômage (travailleurs qualifiés,<br />

secteur où les entreprises éprouvent <strong>de</strong>s difficultés <strong>de</strong> recrutement) aurait peu d’eff<strong>et</strong> sur le chômage<br />

mais limiterait les augmentations salariales <strong>de</strong> court terme.<br />

À cela s’ajoute <strong>de</strong>ux eff<strong>et</strong>s supplémentaires. Des étu<strong>de</strong>s empiriques ont montré que la présence d’une<br />

population immigrée favoriserait les exportations nationales vers leur pays d’origine (Peri <strong>et</strong> Requena-<br />

Silvente, 2009). Par ailleurs, l’immigration qualifiée faciliterait l’insertion dans la société française <strong>de</strong>s<br />

immigrés moins qualifiés <strong>de</strong> même origine via les eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong> réseau.<br />

Aux États-Unis, les étu<strong>de</strong>s ont montré que 30 % <strong>de</strong>s brev<strong>et</strong>s sont le fait d’inventeurs nés à l’étranger<br />

(No <strong>et</strong> Walsh, 2010). 25 % <strong>de</strong>s startups ont au moins un <strong>de</strong> leurs fondateurs né à l’étranger <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te<br />

proportion monte à 52 % dans la Silicon Valley. Dans c<strong>et</strong>te région, plus <strong>de</strong> 75 000 immigrants diplômés<br />

<strong>de</strong> l’enseignement supérieur sont arrivés dans les cinq <strong>de</strong>rnières années. On estime qu’un scientifique<br />

<strong>de</strong> haut rang peut générer, directement ou indirectement, <strong>de</strong> 30 à 100 millions <strong>de</strong> dollars au cours <strong>de</strong><br />

sa carrière.<br />

<strong>Les</strong> compagnies les plus emblématiques <strong>de</strong> la Silicon Valley ont été fondées ou co-fondées par <strong>de</strong>s<br />

immigrants : Andy Grove (Hongrie) pour Intel (1968), Vinod Koshla (In<strong>de</strong>) <strong>et</strong> Andreas Bechtosheilm<br />

(Allemagne) pour Sun microsystems en 1982, Jerry Yang (Taïwan) avec Yahoo ! en 1995, Sergey Brin<br />

avec Google en 1998 <strong>et</strong> plus récemment Mike Krieger (Brésil) avec Instagram en 2010.<br />

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