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Les données de l'immigration professionnelle et étudiante

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III. L’accueil d’étudiants étrangers constitue un défi stratégique<br />

<strong>et</strong> un levier essentiel d’une politique migratoire intelligente <strong>et</strong> responsable<br />

2. L’extension <strong>de</strong> l’internationalisation <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s : fuite <strong>de</strong>s cerveaux<br />

ou échanges <strong>de</strong> savoirs?<br />

Selon les <strong>données</strong> publiées par l’UNESCO <strong>et</strong> l’OCDE, environ 2 étudiants sur 100 sont partis étudier<br />

hors <strong>de</strong> leurs frontières en 2007. Plus <strong>de</strong> 2,8 millions d’étudiants suivent leurs étu<strong>de</strong>s dans un pays<br />

étranger. Ce chiffre se situerait entre 6 <strong>et</strong> 8 millions d’ici 2020. L’internationalisation <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s est<br />

un phénomène en marche.<br />

Ce sont les États-Unis qui accueillent le plus grand nombre d’étudiants internationaux, suivis par le<br />

Royaume-Uni, l’Australie, l’Allemagne, la France, le Japon, le Canada, l’Afrique du Sud, la Fédération<br />

<strong>de</strong> Russie <strong>et</strong> l’Italie. Ces dix États accueillent 71 % <strong>de</strong>s étudiants internationaux du mon<strong>de</strong>. La France<br />

se situe en bonne position. Elle ne rivalise certes pas avec les États-Unis, mais se compare en termes<br />

d’attractivité à l’Australie <strong>et</strong> au Canada dans le mon<strong>de</strong> <strong>et</strong> à la Gran<strong>de</strong>-Br<strong>et</strong>agne <strong>et</strong> à l’Allemagne en<br />

Europe.<br />

C<strong>et</strong> accueil privilégié dans les pays du Nord fait craindre à certains une fuite <strong>de</strong>s cerveaux, préjudiciable<br />

au développement <strong>de</strong>s pays du Sud. Ce phénomène signifierait que <strong>de</strong>s étrangers qui ont<br />

accompli leurs étu<strong>de</strong>s dans un pays <strong>de</strong> l’OCDE déci<strong>de</strong>raient <strong>de</strong> rester dans ce pays ou dans un autre<br />

pays <strong>de</strong> l’OCDE pour <strong>de</strong>s raisons <strong>de</strong> rémunération, mais aussi <strong>de</strong> cadre <strong>de</strong> vie <strong>et</strong> d’environnement<br />

professionnel, ce qui, in fine, se r<strong>et</strong>ournerait contre la capacité <strong>de</strong> développement <strong>de</strong>s pays source.<br />

Richard Freeman, l’un <strong>de</strong>s économistes du travail les plus réputés aux États-Unis, soulignait qu’un<br />

tiers <strong>de</strong>s doctorats en sciences <strong>et</strong> en sciences <strong>de</strong> l’ingénieur est décerné à <strong>de</strong>s étudiants d’origine<br />

étrangère <strong>et</strong> que c<strong>et</strong>te proportion frôle les 50 % pour les doctorats spécialisés en informatique ou<br />

en mathématiques.<br />

Toutefois, l’impact <strong>de</strong> ces mobilités est ambivalent. Elles peuvent représenter à court terme une perte<br />

pour les pays d’origine. Mais il est montré qu’elles sont souvent <strong>de</strong>s atouts pour le développement,<br />

grâce aux liens qui s’intensifient entre les pays concernés, voire aux r<strong>et</strong>ours, même r<strong>et</strong>ardés, <strong>de</strong><br />

personnes maîtrisant <strong>de</strong>s hautes compétences.<br />

Ainsi que Frédéric Docquier <strong>et</strong> Hillel Rapoport l’ont souligné dans leur contribution « Importations <strong>et</strong><br />

exportations françaises <strong>de</strong> « cerveaux » : performance relative <strong>et</strong> eff<strong>et</strong>s sur les pays d’origine » au<br />

rapport <strong>de</strong> Gilles Saint-Paul « Immigration, Qualifications <strong>et</strong> marché du travail » (Conseil d’analyse<br />

économique, 2009), la littérature économique récente sur la fuite <strong>de</strong>s cerveaux m<strong>et</strong> en évi<strong>de</strong>nce<br />

certains eff<strong>et</strong>s potentiellement favorables <strong>de</strong> l’émigration qualifiée pour les pays d’origine : envois <strong>de</strong><br />

fonds, migrations r<strong>et</strong>our, eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong> réseaux favorisant les transactions internationales, qu’il s’agisse<br />

du commerce ou <strong>de</strong>s investissements directs étrangers. Par ailleurs, les perspectives <strong>de</strong> migration,<br />

en augmentant le ren<strong>de</strong>ment espéré du capital humain, peuvent induire un accroissement <strong>de</strong> l’investissement<br />

éducatif domestique. Il existe donc un eff<strong>et</strong> d’incitation qui joue en sens opposé <strong>de</strong> l’eff<strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> fuite traditionnellement mis en avant.<br />

C<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> n<strong>et</strong> positif a d’autant plus <strong>de</strong> chances <strong>de</strong> se matérialiser que le taux d’émigration <strong>de</strong>s qualifiés<br />

n’est pas trop élevé, ce que l’on observe surtout dans les grands pays tels que la Chine ou l’In<strong>de</strong>, <strong>et</strong><br />

que les contraintes <strong>de</strong> liquidité qui pèsent sur l’investissement éducatif ne sont pas trop importantes,<br />

ce qui exclut les pays les plus pauvres. Or, les pays qui exportent leurs cerveaux vers la France,<br />

<strong>et</strong> plus particulièrement les pays d’Afrique subsaharienne, sont <strong>de</strong> taille p<strong>et</strong>ite ou moyenne <strong>et</strong> font<br />

souvent partie <strong>de</strong>s pays les moins avancés. Ils peuvent ainsi être plus négativement affectés par la<br />

fuite <strong>de</strong>s cerveaux, a fortiori si les élites formées se maintiennent dans le pays d’accueil.<br />

Notre coopération prend en compte la problématique <strong>de</strong> la fuite <strong>de</strong>s cerveaux. À c<strong>et</strong> égard, on peut<br />

relever les différentes actions suivantes :<br />

– appui à la mo<strong>de</strong>rnisation <strong>de</strong>s systèmes nationaux d’enseignement supérieur, notamment par le biais<br />

<strong>de</strong> proj<strong>et</strong>s sur fonds <strong>de</strong> solidarité prioritaire : alignement <strong>de</strong>s cursus <strong>de</strong> formation sur les standards<br />

européens <strong>et</strong> accompagnement du passage au LMD perm<strong>et</strong>tant la mise en place <strong>de</strong> diplômes conjoints,<br />

le développement à terme <strong>de</strong> partenariats universitaires équilibrés <strong>et</strong> la création d’un espace commun<br />

<strong>de</strong> l’enseignement supérieur (Sénégal, Cote d’Ivoire, Togo, Niger…) ;<br />

– appui à l’émergence <strong>de</strong> pôles d’excellence régionaux (exemples : Institut international d’ingénierie <strong>de</strong><br />

l’eau <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’environnement (2iE) à Ouagadougou, Institut <strong>de</strong> technologie franco-sud-africain en Afrique<br />

du Sud) qui ont également un eff<strong>et</strong> d’entraînement <strong>de</strong>s autres institutions d’enseignement supérieur ;<br />

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