L 'arme nucléaire : Totem et tabou - Alternatives non-violentes
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<strong>Alternatives</strong> <strong>non</strong> <strong>violentes</strong> n° 130 • L’arme <strong>nucléaire</strong> : totem <strong>et</strong> <strong>tabou</strong><br />
Dominique Lalanne<br />
Le temps est venu d’aller au-delà des mots, de la<br />
raison d’État <strong>et</strong> des traités <strong>non</strong> contraignants. Le temps<br />
est venu d’imposer des sanctions économiques aux pays<br />
qui insistent pour maintenir des armes <strong>nucléaire</strong>s. Le<br />
temps est venu d’utiliser les manifestations, les marches,<br />
les grèves, les boycotts <strong>et</strong> tous les moyens <strong>non</strong>-violents<br />
à notre disposition pour s’opposer à la destruction de<br />
nos frères <strong>et</strong> sœurs, de notre habitat, <strong>et</strong> à l’extermination<br />
de notre espèce. […]<br />
L’abolition des armes <strong>nucléaire</strong>s n’est en aucun<br />
cas moins importante que l’abolition de l’esclavage.<br />
Nous ne nous battons pas juste contre une technologie<br />
ou une arme. Comme l’a dit Martin Luther King Junior,<br />
nous combattons les armes <strong>nucléaire</strong>s dans nos esprits.<br />
Nous combattons l’idée que n’importe qui pourrait, pour<br />
une raison qu’il estime légitime, provoquer un holocauste<br />
<strong>nucléaire</strong>. Nous combattons l’idée même qu’un p<strong>et</strong>it<br />
groupe d’hommes puissants se donne la capacité de<br />
lancer Armaggedon. Nous combattons l’idée de devoir<br />
dépenser des milliards de dollars en surarmement alors<br />
que des milliards d’entre nous vivent dans des conditions<br />
d’extrême pauvr<strong>et</strong>é. […]<br />
Vous entendrez bientôt parler d’une nouvelle<br />
campagne pour l’abolition des armes <strong>nucléaire</strong>s. Les<br />
villes d’Hiroshima <strong>et</strong> Nagasaki, soutenues par la<br />
Conférence mondiale des maires pour la paix 1 , qui représente<br />
539 villes 2 <strong>et</strong> une population de plus de 250 millions<br />
d’individus à travers le monde, travaillent avec<br />
chaque personne désireuse d’aider à dessiner, développer<br />
<strong>et</strong> implanter c<strong>et</strong>te campagne. […]<br />
Traduction AFCDRP<br />
1) Réseau « Mayors For Peace ».<br />
2) Une dizaine de collectivités locales françaises ayant récemment<br />
adhéré à l’AFCDRP, branche française de « Mayors For Peace »,<br />
viennent s’ajouter à ce total.<br />
Les premiers commentaires<br />
après Hiroshima<br />
Dans Combat du 8 août 1945, Albert Camus<br />
constate qu’il est pratiquement le seul à oser s’indigner<br />
contre l’afflux de commentaires enthousiastes célébrant<br />
la découverte scientifique « qui se m<strong>et</strong> d’abord au<br />
service de la plus effroyable rage de destruction dont<br />
l’homme ait fait preuve depuis des siècles ».<br />
Dans Le Figaro du 8 août, Georges Ravani<br />
exprime son angoisse devant la force atomique <strong>et</strong> fait<br />
preuve d’une certaine ironie à l’encontre de tous ceux<br />
qui veulent se persuader, eux-mêmes <strong>et</strong> les autres, que<br />
la bombe atomique « sera la garantie de la paix ».<br />
Dans Le Parisien libéré du 8 août, André<br />
Labarthe, répondant indirectement à Combat, entonne<br />
un hymne à la réussite technique <strong>et</strong> au progrès ; il souhaite<br />
voir la France se placer dans un bon rang dans la<br />
conquête des bienfaits de l’atome.<br />
Dans L’Aurore du 8 août, Jean Pio pose le problème<br />
du déséquilibre entre les puissances qui ne possèdent<br />
pas toutes la bombe atomique. C<strong>et</strong>te « der des<br />
der » sera-t-elle suivie d’une autre guerre, comme ce<br />
fut le cas en 1918 ?<br />
Le Monde du 11 août rapporte le discours du<br />
président Truman, dans lequel, le 10 août, il dit : « La<br />
bombe atomique est trop dangereuse pour être<br />
confiée à un monde sans loi. C’est pourquoi la Grande-<br />
Br<strong>et</strong>agne, les États-Unis <strong>et</strong> le Canada, qui ont le secr<strong>et</strong><br />
de sa production, n’ont pas l’intention de le révéler […].<br />
Nous devons nous constituer nous-mêmes en dépositaire<br />
de c<strong>et</strong>te nouvelle force, afin d’éviter qu’il n’en soit<br />
fait un dangereux usage, <strong>et</strong> d’en orienter l’utilisation<br />
pour le bien de l’humanité. » ■<br />
Extrait du document Hiroshima : la bombe, Paris,<br />
La Documentation française, 1986, pp. 14-15.