L 'arme nucléaire : Totem et tabou - Alternatives non-violentes
L 'arme nucléaire : Totem et tabou - Alternatives non-violentes
L 'arme nucléaire : Totem et tabou - Alternatives non-violentes
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
24<br />
<strong>Alternatives</strong> <strong>non</strong> <strong>violentes</strong> n° 130 • L’arme <strong>nucléaire</strong> : totem <strong>et</strong> <strong>tabou</strong><br />
Jean-Marie Collin<br />
du désarmement <strong>nucléaire</strong> ne passera plus par des pourparlers<br />
entre les seuls « deux grands » (États-Unis/Russie)<br />
mais par des actions entreprises par de nombreux acteurs<br />
étatiques ou <strong>non</strong>, sous de multiples formes.<br />
La société civile, nouvel acteur à la table des<br />
négociations, tente de s’imposer comme un interlocuteur<br />
indispensable. Son action (recherche, information <strong>et</strong> prévention<br />
sur l’armement <strong>nucléaire</strong>) est reconnue <strong>et</strong> nécessaire<br />
mais elle doit être plus efficace dans le domaine du<br />
« désarmement <strong>et</strong> de la sécurité car, en fin de compte, ce<br />
sont des civils qui sont victimes de la poursuite des proj<strong>et</strong>s<br />
militaires de leurs dirigeants nationaux 3 ». Les<br />
acteurs de la société civile sont nombreux à influer directement<br />
sur les résolutions proposées par les États auprès<br />
des instances internationales (ONU, Conférence de<br />
désarmement, <strong>et</strong>c.). Pour exemple, l’influence du mouvement<br />
Abolition 2000 <strong>et</strong> celle du maire d’Hiroshima avec<br />
son organisation Mayor for peace auprès de certains<br />
États (Suède, Japon) montrent une prise de conscience<br />
internationale qui ne peut qu’influer sur la sécurité de ce<br />
nouveau millénaire.<br />
Un second groupe d’acteurs étatiques — dont<br />
les actions sont concurrentielles — commence à remporter<br />
des succès (diplomatiques) dans la promotion du<br />
désarmement <strong>nucléaire</strong>. Lors de la cinquante-huitième<br />
assemblée générale de l’ONU, la New Agenda Coalition<br />
(NAC) 4 <strong>et</strong> le Japon proposèrent des résolutions strictes <strong>et</strong><br />
modérées sur l’élimination des armes <strong>nucléaire</strong>s. Le<br />
Japon parvint ainsi à rassembler 164 votes favorables à<br />
sa résolution (XXIV) intitulée « Vers l’élimination totale<br />
des armes <strong>nucléaire</strong>s », <strong>et</strong> deux contre (États-Unis, Inde) 5 .<br />
La France fidèle à une politique de double jeu (pour le<br />
désarmement <strong>nucléaire</strong> tout en modernisant son arsenal)<br />
a voté c<strong>et</strong>te résolution, en invoquant cependant son<br />
désaccord avec le paragraphe relatif à la dévastation<br />
<strong>nucléaire</strong>. Ultime précision de la diplomatie française :<br />
« La décision (de mon pays) d’accepter le texte en l’état<br />
vaut ici <strong>et</strong> maintenant, <strong>et</strong> il ne saurait valoir précédent, y<br />
compris pour nos futurs débats 6 » !<br />
La portée politique <strong>et</strong> psychologique engendrée<br />
par la création de zones exemptes d’armes <strong>nucléaire</strong>s<br />
(ZEAN) souligne le lien entre désarmement <strong>et</strong> territoire<br />
qui est un des éléments essentiels au processus de <strong>non</strong>prolifération.<br />
C<strong>et</strong>te nouvelle forme de « géopolitique »<br />
est en pleine expansion ces vingt dernières années.<br />
Aujourd’hui il existe cinq zones exemptes d’armes<br />
<strong>nucléaire</strong>s 7 auxquelles se rajoute la Mongolie depuis<br />
septembre 1992. Ces zones couvrent plus de la moitié du<br />
globe (111 pays) <strong>et</strong> abritent près de 1,7 milliard de personnes.<br />
La volonté de créer de nouvelles zones est réelle<br />
<strong>et</strong> les propositions sont nombreuses (Moyen-Orient,<br />
Europe centrale, péninsule de Corée). La prochaine zone<br />
à bénéficier de ce statut sera constituée par les États de<br />
l’Asie centrale (Kazakhstan, Tadjikistan, Turkménistan,<br />
Khirghistan <strong>et</strong> Ouzbékistan). Inscrite à l’ordre du jour de