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L 'arme nucléaire : Totem et tabou - Alternatives non-violentes

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<strong>Alternatives</strong> <strong>non</strong> <strong>violentes</strong> n° 130 • L’arme <strong>nucléaire</strong> : totem <strong>et</strong> <strong>tabou</strong><br />

Bruno Barrillot<br />

Il y a ceux qui invoquent l’histoire<br />

La France, sortant quasiment anéantie de la Deuxième<br />

Guerre mondiale, a voulu — sous la direction du<br />

« général libérateur » — se doter de c<strong>et</strong>te arme des<br />

Grands qui venait de clore les combats d’Extrême-Orient.<br />

Désormais, une nouvelle ligne Maginot <strong>nucléaire</strong> allait<br />

devenir le rempart de la survie nationale. De r<strong>et</strong>our au<br />

pouvoir, en 1958, le général président allait définir la<br />

« dissuasion du faible au fort », c<strong>et</strong>te fronde du p<strong>et</strong>it<br />

David gaulois face au monde entier (« tous azimuts »)<br />

puis, avec plus de réalisme, face au Goliath soviétique.<br />

Comment pourrait-on se perm<strong>et</strong>tre de rem<strong>et</strong>tre en cause<br />

ce que le fondateur de la Cinquième République avait<br />

conçu pour sauver la France d’un naufrage diplomatique<br />

— « la grandeur de la France » — <strong>et</strong> possiblement d’un<br />

écrasement militaire face à un déferlement des chars<br />

russes à nos frontières ?<br />

Les successeurs du général — présidents <strong>et</strong><br />

régimes de droite comme de gauche — ont donc poursuivi<br />

sans sourciller la même politique <strong>nucléaire</strong>, présentée<br />

comme le pilier de la politique de défense de la<br />

France. Le consensus s’est tellement bien organisé entre<br />

les partis de gouvernement que tout débat apparaît<br />

comme inutile <strong>et</strong> hors suj<strong>et</strong>. Ainsi, lors de la discussion<br />

du budg<strong>et</strong> de la défense pour 2004 à l’Assemblée nationale,<br />

un député socialiste — Gilbert Le Bris — qui venait<br />

de se distinguer par des critiques sur les dépenses<br />

<strong>nucléaire</strong>s, s’est-il vu rem<strong>et</strong>tre en place par la ministre de<br />

la Défense UMP, le renvoyant aux propos précédents d’un<br />

de ses collègues socialiste — Jean-Michel Boucheron —<br />

plutôt pro-<strong>nucléaire</strong>.<br />

Il y a ceux qui invoquent<br />

le secr<strong>et</strong> militaire<br />

Le secr<strong>et</strong> est conçu comme le fondement même de la<br />

théorie de la dissuasion. En 2004, des questions se<br />

posent à propos des recherches sur les armes <strong>nucléaire</strong>s<br />

miniaturisées utilisables sur le champ de bataille (voir<br />

l’article précédent). D’une stratégie de dissuasion, on<br />

glisserait vers une doctrine d’emploi. Ce n’est donc plus<br />

une « nuance » mais un bouleversement ! Le débat démocratique<br />

exigerait que les citoyens disposent de précisions<br />

sur ces prétextes technologiques — la modernisation<br />

— qui dicteraient le changement de doctrine. Pas du<br />

tout ! répond encore Jean-Michel Boucheron devant ses<br />

collègues de l’Assemblée nationale : « La dissuasion<br />

exige désormais que l’on soit capable d’atteindre les

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