L 'arme nucléaire : Totem et tabou - Alternatives non-violentes
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<strong>Alternatives</strong> <strong>non</strong> <strong>violentes</strong> n° 130 • L’arme <strong>nucléaire</strong> : totem <strong>et</strong> <strong>tabou</strong><br />
Bruno Barrillot<br />
de Valduc (où se fabriquent les têtes <strong>nucléaire</strong>s) n’a pas<br />
généré un flux d’étudiants scientifiques dans la région<br />
dijonnaise, le centre CEA du Ripault (où se fabriquent les<br />
éléments chimiques des bombes) n’a pas généré un<br />
« couloir de la chimie » dans la région de Tours ; de<br />
même, le centre CEA du Barp avec son laser Mégajoule<br />
ne sera pas plus générateur d’une « Silicon Valley » au<br />
sud de Bordeaux. Les civils sont admis pour participer à<br />
la recherche duale, mais dès qu’on approche des applications<br />
militaires, ils sont systématiquement exclus en<br />
raison du secr<strong>et</strong> <strong>et</strong> au nom de la lutte contre la prolifération<br />
<strong>nucléaire</strong>.<br />
Quant aux emplois industriels, il est clair que,<br />
dans le marasme actuel qui touche les industries d’armement,<br />
n’importe quelle entreprise qui participe à la<br />
constitution des composantes de l’arsenal <strong>nucléaire</strong> —<br />
sous-marins, missiles, avions — se battra pour conserver<br />
sa clientèle étatique. DCN, Dassault Aviation, EADS,<br />
Thales, SNPE ont quasiment le monopole sur les composantes<br />
de la force de dissuasion française. Toutes ces<br />
entreprises défendent donc leurs intérêts auprès des<br />
« décideurs » gouvernementaux au nom du maintien de<br />
l’emploi.<br />
Il y a ceux qui invoquent<br />
la place de la France dans le monde<br />
Un des piliers de la diplomatie française s’appuie sur<br />
sa place de membre permanent du Conseil de sécurité<br />
des Nations unies où se r<strong>et</strong>rouvent à ses côtés les<br />
quatre autres puissances <strong>nucléaire</strong>s « officielles » —<br />
États-Unis, Russie, Grande-Br<strong>et</strong>agne <strong>et</strong> Chine. Bien que<br />
la France ait effectué quelques pas vers le désarmement<br />
<strong>nucléaire</strong> : adhésion au traité de <strong>non</strong>-prolifération en<br />
1992, puis au traité d’interdiction complète des essais<br />
<strong>nucléaire</strong>s en 1996, tout semble actuellement bloqué<br />
dans c<strong>et</strong>te direction. Dans l’état d’esprit de nos diplomates,<br />
il n’est pas opportun de se désengager de l’arme<br />
<strong>nucléaire</strong>. Le sénateur Jean Faure, présentant le budg<strong>et</strong><br />
de la dissuasion pour 2004, écrit : « L’environnement<br />
international, marqué par l’apparition d’États nouvellement<br />
dotés de capacités <strong>nucléaire</strong>s <strong>et</strong> par les risques liés<br />
à la prolifération des armes de destruction massive <strong>et</strong><br />
des missiles balistiques conforte pleinement la politique<br />
française. » Ainsi, plutôt que de poursuivre une politique<br />
de <strong>non</strong>-prolifération <strong>et</strong> d’interdiction de l’arme <strong>nucléaire</strong><br />
pour un monde plus sûr, la France préfère conserver <strong>et</strong><br />
moderniser son arsenal pour rester dans le « club » des<br />
Grands.