L 'arme nucléaire : Totem et tabou - Alternatives non-violentes
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<strong>Alternatives</strong> <strong>non</strong> <strong>violentes</strong> n° 130 • L’arme <strong>nucléaire</strong> : totem <strong>et</strong> <strong>tabou</strong><br />
Dominique Lalanne<br />
journaliste. En 1990, la France n’a toujours pas signé le<br />
TNP qui engage les pays à « éliminer totalement leurs<br />
armes <strong>nucléaire</strong>s » déjà en vigueur depuis vingt ans. Ni<br />
évidemment le Ticen, le traité d’interdiction complète des<br />
essais <strong>nucléaire</strong>s.<br />
La décennie 1990 commence plutôt bien avec la<br />
signature du TNP en 1992 mais la suite devient catastrophique<br />
lorsque Jacques Chirac est élu président de la<br />
République <strong>et</strong> décide d’une nouvelle campagne d’essais<br />
à Moruroa en 1995. C’est évidemment un tollé international.<br />
Stop Essais trouve naturellement une justification<br />
extraordinaire à son existence !!! Avec humour <strong>et</strong> sans<br />
modestie, on pourrait dire que grâce à Stop Essais, <strong>et</strong><br />
bien sûr grâce à l’opinion publique mondiale, les derniers<br />
essais de la campagne de tirs sont annulés, le site de<br />
Moruroa est ensuite définitivement abandonné <strong>et</strong> la<br />
France signe le Ticen…<br />
1995 est aussi un tournant pour le TNP. La conférence<br />
de révision réunie à New York décide de la reconduite<br />
indéfinie du TNP qui d’après ses statuts de 1970<br />
pouvait être remis en cause c<strong>et</strong>te année-là. Une conférence<br />
se réunira tous les cinq ans pour faire le bilan de la<br />
réalité du désarmement <strong>nucléaire</strong>. C’est un grand progrès.<br />
Un réseau mondial associatif, Abolition 2000 naît à<br />
New York lors de c<strong>et</strong>te conférence <strong>et</strong> pour Stop Essais<br />
c’est une nouvelle étape où le travail associatif va se<br />
situer dans une mouvance mondiale.<br />
Il faut noter la diversité des signataires de la<br />
charte fondatrice d’Abolition 2000, ONG, partis politiques,<br />
institutions <strong>et</strong> société civile avec de nombreuses<br />
municipalités. Stop Essais se r<strong>et</strong>rouve très à l’aise dans<br />
c<strong>et</strong>te mouvance car la déclaration d’Abolition 2000 fait le<br />
lien entre le désarmement <strong>nucléaire</strong> <strong>et</strong> la nécessité de<br />
changer la société, en particulier de recourir aux énergies<br />
renouvelables. Et donc de façon naturelle, Stop Essais se<br />
r<strong>et</strong>rouve un des moteurs d’Abolition 2000 en France avec<br />
les autres associations pacifistes, <strong>non</strong>-<strong>violentes</strong> <strong>et</strong> opposées<br />
aux armes <strong>nucléaire</strong>s.<br />
De nombreux contacts sont établis avec les<br />
populations polynésiennes <strong>et</strong> avec des vétérans des<br />
essais <strong>nucléaire</strong>s. C’est le début d’une solidarité pour<br />
répondre aux problèmes de santé qui se révèlent faire<br />
suite aux essais <strong>nucléaire</strong>s <strong>et</strong> qui sont niés par le gouvernement<br />
français. Les Polynésiens attendent que la France<br />
reconnaisse les dégâts faits dans le Pacifique <strong>et</strong> ne se<br />
contente pas de fermer le site de Moruroa.<br />
Les déconvenues des années 2000<br />
Reste que le but ultime n’est pas l’arrêt des essais mais<br />
l’abolition des armes <strong>nucléaire</strong>s <strong>et</strong> de ce point de vue<br />
il reste encore beaucoup à faire. De toute façon, les<br />
essais vont continuer en laboratoire avec le laser<br />
Mégajoule près de Bordeaux <strong>et</strong> donc une première campagne<br />
en 1999-2000 a essayé de créer une remise en<br />
cause de ce programme. Ce fut une campagne assez<br />
réussie en ce qui concerne la sensibilisation des militants<br />
opposés au <strong>nucléaire</strong> militaire mais qui n’a pas trouvé les<br />
soutiens régionaux qui auraient été nécessaires pour<br />
imposer un moratoire comme cela était le but. La bataille<br />
de l’emploi est toujours difficile pour les militants pacifistes.<br />
Toujours est-il que ce fut l’occasion pour beaucoup<br />
de faire le lien entre <strong>nucléaire</strong> militaire <strong>et</strong> <strong>nucléaire</strong> civil.<br />
Et de comprendre les enjeux du <strong>nucléaire</strong> futur.<br />
La France relance en 2001 un programme de<br />
modernisation de son arsenal <strong>nucléaire</strong> avec un nouveau<br />
sous-marin, le quatrième du genre, pour 2010. Une campagne<br />
est alors lancée avec le Man <strong>et</strong> le Mouvement de la<br />
Paix lors des premières Journées du désarmement<br />
<strong>nucléaire</strong> (JDN) qui ont rassemblé au printemps 2001<br />
toutes les ONG impliquées en France dans l’opposition<br />
au <strong>nucléaire</strong> militaire ainsi que le réseau Sortir du<br />
<strong>nucléaire</strong>. C’est le début d’un travail plus étroit entre<br />
ONG <strong>et</strong> d’un rapprochement avec les ONG anglaises.<br />
C’est aussi le début d’une réflexion en profondeur sur les<br />
blocages du désarmement <strong>nucléaire</strong>.<br />
Enfin en 2003, c’est la déconvenue complète au<br />
niveau mondial, européen <strong>et</strong> français. Les États-Unis<br />
changent de « posture », c’est-à-dire de politique militaire