L 'arme nucléaire : Totem et tabou - Alternatives non-violentes

46
Alternatives non violentes n° 130 • L’arme nucléaire : totem et tabou
Dominique Lalanne
est une nécessité pour conserver un rang mondial, une
politique internationale indépendante et un siège permanent
au Conseil de sécurité de l’ONU. Il ne s’agit pas de
se défendre et faire la guerre mais de conserver son rang
de puissance nucléaire. Une autre difficulté provient de
l’impression générale que la menace nucléaire n’est plus
vraiment d’actualité. La guerre froide est finie, les Russes
et les Américains ont dit qu’ils réduisaient leurs arsenaux.
La France a fermé le plateau d’Albion. Bref, une
impression floue que le désarmement nucléaire est plus
ou moins déjà arrivé. Ce décalage incroyable entre la réalité
et les préoccupations de sécurité est encore aggravée
par les campagnes d’opinion sur le terrorisme et sur
les attentats qui deviennent la seule source d’insécurité
pour la plupart des citoyens, américains surtout, mais
européens aussi par voie de conséquence. La principale
bataille qui est devant nous, et loin d’être gagnée, est
donc une bataille d’idées sur le rôle que nous attribuons
à la France et au-delà à l’Europe. Fort de ces réflexions,
Stop Essais provoque de nombreuses rencontres avec
tous les acteurs concernés. Avec les groupes anglais
d’Abolition 2000 pour dégager une dynamique européenne,
avec les associations françaises pour relancer le
débat dans les associations et, avec les Polynésiens et
les vétérans, pour créer une convergence des efforts.
Un des succès en 2001 — grâce au travail de coordination
assuré depuis plusieurs années par le CDRPC
avec Bruno Barrillot — est la naissance de deux associations,
celle des Polynésiens, Moruroa e tatou, créée le
4 juillet 2001 (3 400 membres) et celle des vétérans des
essais nucléaires, l’Aven créée le 9 juin 2001 (2 300
membres et contacts) 4 . Des débats au Sénat sont organisés
avec le soutien de parlementaires Verts et communistes
et les médias reprennent les informations et les
demandes. Une plainte contre X est déposée en décembre
2003 pour les problèmes de santé rencontrés par les vétérans.
La question posée au gouvernement est d’accepter
une loi qui reconnaisse la présomption de liens entre les
essais nucléaires et l’apparition de certains cancers à l’instar
de la législation américaine. Mais un début d’action qui
va demander encore beaucoup d’efforts pour aboutir…
Fac-similé d’un
auto-collant
diffusé par
Stop Essais
Le succès des contacts avec les groupes anglais,
CND (Campaign for Nuclear Disarmament), Abolition
2000 UK, et plusieurs autres ont un premier impact au
niveau de la réunion à Genève de la PrepCom en mai
2003 où dans l’enceinte de l’ONU nous avons organisé
une rencontre avec les diplomates qui assistaient à la
conférence sur le TNP pour discuter d’une possible initiative
franco-anglo-européenne pour relancer le désarmement
nucléaire. Cet ensemble de réflexions et de propositions
débouche en octobre 2003 sur un petit livre édité
par le CDRPC 5 qui propose un scénario de sortie du
nucléaire militaire à l’initiative de la France et de
l’Angleterre. Plusieurs rencontres avec des députés européens
donnent un certain impact à ces réflexions.
Enfin le travail de plus en plus collectif fait avec
les autres associations opposées aux armes nucléaires
va donner la possibilité d’organiser les deuxièmes
« Journées du désarmement nucléaire » à Vénissieux en
octobre 2003 de façon étroite avec le Mouvement de la
paix qui est très présent sur place grâce à un groupe
local bien implanté. À nouveau, comme en 2001, c’est